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19/02/2011

Le Discours du roi: bégaiement et amitié

Discours du roi, film(Geoffrey Rush et Colin Firth)

Avec Le Discours du roi, j'aurai vu deux films en lice aux Oscars cette année: un record pour moi, d'habitude c'est zéro ou un film. L'autre film que j'ai vu, c'est Incendies, de Denis Villeneuve, en compétition dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère.

Le Discours du roi (The King's Speech) en nomination dans 12 catégories, gagnera sûrement quelques statuettes ce dimanche 27 février prochain. (Et je croise les doigts pour Incendies).

J'ai bien aimé ce film, peut-être justement en partie parce qu'il n'est pas américain, mais britannique. La reconstitution historique de l'Angleterre des années 30, le défilé des têtes couronnées: le vieux roi Georges V (qui meurt), ses fils, leurs épouses, les princesses Margaret et Élisabeth (future Élisabeth II), qui étaient alors de charmantes petites filles, les tractations et négociations secrètes, les costumes, la ville de Londres, les intérieurs (y compris celui de l'abbaye de Westminster), les moeurs qui intimaient de ne rien révéler de ses sentiments.

Je ne vous raconte pas l'histoire, elle est d'ailleurs fort bien illustrée et commentée dans cet article de Normand Provencher du journal Le Soleil. Elle concerne essentiellement la naissance et le développement d'une amitié improbable entre le roi Georges VI et Lionel Logue (nom prédestiné pour un spécialiste en élocution!), un orthophoniste aux méthodes peu orthodoxes appelé à la rescousse pour aider le souverain à corriger son terrible bégaiement, défaut plutôt embarrassant quand on est prince ou monarque. Chaque fois qu'il parle en public, c'est la catastrophe: hésitations, bégaiement, malaise, mutisme.

le discours du roi,tom hooper,colin firth,geoffrey rush(Les deux mêmes, avec Helena Bonham Carter, qui joue la femme du roi)

Ce beau film de Tom Hooper s'attarde donc aux relations entre les deux hommes, et tente même une explication sur les causes de ce bégaiement dont souffre le (futur) roi: ayant vécu depuis l'enfance  dans l'ombre de son frère David, destiné à régner et favori de ses parents et du peuple, il n'arrive pas à s'affirmer. (À la mort de son père George V, David monte sur le trône sous le nom d'Edouard VIII, et abdique peu après, remplacé par Albert, notre bègue, qui prend le nom de Georges VI.)

Rencontre entre un homme guindé, conscient de son rang et de son sang royal, et un homme simple, plutôt pauvre, émigré d'Australie, qui ose le bousculer, le tutoyer, lui faire poser des gestes incongrus, lui dire ses quatre vérités.

La rencontre fait des étincelles au début, il y a des mésententes, des ruptures, mais peu à peu les deux hommes s'apprivoisent et on assiste à la naissance et au développement d'une belle amitié et d'une profonde estime mutuelle.

Intimiste tout en dépeignant avec précision le faste d'une cour royale du 20e siècle, le film met l'accent sur le volet psychologique, sur l'évolution des sentiments, dépeint chaque personnage (même ceux qui sont secondaires) par touches successives, et soutient le suspense jusqu'à la finale très réussie, le discours du roi, où ce dernier maîtrise finalement son élocution et prononce la déclaration officielle de guerre à l'Allemagne nazie.

Et même si les deux acteurs principaux (Colin Firth et Geoffrey Rush) sont formidables, ils ne portent pas ombrage aux autres, qui excellent également.

Un beau film, simple et humain.