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17/04/2007

Ce cher Oscar

medium_wildePortr.jpegPendant mes 32 années comme journaliste et critique, jamais je ne me suis permis d'écrire un commentaire à saveur critique sur une exposition, une manifestation ou un spectacle que je n'avais pas vu, ni sur un livre que je n'avais pas lu. Tout au plus ai-je parfois quitté la salle quelque minutes avant la fin d'une représentation pour respecter mon heure de tombée, et alors, je me sentais mal parce que je craignais d'avoir manqué quelque chose d'important. J'ai parfois aussi lu rapidement un livre, tournant quelques pages sans les lire, mais je n'aimais pas faire ça.
Et je me suis demandé si je ne me prenais pas trop au sérieux, en entendant, à la radio il y a quelques jours, un animateur citer un de ces impayables mots dont Oscar Wilde (photo) avait le secret, et que je cite ici approximativement, car je ne l'ai pas retrouvé dans son intégrité:
 
 
"Je m'efforce toujours de ne pas lire
les ouvrages dont je dois écrire la critique.
On se laisse si facilement influencer!"
 

Et tant qu'à faire dans la citation comique, je vous propose ce "proverbe forestier" publié dans Le Devoir d'aujourd'hui sous la plume du tout aussi impayable Jean Dion:

 

"Chaque avril, l'avènement des scieries éliminatoires permet de se débarrasser du bois mort."

13/04/2007

Barbeau, le peintre

medium_barbeauToile.gifJ'ai assisté au vernissage de l'exposition consacrée au peintre Jean-Guy Barbeau, présentée par le Musée du Saguenay à la Pulperie de Chicoutimi jusqu'au 30 septembre. L'exposition s'intitule Rencontre avec Jean-Guy Barbeau, peintre, et c'est bien ainsi qu'il fallait voir ce vernissage: une rencontre avec tous ceux qu'il connaît, avec de vieux amis et des professionnels qui eux-mêmes se retrouvaient, manifestement avec plaisir.
C'est une soie, cet homme, délicat, discret, plein d'humour. Il a tenu à rencontrer chacun des invités, nous étions environ 200. Et il faut voir ses oeuvres: un style incomparable, frotté de cubisme, des lignes précises, un sens de la couleur et de la nuance.
Cette belle rétrospective permet de suivre l'évolution de l'artiste, des débuts effervescents de couleurs et de formes jusqu'à son travail récent et actuel, épuré, dépouillé, et pourtant totalement animé, c'est-à-dire doté d'un surplus d'âme et de vie. On y voit entre autres la grande murale qui a longtemps accueilli les employés et le public à la Maison de la Presse. J'ai vu tout cela assez rapidement parce qu'il y avait vraiment beaucoup de monde, mais je me promets d'y retourner quelques fois au cours de l'été, peut-être entre autres à l'occasion d'une ballade à vélo, pour me plonger dans l'oeuvre, pour la parcourir et la goûter en presque solitaire.
J'ai rencontré Jean-Guy Barbeau à quelques reprises au cours de ma carrière et de la sienne. Il était un peu réticent à donner des entrevues, prétextant qu'il ne pouvait rien ajouter à son oeuvre, mais en réalité c'était par excès de modestie. Une fois la rencontre commencée, il était généreux, ouvert, pétillant d'intelligence et d'humour. Ses opinions sont originales et pertinentes: c'est un homme qui, en plus de créer, a beaucoup réfléchi sur son art, il connaît bien l'histoire de l'art, les grands courants, les autres artistes, et la vie en général. Avec lui comme avec d'autres créateurs, j'ai construit au fil des ans une relation solide, teintée d'affection, de respect mutuel et de compréhension.
Je le croise parfois au café-croissant de la rue Racine, qu'il fréquente régulièrement pour voir ses vieux amis, alors que moi je m'y rends pour déguster un -excellent- expresso.
Quand j'ai pris ma retraite, il a posé un geste qui m'a particulièrement touchée.

