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31/12/2010

Bonne Année à tous!

 

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À vous tous qui passez par ici, visiteurs occasionnels ou fidèles lectrices, je souhaite une très belle année 2011. Amour, tendresse, partage, bonheur !!!

30/12/2010

Voix de Noël

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Charmant concert offert lundi dernier (à 16h: quelle belle heure pour présenter un spectacle!) par la soprano colorature Marie-Ève Munger et son amie Ariane Girard (elles se sont connues lors de leur études en musique au Collège d'Alma), soprano lyrique et dramatique.

En duo et en solo, accompagnées au piano par Martin Dubé, elles ont offert au public, un peu timide en nombre à la salle Pierrette-Gaudreault, des airs d'opéra convenant à leurs voix respectives, dont elles ont expliqué les différences.

Marie-Ève Munger, décidément pourvue de toutes les qualités requises pour faire une grande carrière lyrique, la voix bien sûr, mais aussi le physique, la polyvalence, la puissance dramatique, l'agilité, la distinction naturelle, a offert son grand hit, Les Oiseaux dans la charmille, l'air d'Olympia, la poupée mécanique des Contes d'Hoffmann, avec sa clef dans le dos qu'il faut remonter: elle escalade avec aisance les aigus stratosphériques de la célèbre aria, ce qui lui vaut toujours des applaudissements nourris... et tout à fait mérités.

Parlant d'aigus, elle a abordé (pour la première fois à ma connaissance) la Reine de la nuit, de La Flûte enchantée, qui évolue aussi dans les sommets du registre vocal féminin: le Der Hölle Rache kocht... (aussi appelé le deuxième air), qu'elle a interprété, convient parfaitement à sa voix de colorature naturelle, capable des plus grandes prouesses. Elle est peut-être encore un peu jeune pour chanter le rôle à l'Opéra, mais quand elle le fera, elle sera certainement une Reine de la nuit recherchée par toutes les maisons d'opéra.

 

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(Le paysage vu du mont Jacob, ce jour-là)

 

Elle a été tout aussi impressionnante dans un air tiré de Linda di Chamounix, un opéra de Donizetti que je ne connais absolument pas (c'est compréhensible: il en a écrit plus de 70!), qui exige virtuosité et agilité extrêmes.

Les deux sopranos ont uni leurs voix pour proposer le Duo des fleurs (Lakmé), La Barcarolle (Les Contes d'Hoffmann) et l'amusant Duo des chats de Rossini.

Ariane Girard, voix dramatique et physique généreux, a pour sa part abordé avec compétence les rôles sérieux: Suor Angelica, Salomé (dans Hérodiade),  Rusalka.

Sans oublier les trois jeunes chanteuses de 13, 16 et 17 ans qui sont venues proposer quelques airs: une relève qui promet.

Pour terminer, tout à fait dans l'esprit des Fêtes, un beau Minuit, chrétiens et en rappel, Sainte Nuit...

Une autre opinion

Critique parue dans Le Quotidien

 

28/12/2010

Bouffes parisiennes(3)

Le dernier relais, et non le moindre, de ma série Bouffes parisiennes (ici les numéros 1 et 2).

Pour le nom

Je connaissais bien entendu le nom du Chat noir, mais je ne savais pas s'il existait encore. Et bien oui, d'une certaine manière: après notre visite de Montmartre, j'ai aperçu ce nom, le bistrot Chat Noir, et j'ai insisté pour que nous allions y prendre une bouchée. Fermé pendant plusieurs années, l'établissement a été entièrement rénové et transformé en un élégant bistrot. Il occupe 

IMG_1127.JPG(Jack au bistrot Chat Noir)

 

l'espace du légendaire cabaret, non loin du tout aussi légendaire Moulin Rouge (dont les ailes tournent toujours mais qui a, je crois, perdu quelques plumes depuis l'époque de la Goulue, Jane Avril et autres Valentin le Désossé).

afficheChatNoir.jpgPlus guère de traces de l'ancien Chat noir, sinon le nom et les affiches, et le fait qu'on y donne des concerts de jazz.

Le décor modernisé a tout de même beaucoup de style, avec sa déclinaison en rouge et noir et ses meubles en cuir et métal aux formes épurées. Nous y étions presque seuls. Distraite et manifestement préoccupée par un problème personnel, la serveuse nous regardait à peine et semblait s'intéresser beaucoup à une élégante jeune femme assise en terrasse (une rivale, peut-être?).

