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07/02/2010

Placido Domingo: le doge idéal

simonPlacido.jpgVu l'opéra Simon Boccanegra, de Verdi, en direct du Metropolitan Opera: un bon petit groupe de spectateurs, mais le cinéma Jonquière n'était pas plein.
Placido Domingo, impressionnant. Il incarne le premier doge de Gênes Simon Boccanegra, un rôle de baryton pour lequel il possède le physique, même si sa voix, cela s'entend, demeure celle d'un ténor. A 69 ans tout juste sonnés, Il réalise un rêve qu'il a depuis longtemps, celui de chanter ce rôle, et c'est un grand parmi les grands. gVerdi.jpgStature, prestance, voix, on est tous en admiration, sinon en adoration devant ce grand artiste et ce grand Monsieur.

Né à Madrid, il a suivi ses parents (il avait dix ans) à Mexico, où il a grandi et étudié. À ses débuts aux États-Unis, il était donc "the kid from Mexico", comme il le racontait en entrevue avec Renee Fleming.

Avec James Levine au pupitre, c'est le "dream team". Je ne connaissais pas cet opéra, je l'ai beaucoup aimé,  même si la mise en scène est ultra-convenue. Cette musique de Verdi est sublime. L'histoire concerne cette fois un père et sa fille, sur fond de complot politique et de réalité historique, c'est fort intéressant. Et oui, le héros meurt à la fin!

Le ténor Marcello Giordani, que je n'aime pas beaucoup JamesLevine.jpghabituellement, a bien fait, cette fois, et la soprano canadienne Adrianne Pieczonka est très bonne, vocalement et scéniquement.
Elle donnait justement une interview à Sylvia L'Écuyer d'Espace Musique (que j'écoutais sur mon iPod pendant le premier entracte). Elle parle français (avec un accent), elle est dynamique, fort sympathique. Quand l'animatrice lui demande quel est son point de vue sur la retransmission en HD,  la soprano répond qu'en apprenant cela, elle a fait immédiatement le projet de maigrir. "Je voulais perdre "20 poids", a-t-elle répété plusieurs fois, traduisant ainsi l'anglais "20 pounds". Tout à fait charmant.
trioPlusGrand.jpgLes décors sont imposants. À l'entracte, on a vu un ensemble complet à deux étages (jardin, balcon de pierre, arbres, escaliers, rambarde) sortir de scène d'un seul tenant sur une plate-forme roulante, pour être remplacé par un autre décor complet, la salle du conseil avec ses marbres, ses vitraux, son trône, ses sièges et ...ses personnages, le Doge de Gênes et sa cour, tous les chanteurs déjà en place, qui se laissaient déménager sur ces roulements à bille.

Les costumes sont magnifiques, riches, opulents. Broderies, soieries, brocarts, cuir et pierres précieuses. Les hommes portent de superbes étoles en fourrure, et je me suis demandé si c'était de la vraie fourrrure. J'ai posé la question à des amis rencontrés sur adrianneMarcello.jpgplace, ils sont sûrs que c'est du faux, mais il faudrait voir, je n'en suis pas si sûre.

Bref, j'ai passé un après-midi absolument superbe, plongée dans la musique, dans un spectacle qui m'a rendue complètement heureuse. Heureuse malgré (ou à cause de) ce triste constat, au moment où Simon Boccanegra, empoisonné, se meurt:

D'interminato pianto fonte è l'umano cor

 

que l'on pourrait traduire ainsi:


Le coeur humain, source de larmes intarissable