Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/04/2015

Opéra: bon Pag, bad Cav*

Cavalleria Rusticana, metroplitan oêra

Les anglophones appellent Cav/Pag, ou encore Cav and Pag le programme qui réunit habituellement les opéras Cavalleria Rusticana, de Pietro Mascagni et Pagliacci, de Leoncavallo.
Leur relative brièveté (70 minutes chacun environ) permet de les présenter en une seule soirée. Ils ont aussi en commun l'époque de leur création (1890-1892), et leur style texto-musical: le vérisme italien.
Ils avaient également en commun, dans cette production du Metropolitan Opera (vue en direct samedi au cinéma Jonquière), deux interprètes de rôles principaux, ainsi que le metteur en scène David McVicar, le chef d'orchestre Fabio Luisi et l'équipe de production.


Cependant pour moi, tout les a séparés: j'en ai aimé l'un et pas l'autre.


Cavalleria Rusticana, présenté en premier, m'a semblé sombre, triste... et bien long!
Peu de substance pour les chanteurs, sauf quelques airs. La soprano Eva-Maria Westbroek erre sur la scène pendant la sublime et très longue ouverture orchestrale, multipliant les expressions angoissées ou désespérées, se tordant les mains et se tenant le ventre (elle est enceinte...) pendant que l'orchestre joue et que les villageois se promènent un peu partout ou tournent sur le plateau mobile sans avoir eux-mêmes grand-chose à faire.
Quand elle chante enfin, c'est quasi désastreux: timbre désagréable, ton mal ajusté. Ses partenaires sauvent la mise, vocalement parlant, mais je suis demeurée de marbre: impossible pour moi de croire à ce drame de l'honneur trahi et de la jalousie, car rien de tout cela ne m'est apparu vraiment incarné dans le jeu ou dans la voix.

paillasseMet.jpg

Par contraste, Pagliacci fut un régal du début à la fin.
Un propos riche qui pose des questions sur la représentation et le réel, une pièce dans la pièce, une mise en abyme où la tragédie fait brutalement irruption dans la commedia dell'arte.
Dans un décor de cirque ambulant, Paillasse, Colombine et Arlequin sont projetés dans les années 50 et servis à la sauce américaine, à la fois les personnages et ceux qui les incarnent avec une vulgarité bien assumée. Drame exposé rapidement et conclu rondement, émaillé de quelques grands airs.

Côté distribution, après leurs efforts demeurés vains dans dans Cavalleria, le ténor Marcelo Àlvarez offre un bouleversant Canio-Pagliaccio (ci-dessous dans Vesti la giubba) et le baryton George Gagnidze présente un Tonio-Taddeo assez honnête.

airVesti.jpg

La soprano Patricia Racette (Nedda-Colombine), très en chair et en voix, conduit le tout avec une belle assurance.

Seul Lucas Meachem, le colosse qui interprète Silvio, l'amant de Nedda, laisse une étrange impression: sa voix pourtant agréable semble carrément faible, éteinte, peut-être à cause d'une mauvaise prise de son, je ne sais trop.
Annoncé dès le début, le drame se développe par touches progressives et se conclut dans le sang, sur une musique formidable, qui vibre bien sous la baguette de Fabio Luisi.

 ________________

* Ce titre est un clin d'oeil au film québécois Bon Cop, Bad Cop, réalisé en 2006 par Éric Canuel

** Le critique du Devoir Christophe Huss a quant à lui davantage aimé Cavalleria Rusticana

*** C'était le dernier opéra du Met présenté au cinéma pour la saison 2014-2015

**** A Montréal et dans plusieurs grandes villes, des reprises de ces opéras déjà diffusés seront présentées au cours des mois qui viennent

***** Au programme de la saison 2015-2016: Il Trovatore, Otello, Tannhaüser, Lulu, Les Pêcheurs de perles, Turandot, Manon Lescaut, Madama Butterfly, Roberto Devereux et Elektra.

