Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/06/2014

Quand rien ne se passe...

J'écrivais dans mon précédent billet qu'en art visuel (et sans doute en art en général), tout est une question de communication, de circulation d'idées et de sensations entre le créateur et son "visiteur".

C'est assez rare dans mon cas, mais parfois, il ne se passe rien, le contact ne s'établit pas. Par exemple avec l'exposition de Peter Doig, présentée au Musée des Beaux-Arts de Montréal le printemps dernier et intitulée Nulle terre étrangère.

peterdoig,exposition,mbam,montréal

Le titre était beau, l'artiste, un Montréalais d'adoption sur lequel les médias avaient présenté plusieurs reportages élogieux (mais peu de véritables critiques de son oeuvre, je l'avoue) m'est apparu sympathique, ses tableaux se vendent paraît-il à des prix incroyables.

Certains donc que l'événement était à ne rater sous aucun prétexte, mon conjpeter doig,exposition,mbam,montréaloint et moi avons fait un effort spécial pour aller à Montréal avant la fin de l'exposition, même si la date ne nous convenait pas vraiment, pour diverses raisons.

Et puis? Et puis rien, absolument rien. Les sujets, la technique, les couleurs, je ne trouvais rien qui me parle, qui allume mon regard et mon esprit. Je n'ai pas compris ce que Peter Doig voulait me dire en peignant ses toiles. Pire, je ne percevais pas son engagement, sa tension, le désir à la source de chacune de ses créations.

Nous étions avec un autre couple, venu également du Saguenay, et nous nous regardions, un peu catastrophés, l'air de dire: quoi, c'est pour ça que nous sommes venus?

Quelques toiles peut-être m'ont vaguement intéressée mais, comme on dit, cela ne valait pas le voyage.

Son univers m'est resté fermé, étranger, rien ne m'a parlé.

peterdoig,exposition,mbam,montréal

L'artiste (photo ci-dessus) avait beau être sur place et faire des selfies (avec des membres de sa famille, je crois) rien n'y fit. Était-ce ma faute? Peut-être...

Le contact entre nous, les quatre visiteurs, était en revanche excellent: nous avons pu, avec nos amis, rire et nous distraire, déguster un bon repas au Café des beaux-arts...

Et être à Montréal, séjourner à l'Hôtel de l'Institut, voir nos enfants et notre petit-fils. Bref, le voyage fut beau. Mais pas à cause de Peter Doig. Et sans lui, nous aurions sûrement choisi une autre date, une autre formule...

Bref, comme une débutante, je me suis laissé prendre aux propos louangeurs publiés dans les médias au sujet de l'artiste et de son exposition: on ne m'y reprendra plus...

 

 

08/10/2013

Beauté abstraite

musée des beaux arts de montréal,dale chihuly,verre,exposition,couleur,forme

L'exposition Chihuly: un univers à couper le souffle est prolongée jusqu'au 27 octobre au Musée des Beaux-Arts de Montréal. Beauté formelle, couleurs pures et vives, transparence, tout cela est fort séduisant.

La forme de ses sculptures de verre évoque celle de nos objets familiers: fleurs, lampes, arbres, ballons. Au moment où j'ai visité l'exposition, mon petit-fils avait adopté un mot: "balou", c'est-à-dire "ballon". Il s'était emparé de ce mot, le premier peut-être qu'il maîtrisait et employait à sa guise, non seulement pour désigner les ballons, mais pour communiquer avec les adultes, s'amuser à les faire réagir, et aussi pour désigner tout objet dont il ne savait pas prononcer le nom.

musée des beaux arts de montréal,dale chihuly,verre,exposition,couleur,forme

"Si Mattéo voyait ça, il dirait bien: balou, balou!", ai-je pensé en voyant cette barque remplie de boules de verre multicolores.

Véritable forêt enchantée aux couleurs chatoyantes, l'univers de Dale Chihuly (photo ci-dessous) m'a cependant laissée un peu froide. Admirative, certes, éprouvant un plaisir sensuel et intellectuel, mais pas vraiment touchée ou remuée.

musée des beaux arts de montréal,dale chihuly,verre,exposition,couleur,forme

Je me suis demandé pourquoi, alors même que j'avais été bouleversée par plusieurs des oeuvres présentées aux Mosaïcultures, visitées lors du même séjour à Montréal.

