Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/11/2015

Troublantes ressemblances

renée fleming,liza frulla,justin trudeau,david altmejd,bernard drainville,paul doucet

Vous reconnaissez peut-être les personnes ou personnages de cette mosaïque. Je vous les présente pour leur ressemblance, dans le style Séparés à la naissance*.

 

Les dames d'abord. Liza Frulla (à gauche), ancienne ministre libérale (au provincial et au fédéral), analyste politique, commentatrice pour la télévision, récemment nommée directrice générale de l'ITHQ.

 

renée fleming,liza frulla,justin trudeau,david altmejd,bernard drainville,paul doucetrenée fleming,liza frulla,justin trudeau,david altmejd,bernard drainville,paul doucet

Et la soprano états-unienne Renée Fleming, une vraie star de l'opéra, que j'ai vue et entendue plusieurs fois dans les productions du Metropolitan Opera présentées au Cinéma Jonquière. C'est le seul élément de mon modeste trio qui ne soit pas québécois.

Le sourire, la forme des yeux, les cheveux: elles se ressemblent, il me semble.

____________________________________________________________________________________________

 

Le deuxième couple est celui que forment Bernard Drainville (à gauche), député du Parti québécois dans Marie-Victorin, ancien ministre et ancien journaliste, et Georges Sainte-Marie, l'aumônier de la prison de Lietteville dans la série Unité 9.

renée fleming,liza frulla,justin trudeau,david altmejd,bernard drainville,paul doucetrenée fleming,liza frulla,justin trudeau,david altmejd,bernard drainville,paul doucet

Je dis bien Georges, car c'est sous les traits de ce personnage que le comédien Paul Doucet ressemble à l'homme politique: dans ses autres rôles, ou dans la vraie vie, c'est un peu moins évident.

 

____________________________________________________________________________________________

 

Et enfin, une ressemblance d'autant plus troublante que l'un des éléments n'est pas une vraie personne, mais un être modelé par le sculpteur David Altmejd. Cette créature était l'un des innombrables éléments de sa formidable exposition Flux, présentée l'été dernier au Musée d'Art contemporain de Montréal.

renée fleming,liza frulla,justin trudeau,david altmejd,bernard drainville,paul doucetrenée fleming,liza frulla,justin trudeau,david altmejd,bernard drainville,paul doucet

Sa ressemblance avec Justin Trudeau (devenu depuis Premier ministre du Canada!), m'avait tout de suite frappée et je me suis empressée de photographier cette étrange figure.

 ____________________________________________________________________________________________

 *Par référence à la rubrique hebdomadaire Séparés à la naissance de La Presse, qui présente deux personnes ou personnages connus du public qui se ressemblent de façon plus ou moins évidente. J'ai déjà envoyé la suggestion Liza Frulla/Renée Fleming pour cette rubrique, mais elle n'a pas été publiée. Je crois que la section n'est plus très active car on y repasse des propositions déjà publiées.

20/01/2015

La Veuve joyeuse... sans les bulles

the merry widow,metropolitan opera,renée fleming,kelli o'hara,nathan gunn,alek shrader,la veuve joyeuse,susan stroman,franz lehar,cinéma jonquière

(Nathan Gunn (Danilo) et Renée Fleming (Hanna). Photo: Ken Howard, Metropolitan Opera)

 

La Veuve joyeuse, de Franz Lehár: musique agile et pétillante, livret brillant et coquin truffé de mots d'esprit et d'allusions piquantes aux moeurs ou à la politique.
Je connais bien cette délicieuse opérette, que j'ai vue au moins une dizaine de fois (toujours en français). Je ne voulais donc pas manquer The Merry Widow, présentée samedi au cinéma Jonquière.
Intrigues politiques et sentimentales, quiproquos, substitutions de personnes, un éventail que l'on perd et retrouve. Amour et cupidité se disputent le coeur des hommes (et des femmes) dans un tourbillon d'arias, de danses et de numéros comiques.

