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04/02/2014

Une revue, des créateurs, des trésors

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(Ozias Leduc: portrait de Florence Bindoff, 1931-1935. © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)

Ne vous attardez pas au titre, qui peut paraître rébarbatif. Courez au CNE de Jonquière pour voir l'exposition  Vers un renouveau artistique autour de la revue Le Nigog, 1918, présentée jusqu'au 20 avril. Vous serez mis en présence de plusieurs grandes oeuvres, et de quelques chefs-d'oeuvre de l'art québécois.

Le titre désigne le fil conducteur qui a présidé au choix de ces oeuvres: essentiellement, il s'agit d'artistes présentés (sous un jour favorable) par le magazine mensuel Le Nigog, fondé en 1918 et qui dut fermer après la publication de 12 numéros.

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(Napoléon Bourassa, Les petits pêcheurs, vers 1865. © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)

C'est peu de dire que cette revue "moderniste", qui voulait éveiller l'intérêt et stimuler la curiosité des lecteurs envers la littérature et l'art contemporain fut mal accueillie:

"Proclamant la primauté de la forme sur le sujet comme condition d'un art universel, les rédacteurs en chef se font immédiatement des ennemis. Les régionalistes sont horrifiés : la revendication du formalisme détruit la sérénité avec laquelle ils avaient appuyé la pensée de la société conformiste."

Les toiles et sculptures de ces artistes modernes cne,jonquière,mnbaq,québec,charles gille,ozias leduc,peintres québécois,adrien hébertpour l'époque (début du 20e siècle) ont longtemps dormi dans les voûtes du Musée national des Beaux-Arts du Québec, qui a préparé cette superbe exposition itinérante. Certaines d'entre elles furent très difficiles à retrouver, m'a expliqué le guide qui m'a accueillie au CNE, ajoutant que plusieurs d'entre elles sont montrées au public pour la première fois.

Pas difficile aujourd'hui, en visitant l'exposition, de comprendre pourquoi le nom de leurs créateurs est parvenu jusqu'à nous: ce sont des artistes sérieux, épris de liberté, capables de réflexion et techniquement sûrs d'eux-mêmes. On n'en est pas encore à l'abstraction, mais on peut observer sur leurs toiles des signes (choix des couleurs, attitudes et expression des sujets, perspective, construction) de leur éveil et de leur aspiration à sortir du cadre institutionnel et traditionnel.

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(John Lyman: Corinne, 1919. © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)

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(Adrien Hébert: Léo-Paul Morin, 1922. © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)

Du titre de l'exposition, il faut somme toute retenir les mots "renouveau artistique". Et se rappeler que des gens, les rédacteurs du Nigog dans ce cas, ont travaillé fort et affronté les préjugés pour faire progresser la pensée de leur temps.

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(Charles W. Simpson: Falaise de Gaspé © MNBAQ, Collection du Musée national des beaux-arts du Québec)

Ce sont les portraits que j'ai le plus aimés dans cette exposition. Ceux que je présente sur cette page: l'énigmatique Florence Bindoff par Ozias Leduc, l'impertinente Corinne de John Lyman, et le pensif Léo-Paul Morin, par Adrien Hébert, un peintre que j'aime beaucoup, dont l'exposition présente aussi les magnifiques Élévateurs à grains du port de Montréal.cne,jonquière,mnbaq,québec,charles gille,ozias leduc,peintres québécois,adrien hébert

Et aussi Le vieux paysan canadien français de Suzor-Côté et le joueur d'échecs de Charles Gill (le tableau s'intitule Le problème d'échecs).

En entrant dans la salle, on peut admirer  Le pêcheur à la nigogue, reproduction à l'échelle d'une sculpture de Louis-Philippe Hébert installée sur la façade du Parlement de Québec. Une nigogue, ou un nigog comme le titre de la revue, est le harpon traditionnel des amérindiens.