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12/09/2012

Tom Wesselmann: l'art qui fait pop!

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À Montréal en juin dernier, je suis allée au Musée des Beaux Arts voir la rétrospective de Tom Wesselmann (présentée jusqu'au 7 octobre) intitulée Au-delà du pop art.

Deux grandes lignes de force animent son oeuvre, m'a-t-il semblé: l'érotisme et les références.

Un érotisme joyeux et délicieusement coquin, inspiré par une obsession totalement assumée pour le corps féminin... et pour ce qui le soutient, dans l'imaginaire ou dans le réel: vêtements, sous-vêtements, talons hauts, verres fumés, maquillage, en particulier le rouge à lèvres. En fond de scène: banquette, voiture, plage, fauteuil, sur lesquels il se pose et se détache, souvent dénudé.

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Références: d'abord à la vie quotidienne que l'on était censé mener aux États-Unis dans les années 50. Une vie à la fois matérielle, idéalisée et rêvée... Symbolisée, incarnée dans les icônes du bonheur bourgeois et familial: pain tranché, grille-pain, boissons gazeuses, réfrigérateur, automobile, bungalow. Du pop art à l'état pur! Références également à l'art, français en particulier:  Wesselman emprunte à Matisse, Picasso, Cézanne, Mondrian... leurs motifs les plus emblématiques et les incorpore à ses toiles comme autant de clins d'oeil.

De plus, il a recours aux techniques les plus diverses: collage, dessin, peinture, incrustation d'objets, qu'il maîtrise et utilise avec jubilation, dirait-on.

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On sort le sourire aux lèvres et la tête pleine d'idées de cette exposition joyeuse, ironique et drôle. Pas plus que nous, Tom Wesselmann ne prend ses obsessions au sérieux: il nous les offre, vivantes, colorées, triviales, grotesques ou fantaisistes. C'est à prendre ou à laisser. Pour ma part, j'ai pris avec beaucoup de plaisir ces oeuvres d'un esprit libre et libertin, d'un créateur qui ne s'enfarge ni dans les conventions, ni dans les règles de l'art.

02/10/2011

La folle exubérance de Jean-Paul Gaultier

J'ai bien aimé l'exposition La planète mode de Jean Paul Gaultier, qui se terminait aujourd'hui 2 octobre au Musée des beaux-arts de Montréal. C'était mon deuxième événement-mode de la semaine du 19 septembre.

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Outre la beauté, l'originalité, l'inventivité, l'audace et dans certains cas la profondeur des créations de Jean-Paul Gaultier, j'ai beaucoup aimé la présentation qu'en a faite le MBAM. Un événement ludique et festif, vivant et tourbillonnant. Acueilli en haut des marches par des personnages animés, parmi lesquels Jean-Paul Gaultier lui-même, en gilet rayé, le visiteur se déplaçait ensuite un peu au hasard, poussant des rideaux pour entrer dans les différentes salles, à sa guise, sans flècjean-paul gaultier,musée des beaux-arts,montréal,exposition,couture,designerhes, sans ordre précis, sans savoir ce qui l'attendait derrière l'un ou l'autre des rideaux. Il fallait s'abandonner, se laisser prendre au jeu.

Plates-formes mobiles, jeux d'ombre et de lumière, dramatisation de certaines tenues, ouvertures dans les murs d'une section à l'autre: tout le contraire de créations figées sur des mannequins contraints à l'immobilité: ça bougeait, palpitait, virevoltait, flashait...

Tout à fait en accord avec le talent, la joie de créer, le brin d'impertinence et la franchise de Jean-Paul jean-paul gaultier,musée des beaux-arts,montréal,exposition,couture,designerGaultier, cette riche présentation mettait en valeur les différents thèmes et styles qu'il a explorés. 

Le grand couturier aime jouer avec les couleurs, les matières, les textures, il sait dire quelque chose avec ses créations, aussi bien qu'un peintre ou un cinéaste. En associant ses matériaux, tissu, matière, textile,  au corps humain vivant et mobile, Jean-Paul Gaultier exprime tout: un contexte socio-historique, une culture, une vision personnelle et critique, ses coups de coeur et ses coups de gueule.

Témoin ou acteur d'événements sociaux ou culturels, il sait les évoquer, discrètement ou au contraire avec un brin d'excentricité, en habillant aussi bien les stars que madame-tout-le-monde.

Jean-Paul Gaultier est d'ailleurs allé à Montréal au début de l'exposition et s'est montré très heureux qu'un musée s'intéresse à son travail et décide de le mettre en valeur.

Les visiteurs avaient le droit de prendre des photos, alors je ne m'en suis pas privée. En voici quelques-unes, sur cette page.

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22/06/2011

Qin: empereur et fossoyeur des Chinois

empereur guerrier,chine,musée des beaux-arts,montréalPlus que quelques jours pour voir l'exposition L'empereur guerrier de Chine et son armée de terre cuite au Musée des beaux-arts de Montréal (jusqu'au 26 juin). Une formidable exposition qui donne à voir des pièces fabuleuses, soldats, chevaux, artéfacts, éléments de décor façonnés avec une extrême précision. Des objets en terre cuite que le Premier Empereur a fait fabriquer et placer dans un mausolée, immense complexe funéraire où il voulait reproduire sous terre le monde vivant qui l'entourait.empereur guerrier,chine,musée des beaux-arts,montréal

Il s'agit là d'une infime partie des 8000 soldats mis au jour par les archéologues dans la nécropole chinoise, où se trouvaient aussi des chevaux, des chars, et des milieux de vie reconstitués: jardins, parterres, rivières, animaux.

Ce monde figé dans la pierre pour l'éternité a déteint sur la Chine réelle et sur ceux qui l'habitent aujourd'hui. Comme le dit si bien Jack dans cette brillante analyse, l'empereur Qin Shi Huangdi marquait ainsi pour longtemps le destin de la Chine: secrète, fermée, communiquant difficilement avec les autres nations, dirigée par des tyrans pour lesquels le peuple est forclos: une Chine atteinte d'autisme, pourrait-on dire.

J'ai trouvé dans ce propos de Jack les raisons de mon ambivalence. C'est que j'étais tiraillée entre d'une part: mon admiration pour la beauté des pièces; mon plaisir de découvrir tout ce pan de l'histoire humaine que je connaissais bien peu; enchantée par les faits historiques que révèlent ces objets, qu'il s'agisse de poteries, de bijoux, ou de tuyaux d'égout de l'époque; renseignée encore davantage par l'audioguide et les cartels; impressionnée d'avoir sous les yeux ces témoins d'un monde lointain qui ont voyagé dans le temps et dans l'espace pour venir jusqu'à moi.

D'autre part: un léger malaise devant l'entreprise irrationnelle et mortifière d'un homme qui voulait peut-être défier le destin, qui a peut-être cru que cette nécropole le protégerait contre sa propre mort; malaise aussi à l'idée de tous ces ouvriers et artisans qui ont souffert et sont morts en travaillant à concrétiser le caprice fou de leur maître. Le nom de l'empereur Qin est parvenu jusqu'à nous, mais pas celui de ces humbles travailleurs...

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