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12/06/2008

Grande Butterfly

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Bref et intense séjour à Montréal en fin de semaine dernière. Incroyable le nombre de choses qu’on peut faire en un si court laps de temps à “l’étranger”, par comparaison avec nos activités en temps normal, à la maison.
En premier lieu, but principal de ce voyage, Madama Butterfly, à l’Opéra de Montréal. Probablement la meilleure production que j’aie vue dans cette salle (même si j’ai un bon souvenir de Jenufa,  Ariane à Naxos et La Veuve joyeuse). J’ai déjà vu cette oeuvre à Québec et à Montréal, mais cette production est exceptionnelle, notamment grâce à l’interprète principale. Ce n’est pas tous les jours qu’on a une Butterfly chantée par une interprète japonaise. Mais son origine n’est pas - loin de là - la seule qualité de Hiromi Omura, une soprano extraordinaire, qui assume totalement la culture opératique européenne, mais qui sait aussi mettre subtilement en valeur son héritage ancestral, ce qui confère du poids et de la valeur à sa prestation.
C’était la dernière représentation samedi soir (7 juin) à Wilfrid-Pelletier, et l’ovation finale à son endroit a duré une bonne quinzaine de minutes.
Par ailleurs: très belle mise en scène, totalement respectueuse de l’oeuvre, non seulement une tragédie de l’amour, mais aussi une dure critique envers les colonisateurs américains, et, plus largement, envers la pratique même du colonialisme. Butterfly est totalement dominée par un Pinkerton inconscient de ce qu’il fait, du drame qu’il provoque en l’épousant puis en la quittant. La marier est un jeu qu’il regrettera peut-être plus tard, mais néanmoins, il considère que sa véritable épouse, c’est l’Américaine. Et il se croit en droit de venir réclamer son fils  à Butterfly.
Curieux effet: quand Hiromi Omura et Richard Troxell, qui incarnent Butterfly et Pinkerton, s’embrassent après la représentation sous les applaudissements de la foule, une idée vient spontanément à tous les spectateurs: c’est trop tard! Genre il aurait dû faire cela avant, pendant l’opéra, pour éviter la fin terrible de Cio-Cio-San. Très bizarre cette collision entre l’imaginaire et le réel.

Comme décor (très peu visible sur la photo ci-haut, que j’ai prise moi-même), un grand plancher de bois laqué, posé sur une eau dont le fond est bleu, forme une croix dont les bras se perdent dans les ouvertures des murs,  panneaux de tissu et de bois qui s’ouvrent se ferment, s’éclairent ou s’assombrissent, simulant une infinité de portes, utilisées ou non par les chanteurs. Merveilleux jeux de lumière qui découpent les visages et allument le ciel, les étoiles, la lune, les fleurs. Les serviteurs: personnages insolites et quasi transparents, au visage à demi couvert d’un bandage, comme des être brisés en cours de réparation...  Tons de rouge et subtil geste prémonitoire quand elle mime la façon dont on épingle les papillons.
Sans oublier l’excellente direction musicale de Yannick Nézet-Séguin, parfaitement à l’aise avec la scène comme avec la fosse, dans laquelle son Orchestre Métropolitain sonne fort bien.

Bref, une réussite totale.

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