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06/04/2010

Alice sans merveilles

cheshire2.jpgQuand j'étais enfant, mes parent m'avaient offert une visionneuse 3D, que l'on appelait view-master. On y insérait des disques ronds (ancêtres des CD) en carton contenant des diapositives miniatures, soit deux images légèrement différentes d'une même scène: quand on regardait dans les deux lentilles, on voyait la scène en trois dimensions. On changeait d'image en abaissant un gros bouton qui faisait tourner le disque d'un cran.

J'ai eu quelques-unes de ces disquettes, où on retrouvait des 3Dviewmaster.jpgdocumentaires, des contes, des films d'animation de Walt Disney.

Les quelques images dont je me souviens sont celles d'Alice au pays des merveilles: comment elle grandissait et rapetissait, les champignons rouge et blanc, la scène du thé, le lapin toujours pressé, les horloges, les montres. J'ai beaucoup regardé ces images.

J'ai plus tard lu et relu le texte original de Lewis Carroll, du moins sa traduction française, avec autant de plaisir.

alicePochette.jpgLes adaptations de ce conte pour la scène, le cinéma, la télévision sont innombrables (de même que ses interprétations). Hier donc, je suis allée au cinéma voir celle de Tim Burton. J'ai été déçue: il y a quelques belles images, quelques trouvailles, le chat du Cheshire (photo) est magnifique, mais ce n'est pas mon Alice au pays des merveilles.
L'histoire a été totalement changée, transformée en une lutte entre le bien et le mal, entre la reine blanche et la reine rouge, qui finit dans une bagarre générale et un affrontement avec un monstre.
MiaWasikowska.jpgPour moi, Alice, ce n'est pas ça. C'est un conte merveilleux et iconoclaste, une histoire sans queue ni tête (c'est le cas de le dire),  une fantaisie inclassable, délirante et colorée. Et qui contient un message, notamment sur la lecture et ses plaisirs. (Alice part dans son rêve alors qu'elle s'ennuie et se demande quel intérêt peut bien avoir pour sa soeur un livre sans images).
Difficile de tansposer cela au cinéma, je vous l'accorde. Mais il y aurait eu moyen.
Ici (sur les photos, Mia Wasikowska, Alice, et Johnny Depp, le chapelier fou), on ne parle plus de transposition, mais de trahison: Alice n'est plus une petite fille mais une jeune femme, ce n'est plus une fable sur le temps, il n'y a plus de livre mais un horrible prétendant, des personnages sont ajoutés, d'autres supprimés, les jeux de mots en sont presque enlevés. Tout a été fait pour plaire au public américain (mais quel public? Les adultes? Les enfants?). J'attendais davantage de Tim Burton (qui a tourné le magnifique Edward aux mains d'argent). Au moins, il a conservé le message sur la liberté.johnnyDepp.jpg
Encore, tout cela serait pardonnable s'il se passait quelque chose, si le film était prenant, émouvant. Il m'a semblé sans âme, je me suis ennuyée par moments. Jack a été aussi déçu que moi, il en a parlé sur son blogue.

Saviez-vous que:

La série télévisée Lost : Les Disparus emprunte beaucoup de références à Alice aux pays des merveilles. Le titre du 5e épisode de la série est The White Rabbit et celui du final de la saison 3 Through the looking glass. Le personnage de Jack Shepard est très clairement le pendant masculin d'Alice. Plusieurs autres références au bout de ce lien.

L'opéra Alicia du compositeur mexicain Federico Ibarra (1990), livret de José Ramon Enriquez, reprend les éléments principaux du texte. Création de l'Opéra National (Bellas Artes) de Mexico.

18/03/2010

Derniers courts 2010

afficheReg.jpgJ'ai passé tout l'après-midi du dimanche 14 mars au Petit Théâtre de l'UQAC. La meilleure salle, sans contredit, de toutes celles que j'ai fréquentées au festival Regard sur le court métrage au Saguenay. Tant pour les conditions de projection (qualité de l'image et du son, taille de l'écran) que pour le confort des sièges.
Les courts métrages du premier groupe de films (compétition 5) étaient tous intéressants.

