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08/11/2014

Chinoiseries...

Acheter au Dollarama... Tout le monde le fait. Je le fais aussi, tout en étant bien consciente (?) que ces produits peuvent provenir de Chine et manquer de fiabilité (c'est un euphémisme), ou encore d'autres pays où les ouvriers et ouvrières ne sont pas très bien traités (un autre euphémisme)!

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Donc l'autre jour dans un Dollarama j'achète deux brosses à dents de marque Colgate, qui m'ont d'ailleurs coûté plus de 1$.
Puis je m'interroge: est-ce que cette marque étatsunienne signifie que les produits ont été fabriqués aux États-Unis? Bien sûr que non. Je me mets alors à lire les textes sur l'emballage, lecture qui s'avère fort instructive.
D'abord ces informations sont présentées en quatre langues: anglais, français, portugais et arabe.
Et pas en chinois, même si ces produits ont été fabriqués en Chine. Au moins ce n'est pas de la nourriture... Je me méfie, avec toutes ces histoires de denrées alimentaires frelatées ou carrément empoisonnés provenant de l'Empire du Milieu, dont les médias nous font part régulièrement.
Par ailleurs, ce lieu de fabrication des brosses à dents n'est indiqué que dans le texte en portugais (peut-être aussi dans le texte arabe, mais je n'ai pas la connaissance nécessaire pour le vérifier). Voyez:

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À noter la mention du bas: "fabriqué par Colgate-Palmolive (Vietnam)". Il y a sans doute là une division de la multinationale.

Respect
Et l'étui à verres de contact de marque Personnelle acheté dans une pharmacie Jean-Coutu? Fabriqué en Chine lui aussi. Pour me rassurer, on a aussi inscrit sur l'emballage: "testé en labo", et "qualité garantie".

En deux langues seulement, le français d'abord, conformément à la Charte de la langue française, et ensuite l'anglais.

Pâtes enrichies
Puis en faisant cuire des spaghettis, j'ai lu sur ma boîte de pâtes Barilla la mention "qualité italienne" ainsi qu'une longue tartine sur la tradition de la famille Barilla à Parme.

Et je me suis demandé si ces pâtes étaient fabriquées en Italie? Pas du tout. Mais elles ne sont pas chinoises non plus.
Elles ont été fabriquées aux États-Unis (et sans doute emballées au Canada).

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Au passage, nos voisins du Sud ont ajouté à la semoule de blé (seul élément essentiel avec l'eau), les incontournables merdes nord-américaines: farine, niacine, fer, thiamine, riboflavine, acide folique...

Et je ne peux m'empêcher de penser que ces suppléments, nullement nécessaires, altèrent légèrement le goût des pâtes.

03/11/2014

Carmen... sans la passion

L'un des plus célèbres airs pour baryton du répertoire, "Votre toast je peux vous le rendre", n'était pourtant pas dans la partition originale de l'opéra Carmen.
Le baryton Jacques Bouhy, qui devait chanter Escamillo à la création, se plaignit à Georges Bizet de ne pas avoir pas de grand air, contrairement aux autres interprètes des rôles principaux.
Le compositeur se mit à la tâche, bien à contre-coeur si on en croit les paroles qu'il a dites au chanteur en lui remettant son travail:

"Vous vouliez de la merde, en voilà!".

(L'anecdote a été racontée récemment par Edgar Fruitier à l'émission Samedi et rien d'autre).
Cet air du toréador, je l'ai entendu samedi au cinéma Jonquière, qui présentait Carmen en direct du Metropolitan Opera.
Il était chanté assez correctement par le baryton russe Ildar Abdrazakov, qui à mon avis manquait de panache et d'éclat, autant vocalement que physiquement.
Cependant il était merveilleux... comparé à celui qui chantait Don José, le ténor letton Aleksandrs Antonenko. Je ne sais pas si c'était exceptionnel ce jour-là, s'il souffrait d'un malaise affectant sa voix, mais il chantait tellement mal que c'en était gênant. Fausses notes, approximations, égarements dans la ligne de chant... Son jeu dramatique était tellemennt faible qu'il a semblé à plusieurs moments  égaré dans cette histoire.

carmen,metropolitan opera,aleksandrs antonenko,anita rachvelishvili,cinéma jonquièreLe timbre, qui aurait pu être beau, était constamment défiguré par des efforts pour produire du volume.

Son Air de la fleur, à peu près passable, ne fut d'ailleurs que poliment applaudi par le public du Metropolitan, qui réserva un bien meilleur accueil (tout à fait mérité) à l'aria de Micaëla, "je dis que rien ne m'épouvante", superbement livrée par une Anita Hartig (photo ci-contre) alliant souplesse, fraîcheur, délicatesse, timbre pur et juste .
Et Carmen? Anita Rachvelishvili  possède certes le physique (ou un des physiques possibles) de l'emploi: plantureuse, cheveux et yeux noirs, seins offerts. (Le metteur en scène Richard Eyre semble toutefois confondre sensualité et vulgarité...)

Une belle voix aussi, agile et nuancée, un timbre riche et velouté, une compétence indéniable. Dommage qu'elle ne se laisse pas complètement aller, même dans les passages les plus intenses.

Au point de vue dramatique, cela manquait d'émotion, d'engagement de la part des chanteurs, on avait de la difficulté à croire à ces passions délétères, ce qui est un comble pour un opéra comme Carmen.
De plus, tout ce beau monde massacrait joyeusement le français: dommage pour le livret si bien tourné de Meilhac et Halévy, (inspiré par une nouvelle de Prosper Mérimée) et pour nos pauvres oreilles francophones!

Bref, j'avais nettement préféré la version de Carmen présentée au Metropolitan en mars 2010, même mise en scène et mêmes décors, mais avec d'autres interprètes (mon billet est ici).

Carmen, Metropolitan Opera, Aleksandrs Antonenko, Anita Rachvelishvili, Cinéma Jonquière


Autres remarques
-- Une explication possible à ce manque d'intensité chez les interprètes: en entrevue à l'entracte, le baryton a avoué qu'il n'avait pas eu de répétition. Je ne sais pas s'il parlait seulement pour lui, ou pour l'ensemble de la distribution...
-- Après la représentation de samedi, les lourds décors, assez réussis par ailleurs, ont dû être déplacés pour faire place à ceux, encore plus imposants, de l'opéra Aïda, qui était joué le même soir!
-- Le rideau de scène noir s'ouvrait de chaque côté d'un éclair rouge qui le zébrait verticalement. Rappelant cet éclair, une bande de tissu rouge ornait la robe noire que portait Carmen dans la scène finale (photo ci-dessus).
-- L'hôtesse Joyce DiDonato portait une affreuse robe rouge.

-- Pour lire l'opinion de Christophe Huss dans Le Devoir, cliquer ici.