La réponse me semble-t-il tient à...  la vie. La vie qui palpite dans les sculptures végétales, autant par les sujets représentés, humains, animaux, histoires, légendes, que par le matériau utilisé pour les construire: des plantes vivantes... La vie qui trouve son chemin vers les humains que sont les visiteurs.

musée des beaux arts de montréal,dale chihuly,verre,exposition,couleur,forme

Il y a moins de vie dans l'oeuvre de Chihuly. Du mouvement, certes... mais aucune de ces magnifiques créations de verre ne nous parle de notre monde, de ses activités, de ses aspirations.

musée des beaux arts de montréal,dale chihuly,verre,exposition,couleur,forme

En reconnaissant la forme d'un ballon, d'un arbre, d'une forêt, je suis fascinée par ce jeu de l'esprit, par la beauté de ce que je vois, mais il me manque quelque chose, comme un souffle de vie... qui me relierait à l'auteur de ces extraordinaires créations.

musée des beaux arts de montréal,dale chihuly,verre,exposition,couleur,forme

08/04/2013

Le Belgo: un secret bien gardé

montréal,belgo,denis rousseau,arts,exposition,joyce yahouda

J'avais déjà entendu le nom de ce lieu, le Belgo, que je savais relié à l'art, mais sans plus. La lecture d'un article du Devoir quelque temps avant de un voyage à Montréal m'a incitée à m'y rendre, sans le savoir en quelque sorte. En effet, j'avais bien vu le nom et l'adresse de la galerie Joyce Yahouda, mais je ne savais pas qu'elle était installée dans cet immense complexe, un édifice massif de six étages érigé (en 1912) en plein centre-ville, sur Sainte-Catherine tout près de la Place des Arts.

montréal,belgo,denis rousseau,arts,exposition,joyce yahouda

La porte d'entrée est très discrète, perdue au milieu des enseignes criardes portant les noms des commerces environnants (Fabricville, boutique de souvenirs... voyez le genre).

Mais une fois à l'intérieur, après être passée devant le charmant café situé au rez-de-chaussé et  avoir gravi des escaliers jusqu'au cinquième étage, je fus prise de vertige. Vertige de découvrir que les deux derniers étages sont occupés par une enfilade de petites galeries d'art. D'art contemporain, plus précisément. J'étais comme une petite fille au milieu d'une talle de bleuets: éblouie à la perspective de ce que j'allais cueillir. Il y a une trentaine de ces bijoux culturels, derrière des portes réparties chaque côtés d'un très, très long corridor.

 montréal,belgo,denis rousseau,arts,exposition,joyce yahoudaConstruit en 1912 pour abriter le grand magasin Scroggies (magasin à rayons et de vente par catalogue, qui ne l'occupa que deux ans), l'édifice a connu diverses vocations.

Depuis quelques années, il a été converti en centre d'art et abrite la plus grande concentration de galeries d'art contemporain au Québec (et peut-être en Amérique du Nord).

Aux autres étages, il y a des services et bureaux en tous genres: studios de danse, de yoga, d'arts martiaux, ateliers de création, salles de gym, bureaux d'optométristes et de notaires.

S'il a été rénové et bien entretenu, le Belgo conserve néanmoins ses allures de début de siècle. En fait, j'avais l'impression de me promener dans une ancienne école: au sol et dans les escaliers, selon les secteurs,  lattes de bois, terrazzo et carrelage. Murs blancs et portes brunes. Très hauts plafonds. Chaque étage se résume ou presque à ce très long corridor: quand on le parcourt, on peut jeter un coup d'oeil sur les galeries éclairées par la lumière du jour qui entre à pleines fenêtres. 

Je n'avais pas beaucoup de temps, malheureusement. Je me suis rendue directement à la galerie Joyce Yahouda pour voir l'exposition de Denis Rousseau (dont je vous parle bientôt). Mais je me promets bien de retourner au Belgo lors de mes prochains séjours à Montréal et de passer plusieurs heures dans ce lieu fabuleux, plein de promesses pour l'amatrice d'art contemporain que je suis.

