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27/02/2011

Ô malheureuse Iphigénie!

Ô malheureuse Iphigénie (chanté ci-dessus par Maria Callas): c'est la grande aria d'Iphigénie en Tauride, le magnifique opéra de Gluck présenté samedi au Cinéma Jonquière, en direct du Metropolitan Opera de New York. Parmi les éléments ayant incité les fans à remplir la salle: la présence sur scène de la mezzo-soprano Julie Boulianne, originaire de Dolbeau-Mistassini. Elle est la première de nos gloires opératiques locales à chanter au Met, et plutôt deux fois qu'une car elle incarnera prochainement Stephano dans Roméo et Juliette de Gounod (qui ne sera pas diffusé au cinéma cependant).

Elle joue le rôle très mineur (on la voit en très petit sur la photo ci-dessous) et néanmoins important de la déesse Diane: elle interprète son seul air (qui dure environ trois minutes) vers la fin , après être descendue du plafond dans des harnais dont elle se détache gracieusement. Elle a fort bien chanté, dans un registre plus élevé que mezzo m'a-t-il semblé, mais peu importe, c'était un bon moment et les gens à Jonquière l'ont applaudie.

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Pour ma part, je n'aurais manqué cet opéra pour rien au monde, parce qu'il est en français, et surtout, à cause de la musique. Musique pure, dépouillée, lumineuse, parfaitement rendue par un orchestre aux effectifs réduits, que j'ai goûtée d'un bout à l'autre. Et il y a beaucoup d'arias sublimes, Unis dès la plus tendre enfance, Dieux qui me poursuivez, et D'une image, hélas! trop chérie, entre autres.

De grosses pointures dans les rôles d'Iphigénie et de son frère Oreste: Susan Graham et Placido Domingo (qui ont chanté déjà cet opéra au Met en 2007). Le directeur du Metropolitan  s'est présenté sur scène, avant la représentation, pour demander l'indulgence du public envers les deux vedettes, qui allaient performer malgré une vilaine grippe. Ils ont vaillamment traversé tout ça, lui un peu essoufflé et incapable de chanter à pleine voix, elle à peine troublée par un léger embarras dans l'aigu: mais leur talent et leur expérience ont largement compensé ces difficultés temporaires et c'était beau de les voir et de les entendre.

J'ai découvert l'excellent ténor américain Paul Groves (spécialiste du répertoire français, que l'on voit sur la photo ci-dessous avec Graham et Domingo) dans le rôle de Pylade:  timbre clair, voix souple, manifestement à l'aise dans ce type de musique. J'ai adoré l'entendre chanter.

Seul bémol de la distribution, Gordon Hawkins, dans le rôle (heureusement assez bref) de Thoas, roi des Scythes: une véritable catastrophe, très mauvais chanteur et acteur: n'importe quel des choristes présents sur scène aurait sans doute mieux fait!).

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La scénographie s'inspire de la peinture hollandaise, ou aurait dit des tableaux de Vermeer, mais -malheureusement- sans la lumière! La mise en scène statique et conventionnelle ne m'a pas dérangée: quand la musique est belle, je me dis parfois que les chanteurs pourraient venir tour à tour à l'avant-scène pour interpréter leurs airs, et que je serais comblée quand même.

Côté narratif, l'opéra de Gluck raconte un épisode de la légende des Atrides, famille maudite de Mycènes dans la mythologie grecque. Exilée en Tauride par un terrible engrenage de meurtres, de vengeances et de sacrifices (les flashbacks sur cette saga constituent d'ailleurs une partie importante de la trame narrative), Iphigénie est un jour tenue de sacrifier aux dieux deux étrangers capturés par les Scythes: elle se rend compte que l'un d'eux est son frère Oreste, qui la croyait morte. Diane vient finalement empêcher le sacrifice et apaiser les âmes tourmentées.

Un peu loin de nous, tout ça, mais on y croit, et à certains moments, les larmes ne sont pas loin: voilà le miracle de l'art et de la création.

