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28/03/2017

Idoménée, roi de Crète

Idomeneo, re di Creta, de Mozart, en direct du Metropolitan Opera
Vu le samedi 25 mars 2017 au Cinéma Apéro de Jonquière

Idomeneo, opéra, Metropolitan, Maahew Polenzani, James Levine, Cinéma Apéro

Un opéra moins connu de Mozart, on se demande pourquoi.Idomeneo, opéra, Metropolitan, Maahew Polenzani, James Levine, Cinéma Apéro
Superbe production, signée Jean-Pierre Ponnelle.

Les plus:
1 - La fabuleuse musique du génial Wolfgang Amadeus.
2 - Matthew Polenzani en Idoménée: voix, physique, émotion: il EST ce roi tourmenté à la perspective de sacrifier son fils au dieu Neptune. Les ornementations ne lui font pas peur, comme on peut le voir sur cette vidéo:
https://www.youtube.com/watch?v=FXzECHpshmI
3 - Elza van den Heever en Elettra, le faux accord dans cette symphonie de personnages bons, purs et aimants.  Dans son immense robe noire, avec rouge à lèvres et maquillage outré (on pense à la Reine de la Nuit) elle chante avec une parfaite maîtrise et nous offre un jeu intense légèrement teinté de second degré.
4 - Nadine Sierra, qui chante le rôle d'Ilia avec une voix fraîche et pure.
5 - Mise en scène dépouillée, décor unique, choeurs, jeu des interprètes.
6 - L'orchestre du Met, dirigé par le toujours magistral(!) James Levine. Pendant un entracte, une vidéo nous le montre, beaucoup plus jeune, en répétition avec Jessye Norman (elle aussi très jeune) pour l'opéra Ariadne auf Naxos: fabuleux!

Les moins:
1 - Alice Coote, dans le rôle d'Idamante, fils d'Idoménée et amoureux d'Ilia, est le maillon faible de ce quatuor d'interprètes. Mal à l'aise, peu expressive, elle chante correctement, mais sans éclat.
2 - Deux entractes interminables, inexplicablement vu qu'il n'y a pas de changement de décor.
3 - Le troisième et dernier acte. Sauf le grand air de la folie d'Électre, absolument magnifique, cette partie m'a semblé (peut-être à cause du long entracte qui avait précédé) moins intéressante musicalement que les précédentes.

Ces quelques irritants n'ont toutefois pas gâché mon plaisir et j'ai passé un après-midi magique.

09/10/2014

Reine de la nuit, à jamais

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Au cours d'une discussion récente avec des amis, il fut question de musique, d'opéra et de divas telles que la Callas, la Tébaldi, Joan Sutherland...

et...  Cristina Deutekom!
Quelques recherches sur la Toile m'apprirent qu'elle était néerlandaise, et non allemande comme je l'avais toujours cru. Et qu'elle est décédée très récemment, le 7 août dernier, à l'âge de 82 ans. Je n'avais même pas appris sa mort, et pourtant...
Jack et moi l'avons découverte il y a plus de 35 ans, chez d'autres amis qui nous avaient fait écouter ses deux arias de la Reine de la Nuit, dans La Flûte enchantée de Mozart.
Un timbre pur, agile et juste, un exploit vocal quasi surhumain qui offre à l'auditeur un voyage  bref et intense dans un paroxysme de beauté, de luminosité, dans un au-delà de l'écoute et de la musique normales.

Cliquer sur cette image pour la voir et l'entendre chanter l'un de ces deux airs,  Der Hölle Rache (La colère de l'enfer):

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Ce fut une découverte fabuleuse, et dès lors Cristina Deutekom devint pour nous la seule, unique et mythique Reine de la nuit.

Nous avons vu le beau film d'Ingmar Bergman, entendu plusieurs sopranos chanter ces deux airs. Certaines sont excellentes, notamment la Québécoise Aline Kutan, vue à l'Opéra de Montréal en 2009, et la Française Natalie Dessay, mais aucune ne s'approchait seulement de la performance de Cristina Deutekom: c'était elle, notre reine Christine.

L'enregistrement entendu chez nos amis était celui réalisé sous la direction de Georg Solti,  avec la Philharmonique de Vienne.

Outre la version complète de l'opéra, nous avons aussi acheté -et beaucoup écouté- le disque

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des extraits (pochette ci-dessus). J'ai gravé toutes ces arias (livrées par Deutekom et d'autres magnifiques interprètes) sur de multiples supports, elles m'ont accompagnée et m'accompagnent toujours dans tous mes déplacements en voiture.