21/11/2012

Lieux d'aisance

Il y a quelques jours, le 19 novembre, c'était la Journée mondiale des toilettes. L'idée de consacrer une journée à cet endroit peu attirant peut sembler incongrue, bizarre ou ridicule.

chiotissime, toilettes, latrines, Paris, exposition, photos, 2010

(À gauche, l'enseigne du restaurant Le Grand bleu, situé directement sur le canal de l'Arsenal)


Pourtant, elle nous rappelle que  2.5 milliards d'invidivus sur terre n'ont pas accès à des toilettes décentes. Et que cela cause de très sérieux problèmes de salubrité et de santé publiques. Les excréments dont on ne peut disposer convenablement propagent virus, bactéries et parasites vecteurs de troubles et maladies très graves.

chiotissime,toilettes,latrines,paris,exposition,photos,2010

Bon, je préfère ne pas trop m'étendre sur le sujet. Je vous présente sur cette page les photos d'une exposition intitulée Chiotissimeque j'ai vue à Paris en 2010. Elle comprenait 46 photos grand format présentant des toilettes, disposées en plein air, boulevard de la Bastille, le long du Port de l'Arsenal (non loin des appartements Citadines Bastille-Marais où nous logions).

chiotissime,toilettes,latrines,paris,exposition,photos,2010

Cette exposition fut préparée par le SIAAP (Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne)chiotissime,toilettes,latrines,paris,exposition,photos,2010 dans le but de mieux se faire connaître et de sensibiliser le grand public à cette situation qui affecte les plus pauvres et les plus démunis de la terre.

Je croyais qu'elle allait continuer à circuler un peu partout dans le monde. Et pourtant non: il n'y a eu que cette seule présentation, à Paris, en octobre 2010. À défaut d'avoir vu Monet au Grand Palais (trop de monde), j'ai vu Chiotissime à la Bastille!

 

chiotissime,toilettes,latrines,paris,exposition,photos,2010

chiotissime,toilettes,latrines,paris,exposition,photos,2010

chiotissime,toilettes,latrines,paris,exposition,photos,2010

chiotissime,toilettes,latrines,paris,exposition,photos,2010chiotissime,toilettes,latrines,paris,exposition,photos,2010

 

 

 

 

 

 

 

 

chiotissime,toilettes,latrines,paris,exposition,photos,2010

 

 

12/09/2012

Tom Wesselmann: l'art qui fait pop!

tom wesselmann,montréal,musée des beaux-arts,exposition,pop art

À Montréal en juin dernier, je suis allée au Musée des Beaux Arts voir la rétrospective de Tom Wesselmann (présentée jusqu'au 7 octobre) intitulée Au-delà du pop art.

Deux grandes lignes de force animent son oeuvre, m'a-t-il semblé: l'érotisme et les références.

Un érotisme joyeux et délicieusement coquin, inspiré par une obsession totalement assumée pour le corps féminin... et pour ce qui le soutient, dans l'imaginaire ou dans le réel: vêtements, sous-vêtements, talons hauts, verres fumés, maquillage, en particulier le rouge à lèvres. En fond de scène: banquette, voiture, plage, fauteuil, sur lesquels il se pose et se détache, souvent dénudé.

tom wesselmann,montréal,musée des beaux-arts,exposition,pop art

Références: d'abord à la vie quotidienne que l'on était censé mener aux États-Unis dans les années 50. Une vie à la fois matérielle, idéalisée et rêvée... Symbolisée, incarnée dans les icônes du bonheur bourgeois et familial: pain tranché, grille-pain, boissons gazeuses, réfrigérateur, automobile, bungalow. Du pop art à l'état pur! Références également à l'art, français en particulier:  Wesselman emprunte à Matisse, Picasso, Cézanne, Mondrian... leurs motifs les plus emblématiques et les incorpore à ses toiles comme autant de clins d'oeil.

