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02/05/2014

Così fan tutte: l'amour à quatre

Cosi fan tutte, Metropolitan Opera,Susanna Phillips, Isabel Leonard, James Levine

Bel après-midi, encore une fois, au cinéma Jonquière samedi dernier, 26 avril: Così fan tutte en direct du Metropolitan Opera. La musique, divine comme toujours chez Mozart. Les interprètes du quatuor: jeunes, allumés, compétents, aux visages expressifs, très beaux même en gros plan.

Et pour une fois pas d'abus de ces gros plans dans la prise de vues: nous avions assez de plans larges pour bien saisir l'ensemble du dispositif. C'était assez simple par ailleurs puisque la distribution est minimale, avec seulement six rôles et un mini-choeur qu'on voit à peine.

La soprano Susanna Phillips et la mezzo-soprano Isabel Leonard, qui incarnent les deux soeurs Fiordiligi et Dorabella, animent cette production avec effervescence et dynamisme, se montrant  musicalement et expressivement impeccables. Leurs deux partenaires -et amoureux- le merveilleux ténor Matthew Polenzani et le superbe baryton Rodion Pogossov leur donnent la réplique avec autant de verve et de compétence.

Fort agréable à écouter (cliquez sur l'image ci-dessous pour en entendre un extrait), cette comédie en apparence légère a pourtant quelque chose de troublant, grâce à Mozart, bien sûr. Et aussi à maestro James Levine qui, de retour à la direction musicale après deux ans d'absence pour cause de maladie, était la vraie vedette de cette production, du moins pour les habitués du Metropolitan et pour les critiques new-yorkais.

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Ce qui apparaît d'abord comme une farce mise en place par le bouffon Don Alfonso pour démontrer que, infidèle par nature, toute femme trompera son partenaire si l'occasion s'en présente ("Cosi fan tutte": Ainsi font-elles toutes), se transforme peu à peu en une sorte de pacte avec le diable et se retourne finalement contre tous les protagonistes.
Les deux amis, donc, se prêtent au complot ourdi par Don Alfonso et se déguisent en marchands albanais pour tester la fidélité de leurs fiancées. À leur grand dépit, chacun d'eux parvient  à séduire l'amoureuse de l'autre. Après quoi les deux femmes, avisées de la supercherie, se repentent... et chacune retrouve son chacun.
Mais rien n'est plus pareil, nous disent les regards échangés, les expressions du visage, les accents dans le chant lui-même, peut-être demandés par James Levine, qui a bien saisi l'enjeu sous-jacent de cette comédie.

La trahison, la tromperie, le secret transgressé des corps ont ouvert un abîme sous leurs pieds: tous quatre ont perdu leur innocence et "lu tous les livres" en une seule journée.
Interrogées à l'entracte par l'hôtesse Renée Fleming, les deux chanteuses ont avoué trouver leurs rôles légèrement inconfortables sur ce point: pour ces jeunes femmes modernes, la fidélité dans le couple est une valeur essentielle...

Mozart n'est pas que divin, il est diabolique aussi.
Et ce Cosi fan tutte fut un délice à voir et à entendre.

 

 

27/04/2014

Salles d'opéra...

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Voir et entendre un opéra (ou un concert) dans une salle, c'est une expérience très différente de celle que l'on peut vivre quant on l'écoute au cinéma, même en direct.

J'ai vécu cette différence en une seule journée, samedi: en après-midi j'ai vu Così fan tutte de Mozart, au cinéma Jonquière en direct du Metropolitan Opera, et en soirée, j'ai assisté à La traviata, de Verdi, au Théâtre Banque Nationale.
Au-delà de la musique, de l'orchestre, du chant, que l'on peut ou non aimer, des phénomènes singuliers découlent de la présence, de la juxtaposition et de la disposition des êtres et des choses dans une salle de concert. La proximité avec les autres spectateurs, la conscience qu'ils vivent et éprouvent en même temps que soi les mêmes choses, appuyée par les applaudissements qui fusent aux mêmes moments.  Le contact direct, physique, intime, entre les artistes et le public.

La disposition des sièges, demi-cercle à l'horizontale et échelle (gradins) à la verticale, formant un entonnoir par lequel tout passe et coule vers un seul point: la scène.
(Au cinéma, quelques applaudissements timides ponctuent parfois la prestation particulièrement réussie d'un chanteur, mais le fait que les artistes soient loin et ne puissent nous entendre éteint presque toute envie de manifester notre approbation).

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Et quand, comme c'était le cas samedi soir au Théâtre Banque Nationale, la salle est pleine et que le concert est d'une exceptionnelle qualité, une sorte de communion spirituelle s'établit et chacun, qu'il soit sur scène ou dans la salle, est emporté, physiquement et mentalement, dans le même maelstrom, une sorte de voyage cosmique qui culmine et se termine quand éclatent les applaudissements qui font circuler les ondes de la salle à la scène, que les artistes saluent, que les spectateurs quittent leur siège, encore tout imprégnés de ce qu'ils ont entendu, vu et vécu.
Ayant vécu cela dans la salle samedi soir, j'ai prolongé le plaisir en allant voir les artistes après le concert, dans les coulisses du Théâtre Banque nationale, que je n'avais encore jamais visitées.
La suite sur Cosi et Traviata dans mes prochains billets...