La metteure en scène et chorégraphe Susan Stroman, issue du milieu de la comédie musicale, semble avoir voulu servir le gai Paris à la sauce Broadway. Non seulement par son travail de mise en scène, mais par son choix d'interprètes: plusieurs d'entre eux ont une bonne expérience du musical.

L'idée, séduisante à prime abord, produit plusieurs bons moments, notamment de superbes chorégraphies, mais donne aussi lieu à quelques irritants.
Car c'est vouloir transformer une oeuvre effervescente, légère comme de la dentelle, en un spectacle à grand déploiement, surchargé visuellement, dramatiquement et musicalement (gros effectifs dirigés par Andrew Davis). Il s'en dégage une impression de lourdeur, comme si un gros nuage venait écraser trop tôt les bulles de cet enivrant champagne, égarant au passage la finesse de l'esprit français.

Une partie du problème vient peut-être de la nouvelle traduction commandée à Jeremy Sams: à la lecture des sous-titres, elle ne m'a pas semblé à la hauteur du texte français (qui est en réalité une adaptation du livret original en allemand (de Leo Stein et Victor Léon), lui-même  inspiré d'une comédie française: L'Attaché d'ambassade d'Henri Meilhac!).

Plusieurs interprètes ne semblent pas très à l'aise avec ce nouveau texte, pourtant écrit dans leur langue maternelle. Comme s'il entravait leur agilité, leur expressivité.

the merry widow,metropolitan opera,renée fleming,kelli o'hara,nathan gunn,alek shrader,la veuve joyeuse,susan stroman,franz lehar,cinéma jonquière

(Kelli O'Hara (Valencienne) et Alek Shrader (Camille). Photo: Ken Howard, Metropolitan Opera)


La seule qui ne souffre pas de la situation est la soprano Kelli O'Hara (photo ci-dessus, avec Alek Shrader), vedette de Broadway qui fait ici une entrée réussie à l'opéra: musicalement et dramatiquement à l'aise, elle chante et joue à merveille le personnage de Valencienne, déchirée entre la tentation d'une aventure et l'obligation de demeurer fidèle, en apparence sinon en réalité, à son baron de mari.
O'Hara vole d'ailleurs la vedette à Renée Fleming, chanteuse classique s'il en est, qui a pour sa part annoncé un virage prochain vers... la comédie musicale! Pour le moins inégale dans cette représentation du 17 janvier, la diva, incarnant Hanna, la riche veuve dont les millions constituent un enjeu crucial pour la survie financière de son pays, a brillé dans l'air de Vilja et dans le dernier acte, où elle s'abandonne enfin à l'heure exquise dans les bras du comte Danilo (Nathan Gunn). Avant cela, beaucoup de problèmes avec le texte, avec les aigus, avec le volume.

the merry widow,metropolitan opera,renée fleming,kelli o'hara,nathan gunn,alek shrader,la veuve joyeuse,susan stroman,franz lehar,cinéma jonquière

(Photo: Ken Howard, Metropolitan Opera)

 

Il faut attendre au troisième acte pour que ça pétille enfin. Chez Maxim's, temple des plaisirs interdits, les jolies filles se lancent dans un cancan débridé, tandis que le champagne coule à flots et que se forment des couples éphémères.
Hanna et Danilo se déclarent leur amour, le mystère de l'éventail est éclairci et le baron (excellent Thomas Allen) doit se retourner sur un dix cents en apprenant d'abord la trahison et ensuite l'absolue fidélité de sa femme Valencienne.

Compte tenu de ce contexte, les chanteurs et chanteuses se débrouillent assez bien. Le baryton Nathan Gunn (Danilo) et le ténor Alek Shrader (Camille), qui font leurs débuts au Met, offrent une prestation très correcte et les rôles secondaires sont en général bien chantés. Soulignons la présence de la mezzo-soprano canadienne Wallis Giunta, dans le rôle d'Olga.