De plus, il a recours aux techniques les plus diverses: collage, dessin, peinture, incrustation d'objets, qu'il maîtrise et utilise avec jubilation, dirait-on.

tom wesselmann,montréal,musée des beaux-arts,exposition,pop art

On sort le sourire aux lèvres et la tête pleine d'idées de cette exposition joyeuse, ironique et drôle. Pas plus que nous, Tom Wesselmann ne prend ses obsessions au sérieux: il nous les offre, vivantes, colorées, triviales, grotesques ou fantaisistes. C'est à prendre ou à laisser. Pour ma part, j'ai pris avec beaucoup de plaisir ces oeuvres d'un esprit libre et libertin, d'un créateur qui ne s'enfarge ni dans les conventions, ni dans les règles de l'art.

20/04/2012

Je (re)vois des étoiles

la guerre des étoiles,star wars,cinéma,exposition,science-fiction,georges lucas

Le Centre des sciences de Montréal présente depuis quelques jours une exposition consacrée à Star Wars. J'irai sûrement la voir, même si je ne suis pas certaine qu'elle me plaira, car, dit-on, les films et les personnages de Georges Lucas servent à explorer le thème de l'identité:  c'est peut-être intéressant, je verrai.

La Guerre des étoiles, pour moi, ce fut une belle aventure. Avant de voir le film, j'aimais et lisais beaucoup de romans de science-fiction. Mon mari et moi les dévorions, surtout pendant nos études à Aix-en-Provence: ceux d'Isaac Asimov,  d' A. E. van Vogt, de Clifford D.Simak entre autres. J'avais vu quelques films: Solaris, Le voyage fantastique, j'avais aimé THX 1138, de Georges Lucas et détesté 2001 : l'Odyssée de l'espace. Cependant je ne retrouvais pas dans ces films l'atmosphère et les décors des romans: je les trouvais trop centrés sur les Terriens et leurs problèmes. Même la série télévisée Patrouille du Cosmos (Star Trek), qui faisait pourtant la part belle aux planètes lointaines, me semblait trop teintée d'anthropomorphisme(!)

En 1977, à Montréal, mon mari me propose d'aller voir un film de science-fiction qui vient de sortir: il a lu des articles élogieux, moi je n'en ai jamais entendu parler.  La Guerre des étoiles!  Quel bonheur! Enfin de la science-fiction comme je l'aime. Enfin des voyages intergalactiques à bord de vaisseaux sophistiqués, des combats grandioses, des planètes,  des effets spéciaux et des images spectaculaires. (Aujourd'hui, tout cela nous semble dépassé: même les images du film trouvées sur Internet sont de mauvaise qualité!). Il y avait des humains, certes, mais ce n'étaient pas des Terriens! Et il y avait aussi beaucoup d'extraterrestres, effrayants ou sympathiques. Et des robots!

la guerre des étoiles,star wars,cinéma,exposition,science-fiction,georges lucas

Avec en plus une belle histoire, à la fois complexe et rondement menée, et des personnages attachants: comme Luke Skywalker, Dark Vador, la princesse Leia, Yoda, Obi-Wan Kenobi,  Han Solo (mon préféré, il était tellement beau!), Chewbacca,, R2-D2 et C-3PO.

 

Conquise, j'étais.

 

La Guerre des étoiles est le premier film que j'ai vu (revu plutôt) quand nous nous sommes abonnés à la télévision payante, quelques années plus tard. Fiston, quatre ans, a fort apprécié lui aussi et a écouté la cassette des dizaines de fois.

Aussi quand le deuxième épisode, L'Empire contre-attaque, fut projeté  à Chicoutimi (au cinéma Cartier, démoli depuis, si je me souviens bien), je m'y suis rendue avec fiston. Une grosse déception nous attendait: on a refusé d'admettre mon jeune de six ans, car le film était destiné aux huit ans et plus! J'ai discuté un peu avec le gérant... rien à faire. Nous sommes rentrés à la maison bien piteux.

Bien entendu, il  a quand même vu le film... à la télévision, quelque temps plus tard. Peut-être que c'était en effet un brin violent pour un jeune de son âge... Mais pour lui, pour moi, pour son père, ce fut une aventure formidable, qui a fait voyager en famille dans les étoiles.