  • Le plus réussi: Betty B and The The's, film du réalisateur allemand Félix Stienz. Une très grande femme et un petit monsieur bettyB.jpg trouvent le bonheur, deux paumés parmi d'autres paumés. Humour noir, tendresse, lumière projetée sur un univers urbain et post-moderne, façon Fassbinder. Original et esthétiquement fouillé.
  • Le plus émouvant: Naissances, d'Anne Émond: un homme et une femme se rencontrent, cachent leur fragilité et leur détresse respectives: tout est mensonge, pieux mensonge à travers lequel passe quelque chose qui ressemble à l'amour.
  • Le plus amusant: L'homme et la bête, de Martin Thibodau. Trois "chasseurs urbains" aux prises avec un raton-laveur.
  • Le plus humain: Le technicien, de Simon-Olivier Fecteau. Venu réparer le téléviseur d'un vieil homme, un technicien constate que ce n'est pas l'appareil mais le contenu qui pose problème.

La séance suivante s'intitulait Courts de danse. (Compte rendu complet de Jean-François Caron, avec lequel je suis plutôt d'accord, ici sur Voir.) Des films sur la danse, donc.

  • Dans Becoming, un être féminin qui semble issu becoming.jpgd'un croisement entre le Cirque du Soleil et Avatar défend  la nature... de façon plutôt violente.
  • Nora: les souvenirs, en mots, en image et en mouvement, d'une danseuse née au Zimbabwe.
  • Nous avons revu le superbe Pas de deux, de Norman McLaren, tourné en 1958.
  • Dernier film au programme: Pretty Big Dig, un "pas de trois" exécuté par des pelles mécaniques.
  • Le plus beau de ces films à mon avis: I Dream of Augustine: une danseuse, la folie, les transes du corps, les rêves.

Aucun des films que j'ai vus en quatre séances n'a gagné de prix finalement, mais peu importe: j'ai apprécié -presque- tout ce que j'ai vu.

J'ai donc passé au Petit théâtre un très beau dimanche, qui s'est terminé avec la performance Animer le corps, dont j'ai parlé dans ma note précédente.

13/03/2010

Je cours les courts

J'ai assisté à deux séances de projection du merveilleux festival Regard sur le court métrage au Saguenay, l'une que j'ai beaucoup aimée, l'autre un peu moins.

 

afficheReg.jpgJeudi, soir d'ouverture, j'ai non seulement aimé tous les films au programme, mais j'ai été charmée par le groupe musical qui a lancé la soirée.  Cellos on fire, quatre violoncellistes, un claviériste et un batteur,  qui  ont entre 15 et 17 ans. Ils offrent du Métal classique à la manière du groupe Apocalyptica.  Ce n'est pas mon style musical préféré mais j'ai aimé la fougue, l'énergie, la folie de ces jeunes étudiants du Conservatoire qui font déménager les violoncelles.

Voici une petite vidéo de leur prestation:

 

Mon film préféré dans cette sélection (compétition 1) fut  Instead of Abracadabra, un film suédois de Patrick Eklund (photo ci-dessous et bande annonce ici). "Au lieu de Abracadabra", un jeune magicien un peu inquiétant qui ne réussit pas tous ses numéros, utilise le mot "chimey". Film un peu trash, on ne saitabracadabra.jpg jamais ce qui va se passer (le père ressemble de façon hallucinante au ministre Yves Bolduc): c'est astucieux, amusant, humain.

J'ai adoré Train en folie, un dessin animé complètement déjanté où des passagers vivent des aventures variées tandis que le train file de plus en plus vite vers une catastrophe prévisible, causée notamment par une vache qui chemine lentement sur les rails. Plein d'humour, vraiment réussi.

alterEgo.jpg

Aux antipodes, un autre film d'animation, Vive la rose, montre des dessins qui surgissent et se modifient au son d'une vieille chanson folklorique. Sérieux, nostalgique,  graphiquement réussi.

