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06/04/2010

Alice sans merveilles

cheshire2.jpgQuand j'étais enfant, mes parent m'avaient offert une visionneuse 3D, que l'on appelait view-master. On y insérait des disques ronds (ancêtres des CD) en carton contenant des diapositives miniatures, soit deux images légèrement différentes d'une même scène: quand on regardait dans les deux lentilles, on voyait la scène en trois dimensions. On changeait d'image en abaissant un gros bouton qui faisait tourner le disque d'un cran.

J'ai eu quelques-unes de ces disquettes, où on retrouvait des 3Dviewmaster.jpgdocumentaires, des contes, des films d'animation de Walt Disney.

Les quelques images dont je me souviens sont celles d'Alice au pays des merveilles: comment elle grandissait et rapetissait, les champignons rouge et blanc, la scène du thé, le lapin toujours pressé, les horloges, les montres. J'ai beaucoup regardé ces images.

J'ai plus tard lu et relu le texte original de Lewis Carroll, du moins sa traduction française, avec autant de plaisir.

alicePochette.jpgLes adaptations de ce conte pour la scène, le cinéma, la télévision sont innombrables (de même que ses interprétations). Hier donc, je suis allée au cinéma voir celle de Tim Burton. J'ai été déçue: il y a quelques belles images, quelques trouvailles, le chat du Cheshire (photo) est magnifique, mais ce n'est pas mon Alice au pays des merveilles.
L'histoire a été totalement changée, transformée en une lutte entre le bien et le mal, entre la reine blanche et la reine rouge, qui finit dans une bagarre générale et un affrontement avec un monstre.
MiaWasikowska.jpgPour moi, Alice, ce n'est pas ça. C'est un conte merveilleux et iconoclaste, une histoire sans queue ni tête (c'est le cas de le dire),  une fantaisie inclassable, délirante et colorée. Et qui contient un message, notamment sur la lecture et ses plaisirs. (Alice part dans son rêve alors qu'elle s'ennuie et se demande quel intérêt peut bien avoir pour sa soeur un livre sans images).
Difficile de tansposer cela au cinéma, je vous l'accorde. Mais il y aurait eu moyen.
Ici (sur les photos, Mia Wasikowska, Alice, et Johnny Depp, le chapelier fou), on ne parle plus de transposition, mais de trahison: Alice n'est plus une petite fille mais une jeune femme, ce n'est plus une fable sur le temps, il n'y a plus de livre mais un horrible prétendant, des personnages sont ajoutés, d'autres supprimés, les jeux de mots en sont presque enlevés. Tout a été fait pour plaire au public américain (mais quel public? Les adultes? Les enfants?). J'attendais davantage de Tim Burton (qui a tourné le magnifique Edward aux mains d'argent). Au moins, il a conservé le message sur la liberté.johnnyDepp.jpg
Encore, tout cela serait pardonnable s'il se passait quelque chose, si le film était prenant, émouvant. Il m'a semblé sans âme, je me suis ennuyée par moments. Jack a été aussi déçu que moi, il en a parlé sur son blogue.

Saviez-vous que:

La série télévisée Lost : Les Disparus emprunte beaucoup de références à Alice aux pays des merveilles. Le titre du 5e épisode de la série est The White Rabbit et celui du final de la saison 3 Through the looking glass. Le personnage de Jack Shepard est très clairement le pendant masculin d'Alice. Plusieurs autres références au bout de ce lien.

L'opéra Alicia du compositeur mexicain Federico Ibarra (1990), livret de José Ramon Enriquez, reprend les éléments principaux du texte. Création de l'Opéra National (Bellas Artes) de Mexico.