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07/09/2012

Séculaire et magnifique

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D'abord je ne l'ai pas vu. J'ai plutôt aperçu un panneau d'interprétation et je me suis arrêtée pour le lire. Où est-il, ce vieux pin, me suis-je demandé? Et puis il a frappé mon regard. Imposant et serein, il était bien là, de l'autre côté de la magnifique piste cyclable aménagée le long de la rivière aux Sables, entre place Nikitoutagan et Cépal.

Donc, ce vieux pin blanc solitaire, ai-je appris, est un survivant qui a résisté à tout: coupe forestière, maladies, sécheresse, incendies. Né il y a quelques siècles, ce majestueux témoin du passé semble en bonne santé. Pour les Iroquois, le pin banc d'Amérique est l'Arbre de la Paix.

Un de ces trésors qu'on ne remarque guère quand on circule à vélo, car il est dangereux de lever les yeux trop longtemps...

Voici le texte qui accompagne ce veilleur solitaire (cliquez pour l'agrandir et pouvoir le lire):

vieux pin, Cépal, Jonquière

Un petit poème, avec ça? Ils sont innombrables, et de tous genres. Les romantiques en particulier, aimaient bien se réfugier dans la forêt pour y abriter leurs tourments.

 

Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme!

a écrit Victor Hugo.

 

Mais je préfère celui-ci, puisqu'il cite nommément le grand pin, du poète allemand Heinrich Heine:

Un grand pin est debout, solitaire,
Dans le Nord, sur un sommet nu.
Il dort ; d’un manteau blanc
De neige et de glace, il est couvert.

Il rêve d’une palme,
Là-bas, dans le lointain Orient,
Silencieuse et solitaire,
Triste sur son rocher brûlant.


Il y a les images aussi, puisque les peintres et les arbres s'entendent bien. J'ai cherché chez Marc-Aurèle Fortin, qui a bien peint des pins, mais surtout des pins parasols, tout comme celui-ci, absolument magnifique, de Paul Cézanne, avec lequel je termine ce billet:

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01/09/2012

Ah! la lune...

Les étoiles et la lune me fascinent. J'ai maintes fois tenté de photographier cette dernière... avec des résultats décevants la plupart du temps. Quand elle brille et se détache sur le ciel noir, c'est particulièrement difficile, sinon impossible d'en obtenir une image claire et fidèle.

Mes meilleures photos de la lune, les voici. Je les ai prises récemment à la brunante, sur le mont Jacob, avec mon petit Canon.

lune,mont jacob,jonquière,cne

L'astre est un peu pâle, mais enfin, il est là.

Cette autre photo montre aussi les lumières de la ville de Jonquière au loin:

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Et enfin avec la croix du mont Jacob, sur laquelle je n'ai malheureusement trouvé aucune information:

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Je ne suis pas la seule à être fascinée par la lune. Les poètes lui ont dédié nombre d'écrits. Il y a le célèbre Clair de lune, de Victor Hugo (cliquez sur le titre pour le lire en entier) qui commence ainsi: "La lune était sereine et jouait sur les flots", ainsi que la très longue et très belle Ballade à la lune d'Alfred de Musset.

Je préfère vous citer un court et excellent texte de Goethe (même si c'est en traduction):

A la pleine lune qui se levait

Veux-tu sitôt m’abandonner ?
Tu étais si près tout à l'heure !
Des masses de nuages t'obscurcissent, ,
Et maintenant te voilà disparue.

Tu sens toutefois quelle est ma tristesse,
Ton bord surgit comme une étoile !
Tu m'attestes que je suis aimé,
Si loin de moi que soient mes amours.

Poursuis donc ta course ! Epands ta clarté
Au ciel pur, dans tout son éclat!
Bien que mon cœur souffrant batte plus vite,
Bienheureuse est cette nuit !

 

Sans oublier La Lune d'automne, une belle chanson de Michel Rivard, que vous pouvez écouter en cliquant sur cette image:

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11/08/2012

Orgue, plaisir et transcriptions

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J'étais jeune, j'habitais chez mes parents, et nous venions juste d'avoir la télévision. Outre Pépinot et Ivanhoé, nous écoutions religieusement en famille l'émission  Alfred Hitchcock présente. Le thème musical, remarquable, collait parfaitement à la physionomie, à l'humour, au style du bonhomme. (Vous pouvez voir l'intro de l'émission et entendre le thème en cliquant sur l'image ci-dessus).