22/03/2012

Les poules de Léo-Paul

léo-paul tremblé,pulperie,exposition,peinture,poulailler,oeuvres

(Tous droits réservés)

 

Jusqu'au 1er avril, la Pulperie de Chicoutimi présente une exposition consacrée au peintre saguenéen Léo-Paul Tremblé (1924-1995). Le 1er octobre dernier, j'ai assisté au vernissage de cette très belle exposition rétrospective qui retrace les principales étapes dans la vie et l'oeuvre de cet artiste exceptionnel.

J'y ai revu sa femme, Suzette Savard (qui parle de lui sur une vidéo présentée dans la salle d'exposition) et sa fille Hélène. Je connnaissais l'artiste, mais aussi l'homme, car il y avait des liens d'amitié entre sa famille et la mienne.

J'ai en quelque sorte assisté à ses débuts, lorsqu'il a offert à mes parents deux pièces de bois sculptées et teintes en bleu: sur l'une il avait peint un chemin menant à une maison de ferme, sur l'autre des bouleaux.

Quand il est décédé, en 1995, j'avais écrit un texte-hommage dans Le Quotidien. Voici comment j'y racontais l'histoire du tableau ci-dessus.


"Un jour mon père, nostalgique de son enfance à la ferme, a exprimé au peintre le souhait d'avoir une toile «avec un poulailler». Quelques mois plus tard, Léo-Paul lui apportait le tableau réclamé: quelques poules picorant devant un poulailler aux planches vieillies par le temps. L'oeuvre fut accrochée sur un mur de la bibliothèque, et s'y trouve toujours. Le talent du peintre y est déjà tout entier: on y remarque cette polyvalence du coup de pinceau (ou de spatule) qui deviendra, à mon avis, la marque, la signature véritable de Tremblé".

J'y parlais de "sa capacité à manier le pinceau pour étaler sur la toile des taches de couleur" qui seront, selon le sujet poules, ciel, nuages, fleurs, arbres, bateaux, mer ou rivière.

 

léo-paul tremblé,pulperie,exposition,peinture,poulailler,oeuvres

(Tous droits réservés)

 

Ma tante Yvette, grande amie de Léo-Paul, possédait plusieurs de ses toiles et savait m'en expliquer les qualités.

"Les oeuvres de Tremblé m'ont offert mes premiers contacts avec l'art visuel et sont peut-être à l'origine de mon goût pour la création artistique".

Après avoir assisté au vernissage, j'ai écrit pour Wikipédia l'article sur Léo-Paul Tremblé (ici). Ce fut difficile car il existe bien peu de documentation... Si vous souhaitez y ajouter des éléments, ne vous gênez pas!

02/10/2011

La folle exubérance de Jean-Paul Gaultier

J'ai bien aimé l'exposition La planète mode de Jean Paul Gaultier, qui se terminait aujourd'hui 2 octobre au Musée des beaux-arts de Montréal. C'était mon deuxième événement-mode de la semaine du 19 septembre.

jean-paul gaultier,musée des beaux-arts,montréal,exposition,couture,designer

Outre la beauté, l'originalité, l'inventivité, l'audace et dans certains cas la profondeur des créations de Jean-Paul Gaultier, j'ai beaucoup aimé la présentation qu'en a faite le MBAM. Un événement ludique et festif, vivant et tourbillonnant. Acueilli en haut des marches par des personnages animés, parmi lesquels Jean-Paul Gaultier lui-même, en gilet rayé, le visiteur se déplaçait ensuite un peu au hasard, poussant des rideaux pour entrer dans les différentes salles, à sa guise, sans flècjean-paul gaultier,musée des beaux-arts,montréal,exposition,couture,designerhes, sans ordre précis, sans savoir ce qui l'attendait derrière l'un ou l'autre des rideaux. Il fallait s'abandonner, se laisser prendre au jeu.

Plates-formes mobiles, jeux d'ombre et de lumière, dramatisation de certaines tenues, ouvertures dans les murs d'une section à l'autre: tout le contraire de créations figées sur des mannequins contraints à l'immobilité: ça bougeait, palpitait, virevoltait, flashait...

