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29/06/2011

Coup de dés chez Molinari

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molinari,gilles daigneault,mallarmé,coup de dés,montréalIl y a environ un mois, mon conjoint et moi avions décidé de visiter l'atelier de Guido Molinari, où était présenté un volet de la Biennale de Montréal. Station de métro Préfontaine,  loin dans l'Est. On ne sait même pas dans quelle direction se trouve la rue Sainte-Catherine, il faut demander aux gens... et leur réponse nous laisse incrédules!

Enfin sur Sainte-Catherine, nous marchons encore plus vers l'Est. Traversons un viaduc qui enjambe une gare de triage, entre le fleuve à droite et le Stade Olympique à l'horizon gauche. Aucune habitation... Un peu inquiets, on commence à se demander s'il y aura quelque chose au bout du tunnel.molinari,gilles daigneault,atelier,émotion,ocup de dés,peinture

Enfin, des maisons, un quartier habité: c'est Hochelaga-Maisonneuve. Le 3290 Sainte-Catherine: un beau bâtiment. On y entre: c'est clair, lumineux, murs tout blancs, plâtre partout, y compris les frises ouvragéesqui bordent le plafond.

Celui qui nous accueille est Gilles Daigneault, ami du peintre, responsable de la Fondation Molinari, gestionnaire de ce lieu magnifique, molinari,gilles daigneault,atelier,émotion,ocup de dés,peintureune ancienne banque acquise par Moli, comme ils l'appellent, qui avait installé son atelier au rez-de-chaussée et vivait au premier. Sous la voûte, photo ci-contre), le coffre-fort ne contient ni lingots d'or ni billets de banque, mais il abrite néanmoins un trésor: des toiles, peintes ou acquises par Guido.

Dans la salle (photo du haut), de grandes toiles aux couleurs vives: un ensemble réalisé par Molinari à partir de l'aspect visuel du poème Un coup de dés jamais n'abolira le hasard (thème de la Biennale de Montréal 2011), de Stéphane Mallarmé. (Vous pouvez en télécharger un exemplaire ici). Des bandes de couleur sont disposées sur la toile comme les lignes du poème sur la page. 

 

Par exemple, voici, placées côte-à-côte, une toile et la page qu'elle représente:

 

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Notre hôte nous invite ensuite à regarder une vidéo: la salle de projection est un minuscule cabinet de toilette, on s'assoit chacun notre tour sur la cuvette (couvercle rabattu, je précise!). L'écran est au-dessus du lavabo: l'artiste présente (en anglais, car le cinéaste est un Américain) son exemplaire du Coup de dés, qui l'a accompagné pendant toute sa vie. C'est tellement beau, simple, émouvant, j'en ai les larmes aux yeux. Un moment magique. Sur la photo ci-dessous, les mains du peintre,

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posées sur la page qui contient les mots LE HASARD.

Nous nous découvrons de nombreuses affinités avec Gilles Daigneault: il a étudié à Aix-en-Provence, comme nous, il est helléniste (nous adorons la Grèce ancienne), la journaliste et critique d'art Fernande Saint-Martin, une ancienne compagne de Molinari que mon conjoint connaît molinari,gilles daigneault,atelier,émotion,ocup de dés,peinturetrès bien, est membre du CA de la Fondation. La femme de Gilles Daigneault est la poétesse Denise Desautels, dont nous avons entendu parler notamment parce qu'elle a reçu de nombreux prix.

Notre hôte nous raconte tout: la vie de Moli, son attachement à son quartier, sa maladie, son travail, l'exposition (qui comprend aussi des oeuvres automatistes réalisées quand il avait 18 ans), bref, il s'avère pour nous un interlocuteur en or.

Pour couronner le tout, il nous reconduit en voiture jusqu'au métro Berri-UQAM!

Quel incroyable revirement! Jack et moi en sommes soufflés. Ce voyage mal amorcé s'est révélé finalement merveilleux, plein de surprises, enrichissant au point de vue artistique et humain.

Un cadeau de la vie et du hasard!

 

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PS. D'autres photos reliées à cette visite se trouvent ici.