07/04/2007

Toilettes ratées

medium_excentris.jpegÀ Montréal, j'aime beaucoup le cinéma Ex-Centris, de Daniel Langlois, rue saint-Laurent. Un bel édifice moderne, futuriste même, fonctionnel: les sièges sont confortables, et on y présente toujours les meilleurs films en ville. Je n'ai pas mangé au restaurant attenant, mais j'y ai dégusté d'excellents expressos.
Un seul petit hic: j'ai observé là aussi un exemple patent de toilettes ratées, mais tout de même moins pires que celles de la Place des arts dont j'ai déjà parlé.
L'expace occupé par ces toilettes pour dames de l'Ex-Centris est très réduit et il n'y a que trois ou quatre cabines. Tout est techno, automatique, y compris le déclenchement de la chasse d'eau. Alors chaque fois que j'attends, j'entends la même plainte venant de l'une des cabines: "ça marche pas". Il faut se positionner exactement au bon endroit pour faire démarrer le système.
Autre problème: le crochet installé dans la cabine pour accrocher sac et manteau: c'est un bel objet en métal très design, enroulé sur lui-même en double ou en triple. Pour accrocher la courroie du sac, ça va: on la glisse dans les méandres du crochet. Mais pour le manteau, ça devient carrément plus difficile: impossible de le faire passer par le même chemin. Alors la Madame, un peu frustrée, lance son manteau replié sur la porte... et la personne qui attend à l'extérieur reçoit un coup de manteau au visage!
Une fois tout fini, c'est encore compliqué: après avoir réussi à faire couler automatiquement l'eau et le savon, on se retrouve, les mains mouillées, à la recherche du séchoir. Il n'est pas très loin, mais il est situé dans l'étroit passage qui mème à la sortie, là où se tiennent -forcément, elles n'ont pas le choix - les femmes qui attendent leur tour au bout de la file. Il faut se tasser, se faire de la place. Très efficace ce séchoir: il chauffe, il fait un vacarme d'enfer, on voit notre peau faire des vagues. Mais pour celles qui attendent, c'est un bruit fort désagréable.
Toilettes spéciales
Cela m'a rappelé qu'à Nice et à Cannes, entre autres, j'ai découvert il y a quelques années des toilettes publiques vraiment spéciales. Publiques, c'est-à-dire plantées là, sur la plage ou le long du trottoir. Il faut mettre une pièce, problablement un ou deux euros. Quand on y entre, on est accueilli par une forte odeur de désodorisant et de produits chimiques: c'est incroyablement blanc et propre. Mais il faut bien lire les nombreux avertissements placés au mur, au-dessus du lavabo et de la cuvette, des avertissements qui disent en substance "n'ouvrez pas la porte avant d'être prêt à sortir". En effet, une fois que vous avez terminé et êtes sorti à l'extérieur, vous refermez la porte et, si vous restez tout près et tendez l'oreille, vous entendez des bruits de tuyauterie et de soufflerie, tandis que la cabine vibre légèrement: la toilette est lavée, désinfectée et séchée tout entière, du plafond au plancher en passant par les murs et les accessoires.
Ça c'est du moderne efficace. Je me sentais toutefois un peu angoissée à l'idée que le grand nettoyage pourrait, par erreur, se déclencher alors que j'étais encore à l'intérieur... C'est peut-être ce qui explique que ces toilettes ne m'ont pas semblé très fréquentées...

