14/09/2014
Découvrir un pont couvert
Par un beau dimanche du mois d'août, en revenant de Tadoussac, nous nous sommes arrêtés pour visiter et photographier le pont Louis-Gravel, un bel exemple de ces nombreux ponts couverts semés à travers le Québec, précieux éléments de notre patrimoine bâti.
Celui-ci, situé non loin de Sacré-Coeur, enjambe la rivière Sainte-Marguerite. Il est assez méconnu et peu visité, sans doute parce qu'il ne mène qu'à une seule propriété, privée. Donc, si on l'emprunte en auto et qu'on ne connaît pas les gens qui habitent de l'autre côté, on doit faire demi-tour dans un espace assez restreint.
Nous l'avons donc parcouru à pied, ce qui nous a permis d'en admirer la belle structure de bois (très invitante pour les amateurs de graffiti, voir plus bas), bien remplie mais permettant tout de même d'apercevoir la rivière en plusieurs points.
Rouge et pimpant, en apparence solide, il est fort charmant, ce pont nommé Louis Gravel en hommage, dit-on, à l'un des premiers colons qui s'établirent à Sacré-Coeur.
Construit en 1934, il n'a pas toujours eu cet aspect. D'abord il fut blanc jusqu'en 1998:
Cette même année, après avoir été peint en rouge et avoir subi d'importants travaux de réparation et de consolidation, le pont s'effondra dans la rivière, littéralement cassé en deux:
Le couple (un M. Régis Tremblay et sa femme) qui habitait alors de l'autre côté a dû utiliser une chaloupe (que l'on aperçoit à droite de la photo de Léo Bonin, ci-dessus) pendant quelque temps pour traverser la rivière. (Pour des détails sur cette catastrophe, cliquer ici)
Le pont fut rédressé, réparé et consolidé encore par des poutres d'acier installées sous sa structure. Ouvert toute l'année, il a une longueur de 129 pieds et peut supporter jusqu'à 12 tonnes.
Les belles poutres de bois sont littéralement couvertes de graffiti. On peut le déplorer, mais pour ma part je trouve cela plutôt sympathique. Je les aimerais cependant un peu plus originaux, ou poétiques. En voici quelques exemples (cliquez sur chaque photo pour mieux lire le texte):
03/09/2014
Aluminium en ville
L'exposition Les joyaux en aluminium, présentée à La Pulperie de Chicoutimi jusqu'au 28 septembre, ajoute à la collection française Jean-Plateau des oeuvres en aluminium réalisées par des artistes saguenéens.
Je suis allée prendre des photos de certaines de ces oeuvres récemment à Arvida. Il y a d'abord celle de Daniel Dutil, une sculpture de 9 mètres de haut en aluminium et acier galvanisé. Littéralement plantée au milieu du carrefour giratoire Ste-Thérèse depuis 2006, elle s'intitule
Le vent tourne sous le regard de Julien
La colonne centrale formée de quatre tiges métalliques est coiffée en son sommet de pales légèrement courbées qui me font penser à des ailes ou encore à des hélices, et donc en général au vent. L'artiste y voit pour sa part les branches d'un arbre ou encore les pales d'une turbine, comme en fait foi le texte explicatif installé au coin des rues voisines.
Et non pas sur le terre-plein lui-même, car alors je n'aurais pas pu le photographier...(voir cette photo un peu plus bas).
Ce terre-plein tout rond et végétal est en effet difficile d'accès pour une pauvre piétonne, car il est le point de convergence de cinq rues, et la circulation y est donc intense.
C'est pourquoi je n'ai pas pu bien saisir les petits éléments en forme de feuilles (en aluminium également) plantés dans le sol, sur lesquels sont gravés "100 noms de famille associés aux premiers travailleurs embauchés par l'Alcan, entre 1922 et 1926, pour le projet Arvida".
Des plaques métalliques entourent le sommet de la colonne pour former trois cubes censés évoquer les étages d'une maison. L'artiste y a gravé les 200 prénoms les plus populaires au Québec en 2005, afin de souligner le "renouvellement des habitants du quartier et le changement de perspectives qu'il entraînera dans la communauté".
(cliquez pour agrandir le texte)
Je me souviens de commentaires bêtes et méchants qui ont été émis régulièrement, par des gens qui ne connaissent rien à l'art (notre maire notamment) à l'endroit de cette oeuvre que pour ma part j'ai aimée dès le début.
