Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/01/2013

Jour de reines

maria stuarda,donizetti,joyce didonato,opéra,cinéma jonquière,metropolitan

J'ai passé mon samedi avec des reines. Trois reines, pour être plus exacte. Il y en avait deux dans l'opéra Maria Stuarda, de Donizetti, au Metropolitan Opera, transmis par le cinéma Jonquière. Deux reines, deux rivales: Élisabeth 1ère d'Angleterre et Marie Stuart, reine d'Écosse. Cette dernière est confinée à la prison pour le meurtre de son mari. Les deux femmes se livrent une lutte psychologique sans merci, ayant comme enjeux le trône d'Angleterre et l'amour d'un homme

Ce qui mène à une confrontation extraordinaire à la fin du premier acte, où les deux reines se disent les vraies affaires. Marie Première contre Élisabeth Première, légitime contre "batarde", catholique contre anglicane, mezzo contre soprano: un duo mémorable.

La production du Metropolitan vaut surtout par la prestation magistrale, absolument stupéfiante, de Joyce DiDonato, qui incarne Marie Stuart. En deuxième partie, elle aligne trois (ou quatre? je ne sais plus) arias très exigeantes, autant au point de vue du jeu (elle a vieilli de dix ans depuis le premier acte, elle est agitée de tremblements, elle est émue et verse des larmes), que de la prestation vocale où se succèdent trilles, mélismes, aigus sur graves, graves sur aigus. Elle fait tout cela à la perfection, soulevant autant l'admiration que l'émotion du spectateur, qui ne peut que compatir à la douleur de cette reine qui s'en va vers la mort. (Marie Stuart fut décapitée le 8 décembre 1542).

maria stuarda,donizetti,joyce didonato,opéra,cinéma jonquière,metropolitan

Je ne sais pas pourquoi le metteur en scène David McVicar a voulu présenter Élisabeth sous une allure aussi incongrue: une sorte de robot qui se déplace sans grâce et semble sur le point de tomber à chaque pas, mais en tout cas c'est bien réalisé par la soprano sud-africaine Elza van den Heever. Elle chante aussi plutôt bien, même si sa prestation est totalement éclipsée par celle de Joyce DiDonato.

Matthew Polenzani est très bien, vocalement et physiquement, dans le rôle un peu difficile de l'indécis Leicester, aimé des deux reines. J'ai aimé le timbre et la technique de Joshua Hopkins dans le rôle de William Cecil mais pas du tout la prestation de la basse Matthew Rose, qui incarne  Talbot, le conseiller de Marie Stuart.

Il y avait beaucoup de monde au cinéma Jonquière, où la projection a encore une fois été affectée par des problèmes de son. On nous promet que ce sera réglé sous peu. Quant à la mise en images en provenance du Met, elle était tout simplement infecte, abusant des gros plans et des contreplongées.

La troisième  reine de mon samedi fut Christine de Suède, sujet de la pièce Christine la reine garçon, de Michel-Marc Bouchard, présentée par le TNM dans la nouvelle salle nommée Théâtre Banque Nationale. J'en parle dans une prochaine note.

19/10/2011

L'opéra du samedi

metropolitan opera,anna bolena,donizetti,anna netrebko,jonquière

(Anna Netrebko et Ekaterina Gubanova)

J'ai été très heureuse de retrouver mon opéra du samedi, il y a quelques jours. Autrefois, mon père écoutait les retransmissions du Met à la radio, le samedi après-midi. Il écoute d'ailleurs encore l'Opéra du samedi sur Espace musique.

Mais moi, je préfère aller au cinéma Jonquière pour assister à la diffusion d'une oeuvre du répertoire en direct du Metropolitan Opera.  Pour le plaisir de m'asseoir dans un fauteuil et de me laisser emporter par le spectacle, même s'il est plus ou mois bon.

Ainsi de Anna Bolena, qui fut présenté samedi dernier. Du bel canto, certes, du Donizetti certes, mais certes pas sa meilleure oeuvre. Un livret lourd, interminable, assez peu clair sur les motifs et les intentions de ces personnages historiques. Des interprètes qui ne sont pas spécialistes du genre, et même des problèmes de son (réception, transmission?).

La diva Anna Netrebko incarnait Anne Boleyn. Elle fut interviewée par le directeur du Met Peter Gelb, avant la représentation (plutôt qu'à l'entracte), à sa demande car le rôle est exigeant, épuisant, terrible. La soprano russe l'assume parfaitement côté technique. Elle peut tout faire: aigus, graves, trilles, ornements, déplacements, gestes.  Une vraie machine à chanter... à laquelle il manque une âme, une intensité dans les passages dramatiques. (Je sais, la remarque est dure compte tenu des écueils du rôle qu'elle réussit d'ores et déjà à surmonter... Mais c'est ce que j'ai ressenti).

J'ai bien aimé le ténor Stephen Costello (avec Anna Netrebko sur la photo ci-dessous) dans le rôle de Percy, l'ancien prétendant d'Anne Boleyn, épouse d'Henri VIII d'Angleterre que celui-ci veut écarter pour pouvoir épouser sa nouvelle (et troisième sur six) flamme, Jane Seymoumetropolitan opera,anna bolena,donizetti,anna netrebko,jonquièrer. Donc le roi complote pour faire revenir Percy au royaume d'Angleterre et accuser ensuite Anne Boleyn d'adultère.

