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16/01/2009

Le pape du nouveau roman

robbegrillet.jpgJe viens de placer, dans la colonne de gauche, un “album” intitulé “Mes disparus de 2008”. J’avais fait le même exercice en 2006, mais je me suis défilée les deux années suivantes, par paresse ou manque  d’intérêt.
Donc, si vous consultez cet album 2008, vous y verrez entre autres le nom d’Alain Robbe-Grillet, décédé le 18 février à 85 ans.
Je complète la note ici, car il a joué un certain rôle dans ma vie intellectuelle.
Alain Robbe-Grillet: monument de la littérature française, considéré comme chef de file du nouveau roman, également cinéaste et scénariste.
Le nouveau roman, c’était mon pain et mon beurre pendant mes études à l’Université Laval, et cela s’est poursuivi quand j’ai fait ma maîtrise en Lettres à Aix-en-Provence (dans les années 70. La photo de droite le représente à cette époque-là). Je voulais choisir son roman la Jalousie comme sujet de thèse, mais finalement j’ai opté pour l’Écume des jours de Boris Vian, et je ne l’ai pas regretté.
D’autres auteurs pratiquaient le genre, comme Nathalie Sarraute, Claude Simon, Michel Butor, Samuel Beckett. Mais Robbe-Grillet, c’était lerobGrillet70.jpg “king”.  Tout le monde, étudiants, professeurs, critiques, lisait ses ouvrages et chacun y allait de savantes exégèses sur le sens véritable de ces textes qui gardaient au final leur mystère et leur obscurité. Je crois au fond que la plupart des gens n’y comprenaient pas grand-chose.
Donc, Alain Robbe-Grillet était le pape du nouveau roman, et son essai intitulé Pour un nouveau roman en était la bible. (En réalité, le véritable théoricien du nouveau roman était plutôt Jean Ricardou).
Aujourd’hui, mon regard là-dessus est plus critique. Mais j’admire toujours, rétrospectivement, les efforts des créateurs rattachés à ce courant qui voulait sortir des ornières de la tradition réaliste et figurative.
Cela a donné en peinture des chefs-d’oeuvre, aujourd’hui admis et admirés par tous: tout ce qu'on appelle la peinture abstraite part de ce mouvement de révolte contre la tradition (Picasso, Kandinsky, Braque, Miro, Riopelle, pour ne nommer que ceux-là).
Il y eut aussi des chefs-d’oeuvre en littérature et en cinéma, mais, sauf exception, ils sont goûtés par un nombre plus restreint de personnes: la résistance du grand public est plus forte, car les gens veulent qu’on leur raconte une histoire.