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11/03/2011

Femmes, phrases et phrasés

Jocelyne Roy, flûte, Jeunesses musicalesJocelyne Roy (ci-contre) et Michelle Yelin Nam avaient de bien belles choses à dire aux nombreuses personnes qui ont bravé la neige et le froid pour aller les entendre dimanche dernier (6 mars) à la salle Pierrette-Gaudreault. En tournée avec les Jeunesses musicales du Canada, elles se sont bien sûr exprimées par leurs instruments, la flûte et le piano, mais aussi par la parole, sachant établir un contact très fort avec leur public.

La flûtiste est québécoise et s'exprime fort bien. Sa compagne, d'origine coréenne, fait d'immenses efforts pour parler français. Avec un fort accent, le souffle court, elle cherche ses mots, se trompe parfois, donne trop ou trop peu de détails à l'occasion, mais peu importe, elle se lance, son message passe malgré tout, et on sent que d'ici quelque temps, sa persévérance lui permettra de parler beaucoup mieux cette langue difficile pour ellejocelyne roy,michelle yelin nam,flûte,piano,eunesses musicales,jonquière

Ce discours des deux jeunes musiciennes, tout en offrant des détails importants sur les oeuvres au programme, parle surtout de leur amour de la musique, du rôle joué dans leur vie par telle oeuvre ou tel compositeur. À les entendre, on ne doute pas un instant qu'elles aiment ce qu'elles font et que quand elles jouent, elles sont là, totalement présentes, totalement concentrées, habitant complètement cette bulle d'espace/temps qui s'appelle un concert.

Ce plaidoyer, c'est un plus qui s'ajoute au plaisir de les entendre jouer. Elles ont  25 et 29 ans, déjà beaucoup d'expérience de la scène (concerts, concours, prix) et une immense compétence technique et expressive, acquise à force de temps et de travail.

Leur programme est riche, plein de beaux noms qui m'ont pour ma part incitée à me déplacer.

Saverio Mercadante n'est pas le plus connu d'entre eux, mais j'ai un faible pour ce compositeur: depuis une vingtaine d'années, j'écoute régulièrement dans mon auto ses merveilleux concertos pour flûte. Jocelyne Roy a interprété ses variations sur La ci darem la mano (air du Don Giovanni de Mozart), qui demandent beaucoup d'agilité et de virtuosité, comme à peu près tout ce qu'elle a joué. Des pièces de Bach, Boehm, Debussy, Chopin Schubert, Mendelssohn, jouées en duo ou en solo, peuplaient ce programme bien garni.

Et quelque chose de très spécial, Chant de Linos du compositeur français André Jolivet: elles ont parlé de la pièce avec une telle ferveur, et l'ont jouée avec tant de compétence et d'engagement qu'elles ont su faire apprécier au public cette musique exigeante, puissante et déstabilisante.

L'oeuvre est jouée sur cette vidéo:

C'est le genre de concert qui me laisse une extraordinaire impression de satisfaction, d'accomplissement: heureuse d'avoir vaincu ma paresse naturelle, ma tendance à rester tranquille à la maison, d'avoir saisi cette occasion unique d'un partage, d'une rencontre, avec l'art, avec les artistes et avec un groupe de personnes qui ont vécu cela en même temps que moi, je me sens quelque peu euphorique, comme un athlète qui aurait réussi une épreuve difficile.