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09/12/2010

Traces d'histoire

tracesCouleurRed.jpgJe me permets maintenant quelque chose que je ne pouvais pas faire du temps où je travaillais: assister à la dernière représentation d'un spectacle (plutôt qu'à la première ou même à l'avant-première), qui est souvent la meilleure car les artistes y donnent tout ce qu'ils peuvent.
En fin de semaine dernière, je l'ai fait pour deux spectacles, Traces et Le Déclin des soleils de glace. Très différents l'un de l'autre, ils présentent toutefois des caractéristiques communes: une petite salle, une petite scène, et surtout: talent, inventivité, maîtrise du médium, artistes totalement engagés dans leur travail.

Samedi dernier (4 décembre) donc, dernière représentation de Traces, spectacle monté par une équipe de créateurs allumés soutenue par le théâtre Côté-Cour qui agissait comme producteur.

Marc-André Perrier, bien connu dans la région comme comédien, signe ici son premier texte dramatique. Comme le spectacle s'inscrit dans la programmation de Saguenay capitale culturelle 2010, je m'attendais à une pièce historique sur Jonquière. Eh bien pas du tout.

  Fils spirituel de Michèle Lalonde (Speak White) et de Sol, le jeune auteur crie la révolte du peuple asservi par les patrons anglais, Alcan, Price et consorts, à coups de jeux de mots, de figures de style et de néologismes. Dans l'esprit du Refus Global, le texte prend la forme d'un délire verbal bien contrôlé, à la maniètre de Gaston Miron, de Gérald Godin, de tous les poètes qui ont forgé des mots pour réclamer la fin de l'asservissement, la libération et l'indépendance du peuple québécois.
boiesMoisan2.jpgLes comédiens Jonathan Boies, Sara Moisan et Patrick Simard (de gauche à droite sur la photo) se mettent en bouche de belle façon la superbe complexité de cette langue novatrice, sous l'efficace direction de la metteure en scène Marilyne Renaud.

Le spectateur doit demeurer attentif, ne pas perdre une syllabe: on en perd malgré tout, mais on a du plaisir. Seulement ensuite, on aimerait réentendre tous ces mots, ou mieux, les lire et les décortiquer lentement pour en goûter toute la richesse.

Une dizaine de tableaux un peu fous, vaguement chronologiques, évoquant parfois l'histoire de Jonquière, avec Marguerite Belley et la famille Price, mais il ne faut pas y chercher un spectacle historique: plutôt une vision, un cri, une complainte, des regrets, un peu d'espoir...

Assez percutant...

 

Lire aussi le mot de Jacques B Bouchard sur son blogue.

Vicky Côté: le poids des choses

declinnoir.jpgÀ la salle Murdock (dernière représentation dimanche dernier, 5 décembre),  Vicky Côté, entourée de l'équipe allumée du Théâtre à bout portant, pousse encore plus loin l'excellent travail amorcé notamment avec Rage (que j'avais beaucoup aimé, j'en ai parlé ici). Son nouveau spectacle solo -et muet- Le Déclin des soleils de glace s'avère une performance très achevée, entre mime, danse, gymnastique.
Sur un plan de jeu délimité par un cadre blanc tracé au sol, deux espaces: la maison, le bureau. Dans l'un et l'autre endroit, la vie quotidienne d'une femme. Une enfilade de gestes répétitifs exécutés rapidement et sans état d'âme.
Un jour, elle n'arrive plus à bouger sa main, ce qui complique singulièrement l'exécution de sa routine. Un premier grain de sable dans l'engrenage, qui sera suivi de plusieurs autres, chaque journée declinDessin.jpg apportant une nouvelle incapacité, qu'elle tente de circonvenir en enfilant des prothèses.
Cela donne lieu à des scènes efficaces et troublantes, comme ce ballet amoureux avec un manteau surmonté d'un ballon, ou cette périlleuse gymnastique avec des prothèses qui glissent et se dérobent sous elle.

Elle finit recroquevillée sous une minuscule table qu'elle porte sur son dos du bureau à la maison. Mélange de ses deux univers: désorganisation totale. Elle perce l'un des ballons qui sont descendus peu à peu du plafond au fil des scènes: il en coule du sable, non plus un seul grain mais une rivière de sable. Désespérant mais beau.