02/04/2007

Boisclair doit rester

medium_andBoisclair.jpgAndré Boisclair n'est pas parfait, il a des défauts, et c'est pour ça qu'il doit, à mon avis, demeurer à la direction du Parti Québécois. Plusieurs souverainistes semblent toujours à la recherche d'un chef charismatique, d'une sorte de gourou capable d'enflammer les coeurs et les esprits, qui ouvrira le chemin difficile de l'indépendance, suivi par ses troupes elles-mêmes davantage guidées par leur ferveur à son endroit que par leur certitude de faire le bon choix politique.
Or il me semble que c'est une erreur. Si le chef n'est pas charismatique, s'il a des défauts et des faiblesses qui paraissent beaucoup, c'est tant mieux. On risque moins alors d'être aveuglé par lui, par ce qu'il nous inspire et par ce qu'on ressent. Un chef par rapport auquel on peut prendre ses distances, pour évaluer ses paroles et ses actions, leur adéquation avec le projet d'indépendance. Un chef que l'on peut critiquer ou approuver selon le cas, sans faire une crise existentielle et tout remetttre en question chaque fois qu'il commet une erreur.
Chaque partisan de la souveraienté devrait pouvoir maintenir son choix, quel que soit le chef du parti, car il devrait s'agir d'un choix fait en toute connaissance de cause, après une évaluation du pour et du contre. Sans exclure les émotions et les sentiments, l'inévitable part de rêve, d'utopie, de ferveur dont peut se parer l'option de faire un pays, comme c'est le cas pour tout projet de création nouvelle.
Le chef doit entériner et réaliser ce que lui demandent ceux qui l'ont élu, et non l'inverse.
Lucien Bouchard, chef charismatique, a fait à mon avis plus de tort que de bien à l'option indépendantiste: plusieurs l'ont suivi aveuglément, croyant à sa sincérité et à sa capacité de faire l'indépendance du Québec, mais il ne les a conduits nulle part et il a abandonné le parti comme une vieille chaussette. Ils sont demeurés amers, démotivés dans bien des cas.
Je préfère quelqu'un de plus terne, de moins séduisant, à condition qu'il soit intelligent, efficace et bon observateur de ce qui se passe. Il n'a pas besoin d'être près des gens, de serrer des mains, de prendre des bébés dans ses bras: tout ça c'est de l'enfantillage.
D'ailleurs il me semble que les gens en général (je m'inclus parmi eux à l'occcasion, mais j'essaie de me soigner) manquent de maturité: ils cherchent un père, une mère, un dirigeant qui leur dira quoi faire et qui leur évitera de réfléchir et de s'engager.

30/03/2007

Excursions culinaires

medium_deuxMarie.jpgPour poursuivre ma chronique précédente, voici d'autres restaurants que j'aime à Montréal: le Braseiro, un portugais de la rue Saint-Laurent où le poulet grillé est exquis, un endroit sympathique et très abordable qui offre d'excellents vins portugais. Chez Gauthier, rue du Parc, où cependant je n'ai pas mis les pieds depuis quelques années. Le Porto Fino (italien) et Le Porto (portugais). Le Pullman, aussi rue du Parc, qui fait des tapas de luxe, incroyablement raffinés, tout comme le Deux, rue Sherbrooke. Mais les meilleurs tapas, c'est au Tapeo, rue Villeray, que je les ai mangés.
Le midi, pour un sandwich ou un repas léger, je vais Aux Deux Marie (photo), rue Saint-Denis, où les produits sont toujours frais. C'est aussi un centre de torréfaction du café, alors il y a un extraordinaire choix de cafés, j'en achète parfois pour mon fils, et je n'oublie jamais de déguster un expresso bien serré.
En fait, des restos à Montréal, j'en ai fréquenté vraiment beaucoup. Certains sont aujourd'hui disparus, comme Chez Bardet, où nous sommes allés il y a une vingtaine ou peut-être une trentaine d'années, c'était très loin, au bout de la ligne de métro Henri-Bourrassa, nous avions bu une bouteille de Chambolle Musigny à deux, puis encore une demi-bouteille dont une partie a servi, sur les conseils du serveur, à arroser des framboises fraîches. Ça c'était du repas gastronomique!
Le Fado, dans le Vieux Montréal, aujourd'hui disparu. Nous avons fréquenté aussi la chaîne Better, qui faisait des saucisses, nous sommes allés une fois chez au Café Jongleux, du chef Nicolas Jongleux qui s'est suicidé quelque temps après... Nous avons été aussi au restaurant Les Halles, au Pied de Cochon, au Bouchon de Liège, Chez la Mère Michel et Chez la Mère Tucker, ainsi que dans divers restos de cuisine thaie, chinoise, japonaise, indienne. Nous aimons encore le Paris, rue Sainte-Catherine, un traditionnel français de qualité, et Le Grand Comptoir, place Philips, un bon bistrot français où la nourriture est cependant un peu lourde et les portions très généreuses.
J'aime bien aussi les smoked meat de Chez Schwartz, mais comme le restaurant lui-même n'est pas très agréable (toujours bondé, pas d'alcool, planchers graisseux et serveurs débordés), je préfère y acheter la viande fumée, le pain et les cornichons et les rapporter à la maison - c'est-à dire-chez mon fils - pour les manger. Quand il reste de la viande, on fait une recette de pâtes, et le pain est délicieux en toasts.
Mais avec le temps, les repas gastronomiques m'intéressent moins: trop lourds pour l'estomac, - j'arrive bientôt à l'âge du manger mou! - trop de services, trop guindés aussi souvent. Je ne suis presque plus capable de demeurer cinq ou six heures assise à une table: au bout de deux heures, j'en ai assez il faut que je me lève!
Décidément, la vieillesse est un naufrage!