Elle nous a tout de même servis de façon très correcte. Nous avons mangé des entrées: soupe de poisson, oeufs durs mayonnaise. Tout de suite, nous avons décelé quelque chose, un petit plus, très discret: connaissance des produits, souci de bien faire, même pour de simples plats traditionnels, bref, de l'âme, de la passion oserais-je dire, chez ceux qui officient aux cuisines.

Un avenir prometteur pour cet endroit mythique au riche passé, que j'ai vraiment beaucoup aimé.

Quelques autres photos:

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24/12/2010

Le Pain des anges

Je repousse de quelques jours la parution de mes "bouffes parisiennes numéro 3"... C'est Noël!!!

Le plus beau chant de Noël pour moi, c'est le Panis Angelicus de César Franck. Pourtant, même si on a pris l'habitude de le faire entendre à Noël, cet hymne religieux n'est pas particulièrement relié à la Nativité: il évoque plutôt l'eucharistie, d'où son titre, Le pain des anges. L'article de Wikipedia nous apprend que le texte est de saint Thomas d'Aquin, qui a aussi écrit le O salutaris Hostia et le Tantum ergo, des tounes que j'ai tellement entendues quand je fréquentais les cérémonies religieuses à mon adolescence.

Je suis athée mais cela ne m'empêche pas de trouver fort belles ces paroles du Panis Angelicus, où il est dit que le plus pauvre des hommes peut manger son Seigneur. (Bizarrement, les interprètes ne chantent jamais le deuxième couplet mais reprennent plutôt le premier avec une fin musicalement un peu différente).

Mais c'est surtout la musique (mélodie et accompagnement) qui est formidable. Quand la voix est belle, comme celle d'Andrea Bocelli dans la vidéo ci-dessus, on est transporté... au paradis.

Pain et fromagepainDange.jpg

Après avoir écrit ce qui précède, je suis allée acheter du fromage  à la Boucherie Davis, où le boucher m'a fait goûter un fromage français appelé Pain d'ange. Saveurs subtiles de pain et de fruit: délicieux!

Alors le 25 décembre, moi, l'incroyante, non seulement j'entendrai, mais je mangerai le pain des anges...

Joyeux Noël à tous!

23/12/2010

Bouffes parisiennes(2)

CafePanis4.jpgJe poursuis ma liste des restaurants fréquentés à Paris lors de notre voyage en septembre 2010.

Un arrêt urgent (nous mourions de faim!)

Café Panis (devinez ce que j'ai trouvé en tapant ce mot dans Google!), près de Notre-Dame (que l'on aperçoit sur la photo, tirée de Google Maps): beau décor bistrotier de style belle époque, bon accueil, sièges très confortables, grandes vitrines

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Moi au café Panis

donnant sur un trottoir très fréquenté, et donc agréable à regarder. Nous avons commandé des hamburgers  en oubliant de préciser la cuisson désirée: la viande était bonne mais très, très saignante. Cela nous a fait un peu peur, mais nous n'avons pas été malades. Un beau moment de détente après une épuisante virée.

Les meilleurs:

Le café du Musée d'Orsay (j'ai parlé ici de cette belle expérience).

Chez Camille, dans le Marais près de la place des IMG_5687.JPGVosges, où nous sommes allés après la visite du magnifique Musée Carnavalet.

Cette brasserie très fréquentée jouit d'une excellente réputation: tables très tassées et salle comble ce midi-là. Endroit agréable, animé, accueil joyeux et invitant. Conversation avec une vieille dame du quartier, qui mangeait à la table voiIMG_5685.JPGsine. Cuisine française classique (photo de droite: l'ardoise et une affiche, avec leur reflet dans le miroir. J'étais avec un artiste!).

Notre choix: piccata de veau pour moi, carpaccio de boeuf au parmesan et filet de bar sauce vierge pour Jack: tout cela était délicieux.

22/12/2010

Bouffes parisiennes(1)

J'avais noté, avant mon départ pour Paris, le nom d'endroits à la mode où il faudrait aller manger, Paul Bert, Glou, Bofinger...

Finalement, nous nous sommes laissés guider par l'air du temps et le fil de l'eau, au gré des quartiers où nous nous trouvions et nous avons choisi selon la façade, le menu, le temps qu'il faisait, pour y tenir nos agapes quotidiennes, souvent en dehors des heures normales de repas.

