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21/12/2006

Prostitution et viol

Virginie Despentes, dans son essai décapant King Kong Théorie, assimile le mariage à la prostitution: un échange de services: l'homme apporte l'argent, le confort, la femme offre le sexe à domicile -et à volonté-. Même si aujourd'hui, l'échange se fait dans les deux sens, cela demeure une intéressante façon de voir les choses.
Autre sujet, pourtant relié: il est extrêmement difficile pour une femme de dévoiler pulbliquement un viol qu'elle a subi: malgré les messages officiels de compassion et de sympathie qu'elle reçoit, malgré la punition éventuelle infligée au(x) coupable(s), plusieurs, sans oser se l'avouer, la considèrent comme «marchandise avariée», impropre à la consommation, candidate défaite au mariage ou à l'union stable.
S'interroger sur nos certitudes, nos attitudes bien-pensantes, remettre en doute tout ce que l'on sait, demeurer vigilants face aux messages véhiculés dans les médias et la société: voilà ce que ce livre nous incite à faire.

20/12/2006

Quelques mots

Noël et les Fêtes ne m'inspirent guère. Même que cette période me paralyse, me rend muette. Alors pour aujourd'hui, je vous offre deux haïkus qui n'on rien à voir:


né dans la misère
en route vers le nirvana
le chien de Pavlov






trop de lignes blanches
retournons à la maison
sous une avalanche

17/12/2006

Entre deux chaises

Les problèmes rencontrés avec des membres de communautés religieuses différentes mettent en lumière l'inconfort des Québécois face à la religion. D'un côté nous nous percevons comme une société laïque, débarrassée des bondieuseries et de l'omniprésence de la religion longtemps subies. D'un autre côté, nous avons conservé des symboles hérités du temps où les curés dominaient toute notre vie: par exemple, à l'hôpital de Chicoutimi, il y a un crucifix dans plusieurs chambres (je ne sais pas si c'est toutes les chambres, car je ne les ai pas toutes visitées!) et des personnes passent régulièrement pour offrir aux malades de communier s'ils le désirent. Et il y a aussi les traditions de Noël, le sapin, la crèche, le petit Jésus, que nous avons conservés, puisqu'ils étaient déjà là. La messe de minuit : certains y vont parce qu'ils sont croyants, mais plusieurs y assistent tout simplement parce que c'est une sortie agréable, un beau spectacle. La tradition est encore là, avec son cortège de symboles, mais la foi qui soutenait l'édifice est disparue, ce qui rend ce dernier extrêmement fragile.
Par ailleurs, les gens d'autres religions installés ici, les musulmans et les juifs, entre autres, nous apparaissent comme de fervents croyants: nous avons donc tendance à nous incliner devant la force de leurs convictions religieuses, car nous n'en avons pas de semblables à leur opposer.
Et eux, ils observent les préceptes moraux de leur religion, tandis que nous nous moquons de ceux que nous respections autrefois : tenues légères ou indécentes telles strings apparents ou décolletés plongeants, sexe avant le mariage, union homosexuelle, adultère, divorce: tout cela est condamné par la morale catholique, mais accepté (plus ou moins dans certains cas, mais on peut en débattre publiquement) par l'appareil social et la conscience individuelle.