28/03/2007

Express et expresso

medium_entrExpress.jpgÀ Montréal, j'ai mes restaurants préférés, où j'essaie d'aller à chaque voyage. L'Express (photo de la façade, rue Saint-Denis) est incontournable. Comme c'est toujours plein de monde et qu'il faut réserver longtemps à l'avance, j'ai trouvé un moyen d'aller y manger tout de même: m'y rendre vers 15h ou 16h, avant l'heure du dîner: c'est parfait quand j'ai un spectacle à 20 heures, par exemple, car j'ai le temps de relaxer, d'aller me changer, ou de magasiner, histoire de digérer un peu avant d'aller m'asseoir dans la salle. En général, deux ou trois tables sont occupées, il y a toujours la même serveuse un peu revêche réservée aux clients de l'après-midi. Et presque chaque fois, une vedette de la scène. J'y ai déjà vu Lucie Laurier, par exemple. La dernière fois, c'était Paul Buissonneau: il parle tellement fort qu'on n'entend que lui... n'empêche qu'il a réussi à mettre la serveuse revêche dans sa manche et à la faire rire.
La nourriture bistrot chic est habituellement au rendez-vous, toujours d'une égale qualité. J'aime bien manger leurs nouilles aux crevettes et au curry, ou alors les raviolis, ou un onglet à l'échalote, ou encore le saumon au cerfeuil. L'île flottante est écoeurante (miam!), un repas à elle seule, la soupe à l'oseille fabuleuse, mes compagnons habituels aiment le steak tartare, les rognons, la soupe de poisson. L'Express propose un excellent choix de vins au verre. La semaine dernière, j'y suis allée pour une soupe au chou, suivie des nouilles crevettes-curry, avec une petite salade verte et un riesling. Je n'oublie jamais le café, un expresso court, bien serré et bien corsé. Je le demande macchiato, et ils savent ce que ça veut dire: garni d'un petit nuage de lait chaud.
J'aime aussi le Café Cherrier, pas très loin de là sur Saint-Denis, pour son atmosphère relax et sympathique, sa clientèle branchée (des vedettes, là aussi assez souvent). La nourriture est de bonne qualité, pas aussi extraordinaire qu'à l'Express en ce qui concerne les menus du jour. Mais la carte offre des spécialités plus légères, que l'on peut manger à toute heure du jour, des croque-monsieur, des soupes, et ce bagel au saumon fumé que j'ai pris la dernière fois et qui était parfait. L'expresso y est aussi très bon, plus long qu'à l'Express mais encore plus corsé.

22/03/2007

Il est grand temps que ça finisse

Je n'en peux plus d'entendre des interviews avec les chefs des partis politiques, toutes allégeances confondues. Ils sont à toutes les tribunes, à la radio, à la télé, les animateurs salivent quand on leur amène un chef, mais il ne se passe plus rien, les cassettes sont usées à la corde, ils se répètent, se contredisent, se reprennent. C'est devenu ridicule et insupportable: j'éteins, je coupe le son, je change de poste à chaque fois.
Et puis une question m'est venue: que fait donc là Jean Charest? Pourquoi se présente-t-il à nouveau en espérant être réélu premier ministre? Il a fait et dit tout ce qu'il avait à faire et dire (essentiellement, devenir chef du parti et prendre le pouvoir), il me semble que le temps était venu pour lui de se retirer et de laisser la place à un de ses ministres. La stratégie aurait pu s'avérer payante pour le Parti Libéral. Les gens sont toujours à l'affût de changements, de nouveaux visages, les indécis ou libéraux mous auraient peut-être été attirés par un nouveau chef.
Charest nuit à son parti en demeurant à l'avant-plan du paysage et en faisant ombrage à ses ministres et députés. Tant pis pour lui, j'espère que les électeurs vont lui montrer une porte qu'il aurait dû prendre avant les élections...