(À ce sujet, cliquez ici pour lire un très bon texte écrit par Jean-François Caron, alors journaliste au Voir).
Je la vois chaque fois que je fais mon 3/4 de tour au carrefour giratoire en revenant de Chicoutimi par le boulevard Saguenay, mais je ne peux pas trop la regarder car il faut que je surveille la circulation.
Alors cette fois-là, j'y suis allée seulement pour elle, pour bien la regarder, la photographier et vous la faire connaître.
À noter que depuis décembre 2013, elle est mise en valeur le soir par un éclairage spécial.
07/06/2014
Troublant regard
En voyant sur Facebook cette photo d'une oeuvre d'art urbain réalisée par l'artiste JR, je l'ai trouvée à la fois magnifique et troublante.
En me demandant où elle était située, et j'ai tout de suite pensé à Paris, sous les quais qui longent la Seine. Option que j'ai pu confirmer en poussant un peu mes recherches. Surtout quand j'ai trouvé une photo couleur de la même installation:
Une belle découverte que l'oeuvre de cet artiste de rue français, qui a une façon particulière de travailler: en réalité, il installe des photos sur des monuments, des paysages, un peu partout dans le monde. On peut avoir une bonne idée de son travail en consultant son site ici.
Ceux qui sont passés devant l'oeuvre à bord d'un bateau-mouche parisien (je parle au passé, car l'oeuvre, installée en 2011, n'y est certainement plus) ont peut-être songé à ces mots de l'opéra Carmen:
Un oeil noir te regarde
C'est dans l'air du Toréador, que vous pouvez écouter, chanté par le baryton Ludovic Tézier en cliquant sur cette image:
22/05/2014
Réels ou virtuels?
Le monde est un vaste théâtre et nous en sommes tous les acteurs
J'ai récemment photographié cette citation de Shakespeare (dans Comme il vous plaira), inscrite sur un mur extérieur du Théâtre du Nouveau Monde, à Montréal.
Sans doute pour des fins de concision, la traduction en français de ce texte a été quelque peu modifiée par rapport à celle qui est la plus connue:
Le monde entier est une vaste scène de théâtre,
Et tous les hommes et les femmes en sont les acteurs.
(Ils ont leurs entrées sur scène et leurs sorties de la scène,
Et un homme joue durant la vie de nombreuses pièces).
Je me pose parfois cette question: tout n'est-il qu'illusion? Sommes nous des êtres réels? Ne serions-nous pas plutôt des personnages posés dans un décor, scrutés, étudiés et examinés par d'autres entités pour lesquelles nous serions des cobayes?
En tout cas je me la pose depuis que j'ai lu, il y a une trentaine d'années, Simulacron 3, de Daniel F. Galouye. À la faveur de quelques indices, un personnage découvre que tout son monde est une copie, une maquette conçue par les savants du monde véritable afin de faire des simulations.
Et peut-être qu'il y a un autre monde au dessus des deux premiers, et puis encore un autre, et ainsi de suite comme dans une spirale sans fin, une enfilade de poupées russes contenues les unes dans les autres de la plus grande à la plus petite...
C'est un thème récurrent de la science-fiction, qui nous invite à réfléchir sur le réel et l'illusoire. Bien sûr je ne crois pas vraiment que notre monde est virtuel, mais parfois je suis saisie d'un vertige: illusion que tout cela???
22/02/2014
Vie de couple...
24/11/2013
Fossiles vagabonds
Par un beau jour d'été, en passant dans le parc de la Rivière-aux-Sables, j'ai été intriguée par ce petit aménagement situé non loin de la passerelle d'aluminium. Il s'agit de "dolomies stromatolitiques", autrement dit des algues fossiles âgées de deux milliards d'années.
Le plus extraordinaire c'est qu'il y a 8000 ans, à la faveur de la dernière glaciation, ces très vieilles roches ont fait un grand voyage, du lac Albanel jusqu'à la forêt de Laterrière, où elles ont été recueillies par le prospecteur minier Jean-Guy Belley. Leur histoire est brièvement racontée sur le texte qui les accompagne (cliquer sur l'image pour pouvoir le lire):
Bien sûr personne n'a été témoin de leur périple préhistorique. Il a été déduit et décrit par des scientifiques et spécialistes, d'après les marques et traces de leur passage.
