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21/03/2017

Charles-Richard Hamelin et le Quatuor Saguenay

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Charles-Richard Hamelin et le Quatuor Saguenay

Le vendredi 20 janvier 2017 au Théâtre Banque nationale de Chicoutimi

 

Superbe concert réunissant le pianiste Charles- Richard Hamelin et le Quatuor Saguenay (autrefois Quatuor Alcan). Un début un peu difficile d'accès, selon moi, avec la grande sonate no. 1 de Robert Schumann: oeuvre longue, pas toujours intéressante dans ses développements. Mais le pianiste a su trouver des accents qui accrochent, lui donner même à certains moments des couleurs qui faisaient penser au Chopin qui allait suivre. Il a su me captiver...

Puis la très connue polonaise  opus 53,  "Héroïque", de Chopin: oeuvre brillante... brillant pianiste qui l'a explorée et mise en valeur dans ses moindres nuances: merveilleux!

Le tout s'est terminé par le quintette pour piano et cordes de Brahms, où tant le pianiste que chacun des membres du Quatuor ont su faire merveille pour nous donner des moments absolument sublimes.

Article de Daniel Côté dans Le Quotidien: http://www.lapresse.ca/le-quotidien/arts/201701/21/01-506....

 

02/08/2013

Orgues et cathédrales

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(crédit photo: Jeannot Lévesque, Le Quotidien)

 

Olivier Latry est un maître: habitué du grand orgue de Notre-Dame-de-Paris, dont il est titulaire, il a mis à sa main l'orgue plus modeste de la cathédrale de Chicoutimi, mardi soir lors d'un concert gratuit. Il a su tirer le maximum des trois claviers et 60 jeux de l'instrument, faisant sonner ceux-ci comme rarement on les a entendus, aussi bien piano que fortissimo.

Il l'a même fait tonner dans une Marseillaise endiablée, un air qui évita à l'orgue de Notre-Dame de Paris d'être démoli à la Révolution française. "Vous ne pouvez pas me détruire puisque je joue votre musique", semblait dire le vénérable instrument aux insurgés par la voix du compositeur et titulaire Claude-Bénine Balbastre. Les quelques coups de canon insérés dans l'oeuvre, obtenus en martelant le registre bas des claviers, se firent donc entendre à Chicoutimi.

Ayant d'ailleurs choisi comme fil conducteur pour son programme les compositions de ses prédécesseurs à Notre-Dame de Paris, Olivier Latry a proposé des oeuvres de styles variés, tirant des sonorités étonnantes du bel instrument qui répondait à toutes ses sollicitations avec souplesse et élégance.

Notamment dans un boléro envoûtant qui n'était pas celui de Ravel mais celui de Pierre Cochereau, dont le rythme obsédant était soutenu par les percussions de Robert Pelletier.

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(Voilà ce que je voyais, de la place où j'étais assise au milieu d'une foule nombreuse)

 

Joyau et clou de la soirée, morceau de bravoure incontournable: l'improvisation. La titulaire de Chicoutimi Céline Fortin lui a soumis, dans une enveloppe scellée qu'il a ouverte juste au moment de jouer cette dernière pièce, deux thèmes: "Sous les ponts de Paris" et "Joyeux anniversaire", en hommage à la nationalité de l'invité et aux anniversaires célébrés: les 850 ans de Notre-Dame de Paris et les 175 ans du Saguenay-Lac-Saint Jean.

Immédiatement inspiré, Olivier Latry s'est engagé dans une cavalcade échevelée, exploitant d'abord séparément les deux thèmes, pour ensuite les mélanger progressivement et subtilement, offrant d'innombrables et improbables variations mélodiques, rythmiques et harmoniques qui firent vibrer tous les tuyaux du Casavant saguenéen. Un beau moment que la foule nombreuse a particulièrement apprécié, lui demandant un rappel, qui fut je crois une autre improvisation. (Mais je me trompais: l'organiste titulaire de la cathédrale Céline Fortin m'indique dans son gentil commentaire qu'il s'agissait du Final de la première symphonie pour orgue de Louis Vierne).

