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22/05/2012

Falstaff: drôle de numéro

Aller-retour à Québec jeudi dernier (en voyage organisé) pour assister. en compagnie d'une trentaine de personnes du Saguenay, à l'opéra Falstaff, présenté par l'Opéra de Québec au Grand Théâtre. Ce dernier opéra écrit par Verdi est assez atypique dans son oeuvre. Comme s'il avait voulu s'amuser en terminant le tout dans un grand éclat de rire, après avoir écrit de sombres tragédies comme Aïda, Otello ou La Traviata. Le sujet est léger et la musique, bien que très italienne, ne comporte pas de grandes arias, et se développe plutôt comme une respiration, une succession de pulsations.

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(Lyne Fortin et Gaétan Laperrière. Photo Louise Leblanc, Opéra de Québec)

Le livret (d'Arrigo Boito) est largement inspiré de la pièce de Shakespeare Les joyeuses commères de Windsor dont l'action se déroule non loin de Londres, et c'est pourquoi les noms de personnages et de lieux sont à consonnance anglaise.  Sir John Falstaff (Gaétan Laperrière), obèse et néanmoins sûr de son charme, fait parvenir à deux dames qu'il veut séduire deux lettres identiques. Alice Ford (Lyne Fortin) et Meg Page (Marie-Josée Lord) ont vite fait de découvrir que Falstaff a fait du copier-coller et décident de lui jouer un bon tour. Le mari d'Alice apprend par un autre canal que Falstaff courtise sa femme et lui tend également un piège.

Ces deux intrigues s'entremêlent ensuite dans un joli charivari. Fou de jalousie, Ford (Jean-François Lapointe) fouille sa propre maison à la recherche de Falstaff. Ce dernier, effectivement présent, est contraint de se cacher dans un panier à linge tandis que la jeune Nannetta (Pascale Beaudin), fille de Ford, n'a d'yeux que pour son beau et jeune amoureux Fenton (Antonio Figueroa), et ne veut nullement du Dr Caïus (Benoît Boutet) auquel son père la destine. Falstaff est finalement précipité dans la Tamise avec le contenu du panier.

Le tout se termine dans une forêt enchantée...

Comique, truculence, fantaisie, rêve et magie: rien de sérieux dans tout ça. Et pourtant, que de travail, que d'efforts pour faire vivre cette comédie!  Tout un défi, relevé de façon générale avec audace et panache. Le metteur en scène Jacques Leblanc découpe avec précision chaque développement et rebondissement, apportant un soin particulier au jeu scénique de ses chanteurs-acteurs,notamment à leurs interactions, et insufflant à chaque scène le tonus et le rythme requis.

Les chanteurs et chanteuses jouent la comédie de belle façon. Ils semblent s'amuser et nous font partager leur plaisir. Plusieurs moments sont du plus haut comique et m'ont fait rire comme rarement à l'opéra.

falstaff,verdi,opéra de québec,gaétan laperrière,lyne fortin,jean-françois lapointeLes quatre commères sont d'égale force, avec mention spéciale à Lyne Fortin à la voix toujours belle et au jeu bien senti, et à Sonia Racine, qui incarne Mrs Quickly et livre une étonnante prestation dans sa scène avec Falstaff.

Du côté des hommes, Jean-François Lapointe (photo ci-contre) se taille un beau succès dans le rôle du mari jaloux: il court, grimace et gesticule, tempête de sa superbe voix, et nous sert un solo formidable devant le rideau. Le ténor Antonio Figueroa (Fenton) faite entendre un beau timbre, léger et souple, c'est un plaisir de l'écouter. J'ai moins aimé la prestation de Gaétan Laperrière en Falstaff: il joue bien, mais jeudi, sa voix semblait fatiguée: elle manquait de volume et de relief.

Une bonne note pour les costumes des dames, tout à fait superbes, et pour la direction musicale de maestro Giuseppe Grazioli, qui gère bien les échanges entre la scène et la fosse (malgré quelques ennuis de tempo ce soir-là) et travaille en profondeur avec l'OSQ pour bien faire apprécier la richesse de la partie orchestrale.

Somme toute une soirée agréable, réjouissante, réconfortante et amusante.