02/05/2017
Boire et voir
Découvrir et déguster un excellent cabernet sauvignon du Sud-Ouest de la France, au goût charmeur et au taux d'alcool aussi raisonnable que son prix (12!)
Deux jours après, le retrouver sur un immense panneau publicitaire, non loin de chez moi.
J'en fus très étonnée car les publicités de ce genre, surtout faisant la promotion d'un vin, sont plutôt rares à Jonquière.
Plantée non pas au bord d'une autoroute, mais le long de la rue Saint-Dominique, étroite artère principale qui traverse la ville.
Comme ceci:
D'autant plus incongru qu'un autre panneau, juste à côté, fait la promotion d'une boisson d'un tout autre genre, et destinée à un tout autre public!
19/04/2017
Marie-Ève Munger: retour aux sources
Complètement sous le charme. Je suis rentrée comblée, émerveillée, après le superbe récital donné ce jeudi 13 avril par la soprano colorature Marie-Ève Munger à Jonquière.
Éblouissante, magnifique, une voix souple, agile, un timbre exquis, des prouesses vocales incroyables. Intensité dramatique par moments, légèreté à d'autres. Une première partie consacrée à des pièces qui l'ont incitée à entreprendre et poursuivre des études en chant classique, ainsi qu'elle les a présentées. Sérénades de R. Strauss et Schubert, Ave Maria de Schubert, Rejoice du Messie, une mélodie de Rachmaninov (très rare, un bijou!), et une valse: Il bacio (Le baiser), de Luigi Arditi.
Sa venue dans sa ville natale soulignait les 30 ans de Jeunesse en choeur la chorale fondée par sa mère Gisèle Munger, avec laquelle elle a fait ses débuts.
Gisèle a donc dirigé l'ensemble, formé d'enfants et d'adultes, pour l'interprétation de quelques airs, entre autres Vois sur ton chemin et Un ami dans la vie: c'était agréable et touchant.
La pianiste Louise-Andrée Baril, que tous les chanteurs s'arrachent, a fait merveille, soutenant, prenant la relève, dialoguant avec Marie-Ève: complicité extraordinaire entre ces deux interprètes unissant talent et expérience. Madame Baril a par ailleurs accompagné les choristes avec grâce et empathie.
En deuxième partie, les extraits des opéras Lakmé et Roméo et Juliette ont permis, si ce n'était déjà fait, de savourer l'immense savoir-faire et les incroyables ressources vocales et dramatiques de Marie-Ève Munger. Après une interprétation fabuleuse de l'aria Je veux vivre, elle a offert, en rappel, son grand succès: la chanson d'Olympia (extrait des Contes d'Hoffmann), extraordinaire performance que je ne me lasse jamais d'entendre chaque fois que j'assiste à un de ses concerts.
Tout s'est déroulé simplement et naturellement, et les nombreuses personnes qui étaient à la salle Pierrette-Gaudreault ont toutes, je crois, compris et apprécié cette chance que nous avions d'entendre une enfant de la région qui est applaudie sur les grandes scènes du monde.
09/05/2016
Splendeurs et misères*
En passant sur la rue de Montfort à Jonquière (intersection Notre-Dame), j'ai eu l'idée de prendre quelques photos de l'église Notre-Dame-de-Fatima. Celle-ci est au coeur d'un débat qui dure depuis plusieurs années à Saguenay. Annoncée à plusieurs reprises, sa démolition n'a toujours pas eu lieu.
Inauguré en 1962, ce temple catholique d'une indéniable valeur patrimoniale témoigne d'un courant architectural important des années 60. Ses concepteurs, les architectes saguenéens Léonce Desgagné et Paul-Marie Côté, "sont reconnus pour leur apport innovateur à l'architecture québécoise".
Pendant que l'on discute de leur sort, l'église et son presbytère pourrissent sur pied, pour ainsi dire. Les ravages du temps sont bien visibles sur les parois de ce bel édifice, dont la silhouette évoque la forme d'un tipi. (Tout comme celle de l'église Saint-Raphaël, érigée aussi à Jonquière, en 1956).
Des élus et des groupes de citoyens luttent pour la préservation de Notre-Dame-de Fatima. Mais comment financer le maintien d'un bâtiment aussi imposant, qui, ayant perdu sa vocation première faute de clients, n'a plus d'utilité évidente.
