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31/05/2011

Mourir d'écrire

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Rouler trop vite, ne pas freiner complètement au stop, passer sur un feu jaune-rouge, conduire après avoir pris un verre de trop, voilà des infractions au code de la route certes condamnables, qui ont pu mériter des contraventions aux automobilistes surpris par les policiers.

Et contravention ou pas, aucun conducteur je crois ne peut se vanter de n'avoir jamais fait la moindre entorse, même mineure, aux règlements: je l'ai fait, vous l'avez fait, tout le monde l'a fait. C'est un comportement à risque, qu'il vaut mieux éviter, bien sûr. Mais au moins, dans aucune de ces circonstances, on n'est obligé de quitter la route des yeux.

Ça n'existait pas, il fallait donc l'inventer: texter au volant. C'est-à-dire lire (les textos qu'on reçoit) et texto volant,danger,écrire au volantécrire (ceux que l'on envoie). Donc quitter des yeux le volant et la route pendant de longues secondes, minutes parfois. (Voyez où se dirige le regard de la jeune femme sur la photo). Je ne conçois pas que des gens (les jeunes, paraît-il, mais ça reste à vérifier) y aient seulement pensé.

C'est le degré ultime de la stupidité (il y en aurait bien un autre: lire son journal au volant, mais personne n'y a encore pensé, semble-t-il!). Le plus sûr moyen de s'envoyer dans le décor, ou d'y envoyer quelqu'un d'autre, ce qui est encore plus grave. (Voir cette vidéo de sensibilisation de la SAAQ). Il faut vraiment manquer du plus élémentaire bon sens pour agir ainsi.

Tout chauffeur pris en flagrant délit de textisme est un assassin en puissance (autant, sinon plus que celui qui a trop bu). Ayant fait la preuve qu'il n'a pas le jugement minimal requis pour conduire un véhicule, il devrait perdre son permis sur-le-champ et pour un bon bout de temps. Que ce genre d'écervelé n'aie pas le droit de prendre la route, personne ne s'en plaindra.

 

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PS. Quand j'étais journaliste, en route vers mon bureau après un événement, imaginez que j'aie commencé à taper l'article sur mon portable (ce serait peut-être un iPad aujourd'hui), sous prétexte d'urgence et d'heure de tombée (texte pourtant bien plus important que les textos niaiseux du genre: "tu es où? on se voit quand?"). Je n'aurais pas mérité de tenir un volant, et encore moins d'être journaliste...

29/05/2011

Art, hasard, beaux-arts

J'ai visité il y a quelques jours la Biennale de Montréal, un événement organisé par le CIAC, responsable autrefois des Cent jours d'art contemporain, que j'ai beaucoup fréquentés également. J'aime ce genre de manifestation qui nous met en contact avec des propositions d'artistes de tous horizons, dans des lieux inhabituels, hors des grands musées.

montréal,biennale,art contemporainCette fois, l'exposition principale se tient (jusqu'au 31 mai) à l'ancienne école des Beaux-Arts, rue Saint-Urbain, un lieu que je n'avais bien entendu jamais visité (plaque de fondation sur la photo ci-dessus). Sur cinq étages, des portes, des couloirs, des escaliers nous conduisent vers d'innombrables pièces où nous attendent les oeuvres: peintures, photos, sculptures, installations, dessins, montages, vidéos. (Un autre volet de la Biennale est consacré à Guido Molinari, j'en reparle bientôt).

Étant donné la nature du bâtiment, il y a des racoins partout, des placards, des armoires qui abritent des éviers, des prises électriques, des objets à usage inconnu. De plus, certaines oeuvres numériques sont présentées dans le noir: il faut pousser un rideau pour entrer dans une pièce où on ne voit rien à prime abord. Donc, on se demande parfois si on peut avancer, ou si ce que l'on voit est une oeuvre ou un élément de l'ancien décor: c'est là un des grands plaisirs de la visite, que de parcourir ce labyrinthe qui dévoile ses trésors à chaque détour.

Une trentaine d'artistes québécois, canadiens, français, américains et autres ont travaillé sur le thème de cette annnée, la tentation du hasard, plus précisément formulé dans le poème Un coup de dés jamais n'abolira le hasard, de Stéphane Mallarmé.

montréal,biennale,art contemporainAu mur: Ian Wallace, "Les pages répandues". Par terre: sculptures, installation "L'esprit de l'escalier" de David Armstrong.