Les productions de La Veuve joyeuse que j'ai vues à Saguenay et à Québec n'ont rien à envier à celle-ci, malgré des moyens infiniment plus modestes.
Malgré ces réserves, La Veuve Joyeuse, même intitulée The Merry Widow, demeure une oeuvre exquise. J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver ces airs que j'aime tant, et je ne me suis pas ennuyée du tout.
Il y avait beaucoup de monde à cette représentation, c'est la plus nombreuse assistance que j'ai vue dans cette salle depuis longtemps. Et malgré le froid mordant, tout le monde est sorti avec le sourire aux lèvres.

04/12/2011

Le baroque et le Met: Rodelinda

Un opéra de Haendel au Metropolitan, et pas le plus connu: Rodelinda. Je suis allée le voir (au cinéma Jonquière) surtout pour la musique, car j'aime beaucoup le baroque, et ensuite pour les deux principaux interprètes, la soprano Renée Fleming et le contre-ténor Andreas Scholl.

rodelinda,renée fleming,andreas scholl

Une expérience un peu étrange, en demi-teintes pourrais-je dire. Le style baroque et celui des opéras du Met sont antagonistes à la base. Une fois cela dit, les responsables de la production à New York ont décidé de foncer: de mettre toutes les ressources scénographiques (financières sans doute aussi), dramatiques, vocales et orchestrales, bref toute la gomme au service d'un opéra qui en principe, ne demande rien de tout ça. Ce fut fait d'abord en 2004, puis repris en 2006, et ce que l'on voit en 2011 est, dit-on, la même production, avec quelques légères modifications et des interprètes différents autour de Renée Fleming.

Pour moi, le baroque, c'est, dans une salle de quelques centaines de sièges, un petit orchestre, des instruments d'époque tels que flûte à bec, viole de gambe, clavecin et des chanteurs, quand il y en a, spécialistes du genre (souvent des contreténors), des airs qui ont la particularité de répéter le même thème (et les mêmes phrases) des dizaines de fois. C'est beau, intime, calme, égal: il n'y a pas de grands contrastes entre les temps forts et les temps faibles.

rodelinda,renée fleming,andreas scholl

La Rodelinda du Metropolitan Opera (cliquez sur l'image pour voir une vidéo avec interview -traduite en français- de Renée Fleming), intègre ces éléments dans une grande production, à l'américaine, tendance romantique, big pour tout dire. Les chanteurs quittent le stoïcisme du baroque pour bouger, pleurer, crier, bref, exprimer des sentiments comme dans un opéra de Verdi.

Parmi eux, deux contre-ténors. Dans ce choix de mise en scène classico-romantique, leur registre de soprano sonnait étrangement. Je suis sûre que plusieurs personnes dans la salle ont été étonnées, et peut-être dérangées, en entendant les premières mesures chantées par Andreas Scholl, l'un des plus réputés spécialistes du baroque. Technique impeccable et beau timbre, mais un volume assez faible: si nous l'entendions assez bien dans la projection vidéo, j'ai rodelinda,renée fleming,andreas scholll'impression que sa voix ne devait pas remplir l'immense vaisseau du Metropolitan Opera. L'autre contre-ténor, le britannique Iestyn Davies (photo ci-contre), a donné à mon avis une meilleure prestation.

Renée Fleming aime chanter le baroque, mais ce n'est pas sa spécialité. Elle a éprouvé des difficultés avec les aigus et avec le rythme: une prestation que je dirais inégale, par cette belle rousse séduisante. Et son duo "Io t'abbraccio",  avec Scholl, était formidable. Son fils était joué par un charmant jeune garçon, très performant dans ce rôle important bien que muet.

Stephanie Blythe  connaît très bien le genre et chante de façon superbe.

Pour Kobie van Rensburg et le baryton-basse Shenyang, c'était so-so, comme on dit à New York.

L'orchestre, imposant en nombre de musiciens, sonnait fort bien, avec une couleur baroque  perceptible grâce à l'ajout de quelques flûtes à bec, clavecins et théorbes.