Alter Égo, du Français Cédric Provost évoque l'esquisse d'un rapprochement entre Nadir et Esther (photo ci-dessus), que tout sépare. PasleoAffiche.jpg vraiment original comme sujet, mais le film est intéressant par son noyau, ces quelques phrases où les deux personnages expriment leur colère et leur frustration, par sa fin ouverte, et aussi parce qu'il évoque clairement les problèmes d'intégration vécus par les immigrants en France (et partout ailleurs).

Et puis le très sympathique Léo, de Carol Courchesne, un documentaire sur Léo Boulet, 70 ans, un monsieur qui fabrique et vend des "moppes" à Rouyn-Noranda dans son dépanneur qu'il tient à bout de bras et en travaillant 365 jours par année. Un bonhomme typique, sympathique, qui ne manque pas d'humour.

legerProbleme.jpg

Dans Léger problème, un homme soudain se soulève du sol. Personne d'autre ne s'en aperçoit, sauf ceux qui vivent la même situation. L'explication est fort simple, et tout à fait charmante.

Curieusement, les films étaient bons, excellents même mais il manquait peut-être au fond une véritable émotion.

Une émotion que j'ai trouvée dans le film Le sol sous nos pas (Australie, Rene Hernandez) au programme dans la compétition 3, hier après-midi. L'histoire d'un jeune garçon, de ses rencontres, de comment il finit par se détourner de la violence pour établir des liens. C'est rude, percutant, les acteurs sont formidables: ça va droit au coeur et ça fait réfléchir (photo ci-dessous).solSousSol.jpg

Autre bon film de cette série, Debout et toujours prêt, film expérimental finlandais: une voiture aveugle roule dans un univers dévasté, puis dans une forêt luxuriante. Original, séduisant, un peu fou.

Un après-midi au parc, du Québécois Olivier Gilbert:  pendant que les bébés se balancent, les adultes font des choses... Un charmant clin d'oeil.

J'ai moins apprécié le film italien L'Arbitro, axé sur un match de foot que j'ai eu de la difficulté à comprendre.  L'Échine (Québec, Chris Landreth) était intéresssant mais un peu confus, Ikwé m'a semblé trop facile, et le message de Believe, si on y croit vraiment ça arrive, n'est pas convaincant, même si le film présente des aspects intéressants.

Dans A Time and a Time (Sara Cox, Royaume-Uni) on voit la ville de Bristol reconstruite à partir d'images découpées qui bougent. Un amusant exercice de style.

Problèmes de langue

Regard sur le court... est un festival que j'adore et que je fréquente régulièrement. (Si vous tapez "regard sur le court" dans le moteur de recherche, colonne de droite, vous trouverez d'autres billets que j'ai consacrés à l'événement au cours des années précédéentes). J'aime les films, le public, l'atmosphère.

Une seule chose me dérange: tandis que des films en français sont présentés avec des sous-titres anglais (complètement inutiles à Saguenay), certains films sont présentés en anglais uniquement, sans sous-titres et sans traduction,  et certains sont très difficiles à comprendre, à cause des accents. C'est quoi l'idée? Et que doivent faire les spectateurs qui ne comprennent pas l'anglais?

Ils devraient protester, car c'est inacceptable...

 

 

03/01/2010

Avatar: la beauté bleue

AvatarFilm.jpgEn écoutant le film Avatar, je me suis complètement abandonnée: chaussée de mes lunettes spéciales pour 3D, j'ai apprécié la beauté des images et la cohérence de ce monde fictif, la planète Pandora où vivent les Na'vi, un peuple à la peau bleue qui évolue en parfaite harmonie avec une nature luxuriante, dont ils savent tirer leur subsistance sans la détruire. Par contraste, les Terriens (Américains), avec leurs machines de guerre qui veulent déloger les Na'vi pour s'emparer d'un minerai quelconque, ont l'air parfaitement débiles.

La technique 3D enrichit le plaisir du visionnement, toutefois, elle est destinée à mon avis à certains types de films, comme celui-ci, et ne serait même pas pas absolument essentielle pour goûter les qualités visuelles du film. Et, contrairement à ce qu'affirment le réalisateur James Cameron et plusieurs autres, le 3D n'est certainement pas, à court terme, l'avenir du cinéma.