21/03/2007

Alcan frappe encore

medium_alcanQuat.jpg20 mars: un mardi soir venteux après une journée de tempête. Le Quatuor Alcan (sur lequel d'ailleurs j'ai écrit une des premières notes de ce blog) nous a encore, comme il le fait régulièrement, gratifiés d'une performance éblouissante, dans l'intimité de la salle de concert du Conservatoire, à Chicoutimi. Nous étions tout au plus une centaine. Assise à la quatrième rangée, j'avais l'impression d'être dans le concert. Au programme, deux oeuvres majeures, consistantes, les quatuors no 12 de Beethoven et en la mineur op. 51 de Brahms. J'ai surtout trippé pendant le Beethoven, oeuvre magistrale d'un compositeur totalement libéré de toute contrainte, qui, comme le disait David Ellis dans sa présentation (faite, comme toujours, avec un naturel impayable agrémenté d'un petit accent fort sympathique), nous conduit sur des chemins inédits, inconnus, dans un univers qui n'est pas seulement celui de la musique, mais celui de l'art total, de ce que l'homme peut accomplir de mieux.
Comme d'habitude parfaitement accordés, complètement concentrés sur leur jeu, les quatre musiciens ont livré des versions intelligentes et sensibles, artistiquement approfondies et techniquement contrôlées de ces oeuvres exigeantes, autant pour eux que pour le public.
David a en effet dit aux gens: "vous avez bien travaillé ce soir", avant de présenter un petit rappel tiré de leur disque Les Vendredis, pièce russe plus légère que le reste du programme, et c'est vrai que, comme public, nous avions, pour des oeuvres pareilles, un certain travail à accomplir. Travail de concentration, de suivi attentif des interventions de chaque instrument, d'appréciation de la complexité du jeu. Mais combien on est récompensé après coup! On a l'impression d'avoir vécu un grand moment de la musique. Car il faut dire que le Brahms qui a clôturé la soirée était excellent et très riche, tout aussi bien lu et interprété que le Beethoven.
Aussi au programme, une création mondiale d'une oeuvre de la compositrice québécoise Isabelle Panneton (avec laquelle le Quatuor -ou l'Orchestre symphonique- a déjà travaillé), intitulée À distance, qui dure sept minutes. Je ne suis pas spécialiste en composition, mais il m'a semblé que cette oeuvre, dans sa modernité, était extrêmement riche et structurée, et ne déparait en rien le reste du programme. Avec deux courtes pièces de Mendelssohn en ouverture, ce programme était d'ailleurs plus que complet.
Bizarrement, les quatre musiciens ont joué sur une petite scène encombrée de deux pianos à queue et d'un clavecin, lesquels n'ont pas servi de la soirée, bien entendu.
Laura Andriani s'est présentée en sautillant sur une seule jambe, incapable de poser son autre pied par terre. Un pied cassé, a sobrement mentionné le violoncelliste. Elle devait s'appuyer sur ses collègues pour ses entrées et sorties, et souffrait assez visiblement. Mais une fois assise, elle a performé d'une façon sublime, assumant avec brio son rôle de premier violon, de leader du groupe (complété par Nathalie Camus au violon et Luc Beauchemin à l'alto). Comme touché par la grâce (laquelle n'est autre qu'une combinaison de talent, de travail et d'expérience), son archet tirait de l'instrument un son pur et fluide.
Pour ma part, je n'écoute pas de quatuors ni de trios sur disque, parce que justement, je n'arrive pas à en percevoir les nuances et les complexités. Je préfère les entendre en concert, là où on peut à la fois entendre et voir le travail des musiciens, qui relaie celui du compositeur, apprécier le contraste entre les moments intenses et les passages plus légers, vibrer à chaque nuance.
Assis sur des chaises droites et inconfortables, moi et le petit groupe de mélomanes rassemblés dans la salle du Conservatoire avons eu droit à une prestation de très haut calibre offerte par des artistes exceptionnels, et cela pour un prix ridicule comparé à ce qui se pratique dans les grandes capitales.