22/02/2011

Le progrès? Quel progrès?

produits,dior,t-shirt,consommation,houellebecqPas facile la vie de consommateur-trice. Combien de fois ai-je acheté un objet, vêtement, paire de chaussures, outil ou cosmétique, qui me satisfaisait entièrement. Et combien de fois, mon produit usé ou entièrement utilisé, suis-je retournée dans le commerce où je l'avais acheté pour m'en procurer un autre semblable...

...pour me rendre compte que c'était impossible.

Parfois l'objet a complètement disparu (et les vendeurs font semblant qu'ils ne savent pas de quoi je parle) . Parfois il est remplacé par un autre d'une autre marque, moins beau, moins confortable ou moins performant. Ou encore (c'est surtout vrai en électronique, vêtements et  cosmétiques), il a évolué vers une nouvelle version qui, selon le fabricant et la publicité, répond mieux aux attentes des consommateurs.tshirtBlanc.jpg
Et combien de fois cette nouvelle version m'a-t-elle semblé moins intéressante que l'ancienne.

Un exemple parmi d'autres: un jour j'ai acheté dans une boutique Jacob des chandails de style t-shirt (tricot de coton, encolure en V, ajustés sans être trop serrés), que je porte chaque jour, été comme hiver, en guise de sous-vêtements sous mes chemisiers et pulls.

Or, je suis incapable aujourd'hui d'en trouver d'autres. Ni chez Jacob, ni ailleurs. Parmi les tonnes de t-shirts offerts partout, aucun ne présente le tissu, la résistance, le confort de mes t-shirts trouvés chez Jacob il y a cinq ou six ans. J'en ai une dizaine (heureusement, j'avais été prévoyante!), je les porte encore.

Bien entendu, même si je les entretiens avec soin, je crains cependant le jour où l'usure aura raison d'eux, où je ne pourrai tout simplement plus les porter.

J'ai acheté récemment chez Jacob d'autres t-shirts: ils sont semblables, mais en même temps trop différents pour remplacer les anciens. Encore hier, j'en ai acheté un chez Sports Experts: c'est presque ça... mais pas tout à fait.


La crème teintée

Mais c'est au rayon des cosmétiques que ma frustration est la plus grande. Les crèmes de jour teintées, élément principal de mon maquillage quotidien (je ne porte plus de fond de teint, car à mon âge, ça fait pire que mieux) ont tendance à disparaître des étalages. J'aimais beaucoup Hydractive de Dior: un an plus tard, elle est remplacée par la ligne Hydra Life.
Mais ce n'est plus la même choDior, Hydraction, Hydralifese: alors que la première était légèrement teintée, celle-ci, même dans sa nuance la plus claire, est saturée de couleur, et donc moins belle et difficile à enlever (heureusement que j'ai toujours mon eau démaquillante Klorane, dont j'ai vanté les vertus ici). De plus elle sent très fort et pas très bon, alors que la précédente avait une odeur légère et agréable. Dans ces cas-là, inutile de réclamer l'ancienne version: le fabricant est passé à autre chose, prétendant répondre ainsi aux attentes des clients: c'est totalement faux... et on lui souhaite de faire faillite!

Un Prix Goncourt en a parlé

J'ai trouvé un écho à ma frustration en lisant un passage de La carte et le territoire de Michel Houellebecq (photo), Prix Goncourt 2010, que je vous cite en terminant, et en mettant en gras les mots que je trouve particulièrement pertinents. (Un écrivain, qui n'est autre que lui-même, déplore la disparition de trois produits qu'il a aimés: une imprimante, des bottes et une parka Camel Legend): 

Ces produits, je les ai produits,dior,t-shirt,consommation,houellebecqaimés, passionnément, j'aurais passé ma vie en leur présence, rachetant régulièrement, à mesure de l'usure naturelle, des produits identiques. (...) Eh bien cette joie, cette joie simple ne m'a pas été laissée. Mes produits favoris ont disparu des rayonnages, leur fabrication a purement et simplement été stoppée(...)
Alors que les espèces animales les plus insignifiantes mettent des milliers, parfois des millions d'années à disparaître, les produits manufacturés sont rayés de la surface du globe en quelques jours, il ne leur est jamais accordé de seconde chance, ils ne peuvent que subir, impuissants, le diktat irresponsable et fasciste des responsables de lignes de produits qui savent naturellement mieux que tout autre ce que veut le consommateur, qui ne font en réalité que transformer sa vie en une quête épuisante et désespérée, une errance sans fin entre des linéaires éternellement modifiés.

