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30/03/2011

45 spectacles en 2010: un record!

billetsdeconcert, spectacles, saguenayUn peu d'autopromotion aujourd'hui, et je ne suis même pas en campagne électorale!

J'ai déjà parlé sur ce blogue de mon site Billets de concert, où j'ai placé des reproductions de billets de concerts et spectacles auxquels j'ai assisté depuis une quinzaine d'années.

Je viens tout juste de compléter l'année 2010. J'ai vu 45 prestations pendant cette période, spectacles, concerts, et même une visite touristique.

J'ai donc battu mon propre record pour le nombre de manifestations vues en une seule année au Saguenay (j'en ai aussi vu quelques-unes à à Québec et à Montréal. Sur le site, les billets sont classés par ville, et, pour le Saguenay, par année). billetsdeconcert,spectacles,saguenay

Mon précédent record est celui de 2009, avec 37 sorties. C'est donc dire que je vois beaucoup plus de spectacles maintenant, à la retraite, que pendant ma carrière de journaliste au Quotidien. Et c'est tout à fait normal car alors, la critique ne représentait qu'une partie de mon travail, en plus des interviews, nouvelles, conférences de presse, visites d'expositions et poutine de gestion et de correction.

Sauf de rares exceptions, chacun des billets affichés renvoie à une note de ce blogue où j'ai commenté le spectacle en question. La plupart de mes critiques ou commentaires sont élogieux, et ça aussi c'est normal, car maintenant, j'assiste seulement aux spectacles qui m'intéressent, que je crois susceptibles de me plaire. Il y a bien eu quelques déceptions, des choses qui ne répondaient pas à mes attentes, mais ce fut rare.

billetsdeconcert,spectacles,saguenayD'ailleurs, si le billet lui-même est intéressant comme objet, j'imagine bien que ce qui intéresse davantage les visiteurs du site, c'est le commentaire, le texte sur le spectacle ou l'artiste auquel il renvoie. Pour cette raison, je me suis amusée à concevoir et à dessiner des billets (des fac-similés d'originaux qui n'existent pas!) pour les spectacles où il n'y en avait pas. Par exemple, les concerts gratuits donnés à la Cathédrale billetsdeconcert,spectacles,saguenay pendant l'été et ceux présentés par les Jeunesses musicales, ou les pièces des Têtes heureuses et des Clowns noirs. (Je suis assez fière de mes (faux-)billets, dont vous voyez quatre exemples sur cette page. Un clic sur l'image conduit à la page correspondante de mon site Billets de concert).

Je l'ai fait pour l'année 2010, et aussi pour les  années antérieures. Il m'en reste d'ailleurs quelques-uns à ajouter.

Je n'ai pas encore affiché sur le site mes billets 2011 (je placerai la première partie d'entre eux vers le mois de juin), mais j'en ai déjà plusieurs, et si la tendance se maintient, je vais égaler ou battre mon record.

Tout ça représente des heures d'un travail passionnant, pendant lesquelles je me suis amusée avec CSS et HTML, mes jeux vidéo favoris en ce moment (en plus de Bejewelered Blitz sur Facebook!).

billetsdeconcert,spectacles,saguenayToujours pour mon site de billets, je travaille actuellement  à confectionner une table des matières,ou plutôt un index (genre) qui permettrait de voir, sur une seule page, la liste des titres, ensembles, ou artistes mentionnés dans une rubtrique donnée. Et je songe à ajouter également des liens renvoyant par exemple aux sites officiels des artistes ou des compagnies. Plus tard peut-être, j'aimerais ajouter des photos.

27/03/2011

Antigone, aujourd'hui

Un groupe de comédiens et de gens de théâtre. Des créateurs qui veulent créer. Ils ont monté Antigone, de Sophocle. (Cinq représentations, c'est déjà terminé).
Un choix audacieux. Le théâtre grec, aujourd'hui?  Vraiment??? Eh bien croyez-le ou non, c'est plus que pertinent. En écoutant les propos de Créon, le roi de Thèbes, fort bien joué par un Éric Rénald vêtu d'un pantalon de camouflage et tenant un bâton de golf en guise de sceptre, on jurerait entendre Kadhafi. Aujourd'hui. Ou d'autres dictateurs, à d'autres moments de l'histoire:  Hitler,  Ceaucescu, Pinochet... Nommez-les.
antigone,sophocle,100 masques,natas,maude cournoyerLe pouvoir les aveugle tous. "Ils empiètent sur le rôle des dieux", et finissent par croire que ce pouvoir est le leur. Qu'ils sont le pouvoir. Et que cela leur donne tous les droits sur tous ceux qui les entourent.
Donc le roi de Thèbes, aujourd'hui, nous parle de nous et de notre monde.
Et à entendre Antigone, la fille d'Oedipe, la rebelle qui ose défier son autorité, comment ne pas penser aux femmes, celles d'ici et d'ailleurs, dominées, humiliées, contraintes se soumettre à des lois iniques sous peine de mort. De mourir avant de mourir, comme le dit Antigone.