15/12/2006

Mon beau sapin

medium_beausapin.jpgC'est bizarre que l'expression accommodement raisonnable fasse grimper tant de monde dans les rideaux. Des gens de gauche, de droite, des athées, des croyants dénoncent, on pointent du doigts des gestes posés par des individus ou organisations pour tenter d'harmoniser une cohabitation avec des gens de cultures différentes, en répondant à des demandes qui, à prime abord, leur ont semblé légitimes. Des humains tentent de vivre en bonne entente avec d'autres humains. Gestes qui, pour cause de médiatisation éhontée de tout, se retrouvent dans les journaux, à la une, sur les tribunes radiophoniques où ils n'ont pas d'affaire.
Demandes un peu exagérées, maladresse dans les réponses, peut-être. Mais va-t-on en faire tout un plat? C'est comme dans un couple: pour que l'harmonie règne, il faut faire des concessions, accepter des conduites, des propos avec lesquels on n'est pas nécessairement d'accord. Tout cela est toujours en mouvement, oscille d'un côté, puis de l'autre: il s'agit de savoir quand ça va trop loin. Et même alors, dans bien des cas, il est possible de revenir en arrière, de se réajuster, de pardonner.
Tout est une question de bon sens et de limites: on n'adoptera pas les conduites venues d'autres cultures et que nous jugons incompatibles avec le système social adopté ici (qui, soit dit en passant, est loin d'être parfait), ni des façons de faire qui mettent à mal les libertés individuelles. Cependant, les gens qui viennent d'ailleurs n'ont pas toujours la partie facile, et on peut comprendre qu'ils soient heurtés par certaines pratiques ayant cours ici, que leur tradition millénaire leur a fait envisager comme mauvaises ou dangereuses.
Mais il y a aussi, parmi eux, des petits malins qui demandent des choses juste pour voir ce que vont faire les Québécois «de souche», pour voir s'ils vont se laisser passer ce sapin...

11/12/2006

Ciao Roberto

medium_alagna.jpegJ'écoutais samedi soir l'émission de Michel Drucker, sur TV-5, un spécial Roberto Alagna, probablement présenté en rediffusion. Le ténor français, une véritable star dans son pays, et qui se prête volontiers au jeu médiatique, a accueilli des des invités, chanté du classique, du jazz, de la pop, avec Patrick Bruel, Lyne Renaud, Paul Anka, Lara Fabian, et sa femme, la soprano Angela Gheorghiu. Émission un peu longuette, mais sympathique. Je ne suis pas une fan d'Alagna, mais j'écoute parfois son Va pour Kleinzach (tiré des Contes d'Hoffman, d'Offenbach), que j'aime bien, et, en DVD, L'elisir d'amore, de Donizetti (Opéra de Lyon), où il donne justement la réplique à Angela.
Or voici que dimanche, le ténor, qui chantait le rôle de Radamès dans Aïda de Verdi à la Scala de Milan, a quitté la scène tout de suite après avoir chanté son premier air: Celeste Aïda, qui fut ponctué par des huées provenant du public. Il a eu peur de briser sa voix en continuant à chanter dans cette atmosphère houleuse, a-t-il expliqué ensuite. Les critiques avaient émis quelques réserves sur sa prestation, lors de la première jeudi dernier, tout en encensant le reste de la distribution, ainsi que la direction musicale et la mise en scène, signée par nul autre que Franco Zefirelli.
C'est un geste tout à fait exceptionnel qu'a posé là le ténor français. Difficile à expliquer, compte tenu de sa grande expérience, du fait qu'il a certainement connu tous les cas de figure. Mauvaises critiques, public hostile ou indifférent, conditions difficiles, tout ça fait partie de la vie d'artiste. Il connaissait certainement le phénomène des loggionisti, sorte de hooligans qui occupent des loges à la Scala et qui font la pluie et le beau temps. Ils ont déjà hué la Callas, et Pavarotti, entre autres.
Je ne veux pas donner tort ou raison à Roberto Alagna, je n'étais pas là, et je ne sais rien de sa performance. Mais ce que je sais, c'est que je n'aurais jamais su qu'il chantait cette oeuvre à la Scala s'il n'avait posé ce coup d'éclat. Une façon -sans doute pas la meilleure- de faire parler de lui dans les médias du monde entier...