Et voici le résultat (dans une première note qui sera suivie de deux autres):

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Dans les environs de notre hôtel (Citadines Bastille-Marais), choisis surtout parce qu'il pleuvait:

Le Café de l'Industrie (photo ci-dessus) une institution dans le quartier: bistrot sympathique et très fréquenté, belle décoration et atmosphère agréable, nourriture correcte et à bon prix, mais sans grand éclat. Menu: rôti de porc et gratin de chou-fleur, saucisse et purée, crème caramel.

Le Thaï impérial, boulevard Beaumarchais: cuisine thaïlandaise de bonne qualité, décor asiatique, odeur désagréable montant de l'escalier, service un peu hésitant mais correct. Au menu: des plats à la vapeur, poulet et riz collant: plutôt bon.

Le café Les Artist's, à trois pas de l'hôtel (il tombait des cordes): avons mangé à côté d'un groupe de jeunes Néerlandais très bruyants. Deux salles toujours bondées, endroit sympathique de style jeune, mi-bohème, mi-branché, mais nourriture assez ordinaire. Au menu: spaghetti aux tomates, steak.

En passant par là (on regarde deux ou trois menus, et on choisit, au pif):

medovaParis.jpgLe Médova: charmante brasserie à l'ancienne non loin du Louvre,  fréquentée par des habitués, Jolie terrasse, mais nous avons mangé à l'intérieur, dans la petite salle où nous nous sentions bien, détendus. C'était jour de livraison et les employés transportaient bouteilles d'eau, boîtes de tomates géantes et autres denrées de la porte d'entrée jusqu'à la cave, passant et repassant devant nous dans un incessant ballet. Bon et sympathique. Au menu: tranche de jambon grillée en sauce aux champignons.

Pizza Nelly (avant d'aller à l'Opéra): salle minuscule, serveur un peu bête, bonne escalope de veau à la milanaise accompagnée de pâtes délicates pour moi, excellente pizza pour Jack. Le garçon est devenu plus joyeux à l'arrivée d'une belle jeune femme venue chercher un plat à emporter. J'ai bien aimé finalement.

 

 

20/12/2010

L'Appât n'a pas d'appas

Ce titre, juste pour le plaisir de jouer avec les mots et d'utiliser "appas", un mot suranné que Racine en particulier affectionnait:

Cette ardeur que j'ai pour ses appas
Bérénice en mon sein l'a jadis allumée

 

lappatGuya.JPGIl y a quelques semaines j'ai vu la bande-annonce de L'Appât, le film d'Yves Simoneau qui vient de sortir sur grand écran.

Et j'ai pensé: "tiens! un sous-produit de Bon Cop, Bad Cop!"

Et j'ai subi, comme tous ceux qui écoutent la télé et lisent les journaux, ce matraquage où on voyait Guy A. Lepage et Rachid Badouri débiter leur salade à propos de leur rencontre, de leur plaisir à collaborer, de leur amitié et blablabla.

Et j'ai vu des extraits du film qui avaient l'air d'être tout sauf drôles.

Et j'ai pensé: "bof, ça n'a pas beaucoup d'appas!!!"

Et j'ai lu quelques critiques quand, après la tournée de matraquage, les chroniqueurs ont enfin eu le droit de dire ce qu'ils pensaient vraiment.

Et  j'ai pensé: "tiens! des coups de matraque! Ayoye! Bonjour la police!!! Je n'irai certainement pas voir L'Appât".

 

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Guy A. semble prédestiné à jouer dans des navets... même quand il ne les réalise pas! Rachid (sympathique humoriste par ailleurs), est tellement maquillé dans le film (d'après les extraits que j'ai vus) qu'il a l'air de se préparer à entrer au Musée de cire. Quant à Yves Simoneau, on dit qu'il est un réalisateur de talent. Qu'est-ce qui lui arrive?


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...Et une petite recherche n'aurait pas été de trop au moment de choisir le titre du film. Ou peut-être qu'on l'a fait exprès?

L'Appât est un film de Bertrand Tavernier tourné en 1995 (notez que, sur l'affiche, on n'a pas jugé bon de mettre l'accent circonflexe sur le deuxième A du titre!). C'est aussi le titre donné à la version française d'un western d'Anthony Mann (1953: l'accent sur le deuxième  est bien présent sur cette affiche-là, tout comme sur celle du film avec Guy A.) dont le titre original était The Naked Spur. On n'a pas osé la traduction littérale: "L'Éperon nu"...