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Coup de dés chez Molinari (suite)

(Quelques photos pour compléter mon prédédent billet)

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Voici un autre exemple du travail de Guido Molinari sur Un coup de dés. Ci-dessus la toile, et ci-dessous les deux pages correspondantes du poème de Mallarmé:

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Nous avons écouté la vidéo assis sur un siège de toilette. En voici la preuve:

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(Visage floué à la demande du sujet, qui n'aimait pas sa tête sur cette photo!)

25/06/2011

Immortels enfants de Santander

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Ces quatre sculptures en bronze représentant des jeunes garçons, ce sont Los Raqueros, les monuments les plus célèbres de la ville de Santander. Je ne l'ai malheureusement pas visitée lors de mon voyage en Espagne, car la région de la Cantabrie, au nord du pays, ne faisait pas partie de notre itinéraire.

Récemment, un reportage de la série Les plus belles baies du monde présenté par TV5 m'a fait découvrir cette magnifique baie de Santander, membre du très select Club des plus belles baies du monde, tout comme la baie de Tadoussac et celles d'une trentaine d'autres villes.

Ces quatre sculptures de l'artiste José Cobo Calderón représentent donc des raqueros, ainsi qu'on appelait les garçons qui autrefois se lançaient à la mer pour y récupérer des pièces de monnaie lancées par les touristes et les curieux. raqueros,santander,josé cobo,monumentImmortalisés, photographiés, admirés par des centaines de milliers de visiteurs venus du monde entier, ils sont devenus de vraies vedettes. Grâce à l'artiste et à la ville qui lui a commandé cette oeuvre, ces jeunes défavorisés, marginaux, dont plusieurs n'étaint sans doute pas des anges offrent aujourd'hui un superbe pied-de-nez à leur sort misérable. (Comme si une oeuvre publique, à Montréal par exemple, mettait en scène des membres de gangs de rue!).

L'écrivain José María de Pereda a décrit et fait connaître ces jeunes garçons dans ses romans, dont l'un s'intitule justement Los Raqueros.

Je les trouve magnifiques, ces enfants de bronze grandeur nature qui se mêlent aux passants. Il me semble que celle des quatre sculptures qui donne à l'ensemble toute sa valeur, son caractère unique, son supplément d'âme en somme, c'est celle-ci, suspendue au-dessus de l'eau:

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Voici enfin la plaque commémorative, et ensuite le texte qui y est inscrit.

raqueros,santander,josé cobo,monumentLos Raqueros

Personajes tipicos santanderinos descritos por Jose Maria de Pereda, que en los siglos XIX y XX frecuentaban las machinas y acustumbraban a darse un cole en puertochico, buceando en las aguas de la bahia para recoger las monedas que los curiosos les lanzaban.

Et la traduction (bien approximative):

Personnages typiques de Santander dépeints par (le romancier) José Maria de Pereda. Aux 19e et 20e siècles, ces jeunes des quartiers défavorisés se rendaient à  Puertochico, où ils plongeaient dans les eaux de la baie pour y retrouver les pièces de monnaie que leur lançaient les curieux.

 

24/06/2011

Québec: hymne, fête et pluie (et vice-versa)

181572007.jpg

Je ressors mon image du drapeau québécois avec un chat à l'arrière-plan pour souhaiter à tous une bonne Fête du Québec. Le 24 juin, c'est en général une journée où je ne fais rien. Enfin, rien de spécial. Un peu de rangement, un peu de cuisine (poivrons farcis aujourd'hui, qui ont d'ailleurs retardé la mise en ligne de cette note), un petit tour de vélo quand il fait beau (pas aujourd'hui donc), lecture, télé, radio, bière, vin...

J'aime bien cette idée de ne rien faire, de laisser le temps filer, de regarder les heures passer, (et la pluie tomber!) sans projet particulier. Un peu comme le lendemain de Noël. Et en pas beaucoup plus chaud!fête nationale,québec,kébec,hymne national

Écrire, aussi. Un sujet de circonstance: O Kébèk, l'hymne national récemment pondu par le poète Raoûl Duguay (au bout de ce lien: paroles et plusieurs renseignements sur l'oeuvre), le seul qui a osé participer au concours lancé par la Société St-Jean Baptiste. Il a reçu beaucoup de critiques, certaines assez virulentes.

