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06/03/2012

Plaisirs de proximité

lauraAndriani.jpgÀ deux reprises récemment, je me suis assise très près des musiciens pour des concerts, une chose que j'évite en général, du moins que j'évitais jusqu'ici.

Quand j'ai acheté des billets à l'entrée de la salle Pierrette-Gaudreault pour le concert intitulé Trio Baroque, je n'ai pas trop vu où étaient les sièges jusqu'à ce que j'y sois assise: première rangée, au bord de la section centrale. À deux ou trois mètres des musiciens, et à la même hauteur qu'eux. Cela ne me plaisait pas trop au départ, mais dès qu'ils ont commencé à jouer, j'ai changé d'idée et finalement j'ai beaucoup apprécié cette proximité.

Le violon, le hautbois, le petit orgue mobile et surtout le clavecin sonnaient extrêmement clair. C'était comme si les musiciens, Laura Andriani (photo ci-dessus) au violon, Philippe Magnan au hautbois et Régis Rousseau au clavecin (et à l'orgue), jouaient dans mon salon. Grâce à cette proximité, et bien entendu au talent de ces interprètes aguerris, j'ai eu l'impression de pénétrer dans l'intimité de Bach, Pachelbel, Haendel, Leclair, Couperin, Vivaldi: c'était vraiment formidable. À la sortie, j'ai entendu d'autres spectateurs, placés plus loin de la scène, déplorer que "le clavecin, ça joue assez pas fort". Or moi je l'avais parfaitement entendu.

justine Pelletier, Laura Andriani, Régis Rousseau, Philippe Magnan, jeunesses musicalesEncouragée par cette expérience, j'ai pris place dans la quatrième rangée pour écouter la pianiste Justine Pelletier, dont le concert était présenté dimanche dans la même salle par les Jeunesses musicales. Là encore j'étais à peu près à la hauteur de la musicienne, que je voyais de dos, et je voyais très bien ses mains danser sur le clavier. Magnifique, elle a proposé un programme romantique, Schumann, Schubert, Albéniz, Chopin, joués avec compétence, concentration, passion.

S'exprimant dans un français impeccable, Justine Pelletier a présenté brièvement chacune des pièces: l'histoire de leur composition et sa perception de l'oeuvre. Aussi agréable à entendre parler que jouer. Un visage qui rappelle étrangement celui de Julia Roberts.

Tout cela était fort beau, fort agréable. Mais c'est la dernière pièce, la rhapsodie hongroise no 12 de Liszt, qui m'a fait la plus forte impression. Une oeuvre impétueuse, variée, heurtée, puissante, exécutée avec toute l'ardeur et toute la virtuosité requises, par une artiste totalement engagée dans chaque instant: toute la salle fut transportée par ce jeu, par ce maelström de fougue, de force, d'énergie: c'est ce qui s'appelle finir en beauté.

Cette fin a peut-être projeté un peu d'ombre sur l'excellence de ce qui avait précédé... Reste que c'était formidable. De ces moments qui emportent, qui arrachent tout.