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14/03/2008

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1013394077.jpgJeudi soir,  séance de projection du festival Regard sur le court métrage au Saguenay, à la salle François-Brassard, presque comble. Huit films intéressants, proposés par des cinéastes allumés qui aiment explorer des avenues nouvelles et surprendre le public par des conclusions inattendues, des développements loufoques, des parodies d’autres genres artistiques. Des oeuvres ludiques, qui invitent le spectateurs à s’ouvrir l’esprit, à jouer avec les codes.
Au milieu de tout cela, un film se démarque et nous arrive comme un coup de poing en plein visage :  I want to be a Pilot, signé Diego Quemada Diez, une coproduction Kenya, Mexique, Espagne. Dans un immense bidonville africain, Omondi, un garçon de 12 ans exprime, en voix off (en anglais avec sous-titres) son rêve de devenir pilote d’avion, pour échapper à l’horreur de sa vie, que l’on découvre par les images pendant qu’il circule dans le bidonville: habitations pourries bâties à même des montagnes d’ordures où les gens tentent de récolter de quoi survivre. Les horreurs qu’on ne voit pas, sa voix les nomme, sans les décrire et sans insister:  travailleurs exploités, jeunes violés, enfants maltraités et victimes d’abus de toutes sortes, malnutrition, meurtres, vols, extorsion. Et  partout, les ravages du SIDA, qui tue les parents et laisse les enfants orphelins, démunis, vulnérables.
Ce film c’est un grand sabre qui tranche à vif dans nos certitudes et notre confort: qu’est-ce qu’on fait tous là  écouter des films dans une salle confortable alors que ces gens meurent à force de pauvreté? Et si on leur avait envoyé le prix des billets d’entrée de ce soir-là? On se sent à la fois bouleversé et impuissant. Je n'ai pas mis de photo, je vous suggère en revanche d'aller consulter le site web du film.
Bon, je vous parle un peu des autres films:  Isabelle au bois dormant (photo), de Claude Cloutier, parodie amusante et débridée  du conte la Belle au bois dormant, et de quelques autres oeuvres. Gags délicieux et nombreux clins d'oeil à notre actualité. (Le prince charmant est un clone du prince Charles).
Aussi Mon nom est Victor Gazon, très belle proposition de Patrick Gazé: un écolier fait un exposé sur pourquoi il vaut mieux ne pas se suicider. c’est fait avec humour, mais le fond est sérieux. Et on ne peut s’empêcher de penser que le garçon du bidonville africain aurait pu inscrire sur la feuille bon nombre d’arguments en faveur du suicide...
Lovefield, de Mathieu Ratthé, parodie d’un film d’horreur qui provoque la peur jusqu’au dénouement final, imprévisible: sympathique.
Curieusement, les films belge et français abordent tous deux le thème des troubles de l'identité. Dans Missing, on annonce que Bernard a disparu: mais Bernard est là et il utilise des moyens extrêmes pour convaincre son entourage qu’il n’a pas disparu.
Dans Dans leur peau, un homme est amené à prendre la place d’un autre, dans sa maison, au bureau. Personne ne se rend compte de la substitution, jusqu’au jour où... Il devra trouver un moyen de continuer. Bien fait, très professionnel, amusant et inquiétant. Deux films donc qui illustrent qu’une chose a tendance à devenir vraie quand tout le monde croit qu’elle est vraie. Au royaume des croyances, les faits ne pénètrent pas... a écrit Marcel Proust.
Plus Love Addict, de Pierre Hébert, le rebelle de service qui persiste et signe, et Pikapika (du Japon), des images auxquelles sont superposés des animations lumineuses: recherche esthétique intéressante, sans plus.

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