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05/10/2006

Bon Cheech, bad Cheech

medium_CheechAffi.2.jpegC'est rare que j'assiste à la première médiatique d'un film. C'était rare aussi au moment où je travaillais, puisque nous avions droit aux projections de presse, en général le matin, devant quatre ou cinq personnes. Il m'est même arrivé d'être seule dans la salle.
Mais la semaine dernière, j'ai pu assister à la première du film Cheech, medium_fletourn.jpeginvitée par une amie qui est la mère de François Létourneau (photo ci-contre), auteur de la pièce Cheech et scénariste du film où il joue également un rôle.
J'ai beaucoup aimé Cheech: la proposition sort de l'ordinaire et montre des gens doublement aliénés: par leur milieu de travail, celui des agences d'escorte, des petits truands, et par des problèmes psychologiques: tous les personnages sont déprimés, suicidaires, mal dans leur peau et traînent avec eux des bibittes que l'on découvre au fil de leurs "aventures". Ils sont déjà à la dérive quand le film commence - on ne sait pas pourquoi d'ailleurs -, mais il se produit un événement, la disparition du «book» comprenant les photos et les références des filles de l'agence, qui les pousse dans leurs derniers retranchements. Il y aura des rencontres fortuites, des soupçons, un suicide, un meurtre, des poursuites. Chaque personnage est profondément mal dans sa peau: le timide qui engage une prostituée, celle qui veut grimper dans l'échelle de la prostitution, celui qui veut sauver son amie suicidaire, et l'impayable Ron, incarné d'excellente façon par Patrice Robitaille, qui suit des leçons d'anglais pour soigner sa dépression.
On passe de l'une à l'autre de ces histoires sans problème, tous les comédiens sont bons, Montréal est filmé de superbe façon, en fait, on ne reconnaît pas la ville, glauque, sombre, en hiver, tout est filmé en gros plan, bref c'est bien fait, troublant, comique à l'occasion.
C'est un premier film pour le réalisateur Patrice Sauvé, qui n'a pas pu éviter quelques petites maladresses (personnages sans passé, unidimensionnels, fin trop formelle et appuyée).
Intéressant justement en ce qu'il transgresse de plusieurs les codes habituels du cinéma, le film déstabilise le le spectateur et l'entraîne dans des avenues inattendues.
Sans doute pas un film grand public, comme Bon cop, bad cop ou Séraphin, Cheech devrait séduira plutôt une frange -importante ou non, on verra bien- parmi les curieux qui ont l'esprit ouvert aux nouvelles propositions, parmi ceux qui ont aimé la pièce (que je n'ai pas vue), parmi ceux (c'est mon cas) qui ont aimé Québec-Montréal, et de façon plus générale, parmi ceux qui apprécient le cinéma québécois (car c'est très, très québécois).

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