Parmi les oeuvres qui m'ont particulièrement séduite (analyse plus complète de l'exposition ici dans Le Devoir): celle de  Sylvie Cotton, qui a réduit en confettis ses notes de cours et tous les documents qu'elle a consultés pendant ses études universitaires (plus de détails sur son travail ici). Avec cesmontréal,biennale,art contemporain confettis, elle a construit des oeuvres (on en voit une sur la photo de gauche), posées sur des socles ou par terre: la pièce devient chapelle, chacun des éléments un autel érigé à la connaissance et à ce qu'elle finit par devenir: poussière... J'ai aimé aussi le travail d'Ian Wallace: photos laminées où le coup de dés de Mallarmé est mis en évidence au milieu de papiers et documents divers, encadrées par un canevas travaillé à l'acrylique (on en voit quelques-unes au mur sur la photo ci-dessous, qui donne une bonne idée de l'exposition). Intiulé "Les pages répandues", l'ensemble paraît à prime abord simpliste, mais la netteté des images, qui saute littéralement aux yeux, incite à un examen plus montréal,biennale,art contemporainattentif qui permet de saisir toute la richesse de l'oeuvre: le hasard est dans le texte photographié, et non pas dans le travail, minutieux et élaboré, de l'artiste.

Intéressantes également les sculptures en bronze de l'artiste roumain Daniel Spoerri (un exemple ci-contre): créatures imaginaires à la fois étranges et comiques tenant de l'humain, de l'animal, de l'objet fabriqué, ces personnages improbables aux sexes biscornus amusent beaucoup les jeunes visiteurs.

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 J'ai beaucoup aimé aussi le travail de Lois Andison, Nadia MyreJean Dubois et  Werner Reiterer ("où Dieu habite", dans la fenêtre à gauche, c'est lui).

Quelques oeuvres m'ont laissée perplexe et, je l'avoue, dubitative quant à leur réel intérêt: les travaux sur les dés de Jean-Pierre Bertrand et de Gilles Barbier, les montages avec colis de Walead Beshty.

C'est normal, ça fait partie du jeu et n'enlève absolument rien (bien au contraire) au plaisir que j'ai pris à cette  visite fascinante.

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27/05/2011

Balançoires musicales

Je reviens tout juste d'un petit voyage à Montréal, fructueux et enrichissant par tout ce que j'y ai découvert, vu, entendu, dégusté, et par de belles rencontres. Pour le moment, une première découverte, les balançoires musicales que j'ai filmées en action sur la Promenade des artistes, dans le quartier des spectacles près de la Place des Arts. (En plus de ma vidéo, Youtube en propose d'autres prises au même endroit).

Trois sièges colorés suspendus à chacun de ces 23 modules offrent un charmant spectacle quand il fait beau et que jeunes et moins jeunes se prennent au jeu.

Les balançoires produisent des sons différents selon le nombre de personnes qui les utilisent, et selon la vitesse du mouvement. Une oeuvre d'architecture urbaine qui a pour thème la coopération.

Pour davantage d'explications, lisez le texte inscrit sur un cartel (ci-dessous, cliquez pour agrandir) posé au sol dans le même secteur.

balancMtl.jpg

20/05/2011

Rage au guidon

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Chaque printemps, les prétendus amateurs de vélo recommencent à râler: au bureau, dans les médias, à la radio, ils grêlent contre... contre tout. Les automobilistes (pas fins, je suis d'accord), l'état des routes, les nids de poule et le sable sur les pistes cyclables, quand ce n'est pas contre la pluie, le vent et le froid!

À mon avis, le problème de tous ces gens, c'est qu'ils n'aiment pas vraiment le vélo. Ils aiment autre chose: la vitesse, la compétition, le grand air, les culottes serrées, la selle dans l'entrejambe, le chialage... n'importe quoi.