Entre autres ce matin de 2009 où nous partions pour Montréal (nous allions précisément voir la Flûte à l'Opéra). Jack a glissé ce disque dans le lecteur de l'auto. Pour l'écouter en entier, cela nous a pris l'exact temps du parcours entre Arvida et l'Étape. Une heure qui a passé bien vite...

Voici le deuxième air, O zittre nicht (Ne tremble pas), chanté cette fois par Natalie Dessay (les acrobaties vocales sont surtout dans les deux dernières minutes):

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27/04/2014

Salles d'opéra...

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Voir et entendre un opéra (ou un concert) dans une salle, c'est une expérience très différente de celle que l'on peut vivre quant on l'écoute au cinéma, même en direct.

J'ai vécu cette différence en une seule journée, samedi: en après-midi j'ai vu Così fan tutte de Mozart, au cinéma Jonquière en direct du Metropolitan Opera, et en soirée, j'ai assisté à La traviata, de Verdi, au Théâtre Banque Nationale.
Au-delà de la musique, de l'orchestre, du chant, que l'on peut ou non aimer, des phénomènes singuliers découlent de la présence, de la juxtaposition et de la disposition des êtres et des choses dans une salle de concert. La proximité avec les autres spectateurs, la conscience qu'ils vivent et éprouvent en même temps que soi les mêmes choses, appuyée par les applaudissements qui fusent aux mêmes moments.  Le contact direct, physique, intime, entre les artistes et le public.

La disposition des sièges, demi-cercle à l'horizontale et échelle (gradins) à la verticale, formant un entonnoir par lequel tout passe et coule vers un seul point: la scène.
(Au cinéma, quelques applaudissements timides ponctuent parfois la prestation particulièrement réussie d'un chanteur, mais le fait que les artistes soient loin et ne puissent nous entendre éteint presque toute envie de manifester notre approbation).

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Et quand, comme c'était le cas samedi soir au Théâtre Banque Nationale, la salle est pleine et que le concert est d'une exceptionnelle qualité, une sorte de communion spirituelle s'établit et chacun, qu'il soit sur scène ou dans la salle, est emporté, physiquement et mentalement, dans le même maelstrom, une sorte de voyage cosmique qui culmine et se termine quand éclatent les applaudissements qui font circuler les ondes de la salle à la scène, que les artistes saluent, que les spectateurs quittent leur siège, encore tout imprégnés de ce qu'ils ont entendu, vu et vécu.
Ayant vécu cela dans la salle samedi soir, j'ai prolongé le plaisir en allant voir les artistes après le concert, dans les coulisses du Théâtre Banque nationale, que je n'avais encore jamais visitées.
La suite sur Cosi et Traviata dans mes prochains billets...

22/01/2013

Jour de reines

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J'ai passé mon samedi avec des reines. Trois reines, pour être plus exacte. Il y en avait deux dans l'opéra Maria Stuarda, de Donizetti, au Metropolitan Opera, transmis par le cinéma Jonquière. Deux reines, deux rivales: Élisabeth 1ère d'Angleterre et Marie Stuart, reine d'Écosse. Cette dernière est confinée à la prison pour le meurtre de son mari. Les deux femmes se livrent une lutte psychologique sans merci, ayant comme enjeux le trône d'Angleterre et l'amour d'un homme

Ce qui mène à une confrontation extraordinaire à la fin du premier acte, où les deux reines se disent les vraies affaires. Marie Première contre Élisabeth Première, légitime contre "batarde", catholique contre anglicane, mezzo contre soprano: un duo mémorable.

La production du Metropolitan vaut surtout par la prestation magistrale, absolument stupéfiante, de Joyce DiDonato, qui incarne Marie Stuart. En deuxième partie, elle aligne trois (ou quatre? je ne sais plus) arias très exigeantes, autant au point de vue du jeu (elle a vieilli de dix ans depuis le premier acte, elle est agitée de tremblements, elle est émue et verse des larmes), que de la prestation vocale où se succèdent trilles, mélismes, aigus sur graves, graves sur aigus. Elle fait tout cela à la perfection, soulevant autant l'admiration que l'émotion du spectateur, qui ne peut que compatir à la douleur de cette reine qui s'en va vers la mort. (Marie Stuart fut décapitée le 8 décembre 1542).