Le collectif N.A.T.A.S. (Notre Association Théâtrale Au Saguenay) a donc relevé le défi du laboratoire annuel de création du Théâtre 100 Masques. Et pas n'importe quels comédiens. Pour les trois rôles principaux (et quelques rôles secondaires): Maude Cournoyer (Antigone), Mélanie Potvin (Ismène) et Éric Renald (Créon), se montrent intenses et brûlants tout en conservant un ton égal et posé. antigone,sophocle,100 masques,natas,maude cournoyer

François-Matthieu Hotte, jeune cinéaste créatif et rebelle, signe sa première mise en scène pour le théâtre... et rien n'y paraît. Contraint à la sobriété par des moyens financiers plus que modestes, il a finalement fait de cette sobriété un élément essentiel de son travail (il explique sa démarche ici). Optant pour une réjouissante scénographie de récupération truffée d'anachronismes, vieilles tables, feuilles de papier, costumes minimalistes, et pour un fond sonore savamment mixé (musique, bruitages, sons déformés et stridents), il a consacré la plus grande partie de ses efforts au travail du texte avec les comédiens.
Maude Cournoyer est formidable dans le rôle de la jeune et pure Antigone, toute préoccupée de donner une sépulture à son frère Polynice, défiant les ordres de son oncle Créon. La comédienne, qui est d'ailleurs à l'origine de ce projet, a concocté sa propre adaptation du texte de Sophocle. Puisée à plusieurs traductions et sources (j'ai cru y déceler un zeste de l'Antigone d'Anouilh, mais je peux me tromper), sa version-adaptation parle une langue directe et simple, qui confère au propos une clarté troublante. Surtout que tous, comédiens et  coryphées, affichent une diction et un phrasé impeccables.

antigone,sophocle,100 masques,natas,maude cournoyerÀ cette équipe allumée et compétente, ajoutez un vieil auditorium au charme suranné (celui de l'ancien couvent du Bon Conseil, rue Racine),  une trentaine de personnes vendredi après-midi, et voilà: c'est magique, Antigone vit sous nos yeux, s'interroge, se révolte, et meurt, comme tous les autres protagonistes de cette tragédie.

Les grands thèmes qui préoccupent encore aujourd'hui l'humanité pensante, vie, mort, honneur, fidélité, soumission, courage, rébellion, loi, morale, cupidité, amour (bien peu celui-là), sont ici abordés. Les enjeux sont clairs... les solutions le sont un peu moins...

Je me rappelle mes années de collège et je me démêle une fois de plus (avec l'aide de mon voisin) dans la tragédie et la mythologie grecques, entre Eschyle, Euripide, Sophocle, entre les cycles de Thèbes (celui-ci), de Mycènes, d'Athènes. Mélangées aux récits de la Bible et de l'Évangile, ce sont les sources de ma culture.
Et je regrette que cette production n'ait pu, pour des raisons diverses, être présentée à ceux, justement, que notre système d'éducation secondaire et collégial prive chaque jour de cette culture...

Bonne fête à vous tous, gens de théâtre

Aujourd'hui, dimanche 27 mars, c'est la JOURNÉE MONDIALE DU THÉÂTRE. Elle est célébrée par des activités, des spectacles, des messages. Le message québécois est ici.

Pour ma part (avant de parler justement d'une autre remarquable création), je veux souhaiter tout spécialement BONNE FÊTE  à tous les comédiens, créateurs, techniciens, à tous les artisans du théâtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean (on en voit plusieurs dans la vidéo ci-dessus), qui accomplissent un travail formidable avec peu de moyens, qui persistent et signent malgré les obstacles, et qui, bon an mal an, créent, montent, et diffusent des oeuvres en tous genres, pour le plus grand plaisir d'un public certes peu nombreux, mais fidèle et ravi. Et je n'ai qu'un seul mot, en forme de souhait:

CONTINUEZ!!!