Il est fascinant de penser que, des millions d'années avant ce grand voyage, ces vénérables dolomies ont pu jouer un rôle dans l'apparition de la vie sur terre, en commençant à produire de l'oxygène. Comment, je ne le sais pas, peut-être à cause de certains micro-organismes qui y auraient été piégés.
07/11/2013
Camus et les hommes
Albert Camus est né le 7 novembre 1913: il aurait donc aujourd'hui 100 ans.
Bien sûr j'ai lu La Peste et L'Étranger pendant mes études universitaires. Des romans extraordinaires. Puis j'ai lu autre chose et je n'y ai plus pensé souvent, sauf à la faveur d'un article dans un magazine, d'un reportage à la télé, d'un exemplaire aperçu en librairie.
Ou d'un anniversaire, comme aujourd'hui, qui me ramène à mon séjour à Nice en 2003. Un soir je suis allée au Théâtre de la Cité pour voir L'Étranger, adapté par le fondateur et alors directeur de ce théâtre niçois Meyer Cohen, né au Maroc.
Une production modeste, comme l'étaient les moyens de cette troupe et de ce théâtre, et néanmoins intéressante et prenante. La salle n'était pas grande, ni pleine. Il y a eu discussion avec le metteur en scène et les comédiens après la représentation. Des artisans du théâtre qui prenaient leur métier au sérieux et le faisaient bien, loin des feux médiatiques. La pièce était bien jouée, dans le respect du texte et de l'esprit de ce roman qui commence par ces mots:
Aujourd'hui maman est morte.
(L'Étranger est à mon avis le meilleur roman d'Albert Camus. Il a été classé au premier rang des 100 meilleurs livres du XXe siècle, selon Le Monde et la FNAC).
En ce soir d'avril 2003 à Nice, quelle émotion d'entendre ces mots, dits par le narrateur Meursault, qui raconte comment il a tué un homme sans véritable raison:
Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.
...tandis que la bande sonore faisait entendre le motif initial de la cinquième symphonie de Beethoven: quatre notes que le compositeur désignait lui-même comme le thème du destin.
Ce fut l'un des beaux moments de ma vie culturelle et personnelle.
Note: J'ai eu tort de délaisser Camus. Je devrais le relire sans cesse. Entre autres (mais pas seulement) pour ses constats lucides et désespérés, tout à fait d'actualité, comme ceux-ci:
Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou. (Carnets)
Gouverner, c'est voler, tout le monde sait ça. (Caligula)
La société politique contemporaine: une machine à désespérer les hommes. (Actuelles)
14/09/2013
Zoom et... zoou!
Par un beau dimanche ensoleillé, frais et venteux, petite excursion à quatre dans le magnifique village de Sainte-Rose du Nord (Jack publie également aujourd'hui un billet sur cette sortie, où il est question de ce même kiosque).
Assise sur la terrasse du restaurant, je repère, très haut et très loin, sur la montagne qui me fait face, ce joli kiosque. Je le photographie avec un léger zoom, et ensuite à la puissance maximum:
Je me dis que j'aimerais bien monter là-haut, car la vue doit y être saisissante.
Et puis mon souhait se réalise, car nous y montons. En auto pour la plus grande partie, ensuite un bref parcours à pied sur le sentier du plateau. Le grand kiosque érigé sur la pierre est tout entouré de nature, sauf pour les clôtures et gardes qui protègent les visiteurs de chutes éventuelles. Je peux donc voir de haut l'endroit où je me trouvais quelques minutes plus tôt:
Et le Saguenay en plongée vertigineuse:
Je constate aussi que l'amour est partout. Il a déjà gravi cette montagne, comme en témoigne cette inscription ("Steph et Martin"), gravée dans le bois de la barrière:
28/08/2013
Oh! les vaches!!
J'ai vu ce texte sur Facebook en anglais. J'en tente une traduction, bien mauvaise j'en conviens, mais j'espère que le sens au moins est clair.
Vaches et régimes
(cours d'économie politique 101)
SOCIALISME::
Vous avez 2 vaches.
Vous en donnez une à votre voisin
COMMUNISME:
Vous avez 2 vaches.
L'État les prend toutes les deux et vous donne du lait
NAZISME:
Vous avez 2 vaches.
L'État les prend toutes les deux et vous fusille
FASCISME:
Vous avez 2 vaches.
L'État les prend toutes les deux et vous vend du lait
BUREAUCRATIE:
Vous avez 2 vaches.
L'État les prend toutes les deux, tue l'une, trait l'autre et... jette le lait
CAPITALISME ORDINAIRE:
Vous avez 2 vaches.