08/12/2006

Chef-d'oeuvre?

medium_piercLarry.2.jpgUn livre formidable, que ce Piercing de Larry Tremblay. Pas loin du chef-d'oeuvre, me semble-t-il, et je ne dis pas ça parce que l'auteur est originaire du Saguenay. La première des trois nouvelles, intitulée La hache, est remarquable. J'ai été jetée par terre par les dix premières pages, une sorte d'analyse du monde moderne, en raccourci, avec des images fortes et des considérations percutantes. Le dernier texte, Anna à la lettre C, peut-être déjà publié ailleurs, est excellent aussi: le ratage d'une rencontre dans toute son horreur. Piercing est peut-être un peu plus faible, mais très intéressant aussi: la dérive d'une jeune fille qui quitte son Saguenay natal pour vivre à Montréal. Larry Tremblay est un auteur de grande qualité, il sait écrire, et il connaît la force des mots. Il a écrit des pièces de théâtre formidables, comme The Dragonfly of Chicoutimi, pièce à un seul personnage magnifiquement joué par le comédien Jean-Louis Millette, que j'ai eu la chance de voir au Petit théâtre de l'Université du Québec à Chicoutimi quelques semaines seulement avant sa mort, Le ventriloque, vu en lecture publique à Jonquière, de même que Le déclic du destin, La leçon d'anatomie, Le mangeur de bicyclette, des textes magnifiques que j'ai lus en imaginant ce que cela pourrait donner sur scène.

05/12/2006

La maladie

Quand un proche est malade, une grande partie de l'énergie physique, mentale et intellectuelle dont on dispose est réquisitionnée pour s'occuper de ce problème. Comme les cellules du corps qui se regroupent pour attaquer un intrus, microbe, virus, objet qui blesse, tout notre être se mobilise pour affronter la maladie. Pour aider l'autre, le conduire à l'hôpital, rester avec lui, veiller sur lui, le ramener à la maison. Et ensuite, se tenir aux aguets et réagir en cas de malaise. Voilà, c'est ce que je vis par les temps qui courent, alors que mon conjoint a des problèmes de santé. Pas gravissimes, mais tout de même assez sérieux. Alors j'ai moins de temps et d'énergie pour écrire sur ce blogue. Mais je devrais y revenir bientôt. je vous tiens au courant...

26/11/2006

Maudite boisson

medium_boire.jpgLa moitié ou peut-être les trois quarts des problèmes d'obésité en Amérique du Nord disparaîtraient en quelques années si, du jour au lendemain, on retirait du marché toutes les boissons gazeuses. Les jeunes et les vieux peuvent ingurgiter en quelques minutes un demi-litre, quand ce n'est pas un litre (parfois ce dernier coûte moins cher que le demi-litre) de Coke ou de Pepsi: ce n'est que du sucre, qui les fait grossir et les empêche de manger des aliments sains, car ils coupent l'appétit. Et la malbouffe serait moitié mois dommageable si ses sandwiches et frites étaient accompagnées non pas de litres de coke, mais de verres d'eau de taille normale.
Les enfants, imitant en cela leurs parents, commencent dès leur plus jeune âge à consommer des boissons pétillantes, et tout le monde semble croire que les «bulles» dans une boisson sont indispensables pour étancher la soif. (Peut-être parce qu'elles font roter...) Or, c'est tout le contraire: plus on absorbe de boisson pétillante -et sucrée-, plus on a soif.
Même le jus dont on remplit le biberon des bébés, a des effets pervers, toujours à cause du sucre qu'il contient. On le croit inoffensif quand il est pur, sans addition de sucre, mais on se trompe, puisque les fruits contiennent du sucre, donc des calories, donc ils font grossir et occupent, dans l'organisme, la place que prendraient les aliments de qualité. Le jus devrait être bu uniquement comme dessert, avec un biscuit, par exemple, ou comme collation entre deux repas. Mais pour accompagner le repas, aider à avaler, ce qu'il faut, c'est de l'eau. De l'eau pure et plate. Ou, à la rigueur, de l'eau gazéifiée (mais pourquoi tant tenir aux bulles?), ou encore, mais en quantité modérée, des boissons "diète".
Finalement, si on supprimait le sucre de notre alimentation... et de la fabrication des aliments du commerce, on réglerait beaucoup de problèmes, il me semble.