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Je ne sais pas pourquoi le metteur en scène David McVicar a voulu présenter Élisabeth sous une allure aussi incongrue: une sorte de robot qui se déplace sans grâce et semble sur le point de tomber à chaque pas, mais en tout cas c'est bien réalisé par la soprano sud-africaine Elza van den Heever. Elle chante aussi plutôt bien, même si sa prestation est totalement éclipsée par celle de Joyce DiDonato.

Matthew Polenzani est très bien, vocalement et physiquement, dans le rôle un peu difficile de l'indécis Leicester, aimé des deux reines. J'ai aimé le timbre et la technique de Joshua Hopkins dans le rôle de William Cecil mais pas du tout la prestation de la basse Matthew Rose, qui incarne  Talbot, le conseiller de Marie Stuart.

Il y avait beaucoup de monde au cinéma Jonquière, où la projection a encore une fois été affectée par des problèmes de son. On nous promet que ce sera réglé sous peu. Quant à la mise en images en provenance du Met, elle était tout simplement infecte, abusant des gros plans et des contreplongées.

La troisième  reine de mon samedi fut Christine de Suède, sujet de la pièce Christine la reine garçon, de Michel-Marc Bouchard, présentée par le TNM dans la nouvelle salle nommée Théâtre Banque Nationale. J'en parle dans une prochaine note.

03/06/2011

Opérette, opéra, arias

Julie Boulianne, Karin Côté, SALR, opérette, opéra, sopranoEn marchant sur la rue Saint-Denis, dans un secteur de Montréal (un peu au nord de Cherrier) où pourtant j'ai dû passer des centaines de fois au cours des années, je découvre ce vieux bâtiment, assez beau malgré ses fenêtres placardées au rez-de-chaussée. (Il logerait un cabinet d'avocats, semble-t-il).

Gravée dans la pierre, au-dessus de la porte, cette inscription:

STUDIO DE LA SOCIETE CANADIENNE D'OPERETTE

Et tout en haut:

FONDEE EN 1921

(Tout en majuscules, sans accent...)julie boulianne,karin côté,salr,opérette,opéra,soprano

 

L'inscription est plus lisible sur la photo de droite:

Je connaissais vaguement la Société canadienne d'opérette, mais je ne savais pas du tout qu'elle avait eu pignon sur rue au 3774 Sait-Denis. Fondée par le baryton Honoré Vaillancourt, elle a compté jusqu'à 200 actionnaires et 155 employés. Elle présentait jusqu'à neuf opérettes par année; des artistes comme Amanda Alarie, Lionel Daunais, Albert Roberval, Raoul Jobin y ont chanté.

"Peu après sa fondation, la Société canadienne d'opérette lança une souscription populaire sous forme de briques vendues à un dollar afin d'ériger un édifice de quatre étages au 3774, rue Saint-Denis, pour y loger son administration et tenir ses répétitions".

La SCO a pavé la voie aux Variétés lyriques, fondées en 1936 par Lionel Daunais, qui ont connu un succès phénoménal à Montréal jusqu'en 1955, avec des opérettes présentées au Monument-National.

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julie boulianne,karin côté,salr,opérette,opéra,sopranoL'opérette, c'est aussi le créneau de la Société d'art lyrique du Royaume, fondée à Chicoutimi il y a 40 ans. J'en profite pour vous signaler qu'elle présente, ce dimanche 5 juin à la salle François-Brassard, un très beau concert qui réunira sur scène la mezzo-soprano Julie Boulianne (photo) et la soprano Karin Côté. L'une est née à Dolbeau-Mistassini, l'autre à Laterrière, elles sont amies et se font complices pour présenter, en solos et en duos, aussi bien Mozart, Rossini et Massenet, que Poulenc, Ravel et Kurt Weill.

Plus de détails sur le concert ici.

02/05/2010

Armida: charme et trémolos

duoFleming,jpg.jpgArmida: un autre plaisir d'opéra. Un peu moins de monde que d'habitude, samedi après-midi au cinéma Jonquière pour la projection en direct du Metropolitan Opera, peut-être le beau temps a-t-il fait concurrence à l'opéra, mais personnellement j'ai passé des heures délicieuses.
Je ne connaissais pas cette oeuvre de Rossini, assez rarement jouée, c'est la première fois qu'elle est montée au Met.

La magnifique et toujours belle Renée Fleming aborde ce rôle périlleux avec grâce et assurance, ornementant son bel canto avec une virtuosité éblouissante.

