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20/04/2012

Je (re)vois des étoiles

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Le Centre des sciences de Montréal présente depuis quelques jours une exposition consacrée à Star Wars. J'irai sûrement la voir, même si je ne suis pas certaine qu'elle me plaira, car, dit-on, les films et les personnages de Georges Lucas servent à explorer le thème de l'identité:  c'est peut-être intéressant, je verrai.

La Guerre des étoiles, pour moi, ce fut une belle aventure. Avant de voir le film, j'aimais et lisais beaucoup de romans de science-fiction. Mon mari et moi les dévorions, surtout pendant nos études à Aix-en-Provence: ceux d'Isaac Asimov,  d' A. E. van Vogt, de Clifford D.Simak entre autres. J'avais vu quelques films: Solaris, Le voyage fantastique, j'avais aimé THX 1138, de Georges Lucas et détesté 2001 : l'Odyssée de l'espace. Cependant je ne retrouvais pas dans ces films l'atmosphère et les décors des romans: je les trouvais trop centrés sur les Terriens et leurs problèmes. Même la série télévisée Patrouille du Cosmos (Star Trek), qui faisait pourtant la part belle aux planètes lointaines, me semblait trop teintée d'anthropomorphisme(!)

En 1977, à Montréal, mon mari me propose d'aller voir un film de science-fiction qui vient de sortir: il a lu des articles élogieux, moi je n'en ai jamais entendu parler.  La Guerre des étoiles!  Quel bonheur! Enfin de la science-fiction comme je l'aime. Enfin des voyages intergalactiques à bord de vaisseaux sophistiqués, des combats grandioses, des planètes,  des effets spéciaux et des images spectaculaires. (Aujourd'hui, tout cela nous semble dépassé: même les images du film trouvées sur Internet sont de mauvaise qualité!). Il y avait des humains, certes, mais ce n'étaient pas des Terriens! Et il y avait aussi beaucoup d'extraterrestres, effrayants ou sympathiques. Et des robots!

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Avec en plus une belle histoire, à la fois complexe et rondement menée, et des personnages attachants: comme Luke Skywalker, Dark Vador, la princesse Leia, Yoda, Obi-Wan Kenobi,  Han Solo (mon préféré, il était tellement beau!), Chewbacca,, R2-D2 et C-3PO.

 

Conquise, j'étais.

 

La Guerre des étoiles est le premier film que j'ai vu (revu plutôt) quand nous nous sommes abonnés à la télévision payante, quelques années plus tard. Fiston, quatre ans, a fort apprécié lui aussi et a écouté la cassette des dizaines de fois.

Aussi quand le deuxième épisode, L'Empire contre-attaque, fut projeté  à Chicoutimi (au cinéma Cartier, démoli depuis, si je me souviens bien), je m'y suis rendue avec fiston. Une grosse déception nous attendait: on a refusé d'admettre mon jeune de six ans, car le film était destiné aux huit ans et plus! J'ai discuté un peu avec le gérant... rien à faire. Nous sommes rentrés à la maison bien piteux.

Bien entendu, il  a quand même vu le film... à la télévision, quelque temps plus tard. Peut-être que c'était en effet un brin violent pour un jeune de son âge... Mais pour lui, pour moi, pour son père, ce fut une aventure formidable, qui a fait voyager en famille dans les étoiles.

15/02/2012

Artiste en noir et blanc

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J’ai beaucoup aimé L'Artiste. Entre pastiche et hommage, un film muet (ou presque) en noir et blanc (ou presque). Certains ont dit que le scénario était convenu et prévisible: c’est bien vrai, mais il me semble que c’est à prendre au second degré. Un film muet qui n’en est pas vraiment un, tourné avec les moyens techniques et le regard d’aujourd’hui, et qui donc prend ses distances avec son modèle. Le pastiche teinté de nostalgie reprend les poncifs d’autrefois... sans tenter de cacher qu'il s'agit de clichés.
L'imitation est délicieuse et rehaussée d'humour. Exemple: une dame qui semble très fâchée parle à son partenaire pendant trois minutes et tourne les talons. Ensuite on voit l'écriteau qui "traduit" son long discours par ces quelques mots: "Je m’en vais!"
Jean Dujardin est formidable dans le rôle principal, celui de George Valentin, immense vedette du cinéma muet qui ne peut pas s’adapter au cinéma parlant, de même que sa partenaire Bérénice Bejo. Et Uggie, le chien, est fort sympathique. Certains affirment qu'il est la vraie star du film.
Mélodramatique à souhait, et même s'il manque de rythme à certains moments, c'est un film fort agréable à écouter.

Selon moi toutefois, il lui manque ce petit quelque chose, je ne sais pas quoi, qui en ferait un chef-d'oeuvre. J'ai parfois eu l'impression d'un travail bien fait, mais qui s'est arrêté au seuil de ce brin de folie, de cette originalité, de cette émotion que j'attendais peut-être...

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Le film est en nomination pour plusieurs Oscars, je ne sais pas s’il les mérite (les statuettes ne sont pas toutes décernées à des chefs-d'oeuvre!) mais il est bon que l'Académie retienne autre chose que les films d’action débiles -et américains- qui affligent la plupart de nos écrans. C'est d'ailleurs un film français, éligible puisqu'il est muet... et tourné aux États-Unis!

 

Films débiles
Pendant que j'écoutais L'Artiste, lundi après-midi avec quatre autres personnes, j’entendais un grondement sourd provenant d’une autre salle du cinéma Odyssée. L'écho d’un de ces films où bons et méchants, bandits, mafieux, espions, policiers, créatures fantastiques, monstres et belles jeunes femmes se poursuivent et se tirent dessus, et que l’on dirait faits pour les sourds. Je ne sais pas lequel. Cela pouvait être Peur Grise, Chronique, Le refuge, ou même l'inepte Alvin et les Chipmunks.