24/03/2011

Mes cocottes en or

aubecq,ustensiles,batterie,casserolesSur le plateau de Tout le monde en parle, le chef Ricardo Larrivée a présenté la nouvelle collection d'ustensiles de cuisine qu'il a conçus avec son équipe. Ce n'est pas évident de trouver l'outil idéal, soulignait-il en montrant la nouvelle spatule qui fera partie de sa collection. Et il a raison. Combien de spatules faut-il acheter, tester, brûler, briser, pour enfin trouver l'épaisseur, la forme, la souplesse qui en feront un instrument indispensable. Et la louche idéale? Et les couteaux? Tests et expérience sont nécessaires pour arriver au bon choix.

Tests, expérience... ou hasard et chance. Car c'est plutôt elle, la chance, qui m'a guidée vers mes nouvelles casseroles Aubecq. Elles ont été offertes chez Winners pendant une courte période. Et il n'y en a sans doute plus, du moins à Chicoutimi, car Winners n'a pas pour politique de répondre aux attentes de la clientèle: seulement d'acheter et de vendre de la marchandise.

J'ai commencé par en acheter une (25$ environ) pour remplacer ma petite Lagostina T-fal qui commence à être bien maganée après plusieurs années de bons et loyaux services.

aubecq,ustensiles,batterie,casserolesDès le premier essai, j'ai adoré ma casserole Aubecq.

Elle est antiadhésive (merci Teflon), et comme le fond est arrondi vers les parois, rien ne colle. Elle répond bien et elle est très stable: une fois la température réglée, elle s'y tient sans variation. À l'extérieur, le fond Artech assure une chaleur uniforme sur toute la surface en contact avec l'élément chauffant de la cuisinière.aubecq,artech,casserole

Je n'aime pas beaucoup en général les couvercles en verre, parce qu'ils laissent échapper de la vapeur qui coule et fait psschitt quand elle touche le rond, mais celui des casseroles Aubecq est parfait: si on ajuste bien la température, tout va mijoter, doucement ou fort, sans jamais laisser échapper de vapeur, tout en nous permettant de jeter un oeil aux aliments qui cuisent.

Pour le nettoyage: un peu d'eau chaude, de savon pour enlever l'odeur, un petit coup de lavette... et tout part comme par magie. aubecq,ustensiles,batterie,casserolesD'une épaisseur moyenne, et donc pas trop lourdes, ces marmites sont faciles à manipuler. Entièrement métalliques, elles vont aussi bien au four que sur la cuisinière. C'est de la pub, j'en conviens. Et gratuite, en plus!

Enthousiaste, j'en voulais davantage. J'ai couru chez Winners, où j'ai pu trouver deux autres faitout Aubecq plus grands que le premier. Je n'ai pas pris les deux poêles assorties, je le regrette un peu mais enfin je suis bien équipée de ce côté-là.

Je file donc le parfait bonheur avec mes Aubecq. Deux regrets: la plus petite, la première, n'est pas tout à fait assez petite, de sorte que j'utilise encore ma mini-Lagostina (agonisante...) pour cuire deux ou trois pommes de terre. Et j'aurais aimé en trouver une ou deux dont les parois soient légèrement plus hautes. Rien n'est parfait en ce bas monde...

Nulle part sur Internet je n'ai trouvé "mes" casseroles: il y a bien des Aubecq, mais elles ont d'autres couleurs, d'autres modèles.

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(J'aime bien ce logo, qui fait penser à "Québec")

 

Les miennes sont uniques.... Ce sont peut-être déjà de vieux modèles. Mais peu importe: elles sont parfaites et en prime, il s'agit peut-être de pièces de collection qui vaudront un jour très cher. Mais elles ne sont pas à vendre.

________

 

Le site Aubecq est tellement mal fait (émailé de mots anglais, ce qui n'arrange rien, en plus d'être parfaitement ridicule) qu'il n'y a pas moyen de savoir grand-chose sur l'origine et l'histoire de cette marque.

Tout ce que j'ai pu trouver en fouillant un peu (sur d'autres sites) c'est que l'entreprise, qui a aujourd'hui son siège social en France, a été fondée en 1917 en Belgique par un industriel nommé Octave Aubecq. Celui-ci (peut-être ruiné pendant la guerre) a ensuite quitté la Belgique pour la France, où il a continué à faire des affaires, s'associant notamment avec Armand Desaegher (également d'origine belge) pour créer l'entreprise Le Creuset (voilà ce que j'appelle un site bien fait), en 1925 à Fresnoy-le-Grand.