Elle est entourée de cinq ténors, notamment du  bien nommé Lawrence Brownlee (que l'on verrait mieux dans le camp des maures que dans celui des chrétiens... mais enfin), qui joue Rinaldo, celui qu'elle ensorcelle et qui finalement la quitte. Belle voix également du ténor Barry Banks, dans ses deux rôles.

Cette incessante cascade d'exploits vocaux et de mélodies sublimes produit sur moi le même effet que le chocolat:  délicieux mais tellement riche que j'avais parfois un sentiment de satiété... et ça continuait quand même... Du bel canto pur sucre.
La magicienne Armida entraîne Rinaldo, le chef nouvellement élu des croisés dans un palais enchanteur et le tient sous son charme grâce à sa sorcellerie. Un sujet classique, pourrait-on dire. Et comme Ulysse et bien d'autres, Rinaldo finit par quitter celle qu'il aime pourtant pour vaquer à ses occupations d'homme: combat, guerre, le travail quoi!

Un ballet fabuleux au deuxième acte. Chapeau à la chorégraphe Graciela Daniele et aux danseurs et danseuses.

fleursArmida.jpg

 

Décors assez ordinaires, costumes couci-couça: certains, comme ceux des démons à la manière de Cats, frisent le ridicule. D'ailleurs la wagnérienne Debora Voigt qui remplaçait Renée Fleming (occupée ailleurs!) à l'animation, interviewant le chef de ces démons, n'a pu s'empêcher de dire qu'il portait le plus bizarre (weirdest -et je crois qu'elle voulait dire le plus laid-) costume jamais vu à l'opéra.

Mise en scène un peu confuse de Mary Zimmerman, qui on dirait, ne sait pas trop sur quel pied danser. Toute l'histoire est présentée sur un mode légèrement ironique, accentué par le sourire narquois qui ne quitte presque pas le visage de Mme Fleming. Pas de véritable émotion, donc, comme si tout ça n'était pas sérieux.

Mais comment pourrait-on être dans le drame quand les chanteurs virtuoses s'affrontent en duel -ou plutôt en duo- à coups d'ornements, fioritures, vocalises, arpèges, trilles, roulades et autres trémolos, tous plus étourdissants les uns que les autres?
On savoure, voilà, on savoure la musique, le temps passe vite, on en sort joyeux.
Les critiques ont été plutôt sévères envers cette production (ils ont même attaqué la prestation de Renée Fleming), mais comme vous le savez certainement, il ne faut jamais croire les critiques...

Cliquez ici pour lire l'opinion (très crédible celle-là!) de Jack.

31/03/2010

Hamlet: énigmatique

ophelieHamlet.jpgJe ne sais trop que penser de l'opéra Hamlet d'Ambroise Thomas, version Metropolitan Opera, vu au Cinéma Jonquière samedi.

D'abord une grande déception: ce n'est pas la soprano française Natalie Dessay qui a chanté le rôle d'Ophélie.  Dommage car elle semblait tellement habitée dans les bandes-annonces de cet opéra au Met...
Celle qui l'a remplacée, l'Allemande Marlis Petersen, a une belle voix et une bonne technique, mais elle est terne, sans éclat, et son français laisse à désirer. (Ça me dérange d'écrire ce commentaire, car je sais à quel point la tâche est difficile et je ne considère pas qu'elle est mauvaise, mais il lui manque ce petit plus qui hisse l'artiste au-delà du technicien et qui emporte l'adhésion).
Un irritant majeur: le baryton-basse James Morris, le premier chanteur à ouvrir la bouche, est épouvantable dans le rôle de Claudius: il joue mal, chante mal. Tellement insupportable que j'avais envie de me cacher sous mon siège chaque fois (heureusement pas trop souvent) qu'il chantait.

Point de vue du cinéma, maintenant, je déplore comme souvent la surabondance de gros plans (gracieuseté de Brian Large)  qui nous empêchent d'avoir une idée d'ensemble de la scène et de ce qui s'y passe. Et captation sonore défaillante, on percevait trop bien le changement de micro quand les acteurs se déplaçaient.

 

Les bonnes nouvelles maintenant

Un sujet de réjouissance: le baryton anglais Simon Keenlyside (pour lui comme pour les autres chanteurs mentionnés dans cette note, le lien pointe vers un article en anglais sur Wikipedia, car il n'y a pas de traduction française) est impressionnant dans le rôle d'Hamlet et tient avec assurance toute la production sur ses épaules: voix solide (un peu fermée dans les aigus), diction française impeccable, jeu dramatique nuancé et efficace, expressions du visage (vues en gros plan) variées et significatives, puissance et nuances vocales. Et quelle tête formidable!