Le scénario -assez convenu- met en présence les suspects habituels: bons contre méchants (et la chicane qui prend dans l'équipe des méchants [Terriens]), intrus qui succombe aux charmes du milieu qu'il est chargé d'espionner, et à ceux d'une jolie représentante de ce peuple, affrontement final stéréotypé (sauce Terminator) avec robots, machines de guerre, explosions.

Jack le blogueur en a parlé ici.

Si vous voulez en voir quelques extraits, c'est possible sur cette vidéo officielle:

 

Nonobstant le scénario, Avatar m'a apporté  deux heures de plaisir total: celui de découvrir cette planète et ses paysages fabuleux, la façon dont les humains accèdent à celle-ci (en y envoyant leurs "avatars"),  comment les Na,vi se connectent à leur monde, notamment à leurs montures, grâce à un bouquet de synapses (sorte de clé USB organique) qui se branche et permet un contact à la fois physique et mental.

Vous ai-je dit que j'ai aimé le film?

 

 

26/11/2009

Un film de monstres

cinePopcorn.jpgPop-corn et cinéma: le mariage semble tout naturel aux Québécois, qui ont l'habitude de consommer du maïs soufflé en écoutant un film, coutume qui provient, comme ill fallait s'y attendre, des  États-Unis, pays dont la devise pourrait être:

toujours plus gros, toujours plus gras

Au bout de ce lien, un article de l'AFP (reproduit dans La Presse) qui explique que le pop-corn est plus dangereux que les monstres qui peuplent les navets américains projetés à l'écran. Un grand contenant de pop corn contient, tenez-vous bien:

pas moins de 1,610 calories -- soit plus de trois hamburgers Big Mac -- et 60 grammes de graisse saturée, selon une étude du Center for Science in the Public Interest (CSPI).

 

À quoi il faut ajouter les 130 calories de la giclée de beurre fondu dont plusieurs cinéphiles(?) aiment arroser leur pop-corn.

Et pour les boissons gazeuses (que l'on achète pour calmer la soif induite par le sel contenu dans le pop-corn), le modèle le plus grand, un litre et demi (je ne sais pas s'il se vend en aussi grand format ici), contient 500 calories soit l'équivalent de 33 cuillérées à café de sucre.machinePopcorn.jpg

Pour ma part, je crois n'avoir jamais acheté de pop-corn au cinéma, même si j'ai parfois accepté  quelques grains offerts par un(e) ami(e) incapable de manger toute sa portion: même la plus petite portion (de pop-corn et de boisson) me semble immense, et en plus, cela coûte très cher.

Le plus idiot, dans tout ça, c'est que le pop-corn en lui-même n'est pas trop calorique puisque ce sont des grains de maïs éclatés. Si on les fait éclater à l'air, c'est finalement plutôt léger. Mais si on utilise de l'huile, surtout des gras saturés, et que l'on y ajoute du beurre et du sel, alors le pop-corn devient en effet un monstre.

Un monstre  qui pourrait nous faire gonfler jusqu'à l'éclatement.

 

24/05/2009

Star Trek en duo

spocketKirk.jpgJe ne vais pas vous faire une critique en règle de Star Trek, onzième film de la série. (Bande-annonce du film en français ici.) Je vais simplement vous parler du fait que pendant deux heures, dans la salle de cinéma, j’étais parfaitement heureuse. J’adore ce genre de science-fiction, et en plus je retrouvais, plus jeunes et joués par d’autres acteurs, les personnages de la première série télévisée (Patrouille du cosmos), que j’ai écoutée avec ferveur dans les années 60 et 70:  Monsieur Spock, le capitaine Kirk (sur la photo, incarnés par Zachary Quinto et Chris Pine),  McCoy,  Chekov, Scott, Sulu, et le vaisseau Enterprise.
Autre source de plaisir: savoir que pendant la projection, mon conjoint et moi étions parfaitement en accord. Pas besoin de parler: je savais qu’il était accroché à son siège, totalement embarqué dans l’histoire lui aussi, comme il pouvait être certain que je l'étais. Quand nous allons ensemble au spectacle, au concert, au théâtre, on ne peut pas  -ou rarement-  être sûr du bonheur de l’autre avant d’avoir pu en discuter.
Mais là, avec Star Trek, la question ne se posait pas.
Des vaisseaux, des armes, des combats, de l’action, du suspense, des effets spéciaux pendant deux heures. Une bonne dose d'humour et de nombreux clins d'oeil. Une histoire bien ficelée  même si la cohérence des différents épisodes temporels n'est pas totale.
Bien sûr, le film ne soulève pas de grandes questions existentielles sur l’homme, sur le sens de la vie, sur la souffrance. C’est du pur divertissement. Et du pur divertissement qui fait autant plaisir, à deux personnes (au moins) en même temps, c’est rare, alors je déguste et j’apprécie.

