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14/10/2015

Corps de ballet

Ballet au cinéma, ballet Roméo et Juliette, Giselle, Jonquière

Sergei Polunin et Svetlana Zakharova dans Giselle

 

En plus des opéras du Metropolitan, présentés depuis dix ans, le cinéma Jonquière vient d'ajouter de la danse à sa programmation. Des ballets filmés au Royal Opera House de Londres et au théâtre Bolchoï de Moscou sont projetés certains dimanches en après-midi. (Le programme est ici).  

Comme cet art que j'apprécie est plutôt rare sur nos scènes, je me suis réjouie de pouvoir y accéder sur un grand écran près de chez moi. Les médias québécois n'en ont guère parlé...
Après en avoir vu deux (Roméo et Juliette, du ROH,  et Giselle, du Bolchoï ), je puis dire que l'expérience est totalement différente de celle de l'opéra.
Visuellement, d'abord. Au ballet, les danseurs-acteurs sont jeunes, minces, bien faits. Les femmes, filiformes, ont des seins minuscules.
Les rondeurs, ce sont plutôt celles des hommes: fesses et sexe bien emballés dans un tissu élastique serré qui les met en valeur, muscles proéminents et mobiles des mollets, des cuisses, des épaules.
Les spectateurs qui fréquentent ce royaume de la poitrine plate et de la fesse rebondie apprécient particulièrement l'exploit physique. Dans la salle dorée du Bolchoï, il applaudissent la moindre série de pointes, de sauts ou d'entrechats, ce qui est un peu agaçant pour ceux qui voient le spectacle dans une salle de cinéma. (À l'opéra, on applaudit rarement en cours de représentation, sauf pour quelques grandes arias).

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Sarah Lamb et Steven McRae dans Roméo et Juliette

 

Esthétiquement ensuite. Le visage des danseurs est très expressif, parfois un peu trop car ils doivent compenser l'absence de parole ou de texte par des mimiques très appuyées. Il est par conséquent difficile d'adhérer à leurs sentiments, d'autant plus que la trame narrative (du moins dans le cas de Roméo et de Giselle) est peu vraisemblable.

Je suis donc restée là, appréciant les mouvements d'ensemble, la grâce des gestes, les exploits acrobatiques, la musique aussi, mais distante, sans véritable émotion. Comme je peux en éprouver à l'opéra, quand la voix vibre et soulève en moi un écho humain.
Ces deux ballets filmés ressemblaient par moments à de vieilles choses fantomatiques et glacées.(1)
Il leur manque quelque chose, quelque chose comme... la vie.

Notes
PS(1) Je pourrais éventuellement changer d'avis ou modifier ma perception, par exemple en assistant à des projections de ballets plus modernes.


PS(2) Il m'a semblé dimanche dernier que Svetlana Zakharova, la danseuse étoile du Bolchoï qui interprétait Giselle, manquait un peu d'équilibre: ses jambes vacillaient parfois après des pointes ou un déplacement latéral. Elle a carrément chuté une fois, se relevant aussitôt de sorte que l'événement fut vite oublié. Mais c'était troublant...