La cathédrale était bondée, les derniers arrivés furent refoulés au jubé, il y avait quelques personnes assises sur les marches: un succès considérable pour un concert qui se démarquait par la qualité, la maîtrise et le talent exceptionnel de l'artiste invité.

21/08/2012

Musique strad...

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Concentration et intensité du violoncelliste Stéphane Tétreault, qui a offert un très beau concert dimanche dans le cadre du Rendez-vous musical de Laterrière.

Sonorité extraordinaire de son instrument: un Stradivarius de 1707, prêté par Jacqueline Desmarais, qui en a fait l'acquisition pour environ six millions$.

Contraste formidable entre la jeunesse du musicien (19 ans) et l'âge de son vénérable instrument

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Même s'ils ne vivent pas ensemble depuis très longtemps, ces deux-là s'aiment déjà beaucoup, c'est manifeste. Ils sont capables de fort belles réalisations: par exemple la sonate de César Franck, dernière oeuvre inscrite au programme du concert. L'amour de la musique et le talent fou de l'interprète, alliés au son velouté et à la puissance enveloppante du Strad: voilà qui a produit un fruit aux parfums complexes et profonds.

Déjà féconde, leur union n'est cependant pas encore totalement consommée, me semble-t-il. Suite de Bach prise beaucoup trop lentement à mon goût. Manque de précision dans certains passages de la sonate no 1 de Brahms, une oeuvre formidablement exigeante. Il faut dire qu'avec un pianiste (Oleksandr Guydukov, en l'occurrence (on peut les entendre jouer cette oeuvre en cliquand l'image ci-dessous)), on a un ménage à trois (ou même à quatre si on ajoute le piano!) qui rend la chose encore plus compliquée.

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L'amour et la bonne volonté sont là. Il faudra seulement encore quelques années de vie commune au jeune musicien et à son instrument riche du poids des ans et de l'histoire (il a appartenu à Paganini). Quelques années pendant lesquelles ils continueront à s'apprivoiser, à avancer l'un vers l'autre à partir de leur horizon respectif. Quelques années avant que la fusion soit totale, avant que leurs âmes en se touchant embrasent la musique... et l'auditoire.

Mais déjà c'était très beau, prodigieux même, comme l'ont constaté les quelque 200 personnes qui ont assisté au concert. Et puisqu'on est dans l'histoire et dans les âges, ajoutons, comme le remarque à juste titre le journaliste Daniel Côté dans Le Quotidien, que le violoncelle a vu le jour, dans l'atelier du luthier de Crémone, un siècle et demi avant que soit posée la première pierre de la petite église de Laterrière où il a sonné dimanche.

04/07/2012

Remplir la cathédrale...

Jean-François Lapointe a rempli la cathédrale de deux façons: par les gens qui s'y sont rendus en grand nombre pour l'entendre, et par sa superbe voix de baryton.

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(crédit photo: Michel Baron)

Il n'abuse pourtant pas de cette puissance dont il est capable. D'autres amusent la galerie avec des effets de volume, mais pas lui. Quand c'est le moment, par exemple à la fin de l'Agnus Dei de Bizet, ou dans certains passages de l'Ave Maria de Gounod, il le fait avec une aisance remarquable, avec plaisir aussi sans doute. Mais ce n'est pas cet aspect de son art qui l'intéresse le plus. Ce qui motive Jean-François Lapointe, c'est de rendre justice à la beauté des oeuvres, ce qui se fait en complicité avec ceux ou celles qui l'accompagnent. En l'occurrence mardi, c'était Céline Fortin, organiste titulaire de la cathédrale de Chicoutimi

jean-françois lapointe,céline fortin,baryton,cathédrale de chicoutimi,concerts d'étéElle est aussi responsable de cette série de concerts d'été gratuits dans le vaisseau amiral des temples religieux de la région. Si elle joue fort bien, ce n'est pas principalement elle que les gens allaient entendre, et c'est tout à fait normal. Vedette internationale, applaudi dans les théâtres prestigieux d'Europe et d'ailleurs, le baryton natif d'Hébertville évite soigneusement de jouer sur ce statut, car l'esbroufe n'est pas sa tasse de thé.

