Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/04/2012

Un voyage...

Je reviens d'un merveilleux voyage... Ce ne sont pas les ailes d'un avion, mais les pages d'un livre qui m'ont ainsi transportée quelque part en Amérique du Sud. J'ai chevauché la fin du 19e et le début du 20e siècle, vécu dans une petite ville portuaire des Caraïbes, parcouru un pays imaginaire qui doit ressembler à la Colombie ou au Chili, côtoyé des êtres merveilleux, pleins de vie, avec leurs qualités et leurs travers, et surtout tellement humains, notamment la belle Fermina Daza, son mari Juvenal Urbino, et son amour de jeunesse Florentino Ariza.gabriel garcia marquez,l'amour aux temps du choléra,roman,colombie,exotisme,amérique du sud,fantaisie

Eh oui, je viens tout juste de terminer L'amour aux temps du Choléra, de l'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez (pour plus de détails sur sa vie, voir cet artice du Nouvel Observateur), dont j'avais lu autrefois avec ravissement Cent ans de solitude et Chronique d'une mort annoncée.

Récemment, deux amis avec lesquels je mangeais au restaurant ont évoqué cet autre roman très connu de l'auteur, L'amour aux temps du choléra (publié en 1985), en se relançant les passages et les personnages qu'ils avaient préférés.

Cela m'a donné le goût... de lire autre chose que les polars et policiers qui constituent depuis plusieurs années l'essentiel de mes lectures. J'ai emprunté l'ouvrage à la bibliothèque municipale, et il m'a fait passer des heures merveilleuses.

Un grand roman, entre passion, sagesse, folie, poésie, exotisme. Dramatique et comique, parsemé de considérations sur la vie, la mort, l'amitié. L'auteur-narrateur se montre sans illusion sur la nature humaine, qu'il aime pourtant et qu'il décrit avec une bienveillante ironie.

C'est aussi un livre surgabriel garcia marquez,l'amour aux temps du choléra,roman,colombie,exotisme,amérique du sud,fantaisie les affres de la vieillesse, laquelle cependant, selon cette histoire, réserve encore quelque bonheur à ceux qui s'y laissent glisser en abandonnant leurs préjugés.

C'est l'histoire d'un amour éternel, entrecoupé d'amours passagères. Des personnages, des animaux, des maisons, des rues, des paysages aux couleurs intenses et lumineuses prennent vie sous nos yeux. L'écriture (la traduction d'Annie Morvan m'a semblé excellente), riche et foisonnante, émaillée de touches lyriques ou poétiques, coule de source.

Un film (américain, avec Javier Bardem), a été tiré du livre en 2007: j'aimerais bien le voir.

09/09/2011

Amélie Nothomb: une forme de livre

amélie nothomb,une forme de vie,roman,lecture

J'aime bien Amélie Nothomb. J'ai lu presque tous ses romans, et chacun d'eux m'a étonnée, charmée et amusée.
Je ne sais pas si l'histoire littéraire la retiendra comme une grande auteure, et au fond peu m'importe: je la trouve spéciale comme personne, elle m'est fort sympathique et j'aime lire ses livres. Dans le dernier en date, intitulé Une forme de vie, elle se met elle-même en scène, à la fois comme narratrice et comme personnage portant son vrai nom.
Un soldat américain basé en Irak lui écrit des lettres qui piquent sa curiosité. Elle apprend qu'il est obèse, comme beaucoup de ses camarades. C'est un mal qui ronge l'armée américaine: manger est l'équivalent de prendre de la drogue, lui avoue-t-il, ça fait oublier toute l'horreur  et le stress de la guerre. Je ne révèle rien sur l'histoire en disant cela, car ce n'est pas ça l'histoire.amélie nothomb,une forme de vie,roman,lecture
Amélie Nothomb se prend au jeu, répond à ses lettres et finit par accepter de rencontrer son gros correspondant.
J'ai adoré. C'est fin, zesté d'allusions et de références, la critique sociale affleure sans s'imposer. Ses considérations sur les relations humaines et sur l'écriture sont à la fois féroces et délicieuses.

Le style léger gratte délicatement les apparences anodines ou ridicules pour révéler la détresse tapie au fond de l'âme.

Ce n'est pas ce qu'on pense au début... c'est encore mieux.
C'est court, impertinent... pertinent.