18/12/2010

Une seule vraie Virginie

chantalVirginie.jpgCette semaine, j'ai écouté les quatre derniers épisodes de Virginie, la télésérie quotidienne de Fabienne Larouche qui quitte l'antenne de la SRC après 15 ans. (Elle sera remplacée par une autre quotidienne de la même auteure, qui aura aussi pour personnage principal une enseignante, incarnée par Marina Orsini!!!). J'avoue que j'étais un peu perdue: si je reconnaissais les anciens -qui étaient heureusement de retour pour un conventum à Sainte-Jeanne d'Arc- je ne connaissais ni la nouvelle Virginie (Charest), ni son conjoint, le groom avec qui elle dansait en rêve. Elle a eu un malaise et failli mourir, mais elle est revenue à la vie.

J'ai écouté fidèlement et avec une grande ferveur tous les épisodes de Virginie pendant les sept premières années. Quand je ne pouvais pas être là à 19 heures, je l'enregistrais et l'écoutais le lendemain. Ce n'était pas parfait, il y avait des scènes un peu ratées, quelques décrochages ou raccords manqués, mais j'y prenais toujours un grand plaisir et j'avais hâte de voir la suite. J'étais attachée à ces personnages avec leurs qualités, leurs défauts, leur humanité en somme, à tous ces êtres en quête d'amour et de bonheur, bien rendus par les comédiens québécois qui ont presque tous défilé dans la série au fil des ans (vous en trouverez la liste, impressionnante, ici),  à l'école Ste-Jeanne-d'Arc, à ce milieu scolaire qui me semblait assez proche de ce qu'il est en réalité.

Même quand j'ai commencé à travailler en soirée, au pupitre du journal, et que je ne pouvais plus écouter l'émission au moment où elle était diffusée, j'ai continué pendant quelque temps à tout enregistrer et écouter.

Mais c'était une gymnastique exigeante. J'ai commencé à manquer des épisodes, à oublier d'écouter l'émisson. Puis je me suis aperçue que je ne l'écoutais plus guère. Parfois au journal, je jetais un coup d'oeil au téléviseur qui diffusait Virginie... sans le son. Je reconnaissais quelques personnages, je devinais vaguement ce qui se passait. J'écoutais un épisode de temps en temps, quand j'étais en congé, ou vers la fin de chaque saison. Mais le coeur n'y était plus... 

Et j'ai complètement décroché quand la nouvelle Virginie est arrivée. J'étais fâchée, en fait: changer le personnage principal d'une série, ça ne se fait tout simplement pas. (J'ai suivi un peu le même parcours que Hugo Dumas, de La Presse, qui signait cette semaine cet excellent papier sur la fin de Virginie.
Pour moi comme pour lui, il n'y a qu'une seule et vraie Virginie, celle qui était jouée par Chantal Fontaine. J'étais très contente de la revoir dans les deux derniers épisodes cette semaine (tout le monde a douté de sa présence jusqu'au dernier moment, car elle est, dit-on, en froid avec Fabienne Larouche).

Ces quatre dernières demi-heures m'ont rendue un brin nostalgique, à la pensée des débuts de cette série que j'ai tant aimée. J'ai trouvé émouvant, à la fin, de voir défiler tous ces visages de la première heure, Bernard Paré, Claudie Paré, Cécile Boivin, Hugo Lacasse, Gilles Bazinet, Mireille Langlois, Pierre-Paul, Hercule, Pierre Lacaille... au son de la chanson L'Amitié de Françoise Hardy.

Si ça vous tente d'écouter cette belle chanson...

16/12/2010

House et Holmes: frères en fiction

loupeHouse.jpgMoi qui écoute régulièrement la série Dr House (malgré ses passages enrageants) je ne m'étais jamais rendu compte des nombreuses similitudes qui existent entre le docteur Gregory House et le détective Sherlock Holmes. Lors d'un récent épisode que j'ai écouté à TVA, House a reçu en cadeau de Noël l'oeuvre complèle de Conan Doyle (le "père" de Sherlock Holmes).

Subtil indice glissé par David Shore, le créateur de la série télévisée, qui ne cache pas qu'il a voulu cette ressemblance entre son médecin et le célèbre détective

Quelque points communs entre les deux personnages, entre autres:

1- Leur nom: Holmes ressemble à "home", et House signifie "maison"
2- Le nom de leur meilleur ami: Watson, Wilson
3- Leur adresse: 221B Baker Street pour Holmes, et appartement 221B pour House
4- Tous deux utilisent une canne
5- La pipe de Sherlock, le cigare de Gregory
6- La cocaïne de Sherlock, la vicodine de Gregory
7- Leur méthode de travail: enquête, recherche des causes et déduction
8- Leur mission: traquer des éléments destructeurs: les criminels pour l'un, les virus, infections et autres microbes qui s'attaquent aux humains pour l'autre
9- Certains traits de caractère (pas tous): égoïste, solitaire, méprisant....
Il y en a d'autres, plus subtils, que l'on peut trouver en suivant ce lien (un bon site en français sur la série), ou encore celui-ci.