Mais je ne savais pas alors qu'il s'agissait d'une pièce composée par Charles Gounod et intitulée Marche funèbre d'une marionnette. (Cliquez ici pour entendre l'oeuvre originale, jouée par le pianiste Marc-André Hamelin).

Je l'ai appris mardi dernier, grâce à l'organiste Régis Rousseau, qui donnait le premier concert de la série estivale à l'église Saint-Dominique de Jonquière. Il avait intitulé son programme L'orgue orchestre, L'art de la transcription.

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Donc, outre cette sympathique et ironique Marche funèbre (Gounod voulait se moquer du style pompeux des marches funèbres), l'organiste a joué l'Adagio pour cordes de Samuel Barber, le Choeur des pèlerins de l'opéra Tannhaüser (transcription de Franz Liszt) et deux préludes de Chopin (également transcrits par Liszt).
Ainsi que trois extraits du ballet Casse-noisette, tout à fait réussis. Peut-être les meilleurs moments du concert, où les jeux de l'orgue (trompettes, flûtes, cloches) et le rythme alerte sonnaient exactement comme l'orchestration de Tchaïkovski.

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Il a a terminé la soirée par la célèbre marche ("Pomp and circumstances") du compositeur britannique Edward Elgar, que l'on a beaucoup entendue récemment lors du Jubilé de la Reine et pendant les Jeux Olympiques de Londres. (Cliquez sur la photo de Sir Edward pour le voir diriger lui-même son oeuvre).

C'était agréable, léger bien que pas nécessairement facile techniquement. On reconnaissait les airs, des souvenirs remontaient... Voilà, la musique, ça peut être complexe et profond, mais ça peut aussi être très simple et direct. Les auditeurs, fort nombreux, ont semblé apprécier ce choix.

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Notes:

1 - Sur le programme remis à l'entrée, la durée de chaque pièce était indiquée. J'ai trouvé ça génial!
2 - Seule pièce originale pour orgue: la Sonatine en mi bémol de François Brassard (titulaire à St-Dominique de 1930 à 1971), que Régis Rousseau avait jouée il y a deux ans sur l'orgue de la cathédrale de Chicoutimi, lors du concert avec le ténor Marc Hervieux.
3 - Le musicien retrouvait le Casavant de l'église St-Dominique, dont il a été titulaire il y a 25 ans après ses études au Conservatoire de Chicoutimi (dont il est aujourd'hui le directeur).  Il a dû cependant refaire connaissance avec l'instrument (32 jeux, 2023 tuyaux, 3 claviers), qui a été restauré et amélioré depuis ce temps.
4 - Régis Rousseau (intéressante interview avec lui dans Le Devoir) a aussi été organiste titulaire à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, à Montréal où il a fondé le Festival Orgue et couleurs.

19/10/2011

L'opéra du samedi

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(Anna Netrebko et Ekaterina Gubanova)

J'ai été très heureuse de retrouver mon opéra du samedi, il y a quelques jours. Autrefois, mon père écoutait les retransmissions du Met à la radio, le samedi après-midi. Il écoute d'ailleurs encore l'Opéra du samedi sur Espace musique.

Mais moi, je préfère aller au cinéma Jonquière pour assister à la diffusion d'une oeuvre du répertoire en direct du Metropolitan Opera.  Pour le plaisir de m'asseoir dans un fauteuil et de me laisser emporter par le spectacle, même s'il est plus ou mois bon.

Ainsi de Anna Bolena, qui fut présenté samedi dernier. Du bel canto, certes, du Donizetti certes, mais certes pas sa meilleure oeuvre. Un livret lourd, interminable, assez peu clair sur les motifs et les intentions de ces personnages historiques. Des interprètes qui ne sont pas spécialistes du genre, et même des problèmes de son (réception, transmission?).