Vous en vendez une et achetez un taureau.
Le troupeau s'agrandit et votre avoir aussi.
Vous vendez tout, prenez votre retraite et vivez de vos rentes
CAPITALISME SAUVAGE:
Vous avez 2 vaches.
Vous en vendez une et forcez l'autre à produire autant de lait que 4 vaches.
Puis vous payez un consultant chargé de trouver la cause du décèsde la vache
CAPITALISME DE LA BANQUE ROYALE D'ÉCOSSE:
Vous avez 2 vaches.
Vous vendez 3 d'entre elles à votre compagnie publique, payées grâce à un emprunt fait à la banque par votre beau-frère. Puis vous réalisez une opération de transfert dette/avoir assortie d'une offre publique d'achat, ce qui vous donne en retour les 4 vaches, plus une exemption de taxes sur 5 vaches.
Les droits sur le lait des 6 vaches sont transférés via un intermédiaire à une entreprise des îles Caïman acquise par un mystérieux actionnaire majoritaire, qui revend les droits pour 7 vaches à votre compagnie publique. Le rapport annuel indique que la compagnie détient 8 vaches, plus une option d'achat sur une neuvième.
Vous vendez une vache pour acheter un nouveau président des États-Unis et il vous reste 9 vaches. Aucun document n'atteste de la transaction.
Finalement l'État achète votre taureau
SURRÉALISME:
Vous avez 2 girafes.
L'État vous ordonne de suivre des leçons d'harmonica
ENTREPRISE GRECQUE:
Vous avez 2 vaches.
Vous empruntez 200 000 euros pour construire des étables, des salles de trait automatisées, des entrepôts pour le fourrage, des postes d'alimentation, des glacières, un abattoir, une crèmerie, une fromagerie et un centre d'emballage.
Vous n'avez toujours que 2 vaches
ENTREPRISE FRANÇAISE:
Vous avez 2 vaches.
Vous déclenchez la grève, fomentez une émeute et bloquez les routes pour obtenir 3 vaches
ENTREPRISE JAPONAISE:
Vous avez 2 vaches.
Vous inventez un nouveau modèle, 10 fois plus petit qu'une vache ordinaire et qui produit 20 fois plus de lait.
Vous en faites la vedette d'un sympathique manga intitulé Vache-kimona, qui connaît un succès mondial
ENTREPRISE ITALIENNE:
Vous avez 2 vaches.
Vous ne savez pas où elles sont.
Vous décidez d'aller casser la croûte au bistrot
ENTREPRISE SUISSE:
Vous avez 5000 vaches.
Aucune ne vous appartient: les propriétaires vous paient pour les garder
ENTREPRISE CHINOISE:
Vous avez 2 vaches.
Vous avez 300 employés pour les traire.
Vous affirmez être en situation de plein emploi et vantez l'exceptionnelle productivité de votre entreprise.
Vous emprisonnez le journaliste qui a décrit votre situation réelle
ENTREPRISE IRAKIENNE
Tout le monde pense que vous avez plusieurs vaches.
Vous affirmez n'en avoir aucune.
Personne ne vous croit, alors ils vous bombardent et envahissent votre pays.
Vous n'avez toujours pas de vache, mais au moins maintenant vous êtes une Démocratie
ENTREPRISE INDIENNE:
Vous avez 2 vaches.
Vous les adorez
ENTREPRISE BRITANNIQUE
Vous avez 2 vaches.
Elles sont folles
ENTREPRISE AUSTRALIENNE
Vous avez 2 vaches.
Les affaires vont plutôt bien.
Vous fermez la boutique et allez prendre quelques bières pour fêter ça
ENTREPRISE NÉO-ZÉLANDAISE
Vous avez 2 vaches.
Celle de droite est vraiment attirante...
12/07/2013
Dans quel monde vivons-nous?
Le chat et l'enfant jettent un même regard étonné sur le monde où ils vivent. La ligne de la gueule en accent circonflexe (sourire inversé) donne au chat une expression quelque peu désabusée.
Puisqu'il n'est plus un chaton, peut-être en sait-il, sur le monde et la vraie vie, un peu plus long que le bébé, dont l'expression ressemble davantage à une question pleine d'espoir. Essayons de ne pas décevoir ce bel enfant.
(Cette magnifique photo a été publiée sur la page Facebook du magazine Le Rose Pingouin)