De quoi anesthésier le cerveau des jeunes qui constituent la majorité des clients des salles de cinéma. En y ajoutant les pop-corn, chips, chocolat et boissons gazeuses offerts en portions gargantuesques, on détruit à coup sûr leur corps en même temps que leur cerveau.

31/03/2010

Hamlet: énigmatique

ophelieHamlet.jpgJe ne sais trop que penser de l'opéra Hamlet d'Ambroise Thomas, version Metropolitan Opera, vu au Cinéma Jonquière samedi.

D'abord une grande déception: ce n'est pas la soprano française Natalie Dessay qui a chanté le rôle d'Ophélie.  Dommage car elle semblait tellement habitée dans les bandes-annonces de cet opéra au Met...
Celle qui l'a remplacée, l'Allemande Marlis Petersen, a une belle voix et une bonne technique, mais elle est terne, sans éclat, et son français laisse à désirer. (Ça me dérange d'écrire ce commentaire, car je sais à quel point la tâche est difficile et je ne considère pas qu'elle est mauvaise, mais il lui manque ce petit plus qui hisse l'artiste au-delà du technicien et qui emporte l'adhésion).
Un irritant majeur: le baryton-basse James Morris, le premier chanteur à ouvrir la bouche, est épouvantable dans le rôle de Claudius: il joue mal, chante mal. Tellement insupportable que j'avais envie de me cacher sous mon siège chaque fois (heureusement pas trop souvent) qu'il chantait.

Point de vue du cinéma, maintenant, je déplore comme souvent la surabondance de gros plans (gracieuseté de Brian Large)  qui nous empêchent d'avoir une idée d'ensemble de la scène et de ce qui s'y passe. Et captation sonore défaillante, on percevait trop bien le changement de micro quand les acteurs se déplaçaient.

 

Les bonnes nouvelles maintenant

Un sujet de réjouissance: le baryton anglais Simon Keenlyside (pour lui comme pour les autres chanteurs mentionnés dans cette note, le lien pointe vers un article en anglais sur Wikipedia, car il n'y a pas de traduction française) est impressionnant dans le rôle d'Hamlet et tient avec assurance toute la production sur ses épaules: voix solide (un peu fermée dans les aigus), diction française impeccable, jeu dramatique nuancé et efficace, expressions du visage (vues en gros plan) variées et significatives, puissance et nuances vocales. Et quelle tête formidable!

Il est magnifique entre autres dans la scène très réussie de "la pièce dans la pièce": Hamlet engage des acteurs qui jouent la scène du meurtre de son père par son oncle. Grimpé sur la table du banquet, il en chasse du pied la vaisselle, y répand un lourd vin rouge (symbole???) dont il s'asperge ensuite abondamment avant de s'envelopper lui-même dans la nappe: c'est là, à ce moment magique qui clôt le premier acte que l'opéra commence vraiment à lever.
Jennifer Larmore (la reine Gertrude, mère d'Hamlet)  surjoue un peu et ses mimiques appuyées filmées en gros plan la font ressembler, comme certains l'ont fait remarquer, à la Cruella des 101 Dalmatiens. Ceci dit, elle joue bien, chante très bien et son français est excellent.
Quelques belles voix dans les rôles secondaires (Toby Spence notamment, qui  joue Laërte, le frère d'Ophélie) et même dans les rôles obscurs.

Aucun Français dans la distribution de cette oeuvre en français, et c'est dommage. Mais il y a un Français au pupitre:   Louis Langrée (cet article Wiki est en français...): il contrôle fort bien cette musique plutôt agréable aux accents dramatiques bien marqués, il en souligne les qualités et découpe bien les détails de cette masse orchestrale qui réserve un rôle de premier plan aux cuivres, il soutient bien les chanteurs et l'action, bref il est bon. L'un des deux metteurs en scène (Patrice Caurier, avec Moshe Leiser) est français. D'après ce que je vois sur la vidéo montrant Natalie Dessay et Simon Keenlyside à Barcelone en 2003, cette mise en scène tourne depuis sept ans déjà.

Les interviews à l'entracte étaient très intéressantes et nous éclairaient sur l'oeuvre et la production.
La scénographie est si dépouillée (grands murs arrondis) qu'on ne sait pas à quelle époque ni dans quel lieu on est. Certains considèrent cela comme une faiblesse, moi j'ai plutôt aimé.spectreHamlet.jpg
Mais je ne suis pas sûre d'avoir aimé ce monument d'indécision qu'est Hamlet et je ne sais que retenir de cette histoire. À la fois angoissé, inquiet et apathique, Hamlet semble surtout se débattre contre une immense léthargie. Quand il agit, presque malgré lui, il est rongé de remords et ne voit que la mort pour résoudre son problème. Il repousse Ophélie après avoir appris l'implication du père de celle-ci dans le meurtre du roi, mais on se demande s'il ne dévoile pas plutôt ainsi son incapacité d'aimer. Le spectre (assez ridicule, même si le chanteur qui l'incarne, David Pittsinger (photo) est plutôt bon) de son père mort lui demande de le venger, provoquant chez le fils: désir de donner suite à cette demande, remords de ne pas le faire, peur de le faire et d'en éprouver du remords, peur de la mort: il est coincé, le pauvre Hamlet. Ceux que cela intéresse trouveront ici une analyse du Hamlet de Shakespeare.
Malgré tout, je suis contente d'y avoir assisté: cela m'a permis de découvrir cette belle musique et je ne me suis pas ennuyée du tout.