La diva Anna Netrebko incarnait Anne Boleyn. Elle fut interviewée par le directeur du Met Peter Gelb, avant la représentation (plutôt qu'à l'entracte), à sa demande car le rôle est exigeant, épuisant, terrible. La soprano russe l'assume parfaitement côté technique. Elle peut tout faire: aigus, graves, trilles, ornements, déplacements, gestes.  Une vraie machine à chanter... à laquelle il manque une âme, une intensité dans les passages dramatiques. (Je sais, la remarque est dure compte tenu des écueils du rôle qu'elle réussit d'ores et déjà à surmonter... Mais c'est ce que j'ai ressenti).

J'ai bien aimé le ténor Stephen Costello (avec Anna Netrebko sur la photo ci-dessous) dans le rôle de Percy, l'ancien prétendant d'Anne Boleyn, épouse d'Henri VIII d'Angleterre que celui-ci veut écarter pour pouvoir épouser sa nouvelle (et troisième sur six) flamme, Jane Seymoumetropolitan opera,anna bolena,donizetti,anna netrebko,jonquièrer. Donc le roi complote pour faire revenir Percy au royaume d'Angleterre et accuser ensuite Anne Boleyn d'adultère.

Ekaterina Gubanova (russe, tout comme Mme Netrebko), était la meileure de tous, tant au point de vue de la technique que de l'expression. Seul problème: le timbre de sa voix un peu vieillissante n'était pas particulièrement agréable à entendre.

Le baryton Ildar Abdrazakov, troisième Russe de cette distribution, était crédible dans la peau d'Henri VIII, mais m'a semblé assez faible vocalement.

Si on ajoute des décors et costumes pas vraiment inspirés, une mise en scène très conventionnelle, on obtient un spectacle couci-couça. Certainement pas le meilleur opéra produit au Met.

Mais j'ai aimé ça quand même. C'est la magie de l'Opéra du samedi au cinéma.

Depuis que je fréquente assidûment ces projections au Cinéma Jonquière, ma culture opératique s'est grandement enrichie. Avant cela, il y a quatre ans, j'avais vu assez peu d'opéras sur scène (mais plusieurs opérettes), et donc je connaissais assez peu ou pas du tout la plupart des oeuvres présentées au Metropolitan, et je ne savais rien de la plupart des interprètes. Maintenant je les connais, je sais quels sont les favoris des metteurs en scène, je les aime ou pas. Et je réalise (par les interviews et les gros plans) à quel point ce métier de chanteur d'opéra est difficile, exigeant, presque surhumain.

Bref, même quand c'est moins bon, il y a toujours des choses à apprendre, à découvrir. Et ça, c'est très bon pour mon cerveau vieillissant...

Ce plaisir que je m'offfre régulièrement embellit mes samedis après-midis. 

04/10/2011

Jelena Milojevic: une musicienne en or

Oui, "en or" parce qu'elle portait avec une suprême élégance un pantalon doré et scintillant, coupé dans une sorte de lamé.

Belle grande jeune femme au port altier, l'accordéoniste Jelena Milojevic a conquis le public fort nombreux qui est allé l'entendre dimanche au premier concert de la saison offert par la section régionale des Jeunesses Musicales, à la salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière. (Sur la vidéo, elle présente son instrument (en anglais) et joue quelques pièces).

Jelena Milojevic, Jeunesses Musicales, accordéon, JonquièreElle a séduit son auditoire par son allure, par les propos toujours pertinents qu'elle a tenus, dans un français impeccable teinté d'un charmant accent, et par les histoires qu'elle a racontées, certaines très sombres étant donné qu'elle est née en Croatie.

La guerre était présente dans son programme, notament par une composition de son mari Aleksandar Milojevic, d'origine serbe, en hommage à une petite fille de trois ans tuée dans un bombardement, et par une pièce de Victor Vlasov inspirée par le Goulag.

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Un volet sombre cependant tempéré par l'atmosphère joyeuse et vivante de l'ensemble, le sens du rythme et la joie de vivre de cette lumineuse artiste.

Elle pimente ses présentations de notes humoristiques, et accompagne ses exécutions de mimiques, de sourires, de gestes qui appuient les rythmes parfois endiablés des pièces, faisant preuve d'une aisance sur scène peu commune.