En accord avec le lieu où il chantait, il a bâti un programme de musique sacrée simple et cohérent, comprenant des oeuvres de style assez varié pour mettre en valeur quelques-unes des plus belles couleurs de son timbre. Des compositions de Gabriel Fauré, Théodore Dubois, César Franck, et quelques pièces rares qu'il aime faire découvrir, comme celles d'Omer Létourneau, de Jean-Baptiste Faure et d'Edmond Missa.

Tout était beau, à la fois intense et retenu. Même s'ils étaient très loin derrière nous, au deuxième jubé, nous pouvions très bien, grâce au grand écran installé à l'avant, observer le travail des deux musiciens, en gros plan à plusieurs reprises. Alors ce chanteur, que je cours entendre dès que j'en ai l'occasion, je ne l'avais jamais vu d'aussi près! J'ai pu, comme les autres spectateurs, apprécier sa concentration, son souci de rendre chaque note, sa précision technique, sa ferveur, son total engagement et -peut-être- un petit pan de son âme...

Bref, ce fut extraordinaire du début à la fin. Chaque pièce était un bijou d'exécution. Il est seulement dommage que, à cause d'une trop grande réverbération (écho),  l'acoustique de la cathédrale ne rende pas tout à fait justice à une voix de cette qualité.

L'organiste s'est acquittée de son rôle d'accompagnatrice avec discrétion et compétence, se réservant néanmoins quelques plages pour faire sonner les jeux du grand Casavant, notamment dans un choral de César Franck et une toccata du compositeur québécois Denis Bédard.

20/12/2011

Noël, Les Violons, Marie-Nicole...

Chaque année, j'assiste à un concert de Noël. Cette année, c'était spécial: il y avait bien le mot Noël dans le titre de plusieurs oeuvres, mais c'était, tout simplement, un vrai concert de vraie musique. Baroque. Donné par Les Violons du Roy et la contralto Marie-Nicole Lemieux, véritable joyau vocal et musical originaire de Dolbeau au Lac-Saint-Jean.

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(Marie-Nicole Lemieux et Les Violons du Roy. Photo Jeannot Lévesque, Le Quotidien)


L'église Notre-Dame-de-Grâce n'a pourtant rien d'un écrin. Mais Les Violons du Roy, dirigés par leur chef en résidence Éric Petkau, y ont accompli un véritable miracle: transformer l'acoustique habituellement ordinaire de ce vaisseau en un vecteur sonore absolument parfait. Concentré, passionné, attentif, chacun de ces 17 instrumentistes a fait merveille, de sorte que l'ensemble sonnait de façon sublime: avec cette sonorité ronde et pure qui caractérise les Violons depuis longtemps, ces nuances subtiles, cette audible clarté de la moindre note. En fermant les yeux (ce que je pouvais faire d'ailleurs puisque, placée à l'arrière, je voyais à peine les musiciens), je me serais crue au Palais Montcalm, la belle résidence des Violons à Québec.

Je crois que tout part d'un tempo impeccable, longtemps travaillé afin qu'il soit respecté dans les moindres entrées, sorties, tenues de note. C'est un aspect auquel bien des ensembles et orchestres sont moins attentifs. Ça c'est la base. Ensuite, il y a le soin apporté à chaque détail, et à l'ensemble, pour un résultat admirable.

De sa voix riche et profonde*, Marie-Nicole Lemieux a chanté Bach: des extraits de cantates et d'oratorios de la période de Noël. Le plus extraordinaire: Schlafe, mein Liebster, genieße der Ruh' (Dors, mon bien-aimé, jouis de ton repos), qu'elle maîtrise et illumine avec son talent, son expérience, sa ferveur, sa joie manifeste de chanter.

