07/06/2019
Corno au CNE: creuser le corps
Joanne Corno, peintre. Corno de son nom d'artiste. Originaire de Saguenay et ayant fait l'essentiel de sa carrière à New York. Réputée, controversée parfois. J'aimais déjà ses oeuvres, son style pop et personnel, ses couleurs superposées, transparentes, aux reflets métalliques et changeants, mais au fond je n'avais vu que quelques-unes de ses toiles, en général une à la fois.
En visitant l'exposition Hommage à Corno, un imposant ensemble d'une quarantaine d'oeuvres présenté au Centre national d'exposition à Jonquière, j'ai pu mieux comprendre et apprécier son travail. Sa façon de toujours revenir au corps, masculin et féminin, torse et visage surtout, sur lesquels elle "zoome" pour ne peindre qu'eux, à l'exclusion du reste du corps.
L'exposition, qui inclut notamment sa première et sa dernière oeuvre, fait percevoir une évolution technique et stylistique, tout en montrant la persistance quasi obsessive de ces thèmes.
Son sujet, elle l'empoigne, l'agrandit, le magnifie et le creuse, en couches et touches projetées par amples gestes, obtenant des couleurs profondes et miroitantes, des transparences, des harmoniques exaltés par le grand format des tableaux.
Je ne saurais expliquer pourquoi elle a choisi ce type de sujet, mais sûrement quelque chose dans le corps l'interpelle et suscite chez elle à la fois la question et l'inspiration. Et de voir plusieurs toiles ainsi rassemblées a provoqué chez moi une sorte de vertige doublé d'une d'illumination: l'impression d'approcher l'artiste, de sonder son âme et son coeur, qui adoucit le regret qu'elle nous ait quittés si tôt.
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