 

19/02/2011

Le Discours du roi: bégaiement et amitié

Discours du roi, film(Geoffrey Rush et Colin Firth)

Avec Le Discours du roi, j'aurai vu deux films en lice aux Oscars cette année: un record pour moi, d'habitude c'est zéro ou un film. L'autre film que j'ai vu, c'est Incendies, de Denis Villeneuve, en compétition dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère.

Le Discours du roi (The King's Speech) en nomination dans 12 catégories, gagnera sûrement quelques statuettes ce dimanche 27 février prochain. (Et je croise les doigts pour Incendies).

J'ai bien aimé ce film, peut-être justement en partie parce qu'il n'est pas américain, mais britannique. La reconstitution historique de l'Angleterre des années 30, le défilé des têtes couronnées: le vieux roi Georges V (qui meurt), ses fils, leurs épouses, les princesses Margaret et Élisabeth (future Élisabeth II), qui étaient alors de charmantes petites filles, les tractations et négociations secrètes, les costumes, la ville de Londres, les intérieurs (y compris celui de l'abbaye de Westminster), les moeurs qui intimaient de ne rien révéler de ses sentiments.

Je ne vous raconte pas l'histoire, elle est d'ailleurs fort bien illustrée et commentée dans cet article de Normand Provencher du journal Le Soleil. Elle concerne essentiellement la naissance et le développement d'une amitié improbable entre le roi Georges VI et Lionel Logue (nom prédestiné pour un spécialiste en élocution!), un orthophoniste aux méthodes peu orthodoxes appelé à la rescousse pour aider le souverain à corriger son terrible bégaiement, défaut plutôt embarrassant quand on est prince ou monarque. Chaque fois qu'il parle en public, c'est la catastrophe: hésitations, bégaiement, malaise, mutisme.

le discours du roi,tom hooper,colin firth,geoffrey rush(Les deux mêmes, avec Helena Bonham Carter, qui joue la femme du roi)

Ce beau film de Tom Hooper s'attarde donc aux relations entre les deux hommes, et tente même une explication sur les causes de ce bégaiement dont souffre le (futur) roi: ayant vécu depuis l'enfance  dans l'ombre de son frère David, destiné à régner et favori de ses parents et du peuple, il n'arrive pas à s'affirmer. (À la mort de son père George V, David monte sur le trône sous le nom d'Edouard VIII, et abdique peu après, remplacé par Albert, notre bègue, qui prend le nom de Georges VI.)

Rencontre entre un homme guindé, conscient de son rang et de son sang royal, et un homme simple, plutôt pauvre, émigré d'Australie, qui ose le bousculer, le tutoyer, lui faire poser des gestes incongrus, lui dire ses quatre vérités.

La rencontre fait des étincelles au début, il y a des mésententes, des ruptures, mais peu à peu les deux hommes s'apprivoisent et on assiste à la naissance et au développement d'une belle amitié et d'une profonde estime mutuelle.

Intimiste tout en dépeignant avec précision le faste d'une cour royale du 20e siècle, le film met l'accent sur le volet psychologique, sur l'évolution des sentiments, dépeint chaque personnage (même ceux qui sont secondaires) par touches successives, et soutient le suspense jusqu'à la finale très réussie, le discours du roi, où ce dernier maîtrise finalement son élocution et prononce la déclaration officielle de guerre à l'Allemagne nazie.

Et même si les deux acteurs principaux (Colin Firth et Geoffrey Rush) sont formidables, ils ne portent pas ombrage aux autres, qui excellent également.

Un beau film, simple et humain.

16/02/2011

Le sommeil agité de Contrecoeur

Faux Coffre, Éric Laprise, contre-cabaret, Contrecoeur(photo Jeannot Lévesque, Le Quotidien)

Cinquième et dernier des Clowns noirs à présenter un spectacle solo, Contrecoeur entraîne le public dans son Contre-cabaret, un rêve éveillé et déjanté.