 

20/03/2011

Lucia di Lammermoor: cris et roucoulements

En février 2009, je suis allée voir Lucia di Lammermoor, l'opéra de Gaetano Donizetti monté au Metropolitan Opera et diffusé au cinéma Jonquère.

Hier, samedi 19 mars 2011, je suis retournée au même cinéma, voir le même opéra, dans la même mise en scène (de Mary Zimmerman), également en direct du Met. Une distribution et une direction musicale différentes ont donné d'autres couleurs à cette belle oeuvre.

J'avais bien aimé ma première Lucia, Anna Netrebko, et  j'ai louangé grandement sa prestation (ici).  J'avais cependant, sans oser l'avouer, l'impression qu'il lui manquait quelque chose.

Ce quelque chose, je l'ai trouvé chez Natalie Dessay, l'interprète d'hier. C'est à la fois indéfinissable et nettement perceptible: la conjonction de plusieurs éléments, talent de comédienne, agilité vocale (à la fois innée et cultivée), expérience, et surtout, croit-on comprendre,  l'immense plaisir qu'elle éprouve à faire son métier: elle va même jusqu'à improviser, ajoutant des ornements ou des déplacements non prévus. Ce plaisir jubilatoire coiffe sa prestation d'un plus qui appelle les superlatifs: éblouissante, magique, émouvante, superbe. Elle avait la voix un peu voilée lors des interviews accordées à Renée Fleming, et peut-être aussi à certains moments sur scène, mais peu importe: sa prestation est de celles qui emportent tout sur leur passage.

Ce que l'on voit sur la vidéo ci-dessus, c'est une projection sur grand écran à Times Square, en 2007, pour le lancement de la saison du Metropolitan Opera, où Natalie Dessay chantait Lucia pour une première série de représentations. Elle interprète le célèbre air de la folie, écoutée par les passants, les gens assis dehors: c'est fabuleux.

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La distribution de 2011 est  supérieure à celle de 2009, d'autant plus que le ténor Joseph Calleja, dans le rôle d'Edgardo, est un partenaire idéal pour la soprano et livre une performance également remarquable: physique séduisant, intense et émouvant, voix très musicale, pure et puissante, parfaitement à l'aise dans les acrobaties exigées par la partition.

Son dernier air, Tombe degli avi mici (Tombeau de mes ancêtres), qu'il chante avant de se donner la mort, est totalement pertinent et bouleversant (dans chaque production où l'interprète d'Edgardo n'est pas à la hauteur, cette aria paraît superflue après le grand air de la folie de Lucia).

lucia di lammermoor,metropolitan opera,natalie dessay,joseph callejaPhoto de lui ci-contre.  Et en cliquant sur l'image un peu plus haut, on peut voir et entendre son duo du début avec avec Natalie Dessay.

Le baryton Ludovic Tézier et la basse Kwangchul Youn sont très corrects dans des rôles ingrats et difficiles d'Enrico, frère de Lucia,  et du chapelain. Belle voix du ténor Matthew Plenk dans le rôle très bref d'Arturo.

Mise en scène convenue, décor singulièrement lourd et compliqué, mais peu importe, ce qui compte c'est la musique, superbement servie par le maestro Patrick Summers et les interprètes: le célèbre sextuor de l'acte II était particulièrement inspiré.

Anecdotes

J'ai vu Lucia di Lammermoor à l'Opéra de Montréal en 2001 (voir mon billet ici), et j'en conserve un souvenir étrange.lucia di lammermoor, opéra de Montréal, Mary Dunleavy, 2001, metropolitan opera,natalie dessay,joseph calleja, opéra de Montréal Le ténor et le baryton (Gran Wilson et Brian Davis) étaient plutôt mauvais, et la soprano Mary Dunleavy, très souffrante, chantait d'une voix à peine audible. Pour l'air de la folie, craignant le pire, tous les spectateurs retenaient leur souffle...

Et l'improbable s'est produit: ce filet de voix éthéré et irréel, soutenu par le son aérien de la flûte, s'élevant dans le silence le plus total, a agi comme un philtre magique sur un public totalement envoûté. Ce fut le meilleur moment de cette production plutôt médiocre. 

