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17/06/2008

Offrande musicale

pochetteJF.jpgMatériel abondant

J’ai tellement fait, vu et entendu de choses récemment que... je n’ai pas eu le temps d’écrire, et tout cela se bouscule dans ma tête au moment d’en parler ici. Alors ne paniquons pas et procédons par ordre. Je compte parler d’ici quelques semaines de restaurants à Montréal, d’expositions à Montréal et à Chicoutimi, de livres un peu partout, et de spectacles vus à Montréal au cours de la dernière semaine.
Les expositions sont pour la plupart actuellement en cours, et j’imagine que les restos vont rester là un bout de temps eux aussi, je commence donc par les spectacles, qui sont déjà choses du passé.
Jean-François Lapointe (ci-contre, la pochette du disque Chausson-Duparc qu'il a enregistré avec Analekta) a offert à Montréal l’un des rares récitals qu’il puisse donner, compte tenu des exigences de sa carrière à l’opéra. (Musicien polyvalent, il assume en outre la direction musicale de l'opérette La Belle Hélène, de Jacques Offenbach, qui sera présentée à Rimouski les 27, 28 et 29 juin prochains).

Invité par la Société musicale André-Turp pour son dernier concert de la saison, le baryton a proposé un programme en deux parties contrastées.

Mélodie française

Grand spécialiste de la mélodie française, possédant l’art et la science de la scène, il sait comment insuffler un supplément de vie à chaque pièce, grave ou joyeuse, par une expression du visage, un geste de la main, quelques pas, un sourire, en jouant avec maîtrise de sa voix au timbre très typé.
L’auditorium  de la Grande Bibliothèque, à Montréal, était l’écrin idéal pour ce petit bijou de concert qu’il a offert avec l’excellente pianiste Louise-Andrée Baril, une complice de longue date avec laquelle il dialogue du début à la fin. Le critique de La Presse Claude Gingras a fait l'éloge de l'artiste et de son récital.
Verlaine.jpg En première partie, les Chansons grises, poèmes de Verlaine (à gauche, un portrait du poète peint par Frédéric Bazille) mis en musique par Reynaldo Hahn: les images sombres (automne, sanglots longs, vent mauvais, feuille morte) alternent avec des évocations de l’amour idéalisé (ciel divin, sens extasiés, vaste et tendre apaisement, heure exquise), dans ce cycle comme dans les quatre mélodies de Duparc (sur des textes d’autres poètes) qui suivent.

Souffle et nuances
La mélodie de l’un et de l’autre se marie aux nuances du texte, respire au rythme du sens, accueille volontiers les silences, alterne le fort et l’à peine audible. Le baryton saguenéen (ou jeannois, puisqu’il est natif d’Hébertville au Lac-Saint-Jean), manie le souffle, le cri, le murmure, les syllabes qui meurent et celles qui éclatent, son phrasé  épouse parfaitement les méandres de ces chants d’amour, de désespoir, de feuilles vert tendre: comme une offrande, la beauté.
Paillardises
La deuxième partie du récital se présente comme la vision inversée, l’autre versant du même sujet: l’amour. Au romantisme exacerbé succèdent des propos égrillards et joyeux, d’abord avec les Chansons gaillardes de Francis Poulenc (sur des textes anonymes du 17e siècle), où il est question de maîtresse volage, de pucelle et de chandelle, de fille sans tétons, de couplets bachiques et autres badineries : autant de  propos politiquement incorrects et de musique vive servis avec la légèreté coquine et l’agilité vocale qui conviennent.
Continuant à déployer un véritable talent de fantaisiste, le chanteur offre en conclusion la Fantaisie dans tous les tons de Lionel Daunais, qu’il a chantée à Alma il y a quelques années. Virtuosité du verbe et de la voix (sans oublier celle du clavier!) sont au rendez-vous pour rendre la couleur et le style de chaque courte pièce:  jazz, chanson française, mélopée, madrigal. Le baryton sourit à la fin de chacune, confirmant la belle complicité qu’il a su établir avec son public.petNavire.jpg

En rappel, Jean-François Lapointe interprète La légende du petit navire, d’Edmond Missa, une version absolument fabuleuse de la chanson traditionnelle Il était un petit navire, qui se termine sur la dernière syllabe, chantée très haut, du mot

paradis!!!

 

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