C'est le cas de bien des églises du Québec, construites avec faste au temps où les foules les fréquentaient. Menacés par les potentats religieux de brûler en enfer pour l'éternité s'ils n'allaient pas à la messe du dimanche, contraints de donner à la quête hebdomadaire, de verser la dîme, de payer pour leurs mariages, baptêmes, funérailles, les paroissiens faisaient vivre leur église et tout le personnel, ecclésiastique et séculier, nécessaire à son fonctionnement.
Que faire, donc, de ces temples abandonnés? Des transformations et changements de vocation sont possibles. On peut les convertir en condos, en salles de spectacle, en immeubles à vocation commerciale ou communautaire. À condition qu'un réel besoin existe pour ces nouveaux lieux.
Il faut surtout de l'argent, beaucoup d'argent. Où le trouver?
Il faut aussi des leaders influents, capables de mener une action cohérente, et des communautés à l'esprit ouvert, en mesure de bien mesurer tous les enjeux. Cela a été fait dans certains cas, mais bien souvent, on laisse se délabrer ces joyaux du patrimoine, jusqu'à ce qu'ils deviennent dangereux pour tous ceux qui passent à proximité, de sorte qu'on doit les abattre.
Quel sera le sort de Notre-Dame-de-Fatima?
La question fut récemment posée avec véhémence par le citoyen de Saint-Ambroise Rosaire Gagnon, qui signait, dans Le Devoir, un texte d'opinion intitulé Le "viol artistique" de Notre-Dame-de-Fatima, à Jonquière.
Voici comment l'édifice est décrit sur le site des lieux patrimoniaux du Canada: (cliquer sur ce lien pour en apprendre davantage):
"L'église de Notre-Dame-de-Fatima figure parmi les premières églises à plan centré dans la région. Ainsi, elle est à l'opposé des formes conventionnelles de l'architecture religieuse. Son caractère sculptural évoquant un tipi, son absence de fenêtres et d'ornements, l'aménagement du choeur et de la nef en un seul volume lui confèrent un aspect distinctif par rapport aux églises traditionnelles."
(...)
"Les éléments clés de l'église de Notre-Dame-de-Fatima liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan centré composé de deux demi-cônes décalés l'un par rapport à l'autre, un de ceux-ci se prolongeant en une flèche surmontée d'une croix, ainsi que les larges marquises au-dessus des deux entrées;
- ses matériaux, dont la structure en béton recouvert de crépi blanc;
- ses ouvertures, dont les deux larges bandeaux de verre verticaux occupant le vide créé par le décalage des deux demi-cônes, le portail d'entrée composé de trois portes vitrées encastrées dans une large fenêtre, ainsi que la porte vitrée arrière également encastrée dans une fenêtre."
__________
*Le titre de ce billet est emprunté à celui d'un roman de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes! Je l'ai choisi de préférence à l'expression "grandeur et misère", utilisée beaucoup plus souvent et inspirée de cette pensée de Pascal: "La grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable".
11/11/2015
Dans le boisé, l'hommage
Le 11 novembre 1918 fut signé l'armistice qui marquait la fin de la Première Guerre mondiale (1914-1918). On rappelle l'événement chaque année à cette date, on l'appelle maintenant Jour du Souvenir. et son symbole est le coquelicot. Un peu partout, des cérémonies soulignent l'événement et rendent un hommage aux morts et à tous les combattants de cette guerre.
Au cours d'une promenade à Jonquière l'été dernier, j'ai trouvé ce modeste monument:
Voici ce qu'on peut lire sur la plaque commémorative:
Un hommage donc aux Jonquiérois morts dans l'une des deux grandes guerres, érigé par la Cité de Jonquière en 1964, bien longtemps donc avant la fusion municipale de 2002.
Je l'ai découverte tout à fait par hasard, alors que ma curiosité m'avait amenée à marcher près de mon vélo pour aller voir le début d'un sentier, sur la rue du Long Sault, justement située dans le quartier des Vétérans.
C'est l'un des sentiers qui sillonnent le Boisé du Collège, aménagé sur les terres du Cégep de Jonquière.
Enfin pour souligner ce jour, voici (en traduction française, cliquer sur la vignette à droite pour voir le texte original) le poème du médecin militaire canadien John McCrae qui a inspiré la tradition du coquelicot, encore très suivie au Canada et en Grande-Bretagne.
Au champ d’honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix
et dans l’espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.