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À la maison, chaque année depuis des lustres pendant la période des Fêtes, nous écoutons un disque qui regroupe des concerti grossi de Corelli, Torelli, Locatelli, et celui de Manfredini, Pastorale per il Santissimo Natale, qui était au programme hier. Sur disque, c'est déjà très beau, mais en direct, par les Violons du Roy, c'était vraiment extraordinaire, je le redécouvrais en quelque sorte. (Cliquez l'image ci-dessus pour l'entendre par un autre ensemble).

Il y a eu aussi des oeuvres de Haendel et de Molter. Et le merveilleux "À la Pastorelle" de Telemann, qui a ouvert la deuxième partie, fut un des meilleurs parmi les excellents moments de ce concert.

Marie-Nicole Lemieux a aussi chanté Sainte nuit et Ah! quel grand mystère, offrant en rappel Le Sommeil de l'enfant Jésus, qu'elle a dédié aux gens de l'UQAC qui lui ont remis en avril dernier un doctorat honoris causa (plusieurs étaient présents dans la salle). Il fallait bien chanter Noël, elle l'a fort bien fait, mais le meilleur du concert était déjà passé.

Notes:

- Ce concert affiche complet pour ce soir (mardi) à Dolbeau-Mistassini.
- Il a été donné au Palais Montcalm le vendredi 17 décembre.
- À la radio, il sera diffusé sur Espace musique, le mercredi 21 décembre à 20 h.

Dans les médias:

- Le Quotidien: critique par Anne-Marie Gravel
- Le Soleil: entrevue préalable (pour Québec) avec Richard Boisvert
- Complément à l'interview

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* Mais que sa voix s'apaise ou gronde,/ Elle est toujours riche et profonde./ C'est là son charme et son secret.  (Charles Baudelaire, Le Chat, dans Les Fleurs du mal).

13/04/2011

La jeune fille et le Quatuor

nathalie camus,quatuor alcan,concert,guillaume thibert,beethoven,schubertLors du concert de Jessy Dubé dimanche dernier, on a présenté celle qui enseigne le violon à la jeune fille au conservatoire: Nathalie Camus, que j'avais entendue quelques jours plus tôt dans cette même salle (Pierrette-Gaudreault) au concert donné par le Quatuor Alcan. Elle en fait partie depuis sa fondation, il y a 22 ans, de même que le violoncelliste David Ellis.

Un beau programme là aussi, du moins en ce qui concerne les deux oeuvres classiques. Le quatuor de Beethoven qu'ils avaient choisi (op. 95 no 11) n'est pas mon préféré, mais ils ont su tout de même me le faire apprécier.

En revanche, le quatuor La Jeune fille et la mort  (D. 810), est une oeuvre admirable, un mini-requiem, "une berceuse à la mort accueillante et qui parle aussi du fol espoir de vivre et de se révolter contre l'inéluctable". Une oeuvre romantique, tendre et émouvante, dont l'écoute me bouleverse chaque fois, y compris sur le disque gravé par le Quatuor Alcan en 1998 (vous pouvez l'écouter ici). nathalie camus,quatuor alcan,concert,guillaume thibert,beethoven,schubertNathalie Camus,  David Ellis et Luc Beauchemin y étaient déjà (un peu plus jeunes: regardez la pochette!), mais le violoniste Brett Molzan a été depuis remplacé par Laura Andriani. Cette remarquable stabilité apporte maturité et profondeur à toutes leurs interprétations.

Le Quatuor Alcan inscrit régulièrement une création mondiale à son programme. Cette fois c'était Suspends, un quatuor écrit par Guillaume Thibert, jeune compositeur saguenéen (et directeur du Centre d'expérimentation musicale), qui est monté sur scène après l'interprétation. Une oeuvre jugée très intéressante par les interprètes. Sans doute mais en ce qui me concerne, je devrai l'entendre plusieurs fois pour l'apprécier vraiment.