Tout à fait en accord avec le talent, la joie de créer, le brin d'impertinence et la franchise de Jean-Paul jean-paul gaultier,musée des beaux-arts,montréal,exposition,couture,designerGaultier, cette riche présentation mettait en valeur les différents thèmes et styles qu'il a explorés. 

Le grand couturier aime jouer avec les couleurs, les matières, les textures, il sait dire quelque chose avec ses créations, aussi bien qu'un peintre ou un cinéaste. En associant ses matériaux, tissu, matière, textile,  au corps humain vivant et mobile, Jean-Paul Gaultier exprime tout: un contexte socio-historique, une culture, une vision personnelle et critique, ses coups de coeur et ses coups de gueule.

Témoin ou acteur d'événements sociaux ou culturels, il sait les évoquer, discrètement ou au contraire avec un brin d'excentricité, en habillant aussi bien les stars que madame-tout-le-monde.

Jean-Paul Gaultier est d'ailleurs allé à Montréal au début de l'exposition et s'est montré très heureux qu'un musée s'intéresse à son travail et décide de le mettre en valeur.

Les visiteurs avaient le droit de prendre des photos, alors je ne m'en suis pas privée. En voici quelques-unes, sur cette page.

jean-paul gaultier,musée des beaux-arts,montréal,exposition,couture,designerjean-paul gaultier,musée des beaux-arts,montréal,exposition,couture,designer

jean-paul gaultier,musée des beaux-arts,montréal,exposition,couture,designer

jean-paul gaultier,musée des beaux-arts,montréal,exposition,couture,designer

07/05/2011

Sous les arbres de Marc-Aurèle

Marc-Aurèle Fortin, MNBAQ, exposition, Québec

C'est la plus belle. La plus belle, à mes yeux, des 107 oeuvres de l'exposition Marc-Aurèle Fortin, l'expérience de la couleur, présentée au Musée des Beaux Arts de Québec. La reproduction numérique ne rend pas justice à cette aquarelle intitulée Maison sous les arbres, et elle n'est pas la plus représentative du style de Marc-Aurèle Fortin, mais elle a été pour moi un véritable coup de coeur. L'eau de l'aquarelle semble couler en diagonale sur le papier,  dessinant sur son passage les éléments de la composition. Et il y a ces petites taches rouges, un mur et deux pans de lucarnes qui, contrastant avec un ensemble aux teintes plus délavées, font littéralement vibrer la toile.

marc-aurèle fortin,mnbaq,exposition,québec

Ceci dit, l'exposition tout entière est magnifique. Marc-Aurèle Fortin a eu une existence misérable vers la fin de sa vie: escroqué par un agent alcoolique et stupide, très malade, amputé des deux jambes et aveugle. C'est le mécène et collectionneur René Buisson qui lui vient en aide et l'installe à l'hôpital de Macamic en Abitibi, où l'artiste meurt le 2 mars 1970. Par la suite, René Buisson crée la Fondation Marc-Aurèle Fortin qui met sur pied le Musée Marc-Aurèle Fortin, inauguré en 1984 dans le Vieux-Montréal. En 2007, toute la collection est transférée au Musée des beaux-arts de Montréal.

Par contraste, sa peinture respire sinon le bonheur, du moins l'exubérance et la joie. La véritable jubilation de voir le monde à sa manière et de pouvoir exprimer cette vision, grâce notamment à sa maîtrise du médium. On peut lire sur une cimaise de l'exposition un texte du peintre où il dit en substance que maîtriser l'aquarelle, c'est comme prendre de la morphine, une drogue, on devient fou et on ne peut plus s'en passer.

marc-aurèle fortin,mnbaq,exposition,québec

L'exposition occupe deux salles. La première est consacrée aux sujets urbains, à Montréal surtout: le port, les usines, les quartiers populaires, les petites rues et maisons, le chemin de fer, le pont Jacques-Cartier (en construction), et le quartier Hochelaga, que Marc-Aurèle Fortin a peint sous tous les angles et tous les éclairages possibles.

