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23/09/2012

D'autres nous-mêmes

Festival international de la marionnette, Saguenay, Jordi Bertran, marionnette

Dernier jour du Festival international des arts de la marionnette à Saguenay. Un très bel événement, que je fréquente régulièrement depuis ses débuts il y a une vingtaine d'années. J'ai vu cinq des quelque vingt spectacles du programme régulier de cette édition 2012.

Comme tant d'autres, je suis attirée et fascinée par les marionnettes, ces humains miniatures créés et manipulés par des humains.

J'admire ces artistes qui font accomplir à leurs créatures (sosies ou projections d'eux-mêmes) des gestes qui ressemblent à ceux que posent les "vrais" humains. Quand, grâce à leur habileté et à leur ingéniosité, ils  leur donnent des attitudes qui évoquent les nôtres. Quand ils les font courir, danser, rire, fuir, montrer de la peur ou de la colère. Lever le petit doigt, hausser les épaules, baisser la tête: quelle merveille que des êtres en principe inanimés puissent agir ainsi, comme nous. Nous nous projetons en eux, c'est inévitable.

L'attrait vient aussi sans doute de ce parfum d'enfance qui se dégage de toutes ces prestations. On se revoit, avec nos poupées, nos peluches, nos Barbie, nos super-héros en plastique, que nous avons manipulés en leur prêtant des sentiments et des intentions, en imaginant qu'ils nous donnaient la réplique, qu'ils nous obéissaient ou nous désobéissaient: nous leur donnions une âme, comme le font depuis des siècles les marionnettistes.

Festival international de la marionnette, Saguenay, Jordi Bertran, marionnette

À cet égard, les plus belles manipulations que j'ai vues cette fois étaient de trois types. Les marionnettes à gaine du Chinois Yeung Faï, (photo ci-dessus)avec son spectacle Hand Stories. Ses personnages sont de véritables oeuvres d'art, finement détaillées, qu'il fait bouger avec subtilité et réalisme.

Les marionnettes à fils du très habile Catalan Jordi Bertran (Le sens des fils) étaient aussi très intéressantes. Édith Piaf, Charlot, Ophélie, un rocker et quelques autres dansent, courent, chantent, se déplacent et vivent grâce à un imposant réseau de fils dont certains ne font bouger qu'un seul doigt. (Cliquez sur l'image du haut pour voir le numéro avec Charlot).

Et enfin le théâtre d'objets (inspiré des marionnettes à tige) du Français Christian Carrignon, qui nous offre son délicieux Théâtre de cuisine. Accroupi sous une petite table, il fait évoluer ses minuscules personnages (bouchons de liège coiffés de capsules, papillottes, pièces de monnaie), au bout de tiges qu'il fait glisser dans des fentes.

Dans les trois cas, on y croit et on s'émerveille de tant de précision et de créativité.

Mais je continue à me demander pourquoi des adultes, en principe des gens sérieux, consacrent toute leur vie à la création et à l'animation de marionnettes, à la seule fin de divertir petits et grands (c'est aussi pour gagner leur vie, mais il y a d'autres façons de le faire, moins compliquées et moins risquées).

Cela pose en fait toute la question de la nature du divertissement, du spectacle. Question à laquelle diverses réponses ont été données par nombre de philosophes et d'artistes...