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12/05/2006

Critique un jour...

Petit topo de Philippe Belley sur la critique au Québec, ce matin à CBJ-Radio-Canada. Il déplore, comme bien d'autres, y compris des critiques, qu'il n'y ait pas assez de critique, et que celle-ci, quand elle existe, soit trop complaisante. C'est exact. J'ai exercé moi-même exercé ce métier fort longtemps, et si au début, je pouvais taper fort sur un spectacle qui m'avait déplu, la situation a changé au fil des années, pour moi comme pour les autres critiques. C'est dû à plusieurs facteurs : la qualité des spectacles s'est améliorée, les «vrais» critiques sont de moins en moins nombreux, et ceux-là, tout comme les potineurs et autres vecteurs d'information culturelle, sont l'objet de tentatives de manipulations très insidieuses, tout en évoluant dans un milieu frileux et fragile. Tout cela se ramène d'ailleurs à un seul dénominateur commun: l'argent.

1- La qualité des spectacles

Celle-ci est allée en augmentant, règle générale, au fil des ans depuis les années 60, pour tous les genres de production: théâtre, danse, cinéma, humour, grands spectacles, musique classique même, et cela notamment parce que les artistes, techniciens, gens de scène, sont aujourd'hui mieux formés.
Il en coûte par ailleurs tellement cher pour monter la moindre production, que les gens ne peuvent pas risquer de se tromper. On peut bien attirer le public par de l'information, de la promotion, mais une fois celui-ci assis dans la salle, il faut tenir les promesses de l'affiche, afin de faire le plein de spectateurs, qui répandront la bonne nouvelle et en attireront d'autres. Si le spectacle déçoit les premières vagues de spectateurs, le bouche-à-oreille fait son oeuvre, les journaux parlent de fiasco, et c'est la catastrophe, le déficit. Investir beaucoup, en argent, en préparation, en répétitions, en mise au point des moindres détails, c'est le seul moyen pour espérer obtenir un retour sur cet investissement.
Dans les années 60 et 70, il s'agissait d'être une bande d'artistes plus ou moins sérieux, de se réunir pour monter un show, mi-préparé, mi-improvisé. Ça coûtait 200$, 500$, 1000$, on n'avait donc pas besoin de vendre les billets très cher, ni même de remplir les salles. Les gens écoutaient moins la télé, ils avaient envie de sortir, payaient 5$ ou 10$ pour aller voir un show, et s'ils n'aimaient pas, ce n'était pas très grave, ni pour les spectateurs, ni pour les artistes. Aujourd'hui, si à quelques jours de la première d'un spectacle, il y a moins de 100 ou 200 billets vendus, il est tout probable qu'il sera annulé.
Donc, comme critique, on a moins de choses vraiment pourries à se mettre sous la dent. On peut signaler des erreurs, des fausses notes, quelques irritants, on peut ne pas aimer le genre, trouver cela trop facile ou trop populaire, reste qu'il y a un minimun de qualité, de professionnalisme dans la plupart des shows et qu'on ne peut pas ne pas le souligner. Il est assez rare qu'une production totalement nulle arrive à se frayer un chemin jusqu'à une scène professionelle. Dans le cas des productions locales, régionales, elles se font bien souvent avec peu de moyens, mais les intervenants sont dans bien des cas hyperqualifiés, étudiants et profs en théâtre, en danse, en musique, et la faiblesse de leurs moyens financiers est compensée par l'énergie, l'enthousiasme, l'ingéniosité, et la foi artistique qui les animent.
Tiens, je me suis laissée prendre par mon sujet, j'en ai long à dire, la suite arrive bientôt.

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