23/11/2006

Tout Bach

medium_beausejour.jpgMercredi soir (22 novembre), ciel entièrement dégagé, belles étoiles froides et brillantes aperçues en me rendant, avec une amie, à l'église de Laterrière. J'ai assisté à de très nombreux concerts donnés dans cette petite église. Le plus souvent de la musique baroque, parfois du chant, parfois salle comble et au-delà, parfois salle bien remplie mais des places encore disponibles, comme c'était le cas ce mercredi. Un concert tout Bach, donné par la flûtiste Marie-Céline Labbé, la violoniste Hélène Plouffe, le violoncelliste Balasz Maté, et le claveciniste Luc Beauséjour (photo). Pas de grandes envolées lyriques ou romantiques, pas de ces surprises ou silences ou sons stridents de la musique contemporaine. Juste le timbre discret et velouté des instruments baroques, une musique qui s'apprécie dans le recueillement et l'attention.
Des mélodies qui coulent doucement, des variations de volume qui se font en souplesse, des sons plutôt doux, rien d'agressif ou de surprenant: de la beauté pure, de savantes constructions harmoniques, du Bach quoi! La sonate en mi majeur pour violon et clavecin se démarquait un peu car le violon s'y faisait plus lyrique le son s'allongeait et s'épanouissait davantage que dans les autres pièces. Même si chacun des deux interprètes a fait une erreur au début (fausse note du clavecin, son "pas rapport" au violon), c'était vraiment agréable.
Luc Beauséjour jouait sur un magnifique instrument que l'on doit au facteur Alain Rousseau, de Saint-Stanislas au Lac-Saint-Jean. Au clavecin seul, il a fait entendre la toccata en mi mineur (BWV 914). La suite pour violoncelle seul (en rémineur BWV 1008), nous a fait apprécier l'interprète né à Budapest, l'un des grands spécialistes du baroque dans le monde, et son instrument italien du 18e siècle. Quant à la flûte baroque, tenue par Marie-Céline Labbé, une Québécoise qui vit et travaille à Vienne depuis plus de 20 ans (cheveux blonds, teint très pâle, longue robe noire: elle semblait tout droit sortie d'un tableau de Van Eyck), elle a un son unique, à la fois très doux et très audible, une pure merveille à écouter.
Quatre artistes de calibre international ont mis tout leur art, leurs connaissances, leur habileté technique au service de la musique de Bach. Une centaine de personnes ont su les apprécier à leur juste valeur : cela ne fera pas la une des journaux, et c'est d'autant plus précieux.
Je signale qu'il y a eu capatation du concert par l'équipe d'Espace Musique: il sera diffusé ultérieurement sur les ondes de Radio-Canada, et deviendra donc accessible à un plus grand public.

21/11/2006

Lâche et irresponsable

Je suis outrée, scandalisée par les propos du Dr Gaétan Barrette, le nouveau président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec.
Je croyais rêver, mais non, c'est bien ce qu'il a déclaré à la radio de Radio-Canada, pour justifier le nouveau moyen de pression mis de l'avant par les obstétriciens gynécologues de certains hôpitaux québécois: refuser de faire des accouchements!

Ces femmes-là (les femmes enceintes) doivent s'adresser à leur député et à leur gouvernement.

Il a dit cela texto, je vous jure, je viens tout juste de l'entendre encore une fois aux nouvelles de CBJ (10 heures, le 21 novembre). Il se défend de prendre les femmes enceintes en otage, mais c'est exactement ce qu'il fait. Personne n'a encore réagi à ces propos indignes de quelqu'un qui se prétend thérapeute.
Alors moi je réagis, et très fort.
Vous voyez-vous, enceinte de huit ou neuf mois, aller sonner à la porte de votre député, téléphoner au ministrère de la santé ou vous rendre à l'Assemblée nationale parce que vous êtes sur le point d'accoucher et que votre gynéco fait la grève?
Cette déclaration du Dr Barrette témoigne d'une attitude lâche et irresponsable. Il n'appartient pas aux femmes enceintes, ni aux patients en général de faire la lutte pour leurs médecins, aussi juste puisse être la cause de ces derniers. Ils sont mieux lotis que la plupart de leurs patients, et c'est à eux de monter au front, et d'encaisser les coups s'il y en a.