Quand on aime le vélo, c'est simple: on enfourche sa monture, on part et on roule. Le plaisir, pour un(e) cycliste (du dimanche, je l'admets, mais y a-t-il une plus belle catégorie?), c'est non seulement de rouler, d'observer, de sentir le vent, mais c'est aussi celui de s'adapter aux circonstances: contourner les trous et les obstacles, changer de direction si la route est bloquée, vélo,sport,aimermettre pied à terre pour observer un paysage ou pour grimper une pente abrupte, ralentir pour laisser passer une voiture, une poussette ou un écureuil, sentir parfois la griserie d'une descente rapide, découvrir de nouveaux chemins. Une série de petits défis qui donnent toute sa saveur à la sortie,  et qui nous incitent à être là, complètement, à tout moment.

Si on est tout le temps enragé contre les voitures, les camions, les piétons, les trous, les services municipaux, les feux de circulation, on n'est pas heureux à vélo. Alors pourquoi s'obstiner à en faire? Pourquoi rêver d'une chose impossible: une route toute à soi, lisse et douce comme un tapis?

Les cyclistes qui font de la compétition de haut niveau ont accès à ce genre de piste, soit qu'elle soit dégagée juste pour eux dans les rues d'une ville, ou sur les routes d'un pays (France, Italie), ou encore qu'ils tournent en rond sur une piste circulaire, extérieure ou intérieure.

C'est bien leur droit, remarquez, mais j'ai comme l'impression que ceux-là non plus n'aiment pas vraiment le vélo.

17/05/2011

La Walkyrie: besoin d'air(s)

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En octobre dernier, je m'étais rendue au cinéma Jonquière pour voir L'Or du Rhin, de Wagner, en direct du Metropolitan Opera. Je me suis alors heurtée à une porte close sur laquelle une petite affiche annonçait que c'était complet.

Samedi dernier 14 mai, la même salle diffusait le deuxième des quatre opéras du cycle du RingDie Walküre, toujours sous la houlette de Robert Lepage et de son équipe québécoise. Craignant la même cohue que l'automne dernier, j'ai acheté mon billet une semaine à l'avance et je me suis présentée assez tôt au cinéma Jonquière. Mais cela n'aurait pas été nécessaire, car il y avait cette fois  bien peu de monde. Une des plus petites assistances que j'aie vues dans cette salle au cours des deux dernières années pour un opéra du Met.

La présentation a débuté avec une demi-heure de retard (au Metropolitan et dans les cinémas) pour des raisons techniques, donc à midi 30 pour se terminer à 18 heures.

J'ai été m'asseoir avec un petit groupe d'amis que j'appelle affectueusement les "adorateurs de Wagner": ils connaissent tous les opéras du compositeur, ils en ont vu plusieurs versions, dont certaines au festival de Bayreuth. Cette musique les transporte, les fait littéralement tripper. Encore cette fois, ils ont aimé, ils ont été émus par ces personnages et ces scènes qu'ils connaissent bien, ils ont même versé quelques larmes. Ce qui ne les a pas empêchés de critiquer certains aspects de l'interprétation et de la mise en scène.

 

 

Pour ma part  je suis restée assez froide et je me suis ennuyée par moments. J'ai apprécié en général la partie orchestrale, puissante, nuancée, avec le chef James Levine toujours aussi allumé et efficace. Il y a de belles images, une utilisation ingénieuse et étonnante de "la machine" (nommée ainsi peut-être [mais je ne sais pas s'ils sont au courant] en référence au nom de la compagnie de Robert Lepage, Ex Machina), unique élément de décor, immense structure faite d'une série de planches pivotant autour d'un axe, due au scénographe Carl Fillion.

L'amour qui naît entre Sieglinde et son frère jumeau Siegmund donne lieu à de beaux moments à la fin du premier acte. Tout comme la condamnation de Brünnhilde par son père Wotan à la fin. La chevauchée des Walkyries est spectaculaire (vue par Robert Lepage sur la photo du haut, et vue par Patrice Chéreau sur la vidéo qui suit), de même que l'embrasement final du décor autour de Brünnhilde, suspendue la tête en bas (c'est une doublure, dit-on). Et j'ai bien aimé les interviews et les présentations menées par le suave Placido Domingo aux entractes.