Le tout joué dans de somptueux et gigantesques décors, l'une des scénographies les plus complexes et les plus lourdes utilisées au Met, comme on a pu le voir à l'entracte. Tellement big, les décors, que les changements ont nécessité deux entractes de 20 minutes chacun. Baroques, oui, mais pas musicalement baroques. Un drôle de mélange.

Autres remarques: diction italienne plutôt ordinaire en général, et une scène de combat, vers la fin, totalement ratée (j'ai l'impression qu'il y a eu un problème technique). Et il a fallu attendre le deuxième des trois actes pour que le spectacle commence à lever. Jusque-là, c'était un peu soporifique.

Ceci dit, j'ai quand même bien aimé mon après-midi de cinéma-opéra.

_____

Jack et moi étions pas mal d'accord, même si nous l'avons exprimé en des termes différents: lui ici.

02/05/2010

Armida: charme et trémolos

duoFleming,jpg.jpgArmida: un autre plaisir d'opéra. Un peu moins de monde que d'habitude, samedi après-midi au cinéma Jonquière pour la projection en direct du Metropolitan Opera, peut-être le beau temps a-t-il fait concurrence à l'opéra, mais personnellement j'ai passé des heures délicieuses.
Je ne connaissais pas cette oeuvre de Rossini, assez rarement jouée, c'est la première fois qu'elle est montée au Met.

La magnifique et toujours belle Renée Fleming aborde ce rôle périlleux avec grâce et assurance, ornementant son bel canto avec une virtuosité éblouissante.

Elle est entourée de cinq ténors, notamment du  bien nommé Lawrence Brownlee (que l'on verrait mieux dans le camp des maures que dans celui des chrétiens... mais enfin), qui joue Rinaldo, celui qu'elle ensorcelle et qui finalement la quitte. Belle voix également du ténor Barry Banks, dans ses deux rôles.

Cette incessante cascade d'exploits vocaux et de mélodies sublimes produit sur moi le même effet que le chocolat:  délicieux mais tellement riche que j'avais parfois un sentiment de satiété... et ça continuait quand même... Du bel canto pur sucre.
La magicienne Armida entraîne Rinaldo, le chef nouvellement élu des croisés dans un palais enchanteur et le tient sous son charme grâce à sa sorcellerie. Un sujet classique, pourrait-on dire. Et comme Ulysse et bien d'autres, Rinaldo finit par quitter celle qu'il aime pourtant pour vaquer à ses occupations d'homme: combat, guerre, le travail quoi!

Un ballet fabuleux au deuxième acte. Chapeau à la chorégraphe Graciela Daniele et aux danseurs et danseuses.

fleursArmida.jpg

 

Décors assez ordinaires, costumes couci-couça: certains, comme ceux des démons à la manière de Cats, frisent le ridicule. D'ailleurs la wagnérienne Debora Voigt qui remplaçait Renée Fleming (occupée ailleurs!) à l'animation, interviewant le chef de ces démons, n'a pu s'empêcher de dire qu'il portait le plus bizarre (weirdest -et je crois qu'elle voulait dire le plus laid-) costume jamais vu à l'opéra.

Mise en scène un peu confuse de Mary Zimmerman, qui on dirait, ne sait pas trop sur quel pied danser. Toute l'histoire est présentée sur un mode légèrement ironique, accentué par le sourire narquois qui ne quitte presque pas le visage de Mme Fleming. Pas de véritable émotion, donc, comme si tout ça n'était pas sérieux.

Mais comment pourrait-on être dans le drame quand les chanteurs virtuoses s'affrontent en duel -ou plutôt en duo- à coups d'ornements, fioritures, vocalises, arpèges, trilles, roulades et autres trémolos, tous plus étourdissants les uns que les autres?
On savoure, voilà, on savoure la musique, le temps passe vite, on en sort joyeux.
Les critiques ont été plutôt sévères envers cette production (ils ont même attaqué la prestation de Renée Fleming), mais comme vous le savez certainement, il ne faut jamais croire les critiques...

Cliquez ici pour lire l'opinion (très crédible celle-là!) de Jack.