Il est magnifique entre autres dans la scène très réussie de "la pièce dans la pièce": Hamlet engage des acteurs qui jouent la scène du meurtre de son père par son oncle. Grimpé sur la table du banquet, il en chasse du pied la vaisselle, y répand un lourd vin rouge (symbole???) dont il s'asperge ensuite abondamment avant de s'envelopper lui-même dans la nappe: c'est là, à ce moment magique qui clôt le premier acte que l'opéra commence vraiment à lever.
Jennifer Larmore (la reine Gertrude, mère d'Hamlet)  surjoue un peu et ses mimiques appuyées filmées en gros plan la font ressembler, comme certains l'ont fait remarquer, à la Cruella des 101 Dalmatiens. Ceci dit, elle joue bien, chante très bien et son français est excellent.
Quelques belles voix dans les rôles secondaires (Toby Spence notamment, qui  joue Laërte, le frère d'Ophélie) et même dans les rôles obscurs.

Aucun Français dans la distribution de cette oeuvre en français, et c'est dommage. Mais il y a un Français au pupitre:   Louis Langrée (cet article Wiki est en français...): il contrôle fort bien cette musique plutôt agréable aux accents dramatiques bien marqués, il en souligne les qualités et découpe bien les détails de cette masse orchestrale qui réserve un rôle de premier plan aux cuivres, il soutient bien les chanteurs et l'action, bref il est bon. L'un des deux metteurs en scène (Patrice Caurier, avec Moshe Leiser) est français. D'après ce que je vois sur la vidéo montrant Natalie Dessay et Simon Keenlyside à Barcelone en 2003, cette mise en scène tourne depuis sept ans déjà.

Les interviews à l'entracte étaient très intéressantes et nous éclairaient sur l'oeuvre et la production.
La scénographie est si dépouillée (grands murs arrondis) qu'on ne sait pas à quelle époque ni dans quel lieu on est. Certains considèrent cela comme une faiblesse, moi j'ai plutôt aimé.spectreHamlet.jpg
Mais je ne suis pas sûre d'avoir aimé ce monument d'indécision qu'est Hamlet et je ne sais que retenir de cette histoire. À la fois angoissé, inquiet et apathique, Hamlet semble surtout se débattre contre une immense léthargie. Quand il agit, presque malgré lui, il est rongé de remords et ne voit que la mort pour résoudre son problème. Il repousse Ophélie après avoir appris l'implication du père de celle-ci dans le meurtre du roi, mais on se demande s'il ne dévoile pas plutôt ainsi son incapacité d'aimer. Le spectre (assez ridicule, même si le chanteur qui l'incarne, David Pittsinger (photo) est plutôt bon) de son père mort lui demande de le venger, provoquant chez le fils: désir de donner suite à cette demande, remords de ne pas le faire, peur de le faire et d'en éprouver du remords, peur de la mort: il est coincé, le pauvre Hamlet. Ceux que cela intéresse trouveront ici une analyse du Hamlet de Shakespeare.
Malgré tout, je suis contente d'y avoir assisté: cela m'a permis de découvrir cette belle musique et je ne me suis pas ennuyée du tout.

19/01/2010

Les yeux bleus de Carmen

L'interprète de Carmen, dans cette production du Metropolian Opera que j'évoquais dans ma note la plus récente, est Elina Garança, une mezzo-soprano lettone blonde, qui porte les cheveux noirs (teinture ou perruque) pour jouer Carmen.

Et qui a les yeux bleus. (Parfois gris et parfois verts, selon le degré de correction apporté aux photos, ou selon les lentilles teintées qu'elle porte...)

garancaDisque.jpg

Mon relevé n'est pas exhaustif, mais j'ai cru remarquer que les critiques n'ont pas la même opinion au sujet de sa prestation, selon qu'ils l'ont vue sur place, dans la salle même du Met, ou au cinéma, en projection HD. Ces derniers sont plus louangeurs et parlent de son regard très expressif dans lequel ils ont pu lire toute une gamme des sentiments. Tandis que les autres lui reprochent une certaine froideur.

Les uns ont donc vu ce regard bleu (ou vert) en gros plan, et ils en ont été fascinés et impressionnés. Les autres, dans la salle, n'ont pu voir cela, et donc ils n'ont pas pu saisir les nuances de son regard, qui sans doute animent son personnage et déteignent même sur l'impression favorable laissée par son chant.