16/03/2009

Courts pour réfléchir

larmesNap.jpg

Si les films de jeudi étaient intéressants et variés, ceux de dimanche après-midi dans le cadre du Festival Regard sur le court métrage au Saguenay étaient prenants, troublants, profonds.
Environ une vingtaine de personnes à la salle Marguerite-Tellier (le même programme avait été présenté samedi soir à l'auditorium Dufour, j'imagine qu'il y a eu plus de monde).
Jeudi, on parlait beaucoup de relations père-fils,  le thème dominant était plutôt l'amitié.
Par exemple Larmes napolitaines, (photo ci-dessus), sympathique film italien de Francesco Satta: au cours d'un voyage en train de Naples à Milan, deux passagers que tout sépare, l'extraverti qui dérange tout le monde et l'ingénieur qui veut avoir la paix, discutent, s'engueulent, puis finissent par devenir amis.
Buddies (photo de droite), du Québécois Louis-Alexandre Martin (salut Alex!): un artiste déchu s'assoit sur un ban public pour évoquer sa gloire passée. Son seul amibuddies.jpg, c'est sa marionnette, en réalité lui-même. Un exploit ce film,  aussi dépouillé qu'un numéro de théâtre de poche, c'est vraiment le texte, dit en anglais avec sous-titres en français, qui fait toute sa force. Il a été écrit et est joué par Pier Paquette, un ancien marionnettiste de Sesame Street.
Amitié aussi entre adolescents, dans le film islandais Smafuglar. Un très jeune garçon laisse croire à son amie qu'il a été son premier partenaire sexuel, alors que la vérité est tout autre. Le jury lui a décerné le Grand prix international à l'issue de la compétition: un prix mérité, je crois, car il a de quoi secouer nos certitudes.
il y avait un autre thème: la maladie mentale, douce ou violente. (on pourrait aussi classer Buddies dans cette catégorie). Sorte de psychose collective dans le film israélien 6 minutes et 5 secondes, qui construit habilement une atmosphère oppressante en montrant comment, dans un autobus bondé de Tel Aviv, un homme avec un grand sac éveille les soupçons autour de lui.
Mon cher Robert, film québécois de Claude Brie: un homme est tellement troublé par la privation sexuelle qu'il en perd le contact avec la réalité. Très réaliste, très québécois, peut-être un peu long (25 minutes) mais bien fait avec de bons acteurs.
Avant-goût de printemps, de Jean-François Nadeau: un homme veut revoir sa blonde, il a un bras dans le plâtre, ils se parlent au téléphone, ça tourne un peu mal: rythme nerveux, frénétique, intéressant.
Et enfin Deconstruction Workers, film norvégien, moitié animation, montre deux ouvriers sur un chantier de construction qui discutent de leur travail pendant que tout s'écroule autour d'eux. Graphiquement original, séduisant dans son absurdité tendance trash.
Un beau festival en somme. La liste des films qui ont gagné des prix n'est pas encore sur le site officiel, mais on peut la trouver dans Le Quotidien.