Quant à Musica Celestis, d'Aaron Jay Kernis cette musique est peu trop planante pour moi...

12/04/2011

Les Jeunesses musicales: un phénomène

Jessy Dubé, Jeunesses Musicales, Jonquière, Céline BoisvertDifficile d'expliquer le succès des concerts des Jeunesses musicales présentés à Jonquière: chaque fois, une salle comble ou presque (plus de 350 personnes, salle Pierrette-Gaudreault non réduite), et même des spectateurs repoussés à l'entrée pour certaines prestations. Il y a l'heure et le jour (le dimanche à 16 heures), le coût modeste du billet, la possibilité de prendre un repas ensuite, le dévouement des bénévoles, mais beaucoup d'autres organisations offrent de semblables atouts sans obtenir le même succès.

Autre élément, et non le moindre, pour les abonnés: la certitude d'entendre de la bonne musique jouée par des artistes de talent. Pas des vedettes, rarement des noms connus, mais de bons interprètes. Musiciens accomplis ou en formation, ils sont soigneusement sélectionnés, et toujours de bon calibre.

Pour une jeune interprète comme la violoniste Jessy Dubé (article ici dans Le Quotidien, la photo [ci-haut] est de Sylvain Dufour), qui se produisait dimanche dernier lors du concert dit de la relève, c'est une occasion exceptionnelle, rarement offerte même à des solistes réputés: pouvoir jouer pendant deux heures, devant un public averti et nombreux, c'est une expérience unique, qui représente sûrement uen étape importante dans leur formation. La violoniste, qui jouait sur un instrument moderne créé par Élisabeth Wybou, a en outre reçu une bourse de 1000$, pour l'aider à poursuivre ses études. En Suisse, espère-t-elle, où elle venait de passer des auditions dans quelques écoles réputées.

Ce concert annuel de la relève est donné par un musicien ou un ensemble du Saguenay-Lac-Saint-Jean, choisi par l'organisation régionale des JMC: on y a vu passer au cours des années, des interprètes qui font aujourd'hui une belle carrière: Amélie Fradette, Julie Boulianne, Jean-Philipe Tremblay, le violoncelliste Sébastien Gingras...

Ce dernier est le fils de Céline Boisvert, la pianiste qui accompagnait Jessy Dubé: accompagner n'est pas un mot assez fort, car sa partie était aussi imposante que celle de la soliste, ce que cette dernière n'a pas manqué de souligner. Entre autres pour la sonate pour piano et violon de Beethoven (op.30, no 2) et le premier mouvement du concerto de Tchaïkovsky, dont la réduction pour piano a été écrite par le compositeur lui-même. (Sur la vidéo ci-dessus, l'oeuvre est jouée par Sarah Chang et l'Orchestre symphonique de Montréal dirigé par Charles Dutoit).

À ces oeuvres il faut ajouter la Suite italienne pour violon et piano de Stravinsky, Zigeunerweisen de Sarasate, et un caprice de Paganini. Programme riche et chargé, présentation éclairante des oeuvres, interprète(s) solide(s): musique et plaisir.

31/01/2011

Quatuor Alcan: création mondiale

Événement notable et moments exceptionnels mardi dernier (25 janvier) à l'église Notre-Dame de-Grâce de Chicoutimi: la présentation d'une oeuvre musicale en première mondiale. Gracieuseté du Quatuor Alcan qui avait mis au programme de son concert un quatuor du compositeur Airat Ichmouratov, jamais joué en public auparavant.