Paroles pompeuses et déconnectées de la réalité, a-t-on souligné. Peut-être, mais tous les hymnes nationaux sont comme ça. Voyez le Ô Canada par exemple, ou La Marseillaise. ("Aux armes citoyens!!!")

L'hymne national est un genre, à la fois musical et littéraire, ayant ses codes et ses principes: presque toujours grandiloquent, le texte se présente comme un poème destiné à stimuler la fierté d'un peuple en évoquant son histoire glorieuse et son avenir plein d'espoir. La musique est entraînante, souvent inspirée de la marche militaire. Tout à fait Ô Kébèk.

Il y a eu diverses suggestions pour faire d'une oeuvre existante l'hymne national du Québecs. Gens du pays, de Gilles Vigneault, par exemple. Ou Le plus beau voyage (vidéo ci-dessus), une magnifique chanson de Claude Gauthier (entendue ce matin à la Première chaîne, interprétée en direct par Gauthier).

Il y a aussi L'Hymne au Québec, de Guy Dupuis et Richard O'brien, interprété par le ténor québécois Richard Verreau (vidéo ci-dessous). Si vous lisez bien les paroles, elles disent exactement la même chose (mais en moins de mots) que Ô Kébèk,  dans un style ampoulé et déclamatoire.

 

Pour ma part, j'aime bien la chanson de Duguay, mais il faudrait selon moi lui apporter quelques changements. D'abord abréger le texte (beaucoup trop long) et le découper en couplets et refrain(s) (il en existe d'ailleurs une version courte).

Ensuite, changer d'interprète! Je respecte et j'admire notre Raoûl national, mais c'est un poète plutôt qu'un chanteur, et son style n'est pas fait pour servir un hymne national.

Il faudrait plutôt un ténor ou un baryton à la voix puissante, soutenu par une orchestration plus rythmée, avec cuivres et percussions qui lui donneraient un petit air martial.

Y a-t-il un candidat dans la salle?

22/06/2011

Qin: empereur et fossoyeur des Chinois

empereur guerrier,chine,musée des beaux-arts,montréalPlus que quelques jours pour voir l'exposition L'empereur guerrier de Chine et son armée de terre cuite au Musée des beaux-arts de Montréal (jusqu'au 26 juin). Une formidable exposition qui donne à voir des pièces fabuleuses, soldats, chevaux, artéfacts, éléments de décor façonnés avec une extrême précision. Des objets en terre cuite que le Premier Empereur a fait fabriquer et placer dans un mausolée, immense complexe funéraire où il voulait reproduire sous terre le monde vivant qui l'entourait.empereur guerrier,chine,musée des beaux-arts,montréal

Il s'agit là d'une infime partie des 8000 soldats mis au jour par les archéologues dans la nécropole chinoise, où se trouvaient aussi des chevaux, des chars, et des milieux de vie reconstitués: jardins, parterres, rivières, animaux.

Ce monde figé dans la pierre pour l'éternité a déteint sur la Chine réelle et sur ceux qui l'habitent aujourd'hui. Comme le dit si bien Jack dans cette brillante analyse, l'empereur Qin Shi Huangdi marquait ainsi pour longtemps le destin de la Chine: secrète, fermée, communiquant difficilement avec les autres nations, dirigée par des tyrans pour lesquels le peuple est forclos: une Chine atteinte d'autisme, pourrait-on dire.

J'ai trouvé dans ce propos de Jack les raisons de mon ambivalence. C'est que j'étais tiraillée entre d'une part: mon admiration pour la beauté des pièces; mon plaisir de découvrir tout ce pan de l'histoire humaine que je connaissais bien peu; enchantée par les faits historiques que révèlent ces objets, qu'il s'agisse de poteries, de bijoux, ou de tuyaux d'égout de l'époque; renseignée encore davantage par l'audioguide et les cartels; impressionnée d'avoir sous les yeux ces témoins d'un monde lointain qui ont voyagé dans le temps et dans l'espace pour venir jusqu'à moi.