Mais surtout quelle musicienne! Elle fait corps avec son accordéon, un instrument difficile, qu'elle maîtrise, qu'elle aime manifestement et dont elle tire des sonorités et des rytmes éblouissants, étonnants, séduisants.

 

Très peu de pièces connues dans ce programme qui faisait la part belle aux compositeurs russes et slaves du 20e siècle, inspirés par les thèmes folkloriques des pays de l'Est, où l'instrument est aussi très connu et utilisé. Ce que l'on en connaît ici est plutôt associé au style musette français et au tango argentin (elle a joué tout de même quelques pièces d'Astor Piazzola).

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Jelena Milojevic vit aujourd'hui à Vancouver où elle enseigne la musique. Gagnante de plusieurs concours internationaux, elle s'est donné pour mission de faire connaître l'accordéon, pour aider à consolider la place qu'il a conquise au sein des instruments classiques. Avec ses qualités exceptionnelles de musicienne et de performeure, elle est une ambassadrice tout indiquée pour son instrument.

Après l'entracte, elle a souligné que ce jour (2 octobre) était très spécial pour elle, car "c'est la fête de mon ami Luc". Elle parlait de Luc Bouchard, responsable dévoué des Jeunesses musicales depuis nombre d'années, qui agissait comme animateur et présentateur du concert. Elle a joué les premières mesures de "Bonne fête", le public a continué pour lejubilaire tout ému qui indiquait son âge avec ses doigts: 70 ans!

Bref, une surprise, une découverte, une rencontre, comme savent en procurer les concerts des JMC. Nous sommes tous  tombés sous le charme de Jelena Milojevic et son accordéon.

29/09/2011

Gaston Talbot démultiplié

Dragonfly of Chicoutimi, Larry Tremblay, Claude Poissant, La Rubrique, PaP théâtre, théâtre, Jonquière, Gaston TalbotJ'ai trop aimé, je crois, la première version que j'ai vue de la pièce de Larry Tremblay The Dragonfly of Chicoutimi.

C'était en 1999, au Petit Théâtre (de l'Université du Québec à Chicoutimi), qui ne s'appelait pas encore ainsi: le Dragonfly était le premier spectacle joué dans cette salle récemment construite. Pièce magistrale, interprétation tout aussi magistrale du comédien Jean-Louis Millette, qui est mort une semaine après ce passage remarqué à Chicoutimi.

Pour moi: souvenir marquant, histoire exceptionnelle, textes dans Le Quotidien:

Ma critique de la pièce
La réaction de l'équipe au décès du comédien
Mon interview avec Larry Tremblay quelques années auparavant, au moment de la publication de sa pièce

Dans la mise en scène de Claude Poissant pour le Théâtre PàP, présentée à Jonquière mardi dernier, cinq comédiens incarnent Gaston Talbot. Ce n'est plus une voix unique, mais un choeur à voix multiples. Chaque choriste endosse un moment ou une facette de cet homme qui raconte son histoire au public, en anglais. Histoire à tiroirs qui passe du rêve à la réalité en bousculant la chronologie, figure démultipliée par ces cinq comédiens qui se tiennent dans des cubicules. À la fois isolés et inséparables.

Lecture pertinente, intéressante, éclairante même par moments pour ce texte fort et percutant.

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J'ai aimé ce que j'ai vu et entendu, tout en regrettant la diction impeccable de Jean-Louis Millette qui donnait à cet anglais une préciosité toute française, démontrant en réalité qu'il ne parlait ni anglais ni français, mais une langue propre à cette oeuvre, la création, l'invention  d'un langage étant un thème récurrent chez Larry Tremblay. Avec cinq interprètes, plus les effets sonores, c'était moins clair, de sorte que j'ai perdu je crois le passage le plus important (je ne l'ai pas entendu), et j'en ai éprouvé de la frustration.

Mon souvenir m'aveugle, peut-être, mais ce n'est pas grave.

Car rien n'est sacré et cette reprise possède ses qualités. D'autant plus bienvenue qu'elle contribue à la diffusion de cette oeuvre très forte d'un auteur d'ici qu'est The Dragonfly of Chicoutimi. L'an dernier, La Rubrique avait présenté dans la même salle, par la même compagnie et le même metteur en scène, une autre pièce de Larry Tremblay: l'extraordinaire Abraham Lincoln va au théâtre.