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(photo Laetitia Deconinck, Le Soleil)

Celui-ci, Québécois d'adoption né en Russie, est venu présenter au public sa nouvelle oeuvre, le Quatuor à cordes numéro 3. Il a expliqué l'avoir écrite alors que sa femme était malade, ce qui explique, disait-il, l'émotion qui s'en dégage. Il a dit aussi que c'est l'oeuvre qui le représente le mieux: on pouvait déduire de ses propos qu'il estime s'être détaché de quelques  influences ayant jusque-là marqué son travail de compositeur, celles de Tchaïkovsky et de Chostakovitch notamment.

Mon opinion de non-spécialiste: sa musique est à la fois belle, accessible et complexe, de style plutôt classique (par opposition à moderne), imprégnée de ce qu'on peut appeler l'âme slave (comme par exemple chez Borodine, Dvorak, Bartok, Smetana). Elle est parsemée de références à la musique traditionnelle et folklorique de ces contrées. On n'y trouve ni les dissonances, ni les audaces extrêmes, ni les manipulations spéciales d'instruments régulièrement demandées par les compositeurs d'aujourd'hui.

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Avec leur fougue et leur engagement habituels, David Ellis, Luc Beauchemin, Nathalie Camus et Laura Andriani ont mis en valeur les qualités et le dynamisme de cette musique, et nous en ont livré un petit bout en rappel.

L'interprétation et le concert se sont terminés par quelques effusions de bon aloi entre le compositeur et les membres du Quatuor Alcan, auxquels il a dédié cette oeuvre.

Quelques notes

- Au programme du concert également, des quatuors de Mendelssohn (op. 12) et de Beethoven (no 9, opus 59, no 3): magnifiques, les oeuvres autant que les interprètes. Le Beethoven se termine par un allegro dans le style vol du bourdon ou mouvement perpétuel pas piqué des vers.

- Même si la création d'une oeuvre musicale est un événement assez rare de nos jours, ce n'est pas la première fois que le Quatuor Alcan en offrait une. Je me souviens d'un concert où les musiciens avaient joué une pièce (très courte) de la compositrice Isabelle Panneton. Preuve que ces musiciens sont non seulement excellents, mais qu'ils participent activement à la vie et à la création musicales d'aujourd'hui.

- Le lendemain de ce concert, le compositeur Airat Ichmouratov dirigeait au Palais Montcalm l'Orchestre symphonique de Québec (dont il est chef assistant en résidence), dans un programme de musique du monde où figurait la création d'une autre de ses oeuvres.

- Le Quatuor Alcan effectuera en février prochain une tournée de concerts en Colombie Britannique avec le programme qu'il a joué mardi à Chicoutimi. Je ne sais pas si le compositeur sera du voyage.

- Un mot enfin sur l'église Notre-Dame de Grâce comme salle de concert. Totalement inadaptée. Exception faite du son, qui n'est pas si mal, tout le reste est affreux...

 

29/01/2011

Concert Schumann: l'amour, toujours l'amour

Entendre parler d'amour par un dimanche après-midi (23 janvier dernier) d'extrême froidure. L'amour en mots et en musique, l'amour selon Robert Schumann, offert par des artistes audacieux et engagés est venu réchauffer le coeur des quelque 70 personnes qui s'étaient rendues à la salle Orphée pour entendre ce concert, intitulé Le romantisme de Schumann.

Nathalya Thibault, Schumann, SALRLa soprano Nathalya Thibault a offert les huit lieder du cycle L'amour et la vie d'une femme (Frauenliebe und leben). Les poèmes d'Adelbert von Chamisso mis en musique par Schumann chantent les joies de la passion amoureuse, les transports d'une jeune femme éblouie (sinon aveuglée) par la beauté et les qualités de son bien-aimé. Seul le dernier lied évoque la peine (causée par une dispute ou un abandon), une douleur aussi intense que fut le bonheur qui l'a précédée.