Par ailleurs, la neige, comme toujours à la scène, était évoquée par des petits morceaux de papier-mouchoir tombant du plafond. Or, certains d'entre eux étaient bien trop grands et ressemblaient davantage à des kleenex qu'à des flocons: gracieuseté des techniciens de la Place des Arts, qui exerçaient alors des moyens de pression.

17/03/2011

Trop tard - Too late?

J'ai le coeur serré en écoutant certaines chansons d'amour déchirantes (Ne me quitte pas, ou Il n'y a pas d'amour heureux par exemple), d'autres me tirent des larmes pour d'autres raisons que leur contenu. Reliées à des souvenirs, des gens, des impressions.

Mais selon moi la plus triste des chansons québécoises n'est pas une chanson d'amour... Ou plutôt oui, d'amour pour le Québec français, pour la langue française, un amour chanté surtout ... en anglais.  C'est la chanson Mommy. On connaît surtout l'interprétation magistrale qu'en fit Pauline Julien (sur la vidéo), mais elle fut d'abord chantée par Dominique Michel et Marc Gélinas, dans la Mommy, Pauline Julien, Simon Beaulieu, Gérald Godin, chanson québécoisecomédie (!) Tiens-toi bien après les oreilles à papa, réalisée par Jean Bissonnette en 1971. Le scénariste du film, Gilles Richer a écrit les paroles de la chanson avec Marc Gélinas, qui a composé la musique.

La chanson évoque la possible disparition de la langue française au Québec. Écoutez-là, lisez les paroles (ci-bas), c'est à brailler. On l'a fait entendre ce matin à l'émission Christiane Charrette (en passant, c'est rare qu'il y a de la musique écoutable à cette émission) avant l'interview avec le cinéaste Simon Beaulieu, qui a réalisé un documentaire sur Gérald Godin, poète, homme politique et compagnon de Pauline Julien.

Le jeune réalisateur (photo) racontait que, avant de tourner le film, il a dû consulter archives et documents pour prendre connaissance de l'histoire du Québec, des années 70 qu'il n'a pas vécues, de la Crise d'Octobre Simon Beaulieu, Gérald Godin, Pauline Julien, Mommydont il n'avait jamais entendu parler au cours de ses études. "Je me demande (dit-il ici) comment j'ai passé à travers tout le système d'éducation sans véritablement connaître l'histoire de mon peuple. C'est une faillite collective".

En effet, comment peut-on prétendre conserver ce que nous avons de plus précieux, si tous les systèmes dont nous faisons partie (scolaire, politique, social, familial) sont conçus pour nous faire oublier à mesure?

Deviendrons-nous des zombies sans mémoire...

...des anglophones ?

 

 

______________________

Mommy, Daddy (1971)

Paroles : Gilles Richer et Marc Gélinas

 

Mommy, daddy, I love you dearly

Please tell me how in French my friends used to call me

Paule, Lise, Pierre, Jacques ou Louise

Groulx, Papineau, Gauthier, Fortin, Robichaud, Charbonneau

 

Mommy, daddy, what happened to my name?

Oh mommy, daddy, how come it's not the same?

Oh mommy, tell me why it's too late, too late, much too late?

 

Mommy, daddy, I love you dearly

Please tell me where we used to live in this country

Trois-Rivières, Saint-Paul, Grand-Mère

Saint-Marc, Berthier, Gaspé, Dolbeau, Tadoussac, Gatineau

 

Mommy, daddy, how come it's not the same?

Oh mommy, daddy, there's so much in a name

Oh mommy, tell me why it's too late, too late, much too late?

 

Mommy, daddy, I love you dearly

Please do the song you sang when I was a baby

Fais dodo, Colas mon p'tit frère

Fais dodo, mon petit frère, tu auras du lolo

 

Mommy, daddy, I remember the song

Oh mommy, daddy, something seems to be wrong

Oh mommy, tell me why it's too late, too late, much too late?

 

Mommy, daddy, I love you dearly

Please tell me once again that beautiful story

Un jour ils partirent de France

Bâtirent ici quelques villages, une ville, un pays

 

Mommy, daddy, how come we lost the game?

Oh mommy, daddy, are you the ones to blame?

Oh mommy, tell me why it's too late, too late, much too late?