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Debora Voigt et Bryn Terfel


Les chanteurs, Bryn Terfel (Wotan, immense), Deborah Voigt (Brünnhilde, elle va chanter avec l'OSM en 2012), Eva-Maria Westbroek (Sieglinde), Jonas Kaufmann (un Siegmund au physique très agréable), Stephanie Blythe (Fricka) m'ont semblé bons en général, mais ne m'ont pas convaincue de l'intérêt de cette partition, côté vocal. Pour moi qui aime les exploits vocaux, les belles mélodies et les grandes arias, cette musique manque d'air(s).

Mal à l'aise pour juger quelque chose que je ne comprends pas, je laisse donc la critique à d'autres (voir à la fin de cette note). Les Américains ont en général été sévères  avec la mise en scène de Lepage. Mais ils ont assisté à la première, où Deborah Voigt a trébuché sur la machine lors de son entrée, et où Eva-Maria Westbroek, malade, a dû se faire remplacer.  Or, dans la représentation que j'ai vue samedi, tout s'est bien déroulé. Les critiques se plaignent aussi des bruits et craquements émis par les planches qui se déplacent, or, cela n'était pas très perceptible au cinéma et ne dérangeait en rien l'audition.

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Jonas Kaufmann et Eva-Maria Westbroek. (Photo: Ken Howard)

Bref, c'était une expérience à vivre, et j'ai aimé mieux cette Walkyrie que Tristan und Isolde, vu il y a trois ans. Je pourrais répéter la plupart des choses que j'avais alors écrites, mais en adoucissant un peu mon propos. Mon "allergie à Wagner" a un peu diminué, mais je ne suis pas guérie, loin de là.

Je suis contente d'avoir vu ça, d'avoir fait plus ample connaissance avec Wotan, Brühnnilde, et les jumeaux Siegmund et Sieglinde. De leur union naîtra Siegfried, héros du troisième opéra du cycle, qui sera présenté l'automne prochain: je ne sais pas si j'irai le voir...

 

Autres textes sur La Walkyrie de Robert Lepage:

En anglais:

- Un texte suivi de liens vers d'autres critiques publiées aux États-Unis..

En français:

- Le Soleil

- Le Devoir

- Voir

- Critiques américaines et internationales de La Walkyrie, traduites et résumées dans La Presse:

13/05/2011

Des femmes remarquables

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En mars dernier, la journaliste Catherine Delisle (bonjour chère ex-collègue!) publiait dans Progrès-Dimanche un texte que j'ai particulièrement apprécié. Elle y évoquait Ces femmes oubliées par l'histoire, des femmes de la région qui ont fait oeuvre de pionnières comme Anne-Marie Dionne, Marthe Vaillancourt, soeur Marie-Joseph: si leurs noms sont connus dans quelques cercles, ils ne seront sans doutes pas cités par les spécialistes qui écriront la grande histoire du Québec.

J'ai récemment découvert, pour ma part, deux autres femmes, que j'ai trouvées extraordinaires, pour des raisons très différentes. Elles n'ont cependant rien à voir avec l'histoire régionale.

Irina Markova

Le fascinant documentaire The Poodle Trainer, que j'ai pu voir au festival Regard sur le court métrage au Saguenay, présente une entraîneuse de caniches qui se produit dans des cirques avec ses animaux. Originaire de Russie, Irina Markova vit maintenant aux États-Unis.

Ce n'est pas une héroïne, loin de là. Blonde et coiffée un peu comme ses chiens (voir la vidéo),

 

 

son regard triste et ses propos quelque peu désabusés laissent entrevoir, sous des dehors aux couleurs criardes et voyantes (celles du cirque), un être humain qui a souffert, qui essaie de s'en sortir.

Elle apprécie davantage la compagnie de ses chiens, qu'elle semble aimer sincièrement, que celle des humains. On sent les blessures, les difficultés, les rejets qui l'ont poussée sans doute à adopter ce style. En même temps elle est digne et fière, elle se tient debout et s'autorise à s'estimer. Un très beau portrait.

 

Babe Didrikson

Mildred Didrikson Zaharias, surnommée Babe Didrikson, a vécu de 1911 à 1956 aux États-Unis. Elle s'est fait remarquer dans le domaine du sport, où elle a accompli des exploits phénoménaux. C'est l'animateur Jacques Bertrand qui en a parlé à sa formidable émission radiophonique La tête airina markova,babe didriksonilleurs, présentée le samedi après-midi à la Première chaîne.