Mardi à la salle Pierrette-Gaudreault, les gens riaient aux éclats, du moins au début de la représentation. Voulaient-ils démontrer qu'ils comprenaient l'anglais, ou croyaient-ils avoir affaire à un spectacle d'humour? Je ne sais pas. Il y a certes de l'ironie et quelques effets comiques, mais c'est un drame et il n'y a pas de quoi s'esclaffer.

Autre opinion sur cette mouture du Dragonfly:

Dario Larouche sur son blogue

27/08/2011

Casavant, petit et grand

Casavant, St-Dominique, Jonquière, Luc Lessard, Marie-Hélène GreffardC'est l'orgue de choeur de l'église Saint-Dominique de Jonquière, que j'ai pu entendre vendredi au concert donné par Marie-Hélène Greffard.

Originaire de Montmagny et titulaire à la paroisse St-Thomas de cette ville, l'organiste a eu la bonne idée de présenter toute la première partie de son concert sur cet instrument, un petit Casavant de 1943 (15 jeux et 1016 tuyaux), déménagé l'an dernier de la paroisse St-George jusque dans le choeur de St-Dominique, par les soins de Luc Lessard et de son équipe. (Histoire du déménagement racontée ici). J'ai donc photographié les tuyaux (ci-dessus), ainsi que la console et la plaque indiquant les origines de cet orgue.casavant,st-dominique,jonquière,luc lessard,marie-hélène greffard

Au programme notamment, des oeuvres de Jean-Sébastien Bach, ainsi que d'aimables variations de Charles Wesley (fils) sur God Save the King, dont la musique fut composée par Jean-Baptiste Lully en l'honneur de Louis XIV, et par la suite empruntée par Haendel pour poursuivre sa carrière en Angleterre (histoire fort bien racontée ici sur le blogue de Jack).

Le reste du concert, consacré à un répertoire plutôt romantique, a été joué sur le grand Casavant de la tribune (1914, 32 jeux, 3023 tuyaux). Avec son conjoint  François Grenier, également organiste, Mme Greffard casavant,st-dominique,jonquière,luc lessard,marie-hélène greffarda fait entendre une composition qu'elle a écrite pour pédalier seulement: ses variations sur Country Gardens furent donc jouées... à quatre pieds! La caméra montrait bien les déplacements de ces pieds et jambes sur les pédales, c'était amusant et fascinant.casavant,st-dominique,jonquière,luc lessard,marie-hélène greffard

Avec simplicité et humour, l'organiste a présenté les oeuvres, et elle nous a montré aussi ses souliers dorés, commandés spécialement à New York, dotés d'une semelle de suède pour se déplacer sans bruit sur le pédalier, et d'un talon haut de un pouce pour faciliter l'alternance entre le bout du pied et le talon.

Il a fallu attendre la dernière pièce au programme, la suite Gothique de L. Boëllmann pour entendre l'orgue sonner dans toute sa puissance (peut-être pas toute, d'ailleurs).

10/07/2011

Gosselin en trois temps

restaurant gosselin,jonquière,scampi,pizzaLe restaurant Gosselin a occupé beaucoup de place dans ma vie d'adolescente et de jeune adulte, et j'en ai gardé tellement de bons souvenirs. Quand venait le temps de manger à l'extérieur, on choisissait entre ChicoutimiChez Georges (qui s'appelait alors Georges Steak House), et Jonquière, chez Gosselin (du nom de son propriétaire, Robert Gosselin).

Curieusement, les deux établissements offraient un menu semblable dans un décor similaire. Grillades, poulet à la broche, spaghetti italien, hamburgers, peut-être du smoked meat, je ne suis pas sûre. Chez Gosselin, il y avait davantage de choix, notamment de la pizza. Mais ce que je préférais, c'était les langoustines, appelées scampis sur le menu. Huit belles grosses langoustines fendues en deux, accompagnées d'un riz blanc et de beurre à l'ail: un véritable délice, et une spécialité que l'on trouvait seulement chez Gosselin.

J'y suis allée assez régulièrement, avec des ami(e)s, avec mon fiancé, pour célébrer des anniversaires en famille, et même pour des lancements de livres ou de disques, quand j'étais journaliste.

