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20/12/2009

Contes merveilleux

Contes200910.12.jpgLes Contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach: un des meilleurs "opéras du Met" que j'ai vus au Cinéma Jonquière (samedi 19 décembre). D'abord une oeuvre magnifique, un sommet du répertoire français, parfaite alliance entre le texte, poétique et subtil, et la musique,  précise et nuancée. Les grands airs  (Kleinzach, La barcarolle...)  abondent, les numéros comiques alternent avec les scènes au lyrisme exacerbé:  un chef-d'oeuvre raffiné et profond.
Au Metropolitan Opera, le metteur en scène Bartlett Sher opte pour le travail en profondeur avec les interprètes,  dont plusieurs sont tout simplement extraordinaires.

- Première étoile : le ténor Joseph Calleja, originaire de l'île de Malte,  qui jouait Hoffmann pour la première fois de sa carrière. Mais ça ne paraissait pas du tout. Timbre clair et solide, registre étendu, technique impeccable,  physique attrayant et tout à fait en accord avec le rôle. De l'âme, du souffle, aucun signe de fatigue dans ce  rôle marathon  qui le tient sur scène presque sans arrêt. Fabuleux.
- Deuxième étoile : Kathleen Kim, (sur la photo du haut, avec Joseph Calleja) soprano colorature aux ascendances coréennes, pour son Olympia, automate déjantée aux gestes saccadés, voix parfaite dans les aigus où elle se meut avec une aisance déconcertante.

- Troisième étoile : Kate Lindsay, qui joue avec simplicité et naturel le rôle à la fois effacé et complexe de Niklausse (et la Muse), qui ponctue l'action. (Sur la photo du bas, avec Calleja)
- Mention spéciale à Alan Oke, qui jouait quatre rôles, dont celui de Franz (serviteur de Crespel), qui lui a permis de triompher dans l'air de la Méthode, du Offenbach pur jus, fantaisiste et divin à écouter.
- Petite mention au ténor Marck Showalter, très agréable à écouter même dans le rôle très secondaire de l'inventeur Spalanzani, "père" d'Olympia.
Anna Netrebko était belle et émouvante, dans Antonia (elle joue aussi Stella, la Diva qui chante Mozart), celle que la musique conduit vers la folie, mais son chant est un peu monotone et sa voix devient parfois instable dans l'aigu.
Ekaterina Gubanova m'a semblé complètement hors de propos, voix insignifiante et physique totalement en désaccord avec le rôle de la courtisane Giulietta.
Dans les quatre incarnations de l'esprit du mal, Alan Held a mieux fait comme acteur que comme chanteur.
Et je me demande toujours pourquoi, au Met, avec tout l'argent dont ils disposent pour engager les meilleurs chanteurs, ils laissent certains rôles secondaires complètement à l'abandon, les confiant à des artistes pratiquement incapables de chanter, comme Dean Peterson (père d'Antonia), ou Michael Todd Simpson (Schlemil, l'amant de de Giulietta). Je me dis parfois que n'importe quel des choristes de la production aurait pu mieux faire...
Scénographie riche et visuellement séduisante, toute en pénombres et clairs-obscurs. L'atmosphère se réclame de Fellini: clowns et femmes en corset, danses lascives, parapluies décorés d'un oeil, escalier en colimaçon qui ne mène nulle part.
Maestro James Levine était délicieux comme toujours au pupitre d'un orchestre qui nous a servi à merveille cette musique sublime.


ContesNiklausse.jpg Bref, quatre heures de pur bonheur, de total abandon, je suis encore sous le charme et sous le choc.
ll n'y avait pas autant de monde que je l'aurais cru au cinéma Jonquière. La salle n'était pas tout à fait pleine, pas besoin de se battre pour avoir des places: probablement que plusieurs fidèles n'ont pu s'y rendre à cause de la période des Fêtes.
Si vous l'avez manqué, vous pouvez vous rendre à la rediffusion des Contes d'Hoffmann, le 23 janvier 2010 (au cinéma Jonquière et dans plusieurs autres salles du Québec), c'est un vrai délice.
(Jack en a parlé ici)