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22/02/2011

Le progrès? Quel progrès?

produits,dior,t-shirt,consommation,houellebecqPas facile la vie de consommateur-trice. Combien de fois ai-je acheté un objet, vêtement, paire de chaussures, outil ou cosmétique, qui me satisfaisait entièrement. Et combien de fois, mon produit usé ou entièrement utilisé, suis-je retournée dans le commerce où je l'avais acheté pour m'en procurer un autre semblable...

...pour me rendre compte que c'était impossible.

Parfois l'objet a complètement disparu (et les vendeurs font semblant qu'ils ne savent pas de quoi je parle) . Parfois il est remplacé par un autre d'une autre marque, moins beau, moins confortable ou moins performant. Ou encore (c'est surtout vrai en électronique, vêtements et  cosmétiques), il a évolué vers une nouvelle version qui, selon le fabricant et la publicité, répond mieux aux attentes des consommateurs.tshirtBlanc.jpg
Et combien de fois cette nouvelle version m'a-t-elle semblé moins intéressante que l'ancienne.

Un exemple parmi d'autres: un jour j'ai acheté dans une boutique Jacob des chandails de style t-shirt (tricot de coton, encolure en V, ajustés sans être trop serrés), que je porte chaque jour, été comme hiver, en guise de sous-vêtements sous mes chemisiers et pulls.

Or, je suis incapable aujourd'hui d'en trouver d'autres. Ni chez Jacob, ni ailleurs. Parmi les tonnes de t-shirts offerts partout, aucun ne présente le tissu, la résistance, le confort de mes t-shirts trouvés chez Jacob il y a cinq ou six ans. J'en ai une dizaine (heureusement, j'avais été prévoyante!), je les porte encore.

Bien entendu, même si je les entretiens avec soin, je crains cependant le jour où l'usure aura raison d'eux, où je ne pourrai tout simplement plus les porter.

J'ai acheté récemment chez Jacob d'autres t-shirts: ils sont semblables, mais en même temps trop différents pour remplacer les anciens. Encore hier, j'en ai acheté un chez Sports Experts: c'est presque ça... mais pas tout à fait.


La crème teintée

Mais c'est au rayon des cosmétiques que ma frustration est la plus grande. Les crèmes de jour teintées, élément principal de mon maquillage quotidien (je ne porte plus de fond de teint, car à mon âge, ça fait pire que mieux) ont tendance à disparaître des étalages. J'aimais beaucoup Hydractive de Dior: un an plus tard, elle est remplacée par la ligne Hydra Life.
Mais ce n'est plus la même choDior, Hydraction, Hydralifese: alors que la première était légèrement teintée, celle-ci, même dans sa nuance la plus claire, est saturée de couleur, et donc moins belle et difficile à enlever (heureusement que j'ai toujours mon eau démaquillante Klorane, dont j'ai vanté les vertus ici). De plus elle sent très fort et pas très bon, alors que la précédente avait une odeur légère et agréable. Dans ces cas-là, inutile de réclamer l'ancienne version: le fabricant est passé à autre chose, prétendant répondre ainsi aux attentes des clients: c'est totalement faux... et on lui souhaite de faire faillite!

Un Prix Goncourt en a parlé

J'ai trouvé un écho à ma frustration en lisant un passage de La carte et le territoire de Michel Houellebecq (photo), Prix Goncourt 2010, que je vous cite en terminant, et en mettant en gras les mots que je trouve particulièrement pertinents. (Un écrivain, qui n'est autre que lui-même, déplore la disparition de trois produits qu'il a aimés: une imprimante, des bottes et une parka Camel Legend): 

Ces produits, je les ai produits,dior,t-shirt,consommation,houellebecqaimés, passionnément, j'aurais passé ma vie en leur présence, rachetant régulièrement, à mesure de l'usure naturelle, des produits identiques. (...) Eh bien cette joie, cette joie simple ne m'a pas été laissée. Mes produits favoris ont disparu des rayonnages, leur fabrication a purement et simplement été stoppée(...)
Alors que les espèces animales les plus insignifiantes mettent des milliers, parfois des millions d'années à disparaître, les produits manufacturés sont rayés de la surface du globe en quelques jours, il ne leur est jamais accordé de seconde chance, ils ne peuvent que subir, impuissants, le diktat irresponsable et fasciste des responsables de lignes de produits qui savent naturellement mieux que tout autre ce que veut le consommateur, qui ne font en réalité que transformer sa vie en une quête épuisante et désespérée, une errance sans fin entre des linéaires éternellement modifiés.