 

 

15/03/2011

Des après-midis aux vues

Vinh, Born Sweet, Cambodge, Cynthia Wade, arsenirSamedi et dimanche après-midi, quatre séances de Regard sur le court métrage au Saguenay, au Petit théâtre de l'UQAC, la meilleure des salles de projection du festival (équipement et confort): Carte blanche (films du Mexique), Compétition 1, Compétition 2, et Films sur l'art. J'ai donc vu 27 films en tout.
Celui qui m'a marquée, et qui a je crois jeté tout le monde par terre, c'est le documentaire Born Sweet (ce lien permet de voir la bande-annonce du film, en anglais), tourné par Cynthia Wade en collaboration avec une équipe du Cambodge,  projeté dimanche après-midi. Il évoque le cas de millions de personnes empoisonnées à l'arsenic, au Cambodge et dans d'autres pays d'Asie. Quand des puits furent creusés pour fournir de l'eau aux habitants du pays, l'arsenic contenu dans la nappe phréatique depuis des millénaires a contaminé cette eau (informations ici).

L'histoire racontée est celle de Vinh, un Cambodgien de 15 ans, au beau visage serein, dont la voix hors champ évoque les conséquences de cette contamination: taches noires sur la peau, qui deviennent des plaies, toux, faiblesse, cancer, mort dans bien des cas.

D'autres puits, sains ceux-là, ont été creusés par la suite, mais trop tard pour Vinh, et pour tant d'autres.

Le karaoke, une activité que tous pratiquent et aiment dans ce petit village éloigné, apporte douceur et réconfort dans la vie de l'adolescent. Il a même été recruté pour enregistrer une chanson éducative, qui renseigne la population sur les dangers de cette eau contaminée et lui indique comment éviter de l'utiliser (les "mauvais" robinets sont peints en rouge). Quand le vidéoclip est présenté dans le village, Vinh connaît son heure de gloire.

Une médication a d'autre part pu soulager certains maux dont souffre le jeune homme.

Tout ça est raconté doucement, simplement, sans cris, sans larmes. S'il y a des larmes, ce  sont celles que versent les spectateurs! Larmes, gorge nouée, révolte: personne n'est resté indifférent lors de cette projection. Le film a d'ailleurs remporté le Prix du public décerné à l'issue de cette 15e édition du festival.

Les récipiendaires des autres prix sont énumérés dans cet article.

 

 

12/03/2011

Courts métrages: début des courses

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Huit films, huit univers: certains m'ont touchée, d'autres m'ont amusée, d'autres ne m'ont pas du tout convaincue. Je plonge encore cette année dans l'univers du court métrage, avec Regard sur le court métrage au Saguenay,  un Festival vraiment formidable que je fréquente depuis très longetemps. Mon seul regret: ne pouvoir assister à toutes les séances, parce que... parce que la vie, les choses à faire, et aussi parce qu'il y a une limite au  nombre de films que mon esprit peut absorber en une journée.

Compétition 4, donc vendredi à la salle François-Brassard: un coup de coeur pour le court italien Big Bang Big Boom (photo ci-dessus. On peut par ailleurs le visionner en entier en suivant ce lien), une histoire du monde racontée en animation par peinture murale: celle-ci s'étale sur les murs, les rues, les objets, les maisons, partout, follement, pour former des animaux, des personnages qui se colorent, bougent, se transforment à toute vitesse. Une bande sonore extraordinaire accompagne de façon hallucinante les images, auxquelles elle vole d'ailleurs la vedette: c'est totalement jouissif.

Deux autres films de la sélection abordent le thème de l'homme qui détruit son propre monde: La visite guidée, (Québec, Martine Asselin, photo ci-dessous) où des touristes du futur vont voir des vaches(?) rescapées du 21e siècle: sans fioritures, bien fait, efficace, et Salva el Mundo,  qui montre des humains tentant de sauver la terre en travaillant à la remettre comme avant: dé-cuire les steaks, les sortir du frigo pour reformer les vaches, prendre du papier pour reconstruire les arbres. Un peu brouillon mais amusant et frais que ce film espagnol, proposé à Jonquière avec une bande-son en anglais (traduction) et des sous-titres français.

