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12/12/2014

Choisir sa tête

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(Photos prises en 2010 au Palais Garnier: ci-dessus, avant le début de la représentation, et ci-dessous, pendant le ballet, avec une tête pas possible devant moi)

 

Quand je vais dans une salle sans place assignée, au cinéma par exemple, j'ai tendance, comme la plupart des gens j'imagine, à m'installer derrière un siège vide. Pour ne pas avoir devant moi une tête ou des épaules qui obstruent ma vue.

Du moins c'était le cas jusqu'à tout récemment. Quelques expériences m'ont fait comprendre que ce n'est pas toujours le meilleur choix. En effet, il m'est arrivé de prendre place derrière un siège vide... qui l'est demeuré jusqu'à ce que vienne s'y asseoir une dame dont le haut chignon et les boucles folles me cachaient le spectacle. Ou une bourgeoise à large chapeau. Ou un type qui garde sa casquette vissée sur la tête.

Ou un grand et élégant jeune homme, longues jambes, larges épaules, dos bien droit, chevelure abondante: tout à fait mon genre... à condition qu'il soit assis à côté de moi, et non devant, avec une femme!

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Alors j'ai changé de méthode: désormais, plutôt que de me fier au hasard, ou de souhaiter que le siège demeure vide, ce qui est peu probable quand le spectacle est très fréquenté, je choisis la personne qui sera assise devant moi. Quelqu'un de très petit: un enfant, une petite vieille un peu voûtée, un vieillard au crâne dégarni. Je m'installe derrière l'élu(e), vérifie que je vois très bien le spectacle ou le film, et le tour est joué.

J'essaie aussi de deviner, par son attitude, si la personne a l'air d'attendre quelqu'un, pour ne pas risquer qu'elle change de siège avec un éventuel compagnon qui serait plus encombrant pour moi.

Et les manteaux...

Un autre irritant du même genre, c'est le manteau d'hiver. Plusieurs semblent délibérément le placer là où il obstruera la vue des autres. À la Maison symphonique, par exemple, alors que je prenais place dans les gradins situés derrière la scène, deux personnes ont eu l'idée saugrenue de placer leur manteaux sur la rampe qui courait devant nous. Cela cachait à leurs voisins une bonne partie de la scène. Heureusement, une placière leur a demandé de les déplacer...

Dans l'autobus, quand on n'est pas assis à l'avant, on ne voit pas grand-chose. Eh bien, un jour, la femme assise devant moi a placé son manteau sur le dossier de son siège, bouchant complètement le minuscule espace par lequel je pouvais voir la route...

17/06/2011

Différences culturelles

différences culturelles,sentiments,exprimer,visionJe suis allée récemment dans la région d'Ottawa pour assister au mariage d'Éric Pelletier, l'un de mes deux neveux, fils de mon frère Pierre.

Un vrai beau grand mariage, avec plusieurs invités, repas, cadeaux, robe blanche, échange de bagues, cérémonie civile sur la terrasse du chic Brookstreet hotel de Kanata. Plus de 2000 kilomètres, Arvida aller-retour, bien supportés par moi, mon père (90 ans) et mon frère François qui a pris le volant pour la partie Québec-Orléans-Kanata.

Mais je ne vais pas raconter en détail cet événement familial.

 

Ne rien dire

Plutôt évoquer ce qui m'a le plus frappée dans les diverses conversations auxquelles j'ai participé. C'est le constat fait par une invitée d'origine coréenne dont j'ai fait la connaissance. La conversation portait sur l'entente entre les couples, les qualités et défauts de chacun. Quelqu'un a demandé, à propos d'une convive, si elle se fâchait souvent. Question à laquelle son conjoint a répondu: "très rarement".

Vive et charmante, la femme née en Asie a alors expliqué que, parmi ses difficultés d'adaptation à sa nouvelle patrie, il y avait celle de décoder les Québécois (et Canadiens) à ce chapitre. Ici, mentionnait-elle, les gens n'expriment jamais ouvertement leur colère.  Les premières années, il lui arrivait de repenser à une conversation qu'elle avait eue avec quelqu'un, et de se dire cette personne était probablement fâchée. "Mais elle ne l'avait pas dit, et moi je ne pouvais pas le deviner", disait-elle, ajoutant que c'était même arrivé avec son conjoint québécois.

 

Tout dire

Dans son pays, quand on n'est pas satisfait d'une situation, on le dit tout de suite, on crie, on hurle, on s'insulte copieusement, que ce soit en privé ou en public. On voit même parfois à la télévision des parlementaires qui en viennent aux coups.

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Elle avait raison. Deux exemples publics québécois me sont venus immédiatement à l'esprit.

 

Exemple 1

Celui de tous ces gens qui veulent civiliser les échanges à l'Assemblée Nationale. Éliminer les insultes, les mots durs, les dialogues musclés, les pointes acérées que se lancent les députés. Autrement dit, inviter ces derniers à ne pas dire ce qu'ils pensent, à faire semblant d'être d'accord quand ce n'est pas le cas, à ne rien dire quitte à se répandre ensuite dans les médias sur les erreurs ou errements de l'adversaire, même quand c'est quelqu'un de son propre parti. Autrement dit à se préoccuper davantage de la forme que du contenu.

 

Exemple 2

Autre exemple, qui découle du premier: les membres du Parti Québécois qui ont écrit une lettre à Jacques Parizeau, que voulaient ils vraiment? Qu'il se taise? Ils ne l'ont pas dit. Et dès que des journalistes leur ont mis un micro sous le nez pour obtenir des explications, les auteurs de la lettre se sont récusés: "ah non, on respecte Monsieur Parizeau, c'est notre mentor, on ne veut surtout pas le museler".

Billevesées et double discours.. Le sens de leur message était: "tasse-toi mon oncle". Pourquoi ne l'ont-ils pas exprimé clairement? (L'oncle en question travaille en coulisse pour nuire à tous les chefs qui lui ont succédé... mais ça c'est une autre question).

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Silence et dérives

Les Québécois, et je m'inclus dans le groupe, souffrent aussi de ce travers dans la sphère privée, me semble-t-il. On n'ose pas dire qu'on est en colère. S'opposer carrément et immédiatement à un interlocuteur dont les propos nous choquent ou nous dérangent. On va en parler à quelqu'un d'autre plutôt que de dire franchement ce qui ne va pas à un ami, conjoint, partenaire, collègue, patron. Un comportement assez répandu dans l'humanité en général, mais qui me semble ici poussé très loin.

Et qui peut mener à de graves dérives. La colère rentrée, dissimulée, peut exploser et s'exprimer violemment: perte de contact avec la réalité et autres troubles mentaux, crises en tous genres, agressions, meurtres peut-être...