Nous sommes morts
Nous qui songions la veille encor’
À nos parents, à nos amis,
C’est nous qui reposons ici
Au champ d’honneur.
À vous jeunes désabusés
À vous de porter l'oriflamme
Et de garder au fond de l'âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d'honneur.
14/10/2015
Corps de ballet
Sergei Polunin et Svetlana Zakharova dans Giselle
En plus des opéras du Metropolitan, présentés depuis dix ans, le cinéma Jonquière vient d'ajouter de la danse à sa programmation. Des ballets filmés au Royal Opera House de Londres et au théâtre Bolchoï de Moscou sont projetés certains dimanches en après-midi. (Le programme est ici).
Comme cet art que j'apprécie est plutôt rare sur nos scènes, je me suis réjouie de pouvoir y accéder sur un grand écran près de chez moi. Les médias québécois n'en ont guère parlé...
Après en avoir vu deux (Roméo et Juliette, du ROH, et Giselle, du Bolchoï ), je puis dire que l'expérience est totalement différente de celle de l'opéra.
Visuellement, d'abord. Au ballet, les danseurs-acteurs sont jeunes, minces, bien faits. Les femmes, filiformes, ont des seins minuscules.
Les rondeurs, ce sont plutôt celles des hommes: fesses et sexe bien emballés dans un tissu élastique serré qui les met en valeur, muscles proéminents et mobiles des mollets, des cuisses, des épaules.
Les spectateurs qui fréquentent ce royaume de la poitrine plate et de la fesse rebondie apprécient particulièrement l'exploit physique. Dans la salle dorée du Bolchoï, il applaudissent la moindre série de pointes, de sauts ou d'entrechats, ce qui est un peu agaçant pour ceux qui voient le spectacle dans une salle de cinéma. (À l'opéra, on applaudit rarement en cours de représentation, sauf pour quelques grandes arias).
Sarah Lamb et Steven McRae dans Roméo et Juliette
Esthétiquement ensuite. Le visage des danseurs est très expressif, parfois un peu trop car ils doivent compenser l'absence de parole ou de texte par des mimiques très appuyées. Il est par conséquent difficile d'adhérer à leurs sentiments, d'autant plus que la trame narrative (du moins dans le cas de Roméo et de Giselle) est peu vraisemblable.
Je suis donc restée là, appréciant les mouvements d'ensemble, la grâce des gestes, les exploits acrobatiques, la musique aussi, mais distante, sans véritable émotion. Comme je peux en éprouver à l'opéra, quand la voix vibre et soulève en moi un écho humain.
Ces deux ballets filmés ressemblaient par moments à de vieilles choses fantomatiques et glacées.(1)
Il leur manque quelque chose, quelque chose comme... la vie.
Notes
PS(1) Je pourrais éventuellement changer d'avis ou modifier ma perception, par exemple en assistant à des projections de ballets plus modernes.
PS(2) Il m'a semblé dimanche dernier que Svetlana Zakharova, la danseuse étoile du Bolchoï qui interprétait Giselle, manquait un peu d'équilibre: ses jambes vacillaient parfois après des pointes ou un déplacement latéral. Elle a carrément chuté une fois, se relevant aussitôt de sorte que l'événement fut vite oublié. Mais c'était troublant...
03/10/2014
Con, cave... concave
Dernière oeuvre de Karol Proulx cueillie au fil de mes promenades à vélo. Pas de métal dans celle-ci, installée dans un parc près de la polyvalente de Kénogami. Une sorte de mur de maçonnerie, que l'on ne remarque pas si on ne fait pas attention.
Un petit air de ruine, aussi, comme le mur d'un édifice qui serait seul resté debout après un bombardement, un tremblement de terre ou simplement le passage du temps.
Mais quand on l'observe sous tous ses angles, on constate deux choses: ce mur est double, et ses deux parties sont courbées vers l'extérieur.
Au centre, là où les deux parties sont apposées l'une contre l'autre, il y a un trou, une ouverture circulaire qui passe de part en part, et par laquelle on peut apercevoir ce qui se trouve de l'autre côté.
Tout cela nous ramène au titre de l'oeuvre: "Ballon-cave". Tellement riche que je ne peux ici qu'en citer quelques possibilités, reliées aux multiples sens du mot "cave". Comme adjectif, assez rarement utilisé, il signifie creux, comme dans joues caves ou surtout veines caves: nous en avons deux, qui transportent le sang des organes vers le coeur.