D'autre part: un léger malaise devant l'entreprise irrationnelle et mortifière d'un homme qui voulait peut-être défier le destin, qui a peut-être cru que cette nécropole le protégerait contre sa propre mort; malaise aussi à l'idée de tous ces ouvriers et artisans qui ont souffert et sont morts en travaillant à concrétiser le caprice fou de leur maître. Le nom de l'empereur Qin est parvenu jusqu'à nous, mais pas celui de ces humbles travailleurs...

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21/06/2011

Ces ormes qu'on abat

Les ormes tombent autour de nous, ces jours-ci. Ils sont morts, on les abat. Bien sûr il le faut, mais j'ai quand même la gorge serrée quand je vois tomber ces géants. Ainsi, hier matin, celui-ci était encore debout:

orme,arbre,abattre,ArvidaUn peu plus tard, les employés de la ville lui ont coupé quelques branches:

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Le ciel s'était assombri. Ils l'ont entouré d'une corde, puis ont commencé à scier la base:

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Le géant est tombé:

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Et enfin réduit en poussière:

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Remarquez l'homme devant la maison au fond: il scie des pierres chez le voisin. C'était vraiment jour de poussière sur notre rue.

Comme cela se passait en face de notre maison, Jack aussi en a parlé, ici.

Voici d'autres ormes morts des environs, qui seront peut-être abattus aujourd'hui:

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La chute

Effectivement, les ormes photographiés debout dans la note ci-dessus sont tombés ce matin. J'ai filmé la chute de l'un d'eux:

 

20/06/2011

Bleuetière en fête

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Victor Dallaire (photo Le Quotidien)

Samedi soir, l'Ordre du Bleuet a accueilli onze nouveaux membres au cours  de son deuxième gala annuel, tenu à la salle Pierrette-Gaudreault. Fondée par Jérémie Giles, développée par lui, Christiane Laforge et une équipe de bénévoles dévoués, la Société de l'Ordre du Bleuet a précisément pour but de rendre hommage à des personnes qui ont contribué au développpement et au rayonnement culturel du Saguenay Lac-Saint-Jean.

Je les connaissais tous, je connaissais une partie de leurs actions, mais de voir résumées comme ça, sur vidéo, toutes ces vies consacrées à la poursuite d'un idéal, c'était spécial, assez émouvant en fait.

ordre du bleuet,gala 2011,Mario PelchatIl y a chez nous des gens qui travaillent très fort, sans compter les heures, souvent mal ou peu payés, pour créer, communiquer leur passion pour une discipline, faire connaître un domaine, diffuser l'art et la culture sous diverses formes. Leur travail a été souligné, reconnu, mis en évidence, le temps d'une soirée devant leurs pairs, les bleuets qui remplissaient la salle.

Au-delà de cette brève cérémonie, tout un travail de recherche est accompli. Textes, liens, images, documentation demeurent disponibles sur le site de l'Ordre du Bleuet. (Ceux de 2010 y sont déjà, et ceux de 2011 y seront bientôt).

 

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Arthur Villeneuve

Ainsi Florence Munger, fondatrice de l'École Florence-Fourcaudot, une vraie pionnière qui a dû se battre dans les années 50 pour contourner l'imbécile condamnation de la danse par les curés. Elle a suivi des cours, dansé en public, fondé l'école de danse (Fourcaudot est le nom de son mari), que les jeunes filles devaient fréquenter en cachette, à cause du stupide interdit catholique. Les mots danse et ballet étant interdits, on disait qu'il s'agissait d'art chorégraphique. C'était vraiment touchant de voir cette vieille dame très digne, qui se déplace avec peine, autrefois jeune ballerine, recevoir sa récompense, et sourire en écoutant les applaudissement nourris qu'on lui a réservés.