Elle a excellé dans tous les sports qu'elle a pratiqués: basket-ball, golf, tennis, gymnastique, baseball, (d'où son surnom, Babe, en hommage à Babe Ruth), football, boxe. Elle a d'ailleurs épousé un lutteur, George Zaharias.

Et quand je dis excellé, le mot est faible. Aux Jeux Olympiques de 1932, elle a remporté deux médailles d'or et une d'argent, tout en établissant un record du monde dans chacune des trois disciplines:  80 mètres haies, javelot et saut en hauteur. Elle en aurait peut-être remporté davantage si on l'avait autorisée à se présenter dans toutes les disciplines pour lesquelles elle s'était qualifiée.

 Partout où elle est passée, il a fallu modifier les règlements ou les méthodes de calcul pour s'adapter à ses capacités hors du commun. Et quand elle s'est mise au golf, elle a tout raflé, remportant tous les tournois majeurs. Elle a ouvert ce sport aux femmes et contribué à fonder la LPGA.

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Babe Didrikson était une femme déterminée, sinon obstinée, qui ne se laissait pas arrêter par les règles et règlements officiels, et encore moins par les jugements sévères que l'on portait sur elle et son apparence. Comme elle était grande et forte, d'allure peu féminine, on l'a même soupçonnée d'être un homme!

Atteinte d'un cancer du côlon, elle a subi une intervention chirurgicale et est revenue au golf un mois plus tard pour remporter à nouveau le US Open. Mais la maladie l'a tout de même emportée, à l'âge de 45 ans.irina markova,babe didrikson

En 1999, l'Associated Press la désignait Woman Athlete of the 20th Century. La même année, le magazine sportif américain Sports Illustrated l'a choisie comme Athlète féminine du siècle.

Un véritable phénomène, une force de la nature, un tempérament certes pas facile, mais très fort. Si cela vous intéresse, listez sa courte biographie sur Wikipedia, et si vous pouvez lire l'anglais, allez consulter cet article sur ESPN.com, qui donne des détails sur cette femme totalement hors du commun. Je suis très heureuse d'avoir fait sa connaissance, grâce à Jacques Bertrand. 

10/05/2011

Coquines orchidées

Ce n'est pas moi qui le dis, c'est cette affiche vue dimanche à l'hôtel Le Montagnais de Chicoutimi.

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C'était à l'exposition annuelle du club des Orchidophiles du Saguenay-Lac-St-Jean, où j'en ai appris de bien bonnes sur ces magnifiques fleurs.

On qualifie les orchidées de bêtes de sexe à cause de leurs stratégies de reproduction: elles niaisent les insectes, se font passer pour des partenaires ou les enduisent traitreusement d'une substance collante pour les obliger à transporter le pollen d'une fleur à l'autre.

Elles affichent d'ailleurs avec une charmante impudeur leurs formes (et couleurs) suggestives, lascives et provocantes, comme le montrent les photos sur cette page.

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(Toutes les photos sont de moi, prises à l'exposition d'orchidées, sauf celle-ci, trouvée sur Internet, d'un cattleya 'green emerald')

Et ce n'est pas tout au rayon du sexe. Je savais que la vanille est une variété d'orchidée. Mais j'ignorais que ce mot, vanille vient de l'espagnol vainilla, dérivé du latin vagina, qui signifie gousse, étui, et qui, vous le devinez, a donné le mot français vagin.

Quant au torchidées,insectes,vanilleerme orchidée, il vient du grec orchis, qui signifie testicule. C'est à Théophraste que l'on attribue cette dénomination, selon Wikipédia.

Donc, même si l'exposition m'est apparue bien modeste, en espace occupé et en nombre de spécimens -plutôt bien- présentés, j'ai adoré ma rencontre avec ces ensorcelantes orchidées.

Ma visite fut somme toute excitante et

... stimulante!