14/03/2009

Courts en tous genres

Dennis.jpgJ’ai assisté jeudi à la première séance du Festival Regard sur le Court métrage au Saguenay.  J’essaie d’aller chaque année à au moins une projection. En quelques heures, une foule de propositions, des images venues d’ici et d’ailleurs, des personnages, des situations très variées. J’adore. J’espère pouvoir assister à d’autres séances  de cette 13e édition (qui se termine aujourd’hui (dimanche)), mais je ne sais pas si je pourrai, je suis très occupée.
Il y avait un peu de protocole, ouverture oblige. Richard Boivin, l’animateur, est efficace et il a le sens de l’humour. J’ai appris que Laval Gagnon, de Télé-Québec, prendra bientôt sa retraite. Salle François-Brassard comble ou presque.
Pas de grand coup de coeur qui emporte tout, mais j’ai aimé ma soirée. Chacun des huit films au programme m’a apporté quelque chose. J’ai apprécié, pour l’humour,  Operator,  animation du cinéaste britannique Matthew Walker: un homme téléphone, demande à parler à Dieu, et celui-ci lui répond. La conversation est operator.jpgbanale... Et The Job, de Jonathan Browning  (États-Unis): un groupe de diplômés, cravatés, chômeurs.  Ils accueillent avec fébrilité l’ouvrier mexicain venu leur offrir des emplois (chef de service, programmeur, gestionnaire). Tout le monde se presse et veut avoir ces postes. C’est lui qui choisit les candidats et  les fait monter à bord de sa camionnette... Vous pouvez le voir ici.
Plus sérieux, Racines (photo ci-dessous), de Eileen Hofer, cinéaste suisse d’origine turco-libanaise (elle a envoyé uncafeRacines.jpg message de présentation). Ce fut mon film préféré de la soirée. Dans un village reculé de la Turquie, un père, son fils, l’école, l’entraide, l’extrême  pauvreté. Un film tout simple, émouvant.
Déraciné, du Québécois Pierre-Antoine Fournier, aussi une histoire de père et de fils, a de quoi secouer. Un regard empathique mais direct sur la misère cachée, père alcoolique, fils qui tente de surnager,  tout se déglingue, tout est glauque, ils s’affrontent mais il y a de l’espoir.
Dennis,  (photo du haut, à gauche) un bon film du Danemark, (photo à gauche) montre un culturiste malheureux, avec une mère possessive.
Les autres:
Rosa Rosa, scénario un peu convenu, mais beauté graphique.
Lévesque et fils Maraîchers, tourné au Lac-Saint-Jean, d’une certaine façon aussi cela touche le père et le fils: celui-ci, le cinéaste Nicolas Lévesque, se fait demander, par son père, en direct à la caméra, s’il va prendre la relève de l’entreprise maraîchère. Il préfère le cinéma.
Et enfin Skhizein, de France, une animation teintée de fantastique, un peu étrange, belles images, sympathique.

15/03/2008

Autres regards

239099858.jpgVendredi, j’ai assisté à une projection et demie de Regard sur le court-métrage au Saguenay. J’ai eu des problèmes de compréhension pour certains films: Arka, L’Appel du vide (le seul que j’ai vraiment détesté), Madame Tutli Putli, et Dear Roommates. Peut-être que j’étais trop fatiguée pour comprendre...
J’ai eu du plaisir en revanche avec Lapsus (photo), un très court et très délicieux dessin animé en provenance d’Argentine:  curieuse de savoir ce qu’il y a de l’autre côté du mur, une religieuse dessinée par une main enfantine se déconstruit en morceaux qui prennent d’autres formes, toujours avec ce commentaire unique:  “Oh my God!”.
Terminus, avec ces entités  massives qui s’attachent aux pas des humains, est angoissant et bien réussi, filmé en bonne partie dans le métro de Montréal par le cinéaste canadien Trevor Cawood.
J’ai aimé Dont Let It All Unravel (que l’on peut trouver sur youtube à: http://fr.youtube.com/watch?v=d6RcFZVD8AA),  brève et saisissante métaphore des menaces qui pèsent sur notre planète: des arbres, des rivières, des animaux en laine se détricotent car “quelque chose” tire sur le fil. Le suppléant, hilarant court métrage italien (sous-titres français bourrés de fautes, malheureusement), dont le héros est un professeur suppléant très spécial qui déstabilise ses élèves.
D’autres films partent d’une bonne idée et se révèlent au final à la fois sympathiques et un peu ratés, parce que mal fignolés, pas vraiment achevés, comme si le cinéaste avait manqué de souffle: Raymond, le maître-nageur devenu cobaye, La Lili à Gilles, étrange voyage au sein d’une famille dysfonctionnelle, et Outsourcing, où une famille (allemande) congédie la mère dont la productivité a récemment baissé...
Et Enfin février, image un peu brouillonne des relations entre humains et robots dans un futur improbable.
Les projections ont commencé en retard, et à 22h30, soit à la moitié du deuxième programme je suis partie, je savais que j’avais atteint mes limites:  j’avais ma dose d’activités pour la journée.

