15/04/2016
Les termes de Pompeii
En visitant la magnifique exposition Pompeii au Musée des Beaux-Arts de Montréal (13 ans après avoir visité les ruines de cette cité romaine), j'ai découvert un nouveau sens au mot terme, en plus de ceux que je connaissais déjà: fin de quelque chose, façon de dire, etc...
C'est que j'y ai vu quelques sculptures qu'on appelle des termes. C'est une tête, un haut du corps qui surmonte une gaine, sorte de pilier grossièrement découpé. Comme l'oeuvre ci-dessus, ou encore celle-ci, photographiée par Jack:
Ces oeuvres ont été nommées ainsi en l'honneur du dieu romain Terminus ou Terme (je ne le connaissais pas, lui non plus!). Elles sont les héritières de l'hermès grec, sculpture à gaine du dieu Hermès utilisée comme borne pour délimiter les champs. Et généralement dotée d'un phallus à l'endroit approprié, comme en font foi les représentations à droite et ci-dessous.
Il y a une intéressante histoire à ce propos: l'affaire des Hermacopides. Un véritable scandale politico-religieux qui a secoué Athènes en 415 avant notre ère, au temps de la guerre du Péloponnèse, où il est question de statues mutilées, de soupçons, d'accusations, de secrets, des mystères d'Éleusis...
Les termes retrouvés à Pompeii témoignent de l'évolution de cette pratique, une fois transposée dans l'empire romain: les sculpteurs ne représentaient plus seulement des dieux, mais des citoyens et citoyennes de la ville, des mécènes, des artistes, des élus, ou encore les riches propriétaires des belles villas pompéiennes qui furent, comme tout le reste, entièrement détruites par l'éruption du Vésuve en l'an 79.
Même si cette exposition comprend de magnifiques artefacts et ouvrages, mis au jour des siècles après l'éruption, ces termes, qui faisaient plus ou moins office de portraits, m'ont semblé parmi les plus touchants de ces vestiges.
21/07/2012
Ma nouvelle amie
Au cours d'une belle balade en vélo jusqu'à Chicoutimi, je me suis assise sur un banc dans le petit parc triangulaire formé à la jonction du boulevard Saguenay et de la rue Racine. Tout en avalant mon sandwich au fromage et mon thé glacé, j'ai observé et photographié ma compagne: la Fée des bois.
Il s'agit d'une sculpture en aluminium réalisée en 1960 par Raoul Hunter. De retour chez moi, j'ai fait des recherches pour trouver le nom de l'artiste. En poursuivant ma recherche, j'ai réalisé que je le connaissais déjà, puisqu'il s'agit du célèbre caricaturiste au journal Le Soleil, où il a travaillé de 1956 à 1989.
Voici le socle de la sculpture:
L'inscription est un peu difficile à lire, je la transcris fidèlement (c'est-à-dire en majuscules et sans les accents qui auraient dû normalement s'y trouver):
LA FEE DES BOIS
OPERATION CP*
1960
HOMMAGE A LA FORET
(*Opération CP: "opération conservation et protection (de la forêt)", une initiative prise à l'époque par L’Association forestière Saguenay–Lac-St-Jean (AFSL).
Une sculpture en aluminium en hommage à la forêt, un peu étrange, non?
Ceci dit, elle est charmante, cette fée des bois. Elle se détache admirablement sur la toile de fond formée par le Saguenay, ses rives... de même que les fils électriques, le boulevard et ses voitures!
Voici une autre photo que j'ai prise: hier:
J'ai aussi pris une photo de face, mais je vous propose plutôt d'aller voir celle, bien meilleure, qui se trouve sur le site de Raoul Hunter, ici.
J'ai trouvé deux poèmes de Victor Hugo ayant pour thème la Fée.
Le premier est lyrique et tendre:
LA FÉE
Viens, bel enfant! Je suis la Fée.
Je règne aux bords où le soleil
Au sein de l'onde réchauffée
Se plonge, éclatant et vermeil.
Les peuples d'Occident m'adorent
Les vapeurs de leur ciel se dorent,
Lorsque je passe en les touchant;
Reine des ombres léthargiques,
Je bâtis mes palais magiques
Dans les nuages du couchant.
Mon aile bleue est diaphane;
L'essaim des Sylphes enchantés
Croit voir sur mon dos, quand je plane,
Frémir deux rayons argentés.
Ma main luit, rose et transparente;
Mon souffle est la brise odorante
Qui, le soir, erre dans les champs;
Ma chevelure est radieuse,
Et ma bouche mélodieuse
Mêle un sourire à tous ses chants.
J'ai des grottes de coquillages;
J'ai des tentes de rameaux verts;
C'est moi que bercent les feuillages,
Moi que berce le flot des mers.
Si tu me suis, ombre ingénue,
Je puis t'apprendre où va la nue,
Te montrer d'où viennent les eaux;
Viens, sois ma compagne nouvelle,
Si tu veux que je te révèle
Ce que dit la voix des oiseaux.
et le deuxième est une fable cruelle et comique:
L'OGRE ET LA FÉE
Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut ;
L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était, ce jour-là, sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
Comment passer le temps quand il neige, en décembre
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot.
C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.
Quand la dame rentra, plus d'enfant ; on s'informe.
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme :
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.
Or c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle et soyez plein d'astuce;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien...
01/06/2012
Rencontres à Québec: Hélène, Félix et Jean-Paul
Étrange comme on peut découvrir des trésors en quelques heures passées dans une ville qu'on croit pourtant bien connaître.
Ainsi l'autre jour à Québec, dans le charmant parc aux abords du Théâtre Petit Champlain au pied de la falaise, j'ai observé attentivement et photographié cette oeuvre, qui semblait m'attendre depuis sa mise en place en 1997:
Réalisée par l'artiste Hélène Rochette dans le cadre d'un concours d'art public, la sculpture, faite en majeure partie d'aluminium, s'intitule Le Souffle de l'île.
En voici une vue rapprochée:
L'île du titre, c'est l'île d'Orléans: pas étonnant puisque nous sommes dans le parc Félix-Leclerc. Deux des trois textes gravés dans le métal sont de Félix, le troisième est de Jacques Bertin.
Textes que vous pourrez mieux lire en cliquant sur ce lien, où il y a aussi tous les renseignements sur cette oeuvre.
Et puis j'ai rencontré Jean-Paul qui m'attendait tout seul sur un palier de l'escalier Casse-Cou...
Un petit zoom sur sa belle tête:
Et bien sûr je conclus en beauté avec une meilleure vue de sa magnifique toile (affichée sur la colonne), La Fête-dieu à Québec, où on aperçoit notamment l'église Notre-Dame-des- Victoires (à gauche au centre) et le Château Frontenac.