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13/01/2011

Le pays retrouvé

J'ai écrit sur mon profil Facebook que j'avais pleuré en écoutant Marie-Nicole Lemieux chanter Connais-tu le pays, sur son plus récent disque, intitulé Ne me refuse pas.

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J'ai pleuré parce que c'est beau, bien sûr. Mais cette beauté que je lui entends, outre celle de la voix, de l'interprétation, de l'accompagnement, elle vient de très loin dans mon histoire personnelle.
C'est un des premiers airs d'opéra que j'ai écoutés, à huit-dix ans, sur les 78-tours que possédait mon père. C'était difficile de comprendre les paroles, car la diva (je ne sais plus laquelle) était italienne, ou peut-être américaine. Non francophone donc.
Comment comprendre "le pays des fruits d'or" (j'ai longtemps cru que c'était "le pays du velours") et "la salle aux lambris d'or", qui débutent le deuxième vers de chacun des deux couplets (répétition, allitération, rime intérieure pour les amateurs d'analyse littéraire!),  termes déjà un peu rares pour une enfant, et en outre prononcés avec un fort accent étranger.  Je demandais à mon père: il connaissait presque tout le texte, mais ces quelques passages lui échappaient à lui aussi.
(Je vous parle d'un temps -très ancien- où Internet n'existait pas)
Plus tard, j'ai éventuellement retrouvé toutes ces paroles (elles sont ici, citées par Jack sur son blogue), parce que je les ai vues écrites notamment. Mais je n'ai jamais entendu d'interprétation vraiment satisfaisante de cet air, tiré de l'opéra Mignon, de Jules Massenet.
Peut-être celle de Célestine Galli-Marié, la mezzo-soprano française qui a créé le rôle en 1866, était-elle excellente...
Jusqu'à ce jour récent où j'ai écouté, directement dans mes oreilles via mon iPod, cet air qui figure sur le disque de la contralto jeannoise. Les mots enfin sont là, dans toute leur splendeur et leur poésie (celle de Goethe, fort bien traduite en français par les librettistes). C'est le phrasé de quelqu'un qui comprend intimement ce que dit le texte, et qui sait insuffler vie et beauté à ces vers autant qu'à cette musique.

Joie, nostalgie, souvenirs, musique, beauté: il n'en faut pas plus pour verser quelques larmes.

Vous pouvez l'entendre sur cette vidéo, avec une photo fixe de Marie-Nicole Lemieux:

 

Et c'est d'autant plus extraordinaire et émouvant que cette grande artiste est une femme de ma région, que j'ai rencontrée à quelques reprises, que j'ai entendue en concert plusieurs fois, au Saguenay, à Québec, à Montréal.

C'est cette pièce qui m'a d'abord attirée vers le disque, de même que cette merveille qu'est Mon coeur s'ouvre à ta voix, de Camille Saint-Saëns (tiré de Samson et Dalila, ici sur Youtube), que j'ai beaucoup écouté dans une période troublée de ma vie adulte.
Je connaissais assez peu ou pas du tout les autres arias (sauf bien entendu L'amour est un oiseau rebelle), qui figurent sur le disque: je les ai découverts, ils sont tous magnifiques, et tous en français!!!