14/03/2008

Voir des vues

1013394077.jpgJeudi soir,  séance de projection du festival Regard sur le court métrage au Saguenay, à la salle François-Brassard, presque comble. Huit films intéressants, proposés par des cinéastes allumés qui aiment explorer des avenues nouvelles et surprendre le public par des conclusions inattendues, des développements loufoques, des parodies d’autres genres artistiques. Des oeuvres ludiques, qui invitent le spectateurs à s’ouvrir l’esprit, à jouer avec les codes.
Au milieu de tout cela, un film se démarque et nous arrive comme un coup de poing en plein visage :  I want to be a Pilot, signé Diego Quemada Diez, une coproduction Kenya, Mexique, Espagne. Dans un immense bidonville africain, Omondi, un garçon de 12 ans exprime, en voix off (en anglais avec sous-titres) son rêve de devenir pilote d’avion, pour échapper à l’horreur de sa vie, que l’on découvre par les images pendant qu’il circule dans le bidonville: habitations pourries bâties à même des montagnes d’ordures où les gens tentent de récolter de quoi survivre. Les horreurs qu’on ne voit pas, sa voix les nomme, sans les décrire et sans insister:  travailleurs exploités, jeunes violés, enfants maltraités et victimes d’abus de toutes sortes, malnutrition, meurtres, vols, extorsion. Et  partout, les ravages du SIDA, qui tue les parents et laisse les enfants orphelins, démunis, vulnérables.
Ce film c’est un grand sabre qui tranche à vif dans nos certitudes et notre confort: qu’est-ce qu’on fait tous là  écouter des films dans une salle confortable alors que ces gens meurent à force de pauvreté? Et si on leur avait envoyé le prix des billets d’entrée de ce soir-là? On se sent à la fois bouleversé et impuissant. Je n'ai pas mis de photo, je vous suggère en revanche d'aller consulter le site web du film.
Bon, je vous parle un peu des autres films:  Isabelle au bois dormant (photo), de Claude Cloutier, parodie amusante et débridée  du conte la Belle au bois dormant, et de quelques autres oeuvres. Gags délicieux et nombreux clins d'oeil à notre actualité. (Le prince charmant est un clone du prince Charles).
Aussi Mon nom est Victor Gazon, très belle proposition de Patrick Gazé: un écolier fait un exposé sur pourquoi il vaut mieux ne pas se suicider. c’est fait avec humour, mais le fond est sérieux. Et on ne peut s’empêcher de penser que le garçon du bidonville africain aurait pu inscrire sur la feuille bon nombre d’arguments en faveur du suicide...
Lovefield, de Mathieu Ratthé, parodie d’un film d’horreur qui provoque la peur jusqu’au dénouement final, imprévisible: sympathique.
Curieusement, les films belge et français abordent tous deux le thème des troubles de l'identité. Dans Missing, on annonce que Bernard a disparu: mais Bernard est là et il utilise des moyens extrêmes pour convaincre son entourage qu’il n’a pas disparu.
Dans Dans leur peau, un homme est amené à prendre la place d’un autre, dans sa maison, au bureau. Personne ne se rend compte de la substitution, jusqu’au jour où... Il devra trouver un moyen de continuer. Bien fait, très professionnel, amusant et inquiétant. Deux films donc qui illustrent qu’une chose a tendance à devenir vraie quand tout le monde croit qu’elle est vraie. Au royaume des croyances, les faits ne pénètrent pas... a écrit Marcel Proust.
Plus Love Addict, de Pierre Hébert, le rebelle de service qui persiste et signe, et Pikapika (du Japon), des images auxquelles sont superposés des animations lumineuses: recherche esthétique intéressante, sans plus.