Ça commence par un très beau passage du Jules César de Shakespeare, l'ode à son manteau troué témoin de dures batailles, que récite Éric Laprise avant de se rendre compte qu'il n'est vêtu que d'un slip, comme un comédien qui arriverait en retard -à peine ou pas du tout réveillé- à la représentation.

Il y aura quelques autres extraits de textes connus au cours de la soirée, pour ma part j'aurais bien vu une histoire entièrement conçue et racontée par des textes de théâtre, mais ce n'est pas le propos de Contrecoeur. Il évoque, peut-être en dormant comme le suggère le corps étendu à l'arrière-scène, un monde onirique et les événements disparates d'une nuit... ou d'une vie: dangers, nature, animaux, haine, amour.

On dirait un exercice de style où le comédien s'efforcerait,  par le geste et la voix (celle-ci produit davantage de sons que de mots) de mimer un nombre considérable d'actions variées: manger, dormir, s'interroger, se battre, faire l'amour, marcher, courir, s'enfuir, pêcher, franchir des obstacles. Certains passages sont très réussis, notamment ceux de la dévoration et du coït (genre kamasutra!), d'autres un peu brouillons ou longuets, comme la partie de pêche du début, qui a en revanche la vertu de mettre en place des éléments récurrents du spectacle.faux coffre,Écric laprise,contre-cabaret,contrecoeur

Il y a certes des effets comiques, mais ce n'est pas un spectacle essentiellement drôle, et je n'ai pas compris pourquoi certains spectateurs riaient autant mardi soir.

Il faut s'abandonner, suivre Contrecoeur dans les méandres tortueux de son esprit rêvant, sans trop s'interroger sur la logique de tout ça.

Le suivre jusqu'à la finale où il parle de la création et de ses difficultés (comme l'ont fait les autres Clowns Noirs), où il se demande si les artistes en seront réduits à produire des spectacles dans leur tête. Il est en cela totalement contredit par son environnement, puisqu'il se trouve sur une scène devant une salle remplie de spectateurs qui ont accepté au début de boire une potion magique (!)  censée les faire dormir avec lui!

Si c'est cela, rêver un spectacle, je n'ai rien contre!

Peut-être un peu moins réussi que les solos de Diogène, de Piédestal et de Trac, Le Contre cabaret de Contrecoeur est tout de même une vraie production théâtrale,  sympathique et intéressante par plusieurs aspects.

Et bravo au Théâtre du Faux-Coffre pour avoir, avec les moyens limités que l'on sait, produit une série de cinq spectacles solos de cette qualité.

D'autres opinions:

Jack sur son blogue

Orage sur océan

Le Quotidien (article incomplet)

Voir (interview et détails intéressants)

14/02/2011

La dictature des Grammies

kentNagano.jpgLa remise des Grammy Awards est une fête américaine et anglophone, sans grand intérêt pour nous, Québécois... à moins que des Québécois gagnent des récompenses, ce qui se produit régulièrement d'ailleurs.

Les médias aujourd'hui n'en ont que pour Arcade Fire, un groupe montréalais qui a trahi ses origines pour faire de la vulgaire pop américaine (en anglais bien sûr), et qui a remporté le Grammy de l'album de l'année.

Aucun média, même la très montréalaise Presse, n'a mentionné qu'un autre Montréalais (d'adoption, comme la plupart des membres d'Arcade Fire), Kent Nagano, directeur musical de l'Orchestre symphonique de Montréal, a lui aussi remporté un Grammy dimanche, et que ce n'était même pas son premier. C'était pour le meilleur enregistrement d'un opéra, L'amour de loin, de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho (livret en français de l'écrivain libanais Amin Maalouf), pour lequel il a agi comme directeur musical et chef de l'Orchestre symphonique Deutsches de Berlin. Je ne suis pas sûre que j'aimerais beaucoup cette oeuvre, mais c'est au moins quelque chose de singulier, d'original, de créatif, qui mérite très certainement d'être souligné: rien à voir avec les ornières de la musique rock formatée et mortellement ennuyante.

