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24/07/2014

Un direct au coeur

La Pulperie de Chicoutimi est un magnifique lieu de mémoire, d'histoire, de culture. Tous les citoyens du Saguenay-Lac-Saint-Jean devraient en être fiers, y aller régulièrement et y conduire leurs visiteurs de l'extérieur. Notre histoire y est racontée de diverses manières, par des expositions, visites et activités implantées non pas dans un décor fabriqué de toutes pièces, mais sur le site même de l'ancienne Compagnie de pulpe de Chicoutimi, un lieu où des gens d'ici ont vécu et travaillé, magnifiquement préservé, aménagé et transformé en un musée régional vivant.

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©Sarah Caron

 

Cependant, lors de ma plus récente visite, ces extraordinaires présentations à caractère régional et historique (dont je reparlerai sans doute) furent éclipsées par les photos exposées dans le  hall du bâtiment 1921 sous le titre Femmes pachtounes, des êtres de second rang. (Ces photos ont été présentées au Zoom Photo festival Saguenay en 2013)

La photographe française Sarah Caron s'est rendue dans des régions difficiles d'accès du Pakistan pour capter des images de ce peuple, en particulier des femmes.

La tribu des Pachtounes vit sous l'emprise des Talibans, au Pakistan et en Afghanistan, selon des principes cruels et archaïques, qui fait notamment des femmes des êtres à peine humains. Elles doivent obéir, se plier aux rites et traditions, travailler et demeurer aussi effacées que possible, muettes et voilées.

En plein coeur de Chicoutimi, on peut donc voir des photos troublantes du quotidien de ces femmes, de leurs filles, de leurs compagnons. Là-bas, le crime d'honneur est la règle. Par exemple, le texte qui accompagne une photo raconte qu'une jeune fille soupçonnée de fréquenter un garçon a été tuée par son frère. Sur la photo, le visage de la mère, éplorée mais impuissante face à cette coutume barbare.

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©Sarah Caron

 

Partout dans ces contrées, la misère, le dénuement. Les gens doivent ramasser les excréments des animaux pour alimenter les feux. La naissance d'un garçon est accueillie avec joie, celle d'une fille avec indifférence. Et toute leur vie, ces petites filles porteront le lourd poids de leur sexe.

Tristes regards parfois éclairés d'un peu de lumière, vies gâchées, ces gens crédules soumis à des chefs autoritaires qui abusent de leur pouvoir. J'ai reçu ces images comme un direct au coeur qui m'a rappelé à quel point je suis chanceuse et privilégiée de vivre ici, par un étrange hasard dans lequel je n'ai ni part ni mérite.

Si j'étais née là-bas, je partagerais cette vie misérable...