03/10/2014
Con, cave... concave
Dernière oeuvre de Karol Proulx cueillie au fil de mes promenades à vélo. Pas de métal dans celle-ci, installée dans un parc près de la polyvalente de Kénogami. Une sorte de mur de maçonnerie, que l'on ne remarque pas si on ne fait pas attention.
Un petit air de ruine, aussi, comme le mur d'un édifice qui serait seul resté debout après un bombardement, un tremblement de terre ou simplement le passage du temps.
Mais quand on l'observe sous tous ses angles, on constate deux choses: ce mur est double, et ses deux parties sont courbées vers l'extérieur.
Au centre, là où les deux parties sont apposées l'une contre l'autre, il y a un trou, une ouverture circulaire qui passe de part en part, et par laquelle on peut apercevoir ce qui se trouve de l'autre côté.
Tout cela nous ramène au titre de l'oeuvre: "Ballon-cave". Tellement riche que je ne peux ici qu'en citer quelques possibilités, reliées aux multiples sens du mot "cave". Comme adjectif, assez rarement utilisé, il signifie creux, comme dans joues caves ou surtout veines caves: nous en avons deux, qui transportent le sang des organes vers le coeur.
Beaucoup plus répandu, l'adjectif concave signifie un peu la même chose, arrondi vers l'intérieur, arrondi en creux, par opposition à convexe, rond comme... un ballon.
Le ballon du titre est-il creux ou rond? Celui avec lequel on joue (ou jouait) sur ce terrain est convexe, et pourrait théoriquement passer par cette ouverture.
Cave, donc, c'est creux, enfoncé, mais aussi sombre, comme la cave (cette fois on passe au nom), la cave à vin, ou encore le sous-sol d'une maison ou d'un édifice. Antre mystérieux et inquiétant où se passent des choses étranges.
Un autre sens: au poker, la cave désigne la pile de jetons ou la somme d'argent dont dispose chaque joueur pour payer ses enjeux.
Pour terminer, revenons à l'adjectif. Quelqu'un qui est cave... n'est pas très brillant!
Une oeuvre fort intéressante, donc, qui permet de jouer avec tous les possibles de la langue et du ballon.
28/09/2014
Karol Proulx: fenêtre et rivière
Voici ma préférée parmi les oeuvres d'art public de Karol Proulx que j'ai photographiées. Les photos de cette page ont été prises à Jonquière au cours des deux années précédentes, lors de balades à vélo le long de la rivière aux Sables.
Ma préférée à cause de sa subtile intégration dans le paysage où elle est installée. Ses angles droits et la massivité des matériaux contrastent avec le vert tendre du gazon, les courbes gracieuses de la rivière, et la légèreté de l'eau.
En même temps elle propose au visiteur un cadre précis, un angle sous lequel il peut regarder ce paysage bucolique et urbain, comme dans le viseur d'un appareil photo. Par le fait même, elle lui offre l'occasion de le percevoir autrement.
Une fenêtre sur la rivière, c'est son titre. C'est exactement ça, nul besoin d'explications ni de savantes analyses: c'est clair comme l'eau de la rivière.
C'est zen, simple et beau.
Comme dirait Baudelaire, dans ce vers que je cite souvent:
"Je ne vois qu'infini par toutes les fenêtres"
24/09/2014
Destin de murale
L'autre installation de Karol Proulx que l'on peut voir au carré Davis a connu un sort moins intéressant que le monument, dont j'ai parlé ici. C'est la murale intitulée La Place de l'homme dans l'univers?, sur la façade de l'ancien hôtel de ville d'Arvida.
Le sort de l'oeuvre qui s'y trouvait auparavant fut encore moins enviable. C'était une murale de céramique en quatre parties réalisée par Jordi Bonet en 1960 et intitulée L'Homme et la cité. Attaquée par l'humidité, elle fut retirée, et on dit que les morceaux sont maintenant rangés dans des boîtes et entreposés à La Pulperie.
Voici une rare image de cette oeuvre de Jordi Bonet, tirée du documentaire Scrapper l'art:
Elle fut donc remplacée en 1975 par l'oeuvre de Karol Proulx, dont les quatre volets s'insèrent dans l'espace occupé auparavant par ceux de Jordi Bonet. Mais un peu plus tard, une rampe d'accès pour handicapés fut installée de façon à masquer deux des quatre tableaux de cette murale:
J'ai pris quelques photos de ces éléments cachés:
(Ci-dessus, un détail du premier panneau, entièrement dissimulé à la vue)
On songe semble-t-il, à déplacer la rampe pour laisser voir l'oeuvre, fort intéressante me semble-t-il, dans sa totalité. Voici d'ailleurs une photo de l'ensemble, empruntée à la page Facebook de l'artiste:
22/09/2014
Le monument de Karol Proulx
Deux oeuvres de l'artiste saguenéen Karol Proulx sont installées à quelques pas l'une de l'autre, au carré Davis à Arvida. Mais elles ont connu un sort bien différent.
Je les vois chaque fois que je vais au centre-ville, c'est-à-dire très souvent. Mais au cours de cet été qui s'achève aujourd'hui, j'ai fait une sortie spéciale pour les photographier.
Voici la première, la plus connue et la plus visible: un imposant monument en aluminium intitulé "Élévation vers une conscience universelle", qui fut mis en place en 1977 pour souligner le 50ième anniversaire de fondation de la ville d'Arvida.
Je l'aime bien à cause de sa dualité: masse et poids du matériau d'une part, et d'autre part, légèreté avec laquelle ses deux "ailes" se courbent gracieusement pour se tendre vers le ciel, semblant vouloir emporter dans leur élan la sphère située au milieu, symbole de la terre.
Mais l'oeuvre était inachevée, en quelque sorte. (Cliquer sur la vignette ci-dessus à gauche pour voir son ancien aspect).
À la faveur d'une restauration récente, elle fut également "complétée" de belle façon par l'ajout de deux vitraux signés par l'artiste-verrier Harold Bouchard, qui lui apportent couleur et luminosité.
Circulaires, ces vitraux captent la lumière, et à la fois la renvoient vers l'extérieur et la diffusent vers l'intérieur, sur la sphère où ils produisent de mystérieux reflets.
On peut donc dire que cette oeuvre a été d'une certaine façon choyée par les citoyens (sauf quelques inévitables vandales) et par les autorités municipales successives de Jonquière, avec laquelle Arvida avait fusionné en 1975, et de Saguenay, avec laquelle Jonquière fusionna en 2001!