Appuyée par une grande expérience de la scène et une technique bien travaillée, Nathalya Thibeault a livré avec beaucoup d'âme, et dans un excellent allemand (m'a dit un auditeur qui parle bien cette langue) cette  musique superbe, et ces textes au lyrisme à la fois prenant et  quelque peu suranné. Le public l'a écoutée avec beaucoup d'attention, captant les nuances des émotions qu'elle a su bien mettre en valeur. Pour l'interprète, ce récital solo (n'oublions quand même pas l'appui constant et discret de la pianiste Céline Perreault), représentait un défi considérable, qu'elle a relevé avec une belle élégance, avec beaucoup d'aplomb... et un brin de nervosité.

En première partie, 12 élèves en musique du Cégep d'Alma, garçons et filles vêtus de beaux costumes d'époque, ont proposé autant de lieder du même compositeur, entrecoupés par des lectures d'extraits de sa correspondance.

 

groupeSchumann.jpg

Pas évident pour ces jeunes de se lancer dans un tel projet. En général, ils et elles ont assumé, chantant des lieder et des mélodies de Schumann avec tout leur coeur et un peu de trac. Plusieurs d'entre eux ont beaucoup de talent et semblent prometteurs. Mais il est évident que ce romantisme, ces grands élans lyriques, ce non-dit du texte et de la musique, ce n'est pas leur univers. Il leur faudra travailler encore afin d'acquérir la culture générale et musicale, la connaissance des textes et de l'histoire qui viendront compléter la justesse et la beauté de leur voix.

Ce concert, qui a été repris à Alma quelques jours plus tard, était une présentation de la Société d'art lyrique du Royaume, qui a décidé de frapper un grand coup en proposant, d'ici le mois de juin, pas moins de six concerts et spectacles de genres variés.

09/07/2010

Régis Rousseau: un programme en or

regisRousso.jpgCe n'est certes pas le nom de Régis Rousseau qui avait attiré tant de monde à la cathédrale mardi alors qu'il avait convaincu le ténor Marc Hervieux, qui est aussi un ami à lui, de  s'y produire en concert.

Et pourtant la prestation de l'organiste, qui est également directeur du Conservatoire de musique de Saguenay, fut excellente. En accompagnement du ténor, dans les airs sacrés mais aussi dans les pièces profanes, notamment les deux arias de Puccini, E lucevan le stelle et Nessun dorma, que l'on entend certes rarement accompagnés à l'orgue (je ne sais pas s'il a fait lui-même les transcriptions): il a su souligner de couleurs inouïes (au sens de jamais entendues), le tempo et la mélodie.

Mais c'est dans les pièces pour orgue seul que j'ai surtout apprécié son jeu solide et sensible.

De plus, il a eu la brillante idée de mettre au programme une pièce du compositeur saguenéen François Brassard (1908-1976), qui a donné son nom à la salle du Cégep de Jonquière. En mars dernier, le  journaliste Daniel Côté a publié dans Progrès-Dimanche une série de textes très pertinents sur ce compositeur, ethnologue et organiste, mentionnant que ses oeuvres sont totalement inconnues du public, car elles sont très rarement jouées par les interprètes.
Dont acte. Régis Rousseau a répondu présent par la bouche... de ses tuyaux! Avec la Sonatine en si bémol, une oeuvre dynamique, colorée, vraiment agréable à entendre. L'occasion ne pouvait être mieux choisie pour faire découvrir François Brassard, leur compatriote, à plus de 2000 Saguenéens!

Un autre choix judicieux: pour faire sonner le Casavant, au lieu de la sempiternelle Toccata et fugue de Bach (fort belle par ailleurs), il a opté pour le Prélude et fugue sur le nom de BACH (ce lien conduit à un texte en anglais qui décrit l'oeuvre et explique que les lettres BACH correspondent aux notes si bémol, la, do, si (bécarre) dans le système allemand de notation musicale) de Franz Liszt: une oeuvre puissante et complexe, déployée avec force et précision par un interprète de haut niveau.

Double coup de chapeau donc à Régis Rousseau: l'un pour avoir convaincu Marc Hervieux de venir chanter à Chicoutimi, l'autre pour avoir mis à son programme une oeuvre de François Brassard!