Quand on entre dans la deuxième salle, on est immergé dans le vert, celui des arbres, des ormes immenses et majestueux, dont le feuillage s'incline gracieusement vers le sol,  troué de pans de ciel blanc. Le vert des paysages aussi, surtout du Québec, petits villages des Laurentides, Saint-Siméon, Petite Vallée, Bagotville, Laval, Sainte-Rose où il habitait, vus en plongée ou en perspective. Dans certains paysages, le vert est saturé, émeraude foncé, presque trop... 

marc-aurèle fortin,mnbaq,exposition,québec

Ce sont d'ailleurs deux aspects d'une même oeuvre: celle d'un véritable créateur, qui intègre dans son travail tout ce qu'il voit, interprète et réorganise le tout sans relâche, poussé par une énergie sans cesse renouvelée. Quelle que soit la technique qu'il aborde: huile, aquarelle, gravure, pastel, peinture à la caséine, il joue à merveille sur les similitudes, les éléments répétitifs, les ruptures et les contrastes, comme autant d'instruments avec lesquels il crée une véritable symphonie visuelle.

Jack et moi avons fait l'aller-retour à Québec en autobus (je vous parlerai du reste du voyage une autre fois) pour aller voir cette exposition avant qu'elle se termine (dernier jour: dimanche 8 mai) et nous ne l'avons pas regretté un instant. Vous pouvez voir ici ce qu'en a dit mon compagnon sur son blogue.

marc-aurèle fortin,mnbaq,exposition,québec

 

22/04/2010

Beaux bodies

bodiesvert3.jpg

 

Bodies l'exposition: j'ai bien apprécié ma visite... du corps humain. Les muscles, le squelette, le système nerveux, le système digestif, les organes génitaux, le coeur, l'appareil circulatoire, le développement de l'embryon: tout est là... sauf la peau.

C'est mieux que des images en deux dimensions: on peut faire le tour de chaque morceau exposé, tout est bien expliqué, de petites vignettes collées directement sur les pièces indiquent l'emplacement de chaque organe.

Le plus fascinant, selon moi: le cerveau. Dure-mère, cervelet, corps calleux, lobes, une merveille. De même que la colonne vertébrale, le rachis qui supporte l'ensemble du corps et lui permet de se mouvoir gâce à un ensemble complexe de pièces osseuses à la fois solides et mobiles et de fluides assurant la transmission des influx et la souplesse de l'ensemble.

On y voit aussi des maladies, cancer du poumon ou de la glande thyroïde, hydrocéphalie, oedèmes, artériosclérose: il faut être spécialiste pour les distinguer, moi je n'aurais pas pu les détecter.

Quelques processus de réparation sont montrés aussi: prothèses de remplacement du genou, par exemple.

Il y avait peu de monde, mercredi midi, donc j'ai pu visiter tranquillement, cette exposition qui occupe une grande partie du vaste hangar de la zone portuaire à Chicoutimi, pour écouter l'audioguide et lire la plupart des textes. Ce sont des choses que je connais plus ou moins, l'emplacement des poumons, de la rate, du fémur, le fonctionnement du coeur, comment faire travailler mes muscles deltoïdes ou mon grand fessier, mais c'est absolument bodiesBaguette.jpgfascinant de les voir "en vrai" et dans le contexte des organes environnants.

Tout cela est fort bien présenté, et le fait qu'il s'agisse de véritables corps humains impose le respect. Ce n'est pas macabre ou sordide, il faut voir ça comme une expérience de découverte scientifique. On peut avoir des réserves morales, sur la provenance des corps, mais comment savoir? Mieux vaut profiter de ce que l'on voit. Avec un élan de sympathie pour les êtres vivants que furent ces corps avant d'être plastinés.

Cela relativise les choses, nous montre que nous sommes au fond tous faits de la même façon: tous les visiteurs qui étaient là au même moment que moi, par exemple, je pouvais voir comment étaient faits leur crâne, leurs muscles, leurs artères, leurs poumons, leurs organes génitaux (mais oui!): tous pareils et pourtant tous différents.

Les animaux, mammifères et vertébrés surtout, possèdent des systèmes vitaux semblables aux nôtres. Admiration et humilité...

Mais quand même, je trouve qu'on est plus jolis avec la peau.