 

18/04/2015

Aléas de la traduction

hidden artifacts,traduction,batte,compass,boussole

J'aime bien jouer à Hidden Artifacts Agency sur mon iPad. Un jeu assez simple, visuellement très réussi, où il s'agit de trouver des objets et de résoudre des énigmes en différents endroits du monde, illustrés avec beaucoup de soin. Et en plus il est traduit en français.
Quelques bizarreries se sont cependant glissées dans cette traduction par ailleurs fort correcte.
Par exemple sur un des tableaux (illustré ci-dessous) je lis, parmi les noms des objets à trouver, le mot "boussole".
Après avoir vainement cherché quelque chose qui ressemble de près ou de loin à une boussole (cela peut être l'objet lui même, parfois un dessin le représentant, son ombre, ou encore un sens figuré du mot),  je me suis résolue à consulter un guide en ligne. Où j'ai appris qu'il fallait trouver... un compas!

hidden artifacts,traduction,batte,compass,boussole

En anglais, le même mot, compass, désigne les deux objets: compas et boussole.  Sur l'image ci-dessus, on peut lire le mot boussole, et ce qu'il faut dénicher, c'est l'objet métallique qui épouse la fourche avant du vélo: un compas!!!

hidden artifacts,traduction,batte,compass,boussole

En revanche dans un autre tableau (ci-dessus), l'expression boussole ancienne désigne vraiment une boussole, ronde avec une aiguille, assez facile à trouver.

Batte???

Mais dans ce même tableau, ce qui m'a vraiment donné du fil à retordre, c'est le mot "batte". J'ai cru qu'il fallait trouverhidden artifacts,traduction,batte,compass,boussole une batte de baseball, un bâton quelconque donc.

J'ai eu beau chercher, agrandir l'image, cliquer partout: rien!
Un peu au hasard, j'ai cliqué sur ce qui me semblait être une chauve-souris... et le mot batte s'est effacé! J'avais donc trouvé le bon objet. On peut distinguer le petit animal, la tête en bas, sur l'agrandissement à droite.

On a donc traduit le mot anglais "bat", qui signifie chauve-souris (songez à Batman), par batte, un mot bien français mais qui n'a en l'occurrence aucun rapport. Étrange, non? Il aurait suffi de chercher dans un dictionnaire.

Un secret

À propos, j'ai réussi à avancer jusqu'au bout du jeu, du moins des chapitres publiés à ce jour (il y en aura bientôt de nouveaux, nous promet-on).

hidden artifacts,traduction,batte,compass,boussole

Mais je n'aurais pas pu y parvenir sans un truc trouvé sur la Toile, car la réserve d'énergie s'épuise rapidement, il faut attendre au lendemain pour refaire le plein, ce qui est vraiment frustrant.
Donc, j'aurais abandonné si je n'avais pas trouvé ce petit tour de passe-passe (certains considèrent cela comme de la tricherie...).

Quand on se trouve dans le plan général de Hidden Artifacts, ouvrir les réglages de la tablette en multitâche (en double-cliquant sur le bouton principal), aller dans général, date et heure. Choisir le réglage manuel (et non automatique), et avancer la date d'au moins une journée. Revenir au jeu en double-cliquant encore. La jauge d'énergie est remise au maximum!
Génial, non?

(Après avoir fini de jouer, il ne faut pas oublier de rétablir le réglage automatique de la date, sinon plusieurs applications risquent de ne pas fonctionner correctement.)

hidden artifacts,traduction,batte,compass,boussole

Cliquer ci-dessus pour voir une courte vidéo (en anglais) qui donne une bonne idée du jeu Hidden Artifacts Agency.

12/04/2015

Un hôpital débaptisé

hopital charles richet,france,débaptisé,alexis carrel,pérition

Débaptisé pour cause d'eugénisme. C'est ce qui est arrivé à l'hôpital Charles Richet, situé dans la commune française de Villiers-le-Bel.