Ekaterina Gubanova (russe, tout comme Mme Netrebko), était la meileure de tous, tant au point de vue de la technique que de l'expression. Seul problème: le timbre de sa voix un peu vieillissante n'était pas particulièrement agréable à entendre.

Le baryton Ildar Abdrazakov, troisième Russe de cette distribution, était crédible dans la peau d'Henri VIII, mais m'a semblé assez faible vocalement.

Si on ajoute des décors et costumes pas vraiment inspirés, une mise en scène très conventionnelle, on obtient un spectacle couci-couça. Certainement pas le meilleur opéra produit au Met.

Mais j'ai aimé ça quand même. C'est la magie de l'Opéra du samedi au cinéma.

Depuis que je fréquente assidûment ces projections au Cinéma Jonquière, ma culture opératique s'est grandement enrichie. Avant cela, il y a quatre ans, j'avais vu assez peu d'opéras sur scène (mais plusieurs opérettes), et donc je connaissais assez peu ou pas du tout la plupart des oeuvres présentées au Metropolitan, et je ne savais rien de la plupart des interprètes. Maintenant je les connais, je sais quels sont les favoris des metteurs en scène, je les aime ou pas. Et je réalise (par les interviews et les gros plans) à quel point ce métier de chanteur d'opéra est difficile, exigeant, presque surhumain.

Bref, même quand c'est moins bon, il y a toujours des choses à apprendre, à découvrir. Et ça, c'est très bon pour mon cerveau vieillissant...

Ce plaisir que je m'offfre régulièrement embellit mes samedis après-midis. 

14/11/2010

Donizettite aiguë

troisDonPasquale.jpgEn moins d'une semaine, j'ai vu deux opéras de Gaetano Donizetti! Dimanche dernier,  L'elisir d'amore en version concert à la salle Pierrette-Gaudreault dans le cadre d'une tournée des Jeunesses musicales. Et hier, samedi 13

polenzaniPasq.jpg

Matthew Polenzani

novembre, Don Pasquale, diffusé en direct du Metropolitan Opera au Cinéma Jonquière.

Le bel canto, j'adore, mais à petites doses et à condition qu'il soit impeccablement rendu. Or, aucun des interprètes vus au Met hier n'en est spécialiste. Ce qui a donné: un premier acte ennuyant et mal chanté, un troisième et dernier acte mieux chanté mais assez peu distrayant.

Et un acte deux plutôt réussi, offrant d'excellents moments d'opéra comique: beaux airs à plusieurs voix, revirements et bouffonneries, amusante déconfiture du vieux Don PasnetrebkoDon.jpgquale quand la timide jeune femme qu'il vient d'épouser se métamorphose en mégère.

J'ai découvert et fort apprécié le talent comique d'Anna Netrebko (Norina) que j'ai vue dans d'autres opéras du Met (Roméo et Juliette, Lucia di Lammermoor), la vraie vedette de cette production, que je ne connaissais pas sous ce jour. Sa voix est plutôt belle, les aigus bien contrôlés, mais c'est une voix passe-partout, qui manque de personnalité je dirais. Ceci dit, elle joue délicieusement la comédie, et chante en courant, en sautant sur le lit, en faisant des pirouettes: chapeau!!!

La voix que j'ai préférée est celle du ténor Matthew Polenzani (Ernesto), tout à fait adaptée au bel canto, claire, pure dans le registre élevé, bien que manquant un peu de volume.

Le baryton-basse John Del Carlo, l'interprète de Don Pasquale, est excellent comédien, possède une bonne technique, mais il chante vraiment mal.

La prestation du maestro James Levine (photo) fut, comme toujours, délicieuse et sensible. En plus il semblait s'amuser beaucoup à diriger cette oeuvre légère qu'il abordait pour la première fois en 40 ans de carrière au Met.

Étonnant qu'avec tous les moyens financiers dont on dispose là-bas (le public est cependant sollicité pendant les entractes levinauMet.jpgpour faire des dons au Met!!!), avec ces gigantesques décors mobiles, cette débauche quasi indécente de couleurs, de costumes et d'accessoires, on ne réussisse pas à faire mieux. C'est sans doute à cause de l'intrigue, qui n'enrichit pas l'esprit en exposant comment des jeunes gens se moquent d'un vieux barbon qui souhaite épouser une femme belle et beaucoup plus jeune que lui. La morale, telle que chantée dans le finale, à savoir qu'un vieil homme ne devrait pas se marier, est d'une rare vacuité.

Publications sur cette production:

Sur cette page, des liens vers des critiques en anglais, fort élogieuses pour la plupart

Réflexion pertinente de Jack sur son blogue

___________________________________

 

Pour ce qui est de L'Élixir d'amour, on pourrait faire la même réflexion: le thème est mince et sans profondeur, prétexte à une suite d'airs mélodieux. L'oeuvre a cependant plus de charme et  le scénario pétille davantage (que celui de Don Pasquale). Production montée avec deselisirAffiche.jpg moyens qui n'ont rien à voir avec ceux du Met, décor minimaliste, mise en scène bien sage et trop peu nuancée. Les jeunes interprètes, soutenus par un excellent pianiste (Maika'i Nash, originaire d'Hawaii), ont mis à contribution leur solide formation de base pour livrer le tout avec un enthousiasme qui faisait un peu oublier leur manque d'expérience.