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07/05/2011

Sous les arbres de Marc-Aurèle

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C'est la plus belle. La plus belle, à mes yeux, des 107 oeuvres de l'exposition Marc-Aurèle Fortin, l'expérience de la couleur, présentée au Musée des Beaux Arts de Québec. La reproduction numérique ne rend pas justice à cette aquarelle intitulée Maison sous les arbres, et elle n'est pas la plus représentative du style de Marc-Aurèle Fortin, mais elle a été pour moi un véritable coup de coeur. L'eau de l'aquarelle semble couler en diagonale sur le papier,  dessinant sur son passage les éléments de la composition. Et il y a ces petites taches rouges, un mur et deux pans de lucarnes qui, contrastant avec un ensemble aux teintes plus délavées, font littéralement vibrer la toile.

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Ceci dit, l'exposition tout entière est magnifique. Marc-Aurèle Fortin a eu une existence misérable vers la fin de sa vie: escroqué par un agent alcoolique et stupide, très malade, amputé des deux jambes et aveugle. C'est le mécène et collectionneur René Buisson qui lui vient en aide et l'installe à l'hôpital de Macamic en Abitibi, où l'artiste meurt le 2 mars 1970. Par la suite, René Buisson crée la Fondation Marc-Aurèle Fortin qui met sur pied le Musée Marc-Aurèle Fortin, inauguré en 1984 dans le Vieux-Montréal. En 2007, toute la collection est transférée au Musée des beaux-arts de Montréal.

Par contraste, sa peinture respire sinon le bonheur, du moins l'exubérance et la joie. La véritable jubilation de voir le monde à sa manière et de pouvoir exprimer cette vision, grâce notamment à sa maîtrise du médium. On peut lire sur une cimaise de l'exposition un texte du peintre où il dit en substance que maîtriser l'aquarelle, c'est comme prendre de la morphine, une drogue, on devient fou et on ne peut plus s'en passer.

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L'exposition occupe deux salles. La première est consacrée aux sujets urbains, à Montréal surtout: le port, les usines, les quartiers populaires, les petites rues et maisons, le chemin de fer, le pont Jacques-Cartier (en construction), et le quartier Hochelaga, que Marc-Aurèle Fortin a peint sous tous les angles et tous les éclairages possibles.

Quand on entre dans la deuxième salle, on est immergé dans le vert, celui des arbres, des ormes immenses et majestueux, dont le feuillage s'incline gracieusement vers le sol,  troué de pans de ciel blanc. Le vert des paysages aussi, surtout du Québec, petits villages des Laurentides, Saint-Siméon, Petite Vallée, Bagotville, Laval, Sainte-Rose où il habitait, vus en plongée ou en perspective. Dans certains paysages, le vert est saturé, émeraude foncé, presque trop... 

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Ce sont d'ailleurs deux aspects d'une même oeuvre: celle d'un véritable créateur, qui intègre dans son travail tout ce qu'il voit, interprète et réorganise le tout sans relâche, poussé par une énergie sans cesse renouvelée. Quelle que soit la technique qu'il aborde: huile, aquarelle, gravure, pastel, peinture à la caséine, il joue à merveille sur les similitudes, les éléments répétitifs, les ruptures et les contrastes, comme autant d'instruments avec lesquels il crée une véritable symphonie visuelle.

Jack et moi avons fait l'aller-retour à Québec en autobus (je vous parlerai du reste du voyage une autre fois) pour aller voir cette exposition avant qu'elle se termine (dernier jour: dimanche 8 mai) et nous ne l'avons pas regretté un instant. Vous pouvez voir ici ce qu'en a dit mon compagnon sur son blogue.

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04/05/2011

Le haïku du nid

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Persistance

aux branches dénudées

tordues par le vent d'hiver

le nid déserté s'accroche

 

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02/05/2011

Il Trovatore: flammes, passion et bel canto

Il Trovatore,Radvanovsky, Hvorostovsky, Metropolitan,Alvarez,McVicarIl faut aimer l'opéra pour aller s'enfermer dans une salle obscure alors que la première journée vraiment printanière brille de tous ses feux et nous invite à jouer dehors.

J'aime donc l'opéra, puisque ce samedi 30 avril, je suis allée voir Il trovatore, de Giuseppe Verdi, production du Metropolitan Opera diffusée en direct au Cinéma Jonquière. Parfois on nous présente la première d'un opéra, cette fois je crois qu'il s'agissait de la dernière des représentations (qui ont débuté en novembre) de cette production dont la mise en scène est signée David McVicar. Bande-annonce et extrait vidéo au bout de ce lien.