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Côté belle animation, La formation des nuages (Québec, Marie-Hélène Turcotte), superbe graphisme dessiné, sur le thème d'une petite fille qui devient femme. Le dessin s'égare un peu dans la rêverie, mais c'est néanmoins fort beau. Moins convaincant: Moj Put, film croate où il est question d'une pierre virtuelle dans un soulier, transmise de père en fils, qui agit comme un rappel à l'ordre aux moments importants de la vie. Sympathique dessin animé, malheureusement plombé par une pléthore de fautes d'orthographe dans les sous-titres, assez importantes et abondantes pour nuire à la compréhension de l'histoire.
Je n'ai pas vraiment aimé Impossible, de Vanya Rose (du Québec, en anglais) qui semble avoir eu de la difficulté à mettre en images la nouvelle Feuille d'album, de Katherine Mansfield, ni Toucher des yeux (France, Amandine Stelletta): mystérieux, pas clair, étrange, mais quand même bien fait.

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Le film le plus touchant: Unearthing the Pen. Un jeune Congolais (photo ci-dessus) rêve d'aller à l'école, malgré sa pauvreté et malgré la malédiction du stylo, une légende inventée par les gens de son village, qui compensent ainsi leur ignorance et leur incompréhension du monde. Un texte nous informe, après la projection du film, que le jeune homme a finalement pu s'inscrire à l'école, grâce à la générosité d'un bienfaiteur. Ce fut pour moi la meilleure nouvelle de la journée!

 

11/03/2011

Femmes, phrases et phrasés

Jocelyne Roy, flûte, Jeunesses musicalesJocelyne Roy (ci-contre) et Michelle Yelin Nam avaient de bien belles choses à dire aux nombreuses personnes qui ont bravé la neige et le froid pour aller les entendre dimanche dernier (6 mars) à la salle Pierrette-Gaudreault. En tournée avec les Jeunesses musicales du Canada, elles se sont bien sûr exprimées par leurs instruments, la flûte et le piano, mais aussi par la parole, sachant établir un contact très fort avec leur public.

La flûtiste est québécoise et s'exprime fort bien. Sa compagne, d'origine coréenne, fait d'immenses efforts pour parler français. Avec un fort accent, le souffle court, elle cherche ses mots, se trompe parfois, donne trop ou trop peu de détails à l'occasion, mais peu importe, elle se lance, son message passe malgré tout, et on sent que d'ici quelque temps, sa persévérance lui permettra de parler beaucoup mieux cette langue difficile pour ellejocelyne roy,michelle yelin nam,flûte,piano,eunesses musicales,jonquière

Ce discours des deux jeunes musiciennes, tout en offrant des détails importants sur les oeuvres au programme, parle surtout de leur amour de la musique, du rôle joué dans leur vie par telle oeuvre ou tel compositeur. À les entendre, on ne doute pas un instant qu'elles aiment ce qu'elles font et que quand elles jouent, elles sont là, totalement présentes, totalement concentrées, habitant complètement cette bulle d'espace/temps qui s'appelle un concert.

Ce plaidoyer, c'est un plus qui s'ajoute au plaisir de les entendre jouer. Elles ont  25 et 29 ans, déjà beaucoup d'expérience de la scène (concerts, concours, prix) et une immense compétence technique et expressive, acquise à force de temps et de travail.

Leur programme est riche, plein de beaux noms qui m'ont pour ma part incitée à me déplacer.

Saverio Mercadante n'est pas le plus connu d'entre eux, mais j'ai un faible pour ce compositeur: depuis une vingtaine d'années, j'écoute régulièrement dans mon auto ses merveilleux concertos pour flûte. Jocelyne Roy a interprété ses variations sur La ci darem la mano (air du Don Giovanni de Mozart), qui demandent beaucoup d'agilité et de virtuosité, comme à peu près tout ce qu'elle a joué. Des pièces de Bach, Boehm, Debussy, Chopin Schubert, Mendelssohn, jouées en duo ou en solo, peuplaient ce programme bien garni.

Et quelque chose de très spécial, Chant de Linos du compositeur français André Jolivet: elles ont parlé de la pièce avec une telle ferveur, et l'ont jouée avec tant de compétence et d'engagement qu'elles ont su faire apprécier au public cette musique exigeante, puissante et déstabilisante.

L'oeuvre est jouée sur cette vidéo:

C'est le genre de concert qui me laisse une extraordinaire impression de satisfaction, d'accomplissement: heureuse d'avoir vaincu ma paresse naturelle, ma tendance à rester tranquille à la maison, d'avoir saisi cette occasion unique d'un partage, d'une rencontre, avec l'art, avec les artistes et avec un groupe de personnes qui ont vécu cela en même temps que moi, je me sens quelque peu euphorique, comme un athlète qui aurait réussi une épreuve difficile.