 

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Guylaine Simard (photo Le Quotidien)

 

Le danseur étoile Guillaume Côté  était je crois le plus jeune des hommagés, et le seul qui n'était pas présent. Les images qu'on a montrées de lui, exécutant des sauts et entrechats hallucinants, vêtu de costumes  flamboyants, étaient fort belles. Il était l'un des deux récipiendaires dits de la diaspora, soit les gens d'ici qui rayonnent à l'extérieur de la région, l'autre étant Mario Pelchat, un authentique bleuet qui chante de par le monde; accompagné de ses parents, il était visiblement heureux de l'honneur amplement mérité que lui décernait sa région.

ordre du bleuet,gala 2011,jérémie giles,christiane laforge,cultureBel hommage aussi au cinéaste Alain Corneau, qui s'est battu toute sa vie pour faire exister le cinéma au Saguenay, qui a porté à bout de bras la maison de production La Chasse-galerie, qui a produit et monté des films de grande qualité et travaillé sur de nombreux longs métrages québécois.

Victor Dallaire, le sculpteur intègre, intense et sans compromis, Guylaine Simard, la vaillante et dynamique directrice du Musée du Fjord, Yvon Paré, mon ancien collègue journaliste, écrivain et passionné de littérature, de même que  le musicien Clément Tremblay, qui fut notamment à l'origine du Festival Jazz et Blues, et le photographe Michel Tremblay, fondateur Zoom photo festival de Saguenay, ont aussi été honorés.

Enfin à titre posthume, l'Ordre du Bleuet a reconnu le travail de l'abbé Raymond Tremblay, qui fut curé de la Cathédrale de Chicoutimi, chef de choeur et fondateur du Camp musical du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et celui d'Arthur Villeneuve, le peintre-barbier à la vocation tardive qui a su créer une oeuvre abondante, personnelle et remarquable.

Cette soirée à la fois simple et bien organisée avait de quoi nous remonter le bleuet.

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*Article et détails sur les lauréats ici, dans Le Quotidien

17/06/2011

Différences culturelles

différences culturelles,sentiments,exprimer,visionJe suis allée récemment dans la région d'Ottawa pour assister au mariage d'Éric Pelletier, l'un de mes deux neveux, fils de mon frère Pierre.

Un vrai beau grand mariage, avec plusieurs invités, repas, cadeaux, robe blanche, échange de bagues, cérémonie civile sur la terrasse du chic Brookstreet hotel de Kanata. Plus de 2000 kilomètres, Arvida aller-retour, bien supportés par moi, mon père (90 ans) et mon frère François qui a pris le volant pour la partie Québec-Orléans-Kanata.

Mais je ne vais pas raconter en détail cet événement familial.

 

Ne rien dire

Plutôt évoquer ce qui m'a le plus frappée dans les diverses conversations auxquelles j'ai participé. C'est le constat fait par une invitée d'origine coréenne dont j'ai fait la connaissance. La conversation portait sur l'entente entre les couples, les qualités et défauts de chacun. Quelqu'un a demandé, à propos d'une convive, si elle se fâchait souvent. Question à laquelle son conjoint a répondu: "très rarement".

Vive et charmante, la femme née en Asie a alors expliqué que, parmi ses difficultés d'adaptation à sa nouvelle patrie, il y avait celle de décoder les Québécois (et Canadiens) à ce chapitre. Ici, mentionnait-elle, les gens n'expriment jamais ouvertement leur colère.  Les premières années, il lui arrivait de repenser à une conversation qu'elle avait eue avec quelqu'un, et de se dire cette personne était probablement fâchée. "Mais elle ne l'avait pas dit, et moi je ne pouvais pas le deviner", disait-elle, ajoutant que c'était même arrivé avec son conjoint québécois.

 

Tout dire

Dans son pays, quand on n'est pas satisfait d'une situation, on le dit tout de suite, on crie, on hurle, on s'insulte copieusement, que ce soit en privé ou en public. On voit même parfois à la télévision des parlementaires qui en viennent aux coups.

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Elle avait raison. Deux exemples publics québécois me sont venus immédiatement à l'esprit.