 Charles Richet, récipiendaire du Prix Nobel de médecine en 1913, croyait à la supériorité de la race blanche et prônait l'élimination des "enfant tarés et anormaux", ceci dans le but d'améliorer le patrimoine génétique de l'homme!

hopital charles richet,france,débaptisé,alexis carrel,pérition


Paola Charles-Manclé, d'origine martiniquaise, bénévole à l'hôpital Charles Richet, n'a pas mis longtemps à découvrir les idées racistes et eugénistes de ce savant. Il a notamment écrit, dans son livre L'Homme stupide:

"Voici à peu près trente mille ans qu'il y a des Noirs en Afrique, et pendant ces trente mille ans

hopital charles richet,france,débaptisé,alexis carrel,pérition

ils n'ont pu aboutir à rien qui les élève au-dessus des singes. [...] Les nègres n'ont rien d'analogue [aux Blancs]. Ils continuent, même au milieu des Blancs, à vivre une existence végétative, sans rien produire que de l'acide carbonique et de l'urée".


La dame a lancé une pétition en ligne pour faire retirer le nom de Charles Richet à l'hôpital et à la rue où il est situé. Elle a recueilli  30000 signatures et obtenu gain de cause. (1)

Fort bien. Et d'autant mieux que,  si les Français ont enlevé à l'hôpital Charles Richet son nom propre, ils ont eu la bonne idée de lui conserver son nom commun:

hôpital  !

Ils ne l'ont pas coiffé d'un sigle ou acronyme plein de C (centre), de S (services, sociaux) de R (régional) et de U (universitaire), comme on l'a fait au Québec où le mot hôpital a complètement disparu de la paperasse bureaucratique. Mais pas de la langue parlée par le vrai monde qui, heureusement, continue d'affirmer que quand on est malade, on va à l'hôpital.

_______________________

(1)Le biologiste français Alexis Carrel, également prix Nobel de médecine (en 1912) s'inscrit dans ce même courant qui voyait dans l’eugénisme une solution aux problèmes sociaux.

Plus célèbre (et plus radical encore) que Charles Richet, il a connu le même sort: les rues Alexis Carrel, à Paris et dans plusieurs autres villes de France ont été débaptisées il y a longtemps, de même que la faculté de médecine de l’université Lyon-I .
On peut voir là un juste retour des choses: les défenseurs de thèses  considérées aujourd'hui comme immondes sont remis à leur place, c'est-à-dire nulle part.
Mais tout ça est un peu troublant aussi. Car Richet et Carrel ont, dans leur domaine respectif, accompli des travaux fort valables et fait avancer la science.
Est-ce que leur dérive raciste et eugéniste leur enlève tout mérite?

Et jusqu'où devrait-on aller dans l'épuration toponymique? La question se pose aussi au Québec. Lire à ce sujet cet intéressant texte sur les rues Alexis Carrel et Philipp Lenard (prix Nobel lui aussi) à Gatineau.

 

 

01/04/2015

Pour qui ces belles images ?

savarCatRed.jpg

Dans une édition récente du journal Le Quotidien, il y avait cet encart publicitaire de la boutique Savard Chaussures (Saguenay). Papier, photo, graphisme: tout cela est fort beau, d'une rare qualité je dirais (à laquelle ma numérisation ne rend pas justice, je l'avoue).

Il comprend 20 pages en format (non standard) de 27 par 18 cm. Les photos sont travaillées et découpées, les arrière-plans savamment texturés. Il y a parfois contraste, parfois fusion entre le sujet et le décor.

Une jolie mannequin présente les chaussures pour dames. L'accent est mis davantage sur elle, corps, cheveux, maquillage, vêtements, que sur les chaussures qu'elle porte. Il y a aussi un mannequin masculin, qui apparaît une seule fois, sur la quatrième de couverture.

Au sujet des souliers eux-mêmes, outre les photos, on trouve bien peu d'information: la marque (Geox, Clarks, etc), le modèle. Mais aucun texte descriptif, aucun prix, rien sur les tailles et couleurs disponibles non plus.

Cette belle publication se démarque nettement, par sa qualité et son concept, des circulaires habituellement insérés dans les journaux ou livrés à ma porte par Publisac, tout juste bons pour la récupération.

Tout cela me laisse perplexe. Tiraillée entre d'une part mon envie de lever mon chapeau à l'audace et à la qualité de l'ouvrage, et d'autre part mon insatisfaction comme éventuelle cliente qui aimerait bien en savoir un peu plus sur les produits avant de se présenter à la boutique...