Rien n'est dit,  mais tout est vu et entendu, tout passe par le corps de l'artiste, utilisé de multiples façon. Un ensemble scénique cohérent et signifiant: noir et blanc, accessoires et prothèses, sorties du cadre. Et la musique, qui se déglingue parfois comme sa vie.

On peut lire un nombre infini de choses et de messages dans ce spectacle exceptionnel, poétique et fascinant: la solitude, l'absence de communication, les obligations que l'on s'impose à soi-même, le carcan que représentent les impératifs et les interdictions venues de toutes part, l'angoisse ambiante, le besoin de liberté...

"J'ai oublié de vivre" chantait Johnny Haliday...


"Et si tout ce qui était pris pour acquis devenait défaillant
Une femme, trop bien ancrée dans un carcan trop bien réglé,
Quand la vie devient contraintes,
La liberté, elle, devient urgence" (Vicky Côté)

 

Lire aussi la critique de Dario Larouche dans Voir

06/12/2010

Belles voix d'autrefois

lucMoniqueJanetteRed.jpgSamedi à l'émission Je l'ai vu à la radio (SRC, Première chaîne), il y avait Monique Leyrac et Luc Plamondon, deux amis de longue date (que l'on voit sur la photo avec Janette Bertrand, à l'émission Parler pour parler). On a fait entendre la chanteuse dans C'est ici que je veux vivre, paroles de Plamondon sur une musique de Villa-Lobos.

Mots simples et vrais, musique simple et vraie, émotion simple et vraie... Écoutez-là en cliquant ici (une fois sur le site de MusicMe, faites jouer la chanson en cliquant sur le curseur, à droite sous la pochette de disque): c'est magnifique.

L'un des premiers spectacles que j'ai couverts à l'auditorium Dufour comme journaliste culturelle était donné par Monique Leyrac (en 1970 ou 1973). J'y avais amené ma regrettée maman, qui l'aimait beaucoup. Robe blanche, léger décolleté, l'interprète m'a littéralement éblouie par sa voix, son répertoire (La Manikoutai...) , sa gestuelle, la chaleureuse maturité de sa quarantaine.MoniqueLeyrac2.jpg

En écoutant le parolier et la chanteuse (68 et 82 ans) discuter ensemble à la table de Franco Nuovo, j'ai pensé que des voix comme celle de Monique Leyrac, il n'y en a plus guère aujourd'hui. Dans le (bon vieux?) temps, les chanteuses (auteures ou non de leur textes et musiques) savaient interpréter une chanson et connaissaient l'importance de chanter juste et d'articuler clairement les paroles. Pauline Julien, Louise Forestier, Renée Claude, Fabienne Thibeault, Diane Dufresne, Clémence Desrochers (que j'ai entendue chanter la télé pas plus tard que samedi dernier) pour ne nommer que celles-là. Ajoutons Louise Portal, Isabelle Pierre, Ginette Reno et Renée Martel, pour faire bonne mesure. Sans parler des Lucille Dumont, Aglaé et autres Alys Roby, dont on se souvient à peine.

Aujourd'hui, voix ou pas, diction ou pas, justesse ou pas, les chanteuses montent sur scène et se lancent dans le showbiz en espérant devenir des vedettes. Marie-Mai, Annie Villeneuve, Coeur de Pirate, Stéphanie Lapointe nous servent souvent, avec une voix unidimensionnelle et une grande difficulté à tenir la note pendant plus d'une seconde, d'affligeantes approximations. Même Isabelle Boulay, dotée pourtant d'une fort belle voix, ne peut pas chanter n'importe quoi: je l'ai entendue chanter Marie-Noël (la chanson de Claude Gauthier) dimanche, et je n'ai pas trouvé ça très bon. Si vous voulez en juger, écoutez la vidéo:

Quelques exceptions: Catherine Major, Ariane Moffatt, et, dans une génération précédente, Lynda Lemay et surtout Luce Dufault, l'une des plus belles voix québécoises, qui s'est assumée pleinement comme interprète. 

Et Céline Dion, notre mégastar? Elle sait chanter, et fort bien, surtout en français. Mais ce n'est déjà plus une "jeune" chanteuse.

Je n'ai parlé que des femmes, mais j'aurais pu faire le même exercice pour les voix masculines. Je le ferai peut-être un jour, ou quelqu'un d'autre s'en chargera...