Beaucoup plus répandu, l'adjectif concave signifie un peu la même chose, arrondi vers l'intérieur, arrondi en creux, par opposition à convexe, rond comme... un ballon.
Le ballon du titre est-il creux ou rond? Celui avec lequel on joue (ou jouait) sur ce terrain est convexe, et pourrait théoriquement passer par cette ouverture.
Cave, donc, c'est creux, enfoncé, mais aussi sombre, comme la cave (cette fois on passe au nom), la cave à vin, ou encore le sous-sol d'une maison ou d'un édifice. Antre mystérieux et inquiétant où se passent des choses étranges.
Un autre sens: au poker, la cave désigne la pile de jetons ou la somme d'argent dont dispose chaque joueur pour payer ses enjeux.
Pour terminer, revenons à l'adjectif. Quelqu'un qui est cave... n'est pas très brillant!
Une oeuvre fort intéressante, donc, qui permet de jouer avec tous les possibles de la langue et du ballon.
28/09/2014
Karol Proulx: fenêtre et rivière
Voici ma préférée parmi les oeuvres d'art public de Karol Proulx que j'ai photographiées. Les photos de cette page ont été prises à Jonquière au cours des deux années précédentes, lors de balades à vélo le long de la rivière aux Sables.
Ma préférée à cause de sa subtile intégration dans le paysage où elle est installée. Ses angles droits et la massivité des matériaux contrastent avec le vert tendre du gazon, les courbes gracieuses de la rivière, et la légèreté de l'eau.
En même temps elle propose au visiteur un cadre précis, un angle sous lequel il peut regarder ce paysage bucolique et urbain, comme dans le viseur d'un appareil photo. Par le fait même, elle lui offre l'occasion de le percevoir autrement.
Une fenêtre sur la rivière, c'est son titre. C'est exactement ça, nul besoin d'explications ni de savantes analyses: c'est clair comme l'eau de la rivière.
C'est zen, simple et beau.
Comme dirait Baudelaire, dans ce vers que je cite souvent:
"Je ne vois qu'infini par toutes les fenêtres"
04/02/2014
Une revue, des créateurs, des trésors
(Ozias Leduc: portrait de Florence Bindoff, 1931-1935. © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)
Ne vous attardez pas au titre, qui peut paraître rébarbatif. Courez au CNE de Jonquière pour voir l'exposition Vers un renouveau artistique autour de la revue Le Nigog, 1918, présentée jusqu'au 20 avril. Vous serez mis en présence de plusieurs grandes oeuvres, et de quelques chefs-d'oeuvre de l'art québécois.
Le titre désigne le fil conducteur qui a présidé au choix de ces oeuvres: essentiellement, il s'agit d'artistes présentés (sous un jour favorable) par le magazine mensuel Le Nigog, fondé en 1918 et qui dut fermer après la publication de 12 numéros.
(Napoléon Bourassa, Les petits pêcheurs, vers 1865. © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)
C'est peu de dire que cette revue "moderniste", qui voulait éveiller l'intérêt et stimuler la curiosité des lecteurs envers la littérature et l'art contemporain fut mal accueillie:
"Proclamant la primauté de la forme sur le sujet comme condition d'un art universel, les rédacteurs en chef se font immédiatement des ennemis. Les régionalistes sont horrifiés : la revendication du formalisme détruit la sérénité avec laquelle ils avaient appuyé la pensée de la société conformiste."
Les toiles et sculptures de ces artistes modernes pour l'époque (début du 20e siècle) ont longtemps dormi dans les voûtes du Musée national des Beaux-Arts du Québec, qui a préparé cette superbe exposition itinérante. Certaines d'entre elles furent très difficiles à retrouver, m'a expliqué le guide qui m'a accueillie au CNE, ajoutant que plusieurs d'entre elles sont montrées au public pour la première fois.
Pas difficile aujourd'hui, en visitant l'exposition, de comprendre pourquoi le nom de leurs créateurs est parvenu jusqu'à nous: ce sont des artistes sérieux, épris de liberté, capables de réflexion et techniquement sûrs d'eux-mêmes. On n'en est pas encore à l'abstraction, mais on peut observer sur leurs toiles des signes (choix des couleurs, attitudes et expression des sujets, perspective, construction) de leur éveil et de leur aspiration à sortir du cadre institutionnel et traditionnel.