Pour le midi ou les repas ordinaires, on prenait place dans la salle principale: tables en formica, banquettes en vinyle, et l'incontournable juke-box et ses wallbox (commandes à distance) à chaque table.

Pour les occasions spéciales, par exemple les repas de fête, nous nous installions dansrestaurant gosselin,jonquière,scampi,pizza  la salle à manger: décor un peu plus chic, tables et chaises en bois, et... menu un peu plus cher.

Je n'ai trouvé aucune photo du restaurant Gosselin de l'époque, sauf cette petite carte postale (photo du haut) dénichée sur Internet. Dans les années 60, il ne nous venait pas à l'idée de photographier les endroits où nous allions régulièrement...

Et puis Gosselin a fermé ses portes, ou fait faillite, je ne sais plus au juste quand. Des braves ont tenté de prendre la relève, il y a eu quelques bannrestaurant gosselin,jonquière,scampi,pizzaières (notamment le Vieux Gosselin) mais rien de vraiment durable.

Il y a quelques années, passant par là, j'ai photographié le bâtiment du 2039 St-Dominique, dans l'état où il était, occupé par je ne sais qui ni quoi, un peu étrange sur son coin de rue (photo un peu plus haut). J'ai cadré l'affiche bizarre indiquant "stationnement à l'arrière", et zoomé la vitrine en angle bien conservée, à travers laquelle je pouvais voir des rangées de chaises.restaurant gosselin,jonquière,scampi,pizza

Mais je n'ai pas eu l'idée de photographier son environnement, les bâtiments des alentours. Je le regrette maintenant, car voici, sur la photo que j'ai prise il y a un mois, tout ce qui  reste aujourd'hui du restaurant Gosselin,  de la Tabagie Nelson (elle a déménagé au 2166 St-Dominique) et de tout ce pâté de maisons situé sur St-Dominique, entre la rue Saint-Léandre et le boulevard du Royaume (anciennement la rue Nelson):

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Tout fuit,

Tout passe

L'espace

Efface

Le bruit.

 

(Victor Hugo, Les Djinns)


12/04/2011

Les Jeunesses musicales: un phénomène

Jessy Dubé, Jeunesses Musicales, Jonquière, Céline BoisvertDifficile d'expliquer le succès des concerts des Jeunesses musicales présentés à Jonquière: chaque fois, une salle comble ou presque (plus de 350 personnes, salle Pierrette-Gaudreault non réduite), et même des spectateurs repoussés à l'entrée pour certaines prestations. Il y a l'heure et le jour (le dimanche à 16 heures), le coût modeste du billet, la possibilité de prendre un repas ensuite, le dévouement des bénévoles, mais beaucoup d'autres organisations offrent de semblables atouts sans obtenir le même succès.

Autre élément, et non le moindre, pour les abonnés: la certitude d'entendre de la bonne musique jouée par des artistes de talent. Pas des vedettes, rarement des noms connus, mais de bons interprètes. Musiciens accomplis ou en formation, ils sont soigneusement sélectionnés, et toujours de bon calibre.

Pour une jeune interprète comme la violoniste Jessy Dubé (article ici dans Le Quotidien, la photo [ci-haut] est de Sylvain Dufour), qui se produisait dimanche dernier lors du concert dit de la relève, c'est une occasion exceptionnelle, rarement offerte même à des solistes réputés: pouvoir jouer pendant deux heures, devant un public averti et nombreux, c'est une expérience unique, qui représente sûrement uen étape importante dans leur formation. La violoniste, qui jouait sur un instrument moderne créé par Élisabeth Wybou, a en outre reçu une bourse de 1000$, pour l'aider à poursuivre ses études. En Suisse, espère-t-elle, où elle venait de passer des auditions dans quelques écoles réputées.

Ce concert annuel de la relève est donné par un musicien ou un ensemble du Saguenay-Lac-Saint-Jean, choisi par l'organisation régionale des JMC: on y a vu passer au cours des années, des interprètes qui font aujourd'hui une belle carrière: Amélie Fradette, Julie Boulianne, Jean-Philipe Tremblay, le violoncelliste Sébastien Gingras...