 

Exemple 1

Celui de tous ces gens qui veulent civiliser les échanges à l'Assemblée Nationale. Éliminer les insultes, les mots durs, les dialogues musclés, les pointes acérées que se lancent les députés. Autrement dit, inviter ces derniers à ne pas dire ce qu'ils pensent, à faire semblant d'être d'accord quand ce n'est pas le cas, à ne rien dire quitte à se répandre ensuite dans les médias sur les erreurs ou errements de l'adversaire, même quand c'est quelqu'un de son propre parti. Autrement dit à se préoccuper davantage de la forme que du contenu.

 

Exemple 2

Autre exemple, qui découle du premier: les membres du Parti Québécois qui ont écrit une lettre à Jacques Parizeau, que voulaient ils vraiment? Qu'il se taise? Ils ne l'ont pas dit. Et dès que des journalistes leur ont mis un micro sous le nez pour obtenir des explications, les auteurs de la lettre se sont récusés: "ah non, on respecte Monsieur Parizeau, c'est notre mentor, on ne veut surtout pas le museler".

Billevesées et double discours.. Le sens de leur message était: "tasse-toi mon oncle". Pourquoi ne l'ont-ils pas exprimé clairement? (L'oncle en question travaille en coulisse pour nuire à tous les chefs qui lui ont succédé... mais ça c'est une autre question).

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Silence et dérives

Les Québécois, et je m'inclus dans le groupe, souffrent aussi de ce travers dans la sphère privée, me semble-t-il. On n'ose pas dire qu'on est en colère. S'opposer carrément et immédiatement à un interlocuteur dont les propos nous choquent ou nous dérangent. On va en parler à quelqu'un d'autre plutôt que de dire franchement ce qui ne va pas à un ami, conjoint, partenaire, collègue, patron. Un comportement assez répandu dans l'humanité en général, mais qui me semble ici poussé très loin.

Et qui peut mener à de graves dérives. La colère rentrée, dissimulée, peut exploser et s'exprimer violemment: perte de contact avec la réalité et autres troubles mentaux, crises en tous genres, agressions, meurtres peut-être...

14/06/2011

Berceaux aux mille visages

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Portrait à l'huile de Gabriel Fauré, par John Singer Sargent, vers 1889

J'ai découvert  Les Berceaux, une mélodie de Gabriel Fauré sur un poème de Sully Prudhomme en écoutant l'un des derniers disques enregistrés par Yves Montand, en 1980. J'ai été éblouie par ces mots si vrais et cette musique, que j'ai trouvée magnifique.
Puis j'ai constaté que tout le monde connaissait cela et qu'un nombre impressionnant d'interprètes, hommes et femmes, classiques et populaires, parmi lesquels Tino Rossi, Barbra Hendricks, Gérard Souzay, ont proposé leur version de cette oeuvre.
L'internaute Jean-Luc Fradet a consacré une page à cette chanson, (ici).les berceaux,gabriel fauré,prudhomme,montand,jean-luc vradet
Il en a colligé et commenté 17 interprétations,  toutes intéressantes. Il est très sévère envers celle d'Yves Montand, mais je ne suis pas d'accord avec lui: après tout c'est grâce à Montand que j'ai découvert cette mélodie, et je lui suis demeurée fidèle, tout en découvrant avec bonheur d'autres interprètes.

Sur la vidéo, une interprétation qui ne fait pas partie de la liste de M. Fradet, celle du ténor brésilien David Henrique de Souza


 

D'ailleurs si vous cherchez Les Berceaux sur YouTube vous en trouverez plusieurs autres versions.
J'en ai mis une dizaine sur mon iPod et c'est un vrai plaisir de les écouter toutes l'une après l'autre.

 

Voici enfin le poème:

 

Les Berceaux
Sully Prudhomme

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Le long du quai, les grands vaisseaux,
Que la houle incline en silence,
Ne prennent pas garde aux berceaux,
Que la main des femmes balance.

Mais viendra le jour des adieux,
Car il faut que les femmes pleurent,
Et que les hommes curieux
Tentent les horizons qui leurrent!

Et ce jour-là les grands vaisseaux,
Fuyant le port qui diminue,
Sentent leur masse retenue
Par l’âme des lointains berceaux.