C'est le pianiste Alain Lefèvre qui, au cours d'une entrevue qu'il donnait (sur un tout autre sujet) sur les ondes de CBJ, a mentionné la chose à l'animateur Jean-Pierre Girard. Ce dernier n'en revenait pas... et moi non plus, car aucun des journaux montréalais que j'ai lus n'en a parlé (Le Devoir, avec ses heures de tombée pas possibles, n'a même pas parlé des Grammies lundi, c'est peut-être remis à mardi!), ni la radio, ni la télé. Au moins, la nouvelle était sur le blogue d'Espace-Musique, ici. (On n'a pas jugé bon de demander au maestro sa réaction, mais j'imagine qui'il aurait affiché, au sujet de cette récompense, la sérénité et la retenue qui conviennent!)

Tout ce qui est anglophone, américain, et en général assez affreux, intéresse les médias de Montréal. Le moindre chanteur inconnu, le moindre groupe qui sort un premier disque ou donne un spectacle en anglais dans une salle miniature tapisse leurs ondes et leurs pages.

Tandis que parmi les artistes francophones, seuls les plus populaires  (ceux qui vendent beaucoup de disques!), semblent dignes de mention.

Colonisés, dites-vous?

(Une autre montée de lait sur le même thème, ici)

Il s'appelle Denis Gagnon

photosDenisGagnon.jpgDimanche 13 février, c'était la dernière journée de l'exposition consacrée au designer Denis Gagnon. J'ai eu le plaisir de visiter Denis Gagnon s'expose  au Musée des Beaux-Arts à Montréal en novembre dernier. J'ai trouvé fascinantes les créations de cet artiste originaire d'Alma, et qui fait vraiment sa marque, non seulement dans le milieu de la mode, mais dans le milieu de la création en général, et même auprès du public ordinaire, qui a appris à le reconnaître à ses grosses lunettes carrées. (Les photos proviennent du site du Musée des Beaux arts de Montréal).

Superbe exposition, et mise en scène extraordinaire de l'architecte Gilles Saucier, parfaitement en accord avec les pièces exposées, même si elle ne s'effaçait nullement devant elles. Pour tout dire, c'était une expérience à vivre, à voir, à entendre. Et les robes: de pures merveilles. Je ne pourrais pas les porter, mais j'admire les couleurs (noir et blanc pour celles-là), les rayures et les formes, le mélange des textures, tissu, cuir, métal.

Denis Gagnon vient de présenter à Montréal, dans le cadre de la Semaine de la mode, sa collection hiver 2011, qui, paraît-il, intègre des couleurs. (Quelques images de sa collection printemps-été 2011 au bout de ce lien.)

L'automne dernier, j'étais allée à la salle Orphée (à Jonquière) pour voir le film que lui a consacré le réalisateur Khoa Lê, intitulé Je m'appelle Denis Gagnon. Le designer était présent, ses parents aussi, de même que le réalisateur. Un parcours atypique, un homme à la fois mystérieux et intéressant. Je les ai photographiés tous les deux:

Denis Gagnon, Khoa Lê, film__________

Otto Dix

Au MBA avec mon amie Andrée, j'avais aussi visité cette fois-là l'exposition des oeuvres du peintre Otto Dix. Un artiste troublant, qui ne peint pas la beauté, mais les horreurs du monde. Il faut voir, pour comprendre. Certains artistes créent de la beauté, d'autres veulent nous donner des électrochocs en soulevant le voile sur les côtés les plus sombres de l'activité ou de la nature humaines: les deux positions sont légitimes, à mon avis, c'est au visiteur, spectateur, auditeur, de placer tout cela dans les espaces appropriés de son intelligence.

10/02/2011

Jour de contrastes

Petite promenade hier sur le site de Jonquière en Neige, installé dans le Parc de la Francophonie, où j'ai pu observer d'étonnantes juxtapositions.

Jonquière en Neige, Cameroun

Au milieu du paysage enneigé de la Rivière-aux-Sables, les couleurs du Cameroun!

Voici un zoom qui permet de lire les textes:

Cameroun,Jonquière en Neige

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Jonquière en neige, Burkina Faso

Ouagadougou?

Vraiment???