 

07/03/2011

Théâtre Palace: les lustres sans le lustre

theatrePalace.jpgJoyau de notre patrimoine arvidien, le théâtre Palace Arvida fait bien pitié, m'a-t-il semblé lors de mes récentes visites à cet endroit.  Bien sûr, c'est un miracle que ce théâtre* construit en 1927 soit encore là, debout et fonctionnel, et qu'il ne soit pas, comme tant d'autres édifices saguenéen à vocation cuturelle, tombé sous le pic des démolisseurs.

Au contraire, d'ailleurs. Fin 2009, on annonçait des rénovations  au coût de 1.8 millions (informations ici) défrayées par Ottawa, Québec et Saguenay. Aux dernières nouvelles, ces rénovations devaient être réalisées à l'été 2010. Peut-être qu'elles l'ont été en partie (extérieur? toiture? je ne peux pas juger). Mais à l'intérieur, si elles sont commencées, elles ne sont certainement pas terminées.

Dès l'entrée (c'est ce que j'ai vécu au spectacle de Guy Nantel, où il y avait beaucoup de monde), on descend l'escalier vers un sous-sol sombre dont certaines parties sont cachées par des rideaux de plastique. Le froid entre en même temps que la foule qui fait la file pour arriver au vestiaire (obligatoire mais je comprends dans ce cas, car c'est tellement tassé dans la salle qu'il n'y aurait pas de place pour les manteaux, et ça va quand même assez rondement), puis dans un autre escalier, pour monter cette fois. On franchit ensuite l'étroit passage qui longe le bar, on jette un coup d'oeil sur le beau vestibule, mais on ne le voit pas tellement il est mal éclairé, avant d'entrer dans la salle.
Les rénovations devaient inclure une disposition différente des sièges, ce qui n'a manifestement pas été fait: c'est toujours aussi horrible. Impossible de prendre place sur les chaises comme elles sont disposées au départ, soit autour de grandes tables au premier palier, soit alignées par trois de part et d'autre de tables étroites, sur les autres paliers: tout le monde  (sauf ceux qui sont assis au balcon, dans des fauteuils dignes de ce nom) déplace sa chaise afin de pouvoir voir la scène, dans le désordre le plus total.

(Remarque en passant, qui n'a rien à voir avec l'état du Palace: la salle est devenue un cabaret, lieu bruyant et populaire où l'on consomme de l'alcool: pour ma part je déteste ce genre d'endroit, peut-être que je suis vieille et/ou snob (j'assume), mais enfin, je préférerais une vraie salle de spectacle.)

Au plafond, intéressant élément d'architecture orné d'une belle fresque, qui constitue un des principaux atouts de cette salle historique, les poutres sont constellées de trous pratiqués n'importe comment, j'imagine pour faire passer des fils et poser des accessoires, mais ça fait mal au coeur de voir ça.

Les lustres sont encore là (peut-être les originaux mais je ne suis pas sûre), la rampe du balcon est très belle, la salle présente encore un certain cachet, mais il serait urgent de le mettre en valeur et de procéder à une vraie restauration

Alors ma question est: y a-t-il oui ou non des rénovations (en cours, passées, futures) au Palace?

En mode survie
*Difficile de trouver sur Internet des informations sur les débuts du Palace. La meilleure source est la petite brochure consacrée à Arvida (accessible en PDF ici), dans la série des circuits patrimoniaux publiés par Ville de Saguenay. On peut y lire que le cinéma (movie theatre) Palace  fut construit selon les plans de l'architecte Alfred Lamontagne et que

"l'édifice se distingue par un travail de brique remarquable, sur le mur extérieur de la rue Darling, et par une arcade monumentale qui perce sa façade".

On y a d'abord présenté des films muets puis, pendant longtemps, des films en anglais.  (Quand j'étais adolescente, une de mes amies m'y a entraînée pour voir un film d'Elvis Presley (G.I. Blues je crois) qui m'a profondément ennuyée.)

Fermé pendant plusieurs années, l'édifice a été acheté par les Productions Logistik 22 qui l'ont réaménagé et rouvert en 1999 pour y présenter leur spectacle Québec Issime, que l'on peut y voir encore chaque été, ainsi que d'autres créations. Depuis ce temps, l'édifice a changé de propriétaire et de gestionnaire et s'est trouvé en mode survie à plusieurs reprises, jusqu'à l'annonce de ce projet en 2009...