19/03/2007

Brosses, balais et ballet

Pour mon dernier jour à Montréal (le jeudi 15 mars), j'ai magasiné un peu, puis je suis allée voir une exposition de brosses à la galerie d'Art de l'UQAM. Des brosses de tous genres, de toutes provenances, en crin et fibres naturelles, en plastique, en bois précieux, grossièrement assemblées ou tressées longuement, fofolles ou découpées avec netteté. Des brosses pour les vêtements, pour le plancher, pour la table, des brosses à dents, des pinceaux, des blaireaux, des balais et balayettes, une exposition sympathique, originale, sans prétention mais fort bien montée.

Québec,Saguenay

Les Grands Ballets

En soirée, j'ai choisi d'assister au spectacle Visions du Monde, présenté par les Grands Ballets Canadiens à la Place des Arts, salle Maisonneuve. Quel spectacle! Trois chorégraphies: Polyphonia (photo), du chorégraphe Christopher Wheeldon, sur 10 courtes pièces de Gyorgy Ligeti qui étaient jouées en direct au piano. Un ballet moderne, très athlétique, d'une grâce extraordinaire: Anik Bissonnette, qui doit quitter les GBC en juin prochain et les autres danseurs sont de grands professionnels, et ça paraît.

Puis Forgotten Land, de Jiri Kylian, impressionnant, les femmes sont en en robes longues, les danseurs virevoltent sur une musique déroutante et inquiétante de Benjamin Britten.

En dernier lieu, j'ai assisté à la création mondiale d'une oeuvre du chorégraphe chinois Shen Wei, intitulée Re-,II, inspirée par un séjour à Ankor Vat au Cambodge. En deux parties très différentes, une première où une douzaine de danseurs se tiennent toujours ensemble, reliés par les mains, les pieds, les jambes ou autres, comme s'il s'agissait d'un seul corps vivant agité de mouvements fluides et fascinants. En deuxième partie, danseurs et danseuses sont vêtus seulement d'une culotte couleur chair, leur peau est très blanche sous les éclairages (il y a cependant un Noir parmi eux), ils amorcent des mouvements extrêmement lents avec les épaules, les hanches, le ventre, la poitrine plutôt que les membres, comme des os qui pointent, et finalement ils se déposent par terre et y demeurent, immobiles comme des sculptures de pierre. D'une grande beauté et très troublant. Le chorégraphe était là (du moins je présume que c'était lui) il est venu saluer à la fin. L'accueil a été bon, mais pas délirant. Je crois que nous étions encore sous le choc de ses images fortes.

15/03/2007

Journée des chefs-d´oeuvre

medium_jemEhnes.jpgMercredi à Montréal, c’était ma journée des chefs-d´œuvre. J´ai été voir le film La vie des autres, écrit et réalisé par Florian Henckel von Donnersmarck. Quel film! Cela se passe en Allemagne de l´Est dans les années 80 avant la chute du mur de Berlin. Un espion de la Stasi surveille un écrivain, et cela ne se passe pas comme prévu. Aucune scène violente, le film se déroule lentement, à son rythme, mais la violence est celle de l´esprit, du contrôle. Fort et bouleversant. En soirée, concert de l´Orchestre symphonique de Montréal. Avec le violoniste James Ehnes (photo), qui a livré une belle interprétation du concerto de Mendelssohn, et en deuxième partie, l´orchestre augmenté à un maximum de musiciens pour jouer la troisième symphonie de Brahms. Soirée parfaite, satisfaisante en tous points, même le premier morceau, l´ouverture Manfred, de Schumann qui me faisait penser au film vu plus tôt, on aurait pu l´intituler "la suite de l´homme bon…"