Autres liens intéressants:

Comparer les deux personnages comme exercice pédagogique
La page Facebook du Dr House


13/12/2010

Don Carlos: quand tout fonctionne...

donCarloGrand.jpg(Roberto Alagna et Marina Poplavskaya. Photo Ken Howard)

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 Don Carlos au Metropolitan Opera: une vraie réussite. Je ne ressens pas le besoin de décortiquer en détail cette production: seulement de dire qu'elle était formidable. Habituée de ces opéras du Met diffusées au cinéma Jonquière, je sais que certaines productions,  sans être mauvaises, ne fonctionnent pas tout à fait.  Les chanteurs font bien leur travail, la musique est belle, mais on sent qu'il y manque quelque chose. Ce petit quelque chose qui fait que, comme spectateur, on réagit, on est ému, on vibre avec les interprètes. Je ne sais pas c'est quoi, de la chaleur, de l'âme, de l'humanité peut-êtreen tout cas c'était bien là, dans ce Don Carlos du Met, ou tout au moins dans cette représentation que j'ai vue. 

Ce vaste chef-d'oeuvre de Giuseppe Verdi, que je ne connaissais à peu près pas, traite de divers aspects de la vie humaine: pouvoir, amour, trahison, angoisse, politique, liberté. On est parfois dans le social, parfois dans l'intime au fil de cette histoire de guerre, de révolte, d'indépendance (celle des Flandres), de religion, d'Inquisition, d'amour malheureux.

Et sur scène, tout fonctionne, grâce à des interprètes hors pair et à cette musique majestueuse, merveilleusement conduite par  Yannick-Nézet Séguin. Avec rigueur et finesse à la fois, le maestro québécois a su accompagner chaque scène, chaque phrase, souligner chaque nuance et chaque mouvement, qu'il soit intime ou à grand déploiement.

Roberto Alagna et Marina Poplavskaya, qui incarnent le couple Don Carlo/Elisabeth, sont totalement crédibles, autant dans leur joie du début, alors qu'ils tombent amoureux dès leur rencontre dans la forêt de Fontainebleau, que dans leur douleur ensuite. En principe, ils sont promis l'un à l'autre, mais Philippe II, le père de Don Carlo, décide d'épouser lui-même Élisabeth... Qui, devenue ainsi la belle-mère de celui qu'elle aime, se résout à ne faire que ses devoirs de reine et d'épouse.

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Simon Keenlyside (excellent dans le rôle de Rodrigo) et Ferrucio Furlanetto (Philippe II)

Alagna, particulièrement en forme samedi, est un des rares ténors qui puissent chanter ce rôle à pleine voix, avec la technique, la lumière et les éclats qu'il faut, tout en vivant et communiquant des émotions variées et nuancées. La jeune soprano russe est vraiment extraordinaire, avec son  timbre magnifique, son chant fluide et naturel, et son physique totalement adapté au rôle. Les six rôles majeurs de l'oeuvre étaient tous chantés de belle façon, sauf peut-être celui de la princesse Eboli, par Anna Smirnova, qui m'a laissée un peu perplexe.

À noter la belle performance de la basse chantante Ferruccio Furlanetto dans le rôle du roi Philippe II. Malgré le peu de sympathie que le personnage inspire par ailleurs, son solo au 4e acte, alors qu'il dévoile ses pensées intimes, nous retourne et nous secoue, comme le fait aussi le monologue désespéré d'Elisabeth chanté par Poplavskaya au cinquième et dernier acte.

Et Eric Halfvarson (basse également) incarne un grand Inquisiteur tellement fourbe et méchant qu'on prend plaisir à le détester, et à détester à travers lui l'Église catholique, coupable de ces meurtres, exclusions, condamnations et autres excès.

Tous et tout: décors, voix, instruments, mouvements, expressions, costumes, couleurs, concourent au même but dans une unité presque magique, de sorte que s'il y a quelques imperfections, erreurs, ou éléments un peu plus faibles, on les remarque à peine, préférant goûter pleinement toutes les richesses de ce magistral Don Carlos.

D'autres points de vue:

Critiques parues dans Le Devoir et dans La Presse

Plusieurs critiques en anglais à partir de cette page