Ce qui pourrait entraîner une réflexion approfondie sur les différences entre le cinéma et le spectacle vivant...

Et une autre sur l'incroyable avantage que représente le fait d'avoir des yeux bleus, ou gris, ou verts, plutôt que bruns ou noirs.

20/12/2009

Contes merveilleux

Contes200910.12.jpgLes Contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach: un des meilleurs "opéras du Met" que j'ai vus au Cinéma Jonquière (samedi 19 décembre). D'abord une oeuvre magnifique, un sommet du répertoire français, parfaite alliance entre le texte, poétique et subtil, et la musique,  précise et nuancée. Les grands airs  (Kleinzach, La barcarolle...)  abondent, les numéros comiques alternent avec les scènes au lyrisme exacerbé:  un chef-d'oeuvre raffiné et profond.
Au Metropolitan Opera, le metteur en scène Bartlett Sher opte pour le travail en profondeur avec les interprètes,  dont plusieurs sont tout simplement extraordinaires.

- Première étoile : le ténor Joseph Calleja, originaire de l'île de Malte,  qui jouait Hoffmann pour la première fois de sa carrière. Mais ça ne paraissait pas du tout. Timbre clair et solide, registre étendu, technique impeccable,  physique attrayant et tout à fait en accord avec le rôle. De l'âme, du souffle, aucun signe de fatigue dans ce  rôle marathon  qui le tient sur scène presque sans arrêt. Fabuleux.
- Deuxième étoile : Kathleen Kim, (sur la photo du haut, avec Joseph Calleja) soprano colorature aux ascendances coréennes, pour son Olympia, automate déjantée aux gestes saccadés, voix parfaite dans les aigus où elle se meut avec une aisance déconcertante.

- Troisième étoile : Kate Lindsay, qui joue avec simplicité et naturel le rôle à la fois effacé et complexe de Niklausse (et la Muse), qui ponctue l'action. (Sur la photo du bas, avec Calleja)
- Mention spéciale à Alan Oke, qui jouait quatre rôles, dont celui de Franz (serviteur de Crespel), qui lui a permis de triompher dans l'air de la Méthode, du Offenbach pur jus, fantaisiste et divin à écouter.
- Petite mention au ténor Marck Showalter, très agréable à écouter même dans le rôle très secondaire de l'inventeur Spalanzani, "père" d'Olympia.
Anna Netrebko était belle et émouvante, dans Antonia (elle joue aussi Stella, la Diva qui chante Mozart), celle que la musique conduit vers la folie, mais son chant est un peu monotone et sa voix devient parfois instable dans l'aigu.
Ekaterina Gubanova m'a semblé complètement hors de propos, voix insignifiante et physique totalement en désaccord avec le rôle de la courtisane Giulietta.
Dans les quatre incarnations de l'esprit du mal, Alan Held a mieux fait comme acteur que comme chanteur.
Et je me demande toujours pourquoi, au Met, avec tout l'argent dont ils disposent pour engager les meilleurs chanteurs, ils laissent certains rôles secondaires complètement à l'abandon, les confiant à des artistes pratiquement incapables de chanter, comme Dean Peterson (père d'Antonia), ou Michael Todd Simpson (Schlemil, l'amant de de Giulietta). Je me dis parfois que n'importe quel des choristes de la production aurait pu mieux faire...
Scénographie riche et visuellement séduisante, toute en pénombres et clairs-obscurs. L'atmosphère se réclame de Fellini: clowns et femmes en corset, danses lascives, parapluies décorés d'un oeil, escalier en colimaçon qui ne mène nulle part.
Maestro James Levine était délicieux comme toujours au pupitre d'un orchestre qui nous a servi à merveille cette musique sublime.


ContesNiklausse.jpg Bref, quatre heures de pur bonheur, de total abandon, je suis encore sous le charme et sous le choc.
ll n'y avait pas autant de monde que je l'aurais cru au cinéma Jonquière. La salle n'était pas tout à fait pleine, pas besoin de se battre pour avoir des places: probablement que plusieurs fidèles n'ont pu s'y rendre à cause de la période des Fêtes.
Si vous l'avez manqué, vous pouvez vous rendre à la rediffusion des Contes d'Hoffmann, le 23 janvier 2010 (au cinéma Jonquière et dans plusieurs autres salles du Québec), c'est un vrai délice.
(Jack en a parlé ici)