Jonquière en neige, Burkina Faso

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jonquiere en neige

 

Ça chauffe un peu plus plus que ça en Égypte en ce moment...

 

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jonquiere en neige

 

 

jonquiere en neigeTête de nègre?

Non Tête de neige!!!!!

07/02/2011

La Rubrique dans tous Les Sens

la rubrique,les sens,Sara Moisan, Émilie Gilbert-Gagnon  

(Sara Moisan et Émilie Gilbert-Gagnon. Photo: Jean Briand)


Un beau projet du Théâtre La Rubrique que cette création, Les Sens, faisant appel à six auteurs dramatiques originaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui ont accepté d'écrire chacun un texte relié à l'un des cinq sens. Cinq sens... plus un, ça fait six auteurs. Et cela donne un spectacle dramatique de deux heures qui enchaîne six courtes pièces presque sans coupure, au point où les spectateurs ne sont pas certains s'il faut applaudir entre chaque proposition. C'est présenté à la salle Pierrette-Gaudreault jusqu'au 12 février.

Mon préféré: Le dernier Almodovar, qui porte sur l'ouïe. Larry Tremblay, toujours aussi génial, a bricolé son texte comme un puzzle où les répliques se succèdent en s'emboîtant, une sorte de chorégraphie vocale où chaque voix trace sa ligne, bifurque, se multiplie, croise les autres voix. Le tout combiné à une illustration visuelle (mise en scène) convaincante. Deux hommes, deux femmes, deux couples, quatre humains et, entre eux et elles, toutes les combinaisons possibles. Habile, léger, étonnant, un brin érotique: réjouissant en somme.

J'ai bien aimé Touchez-moi de Jean-Rock Gaudreault (dont j'avais pourtant détesté Une maison face au Nord): deux hommes, dans un parc, l'un demande à l'autre de le toucher, on croit les connaître mais on découvre, à la faveur d'un revirement bien ficelé, que le plus malheureux des deux n'est pas celui qu'on pense.

Dans Myope ou presbyte (sur la vue), Sylvie Bouchard met en scène un homme de retour d'Afrique, hanté par la misère et les horreurs qu'il y a vues, incapable de réintégrer la vie ordinaire et de profiter d'un moment au chalet avec sa femme et ses amis. Le texte, linéaire et sans grande surprise, soulève pourtant des questions intéressantes et suscite la réflexion.

Et les fruits seront de plus en plus bizarres, de Pierre-Michel Tremblay (un excellent auteur qu'on a tendance à oublier) prend la forme d'un amusant récit qui met en lumière les paradoxes du temps qui passe, du passé et du futur, et les diverses perceptions que l'on peut en avoir, en prenant pour prétexte la découverte d'un nouveau fruit, le kiwi. Humoriste dans l'âme, il campe une famille ordinaire des années 60-70 et nous fait bien rire avec des répliques bien senties.

J'ai un peu moins moins aimé les deux autres pièces. Michel Marc Bouchard reste à l'extérieur de son histoire (appartement, odeur pestilentielle, femme anosmique et famille dysfonctionnelle) qu'il fait raconter par un narrateur. Cela produit un drôle d'effet, comme si on n'y était pas vraiment. Daniel Danis, un auteur que j'apprécie pourtant, conclut le tout avec Bricole d'imagie, un long épisode poético-dramatique où une mère autochtone veut ressusciter sa fille avec des potions et des incantations: l'idée est  très porteuse, l'ajout d'un sixième sens est une excellente idée, il y a des phrases percutantes et de belles images, mais je suis restée perplexe, comme s'il manquait quelque chose pour que tout ça vienne me chercher.

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(Benoît Lagrandeur et Guillaume Ouellet. Photo: Jean Briand)


Pour la mise en scène, Benoît Lagrandeur a choisi, logiquement, de mettre en évidence les  similitudes entre les différentes parties, plutôt que d'insister sur leurs différences, en conservant par exemple une unité dans la scénographie (signée Serge Lapierre) où les mêmes éléments, reviennent, comme ce cercle lumineux où il y a des projections d'images et de textes, ou encore la position et les déplacements des personnages.