Pour être juste, j'ajoute que d'autres éléments se sont en revanche bien améliorés au fil du temps, notamment la qualité des arrangements et des enregistrements.

03/12/2010

La neige, le jardin, la Seine... Paris!

IMG_0700.JPGneigeParis.jpg

 

Il neige ces jours-ci sur la France  et sur Paris. En parallèle (et en contraste), deux photos prises au jardin des Tuileries, à quelques mois d'intervalle. Celle de gauche, je l'ai prise moi-même en octobre dernier et je l'ai déjà publiée ici. J'ai glané celle de droite sur le web ce matin,  (crédit: Henri Garat, mairie de Paris), mais je ne suis pas sûre qu'elle ait été prise si récemment.

 

Pour tourner le fer dans la plaie -des Parisiens- tout en me rappelant ce merveilleux voyage,  un petit film (ci-dessus) que j'ai tourné pendant une belle balade en bateau-mouche sur la Seine.

Et enfin, cette magnifique chanson de Francis Lemarque, interprétée par le -tout aussi magnifique- Yves Montand:

02/12/2010

Guignolée musicale

C'est aujourd'hui la grande Guignolée des médias. Récemment avant un concert, les musiciens de l'Orchestre symphonique de Montréal ont contribué à cet événement de belle façon, soit en jouant des airs de Noël et autres musiques traditionnelles dans le hall de la salle Wilfrid-Pelletier  tandis que le public était invité à donner généreusement pour les soupes populaires. Voici le petit film de l'événement, tourné par moi-même.

01/12/2010

Condom papal

Aujourd'hui 1er décembre, c'est la Journée mondiale du sida

 

robeCondom.jpg

(Tenue réalisée avec des condoms, il y en a plusieurs autres sur ce site)

Selon les médias, dans un nouvel ouvrage à paraître ces jours-ci, le pape Benoît XVI "ouvre la porte" à l'utilisation du condom dans certaines circonstances, notamment pour éviter de propager le sida et autres infections transmises sexuellement (dans ce passage).

 

Personnellement, ce que peut dire le pape m'indiffère totalement, et je ne souhaite qu'une chose, c'est que tout le monde réagisse de la même façon. Mais en tant qu'ancienne croyante devenue athée, j'ai essayé de comprendre la logique et les conséquences de cette supposée ouverture. Et voilà le résultat de mes cogitations.

L'acte sexuel n'est permis que dans un seul cas de figure: entre un homme et une femme mariés ensemble religieusement (le mariage civil entre deux baptisés n'est pas valide aux yeux de l'Église), sans préservatif, pilule ou quelque autre mécanisme contraceptif, le seul permis étant l'abstinence. Point final.

maillotCondoma.jpg

(De quoi donner une crise d'apoplexie au souverain pontife!)

Si vous êtes marié civilement, en union libre, homosexuel, divorcé et remarié, prostitué(e), si vous avez une liaison hors mariage, une aventure d'un soir, rien à faire: relation sexuelle égale péché mortel. Et utilisation du condom égale aussi péché mortel, même pour les couples mariés religieusement.

 

Et péché mortel égale enfer.

Et le condom? Si vous l'utilisez à des fins contraceptives, vous ajoutez pour ainsi dire l'insulte à l'injure et doublez le nombre de péchés mortels commis en une seule partie de jambes en l'air.  Si c'est pour vous protéger (vous et votre partenaire) des infections, alors là, peut-être que le pape le permettrait. Mais vous avez toujours commis au moins un péché mortel... celui de forniquer, qui vous conduira droit en enfer.

Un seul moyen pour éviter de passer l'éternité avec Lucifer et ses démons, toujours selon l'Église: se confesser. Alors si vous avez utilisé un préservatif, il vaut mieux avouer deux péchés, au cas où... "J'ai fait l'amour et j'ai utilisé un condom" (évitez surtout de préciser que vous y avez pris plaisir...). Et le tour est joué. Si vous faites pénitence et ne rechutez pas, vous irez peut-être au ciel.

D'ailleurs si on en croit ce que les médias ont rapporté, Monsieur le pape n'a évoqué que le cas des prostitués mâles. Pourquoi selon vous? Parce que de toute façon ils vivent dans le péché. Et surtout, parce qu'on ne peut pas les soupçonner d'utiliser le condom pour empêcher la famille...