(John Lyman: Corinne, 1919. © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)
(Adrien Hébert: Léo-Paul Morin, 1922. © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)
Du titre de l'exposition, il faut somme toute retenir les mots "renouveau artistique". Et se rappeler que des gens, les rédacteurs du Nigog dans ce cas, ont travaillé fort et affronté les préjugés pour faire progresser la pensée de leur temps.
(Charles W. Simpson: Falaise de Gaspé © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)
Ce sont les portraits que j'ai le plus aimés dans cette exposition. Ceux que je présente sur cette page: l'énigmatique Florence Bindoff par Ozias Leduc, l'impertinente Corinne de John Lyman, et le pensif Léo-Paul Morin, par Adrien Hébert, un peintre que j'aime beaucoup, dont l'exposition présente aussi les magnifiques Élévateurs à grains du port de Montréal.
Et aussi Le vieux paysan canadien français de Suzor-Côté et le joueur d'échecs de Charles Gill (le tableau s'intitule Le problème d'échecs).
En entrant dans la salle, on peut admirer Le pêcheur à la nigogue, reproduction à l'échelle d'une sculpture de Louis-Philippe Hébert installée sur la façade du Parlement de Québec. Une nigogue, ou un nigog comme le titre de la revue, est le harpon traditionnel des amérindiens.
25/09/2013
Fusion musicale
Une sonate de Brahms merveilleusement jouée par le jeune violoncelliste Stéphane Tétreault et le pianiste Chen Zhengyu. Au deuxième mouvement (qu'on entend sur la vidéo, par Stéphane Tétreault et un autre pianiste), je remarque que le thème, joué d'abord de façon sautillante avec des notes détachées et attaquées (spiccato peut-être), est repris ensuite legato, sur des notes égales et liées entre elles. Sans doute que bien d'autres compositeurs ont utilisé ce genre de variation mais là, il m'éblouit soudain, et à chaque reprise, j'admire le contraste saisissant entre ces deux styles, qui donnent une ambiance totalement différente à la même ligne mélodique: d'abord joyeux, alerte et dansant, et ensuite langoureux et romantique.
Ce concert tout entier, présenté dimanche dernier par les Jeunesses musicales à la salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière, était d'ailleurs un pur joyau. J'avais vu le violoncelliste jouer à Laterrière l'an passé (voir mon billet ici). Il était déjà excellent mais depuis, il a progressé de façon remarquable, me semble-t-il. Beaucoup plus à l'aise, il fusionne davantage avec son instrument (un Stradivarius de 1707, prêté par Jacqueline Desmarais). Il joue avec tout son corps, comme dans un pas de deux, son visage est expressif, parfois extatique, comme s'il était submergé par la beauté de ce qu'il joue.
Mais il n'oublie rien: ni les notes de ses partitions dont certaines sont d'une difficulté extrême (il joue tout de mémoire), ni le rythme (infernal à certains moments), ni la technique. Il possède tout ça à merveille. Bach, Haydn, Schubert, Saint-Saëns et Tchaïkovski sont au programme, et en rappel, la très belle Méditation de Thaïs, de Massenet.
Le pianiste est tout aussi expérimenté et talentueux. La connivence entre les deux musiciens est parfaite, c'est merveilleux de les voir et de les entendre, totalement concentrés et engagés dans leur jeu, un plaisir partagé par l'auditoire qui remplit presque tous les sièges.
18/09/2012
Rivière en deux temps
Je n'ai pas beaucoup d'inspiration pour écrire, ces jours-ci. En revanche, les photos s'accumulent dans mon ordi.
Une image vaut mille mots, dit-on. Et combien valent deux, trois images? Le double, le triple?
Voici donc quelques-unes de ces images, soit deux vues très différentes de la rivière aux Sables. Ci-dessus, toute calme, près de la rue du Vieux Pont .
Et là, tumultueuse et bouillonnante, en rapides dans le secteur de Cepal. On y tient d'ailleurs régulièrement des compétitions de kayak en eau vive.
Pour terminer, je reviens à la partie calme, avec ce chardon que j'ai pris en gros plan, suivi d'un très court, très beau et très mélancolique poème de Verlaine:
L'ombre des arbres dans la rivière embrumée
Meurt comme de la fumée,
Tandis qu'en l'air, parmi les ramures réelles,
Se plaignent les tourterelles.
Combien, ô voyageur, ce paysage blême
Te mira blême toi-même,
Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées
Tes espérances noyées !