Il excelle d'ailleurs comme comédien dans plusieurs des pièces (il s'est même assis sur le siège voisin du mien dans la salle pour répondre à un appel téléphonique qui venait... de la scène), tout comme les autres, efficaces et polyvalents, qui accomplissent avec une grande maîtrise leur formidable et difficile travail: Émilie Gilbert-Gagnon, Patrice Leblanc, Guillaume Ouellet (que j'ai découvert) Sara Moisan et Guylaine Rivard.

Sus au vestiaire obligatoire!

Finalement, j'ai fort apprécié cette soirée qui avait pourtant très mal commencé: en haut de l'escalier qui mène à la salle, quelqu'un nous indique que le vestiaire est obligatoire. Le petit groupe au milieu duquel je me trouvais a donc dû redescendre les marches, et faire la queue au vestiaire où il n'y avait qu'une seule personne pour s'occuper de tous les vêtements.

C'est agressant et insultant, je trouve. Choisir librement de garder son manteau avec lui ou de le déposer au vestiaire, je considère que ça fait partie des droits du spectateur (à moins de circonstances bien particulières imposées par le spectacle lui-même). Nulle part, que ce soit à la Place des Arts, au Grand Théâtre, ou dans cette salle Pierrette-Gaudreault pour d'autres événements, on ne m'impose ce "vestiaire obligatoire".

Et en plus, il fait tellement froid dans cette salle que j'aurais bien aimé conserver mon manteau avec moi pour le mettre sur mes épaules...

À bon entendeur, salut!

 

Autres opinions sur la pièce:

Le Quotidien (texte incomplet)

Voir

Le Réveil

03/02/2011

Une autre splendeur parisienne: la Sainte-Chapelle

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Lundi dernier sur TV5, l'excellente émission française Des racines et des ailes, consacrée aux trésors du patrimoine mondial (classés par l'UNESCO), avait installé ses caméras dans la Sainte-Chapelle, l'un des plus extraordinaires monuments de Paris, que j'ai eu la joie de visiter en octobre dernier.

Son érection sur l'Île de la Cité a été commandée pasainte chapelle, parisr Saint Louis (Louis IX) au 13e siècle pour abriter les reliques de la passion de Jésus qu'il avait acquises à Constantinople, notamment la couronne d'épines et un fragment de la croix. Les reliques ont été depuis transférées à la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, située non loin de là, où elles sont exposées au public chaque premier vendredi du mois.

La beauté de l'écrin est à la hauteur de la piété de ce roi très catholique. Et même si on ne partage pas ses croyances, on ne ne peut qu'admirer cet édifice de pierre et de verre qui s'élance vers le ciel, comme porté par la ferveur religieuse de son concepteur.

Au cours de l'émission, on a montré avec beaucoup de précision et de clarté les techniques qui ont permis l'édification de ce joyau, qui assurent sa stabilité et lui permettent, des siècles plus tard, de continuer à pointer sa haute flèche dans le ciel parisien.

Nous l'avons visitée par temps pluvieux: peut-être que les vitraux étaient moins lumineux qu'ils peuvent l'être en plein soleil, mais cela ne nous a pas empêchés d'apprécier toutes ces merveilles: colonnes, statues, mosaïques, surfaces peintes, sculptures, et tant de petits détails qu'il faudrait des jours entiers pour observer dans leur entier.

Voici d'autres photos, prises par mon compagnon. Il a écrit sur son blogue, ici, que les miennes sont meilleures que les siennes, mais je ne suis pas d'accord.

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Sainte-Chapelle,Paris, Des racines et des ailessainte-chapelle,paris,des racines et des ailesPartout dans la Sainte-Chapelle, il y a des fleurs de lys comme celles qu'on voit sur les deux piliers de gauche, "d'or sur champ d'azur", l'emblème de la royauté française, et aussi des châteaux héraldiques (à droite, élément des armoiries royales espagnoles), en hommage à la mère de Saint-Louis, Blanche de Castille, qui assuré la régence en France pendant de longues périodes.

Et enfin voici, glanée sur la Toile, la Sainte-Chapelle dans son environnement, près du Palais de Justice:

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