Ce dernier est le fils de Céline Boisvert, la pianiste qui accompagnait Jessy Dubé: accompagner n'est pas un mot assez fort, car sa partie était aussi imposante que celle de la soliste, ce que cette dernière n'a pas manqué de souligner. Entre autres pour la sonate pour piano et violon de Beethoven (op.30, no 2) et le premier mouvement du concerto de Tchaïkovsky, dont la réduction pour piano a été écrite par le compositeur lui-même. (Sur la vidéo ci-dessus, l'oeuvre est jouée par Sarah Chang et l'Orchestre symphonique de Montréal dirigé par Charles Dutoit).

À ces oeuvres il faut ajouter la Suite italienne pour violon et piano de Stravinsky, Zigeunerweisen de Sarasate, et un caprice de Paganini. Programme riche et chargé, présentation éclairante des oeuvres, interprète(s) solide(s): musique et plaisir.

12/03/2011

Courts métrages: début des courses

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Huit films, huit univers: certains m'ont touchée, d'autres m'ont amusée, d'autres ne m'ont pas du tout convaincue. Je plonge encore cette année dans l'univers du court métrage, avec Regard sur le court métrage au Saguenay,  un Festival vraiment formidable que je fréquente depuis très longetemps. Mon seul regret: ne pouvoir assister à toutes les séances, parce que... parce que la vie, les choses à faire, et aussi parce qu'il y a une limite au  nombre de films que mon esprit peut absorber en une journée.

Compétition 4, donc vendredi à la salle François-Brassard: un coup de coeur pour le court italien Big Bang Big Boom (photo ci-dessus. On peut par ailleurs le visionner en entier en suivant ce lien), une histoire du monde racontée en animation par peinture murale: celle-ci s'étale sur les murs, les rues, les objets, les maisons, partout, follement, pour former des animaux, des personnages qui se colorent, bougent, se transforment à toute vitesse. Une bande sonore extraordinaire accompagne de façon hallucinante les images, auxquelles elle vole d'ailleurs la vedette: c'est totalement jouissif.

Deux autres films de la sélection abordent le thème de l'homme qui détruit son propre monde: La visite guidée, (Québec, Martine Asselin, photo ci-dessous) où des touristes du futur vont voir des vaches(?) rescapées du 21e siècle: sans fioritures, bien fait, efficace, et Salva el Mundo,  qui montre des humains tentant de sauver la terre en travaillant à la remettre comme avant: dé-cuire les steaks, les sortir du frigo pour reformer les vaches, prendre du papier pour reconstruire les arbres. Un peu brouillon mais amusant et frais que ce film espagnol, proposé à Jonquière avec une bande-son en anglais (traduction) et des sous-titres français.

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Côté belle animation, La formation des nuages (Québec, Marie-Hélène Turcotte), superbe graphisme dessiné, sur le thème d'une petite fille qui devient femme. Le dessin s'égare un peu dans la rêverie, mais c'est néanmoins fort beau. Moins convaincant: Moj Put, film croate où il est question d'une pierre virtuelle dans un soulier, transmise de père en fils, qui agit comme un rappel à l'ordre aux moments importants de la vie. Sympathique dessin animé, malheureusement plombé par une pléthore de fautes d'orthographe dans les sous-titres, assez importantes et abondantes pour nuire à la compréhension de l'histoire.
Je n'ai pas vraiment aimé Impossible, de Vanya Rose (du Québec, en anglais) qui semble avoir eu de la difficulté à mettre en images la nouvelle Feuille d'album, de Katherine Mansfield, ni Toucher des yeux (France, Amandine Stelletta): mystérieux, pas clair, étrange, mais quand même bien fait.

regard sur le court métrage au saguenay,jonquière,unearthing the pen

Le film le plus touchant: Unearthing the Pen. Un jeune Congolais (photo ci-dessus) rêve d'aller à l'école, malgré sa pauvreté et malgré la malédiction du stylo, une légende inventée par les gens de son village, qui compensent ainsi leur ignorance et leur incompréhension du monde. Un texte nous informe, après la projection du film, que le jeune homme a finalement pu s'inscrire à l'école, grâce à la générosité d'un bienfaiteur. Ce fut pour moi la meilleure nouvelle de la journée!