14/06/2010

Paul Auster, l'Invisible

InvisibleLivre.jpgJe viens de terminer la lecture de Invisible, le plus récent roman de Paul Auster. Cela aurait pu s'appeler "Un homme", mais le titre était déjà pris (par Philip Roth).
Et peut-être qu'il faudrait dans ce cas dire "Deux hommes", car en réalité Adam Walker, le "héros" de l'histoire, n'existe que par rapport à un autre personnage, Rudolf Born, en quelque sorte son âme damnée. Le premier est un jeune étudiant idéaliste et naïf, l'autre un personnage ambigu, qui inspire fascination et inquiétude.
Un lien se noue entre les deux hommes, qui sera brisé à la suite d'un événement tragique. Horrifié par le geste agressif de Born, Walker tente de le dénoncer, d'abord à la police, puis à d'autres personnes qui le connaissent, et finit par quitter les États-Unis pour l'Europe, croyant ainsi se libérer de son fardeau. Quelques liaisons avec des femmes, une poursuite, des interventions policières, des rencontres émaillent aussi la narration et étendent le tissu temporel autour de l'année de référence, 1967.
Ce que j'ai surtout aimé de ce livre, c'est sa structure, qui s'appuie sur une technique narrative originale, sa maîtrise des procédés littéraires, les références à l'histoire ancienne ou moderne qui le relient au monde réel. Paul Auster, un auteur que j'apprécie et dont j'ai lu presque tous les livres, est un as à ce chapitre.
Cette histoire prend la forme d'un manuscrit qu'Adam Walker, atteint d'une grave maladie, fait  parvenir en plusieurs étapes à Jim, un ancien vague camarade de promotion.
Mais le fait qu'il s'agisse d'un manuscrit n'est pas dévoilé d'emblée: le lecteur l'apprend après avoir lu le premier chapitre. La responsabilité d'écrire le récit se transmet alors du personnage principal au personnage secondaire, puis à un troisième personnage, on passe du "je" au "tu", puis au "il".  Le suspense se tisse et se désamorce, tandis qu'Adam Walker est de moins en moins présent à mesure que faiblissent ses forces... il devient invisible.paulAuster.jpg
Comme toujours chez Paul Auster, les personnages sont des êtres de mots et non de chair: tissés dans et par l'écriture, ils conservent leurs zones d'ombre, se défilent et se délitent.

 

Tout passe

l'espace

efface

le bruit

comme dirait Victor Hugo.

 

Des indices sèment le doute chez le lecteur et l'incitent à tenter d'établir une hiérarchie des événements selon leur réalité, leur probabilité, ou leur impossibilité (par exemple ceux qui sont imaginés par un personnage). Il est même écrit en toutes lettres, quelque part au milieu du livre, que les noms de personnes et de lieux ont été changés... ce qui est un comble puisqu'il s'agit d'une fiction!
Ceci dit, ces incertitudes ne sont pas frustrantes pour le lecteur, du moins pas pour moi: l'histoire finit par se tenir, grâce à un travail littéraire habile et fascinant.

J'ai donc beaucoup aimé ce roman de Paul Auster: agréable à lire, il fait réfléchir et, comme les personnages et les événements qu'il construit sous nos yeux, comme toute oeuvre d'art d'ailleurs, il conserve sa part de mystère.

29/09/2008

Annie Ernaux: roman troublant

aernaux.jpg

Une autre nuit -presque- blanche en compagnie d’un livre. Cette fois c’était Les années, d’Annie Ernaux. Le chroniqueur de La Presse Pierre Foglia aime beaucoup cette auteure française (photo de droite) totalement atypique, et il a en particulier dit beaucoup de bien de ce livre, son plus récent. Pour ma part, c’était le premier de ses nombreux romans que je lisais.
Je l’ai donc terminé au petit matin. Et ensuite, j’ai eu du mal à m’endormir, parce qu’il m’avait troublée. Annie Ernaux, née en 1940, elle raconte sa vie, mais d’une manière très originale: comme si elle se fondait avec la marche de l’histoire, emportée par les courants politiques et sociaux, tout en conservant la distance nécessaire pour les observer et pour y inscrire son destin individuel.
Même si cela se passe en France, il y a beaucoup de similitude avec le Québec, notamment en ce qui concerne l’évolution de la famille, du mariage, de la lutte des femmes, les habitudes de consommation, les idées. Seuls les noms de lieux et les marques de commerce sont différents, mais pour moi, qui ai vécu en France au début des années 70,  tout ce dont elle parle est plutôt familier.
annees1.jpgDu fonds commun de cet univers et de cette histoire, elle se détache par le livre qu’elle écrit, et par son style particulier: l’imparfait de l’indicatif et la troisième personne du singulier évoquent le rythme et le souffle d’un train qui fonce vers on ne sait où sans pouvoir s’arrêter. Passagère à bord du train, la narratrice  entre en gare à quelques occasions, par le biais d’une photo décrite en détail, et qui marque une étape de sa vie.
Comme toute création et plus généralement toute action humaine, le livre tente de  “sauver quelque chose du temps où  l’on ne sera plus jamais” (dernière phrase du roman), autrement dit de conjurer l’échéance de la mort. C'est donc un livre bouleversant, original, une vraie oeuvre romanesque.
Après l’avoir terminé, j’écrivais dans ma tête, comme elle, mais avec mes mots, mes images, mes idées, bref, tout ça tourbillonnait, agité par cette conclusion à la fois noire et lumineuse.
J’ai dû penser à mes leçons d’espagnol pour réussir à m’endormir.