Je connaissais vaguement quelques airs, mais pas vraiment cette oeuvre pourtant très célèbre. Le synopsis est tellement compliqué que personne ne le comprend vraiment: une femme et un enfant  jetés dans un bûcher, la vengeance, la passion, la jalousie. Il y a des combats dont l'issue n'est pas montrée immédiatement, des motivations difficiles à comprendre. On peut s'appuyer cependant sur l'éternel triangle opératique:  le méchant baryton et le bon ténor s'affrontent pour l'amour de la soprano, qui meurt à la fin, ainsi qu'au moins un des deux rivaux.

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(Marcelo Alvarez et Sondra Radvanovsky dans la scène finale)

La mise en scène qui divise le plateau en deux rend les choses aussi claires que possible en réglant la question des  changements de décors, remplacés par le pivotement d'une  partie de la scène, mais plusieurs points demeurent malgré tout obscurs. Peu importe d'ailleurs, si la musique est bien servie. Et quelle musique! riche, puissante, nuancée, présentée correctement mais sans éclat particulier par le chef Marco Armiliato et ses musiciens.

Les quatre premiers rôles du Trouvère requièrent autant d'interprètes solides, tant du point de vue dramatique que vocal, et nous les avions somme toute: chacun a été inégal, a connu quelques ennuis vocaux, mais chacun a aussi été excellent aux moments-clés, laissant passer l'émotion et la tension avec un contrôle technique de haut niveau. Les scènes à deux personnages ou plus étaient très bien menées, de même que les prestations du choeur, et finalement, la tragédie dans ce qu'elle a de plus poignant s'est incarnée dans les voix, dans les visages des protagonistes, le drame est devenu réel sous les yeux des quelque 150 spectateurs présents.

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Sondra Radvanovsy (photo ci-dessus), une soprano américaine au visage ouvert et attrayant, possède une voix naturellement puissante et bien projetée, plysique idéal pour le rôle de Leonora. Son jeu est intense, surtout dans la scène du sacrifice final, qui nous arracherait des larmes. Les notes très aiguës m'ont semblé moins belles, mais je ne puis pas juger avec certitude, cela tient peut-être au système sonore du cinéma, et cette remarque vaut pour tous les autres interprètes de toutes ces diffusions.

Le ténor argentin Marcelo Alvarez (site officiel: en quatre langues... mais pas en français) a été le plus inégal des quatre, avec de moins bons et de meilleurs moments, sans doute meilleurs quand il chantait avec ses partenaires, mais enfin, son timbre est agréable et il a bien accompli son travail.

Le baryton sibérien Dmitri Hvorostovsky (pas grand-chose sur ce lien en français, où son nom est d'ailleurs mal orthographié), grande vedette internationale, véritable rock star de l'opéra, fut acclamé avec passion par le public new-yorkais après la représentation. (Il a donné un concert à Montréal l'an dernier et il était au programme à Québec ce mercredi mais le concert a été annulé).

il trovatore,radvanovsky,hvorostovsky,metropolitan,mcvicarBeau visage aux traits réguliers, superbe tignasse blanche devenue sa marque de commerce, mince et bien fait, il chante avec puissance et naturel. C'était impressionnant de le voir reprendre son souffle pendant les applaudissements qui ont suivi son grand solo: il venait manifestement de tout donner.

Et enfin Dolora Zajick (site en anglais seulement, désolée) incarne la gitane Azucena, celle par qui tout arrive, dont la mère a été brûlée, qui a jeté son propre enfant au feu et qui maintenant réclame vengeance. Visage singulier et casting parfait, très belle voix de mezzo aux accents étranges dans le grave, mais ce qu'elle prononce mal l'italien! (ses partenaires étaient un peu meilleurs à ce chapitre, mais pas terribles eux non plus).

La scénographie très réussie installe un univers qui évoque celui du peintre Goya.

Bref, j'ai bien apprécié ce Il trovatore du Met:  une belle production, pas trop longue (trois heures, c'est raisonnable), servie par d'excellents artistes, agréable musicalement et visuellement.