10/07/2011
Gosselin en trois temps
Le restaurant Gosselin a occupé beaucoup de place dans ma vie d'adolescente et de jeune adulte, et j'en ai gardé tellement de bons souvenirs. Quand venait le temps de manger à l'extérieur, on choisissait entre Chicoutimi, Chez Georges (qui s'appelait alors Georges Steak House), et Jonquière, chez Gosselin (du nom de son propriétaire, Robert Gosselin).
Curieusement, les deux établissements offraient un menu semblable dans un décor similaire. Grillades, poulet à la broche, spaghetti italien, hamburgers, peut-être du smoked meat, je ne suis pas sûre. Chez Gosselin, il y avait davantage de choix, notamment de la pizza. Mais ce que je préférais, c'était les langoustines, appelées scampis sur le menu. Huit belles grosses langoustines fendues en deux, accompagnées d'un riz blanc et de beurre à l'ail: un véritable délice, et une spécialité que l'on trouvait seulement chez Gosselin.
J'y suis allée assez régulièrement, avec des ami(e)s, avec mon fiancé, pour célébrer des anniversaires en famille, et même pour des lancements de livres ou de disques, quand j'étais journaliste.
Pour le midi ou les repas ordinaires, on prenait place dans la salle principale: tables en formica, banquettes en vinyle, et l'incontournable juke-box et ses wallbox (commandes à distance) à chaque table.
Pour les occasions spéciales, par exemple les repas de fête, nous nous installions dans la salle à manger: décor un peu plus chic, tables et chaises en bois, et... menu un peu plus cher.
Je n'ai trouvé aucune photo du restaurant Gosselin de l'époque, sauf cette petite carte postale (photo du haut) dénichée sur Internet. Dans les années 60, il ne nous venait pas à l'idée de photographier les endroits où nous allions régulièrement...
Et puis Gosselin a fermé ses portes, ou fait faillite, je ne sais plus au juste quand. Des braves ont tenté de prendre la relève, il y a eu quelques bannières (notamment le Vieux Gosselin) mais rien de vraiment durable.
Il y a quelques années, passant par là, j'ai photographié le bâtiment du 2039 St-Dominique, dans l'état où il était, occupé par je ne sais qui ni quoi, un peu étrange sur son coin de rue (photo un peu plus haut). J'ai cadré l'affiche bizarre indiquant "stationnement à l'arrière", et zoomé la vitrine en angle bien conservée, à travers laquelle je pouvais voir des rangées de chaises.
Mais je n'ai pas eu l'idée de photographier son environnement, les bâtiments des alentours. Je le regrette maintenant, car voici, sur la photo que j'ai prise il y a un mois, tout ce qui reste aujourd'hui du restaurant Gosselin, de la Tabagie Nelson (elle a déménagé au 2166 St-Dominique) et de tout ce pâté de maisons situé sur St-Dominique, entre la rue Saint-Léandre et le boulevard du Royaume (anciennement la rue Nelson):
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
(Victor Hugo, Les Djinns)