17/03/2011
Trop tard - Too late?
J'ai le coeur serré en écoutant certaines chansons d'amour déchirantes (Ne me quitte pas, ou Il n'y a pas d'amour heureux par exemple), d'autres me tirent des larmes pour d'autres raisons que leur contenu. Reliées à des souvenirs, des gens, des impressions.
Mais selon moi la plus triste des chansons québécoises n'est pas une chanson d'amour... Ou plutôt oui, d'amour pour le Québec français, pour la langue française, un amour chanté surtout ... en anglais. C'est la chanson Mommy. On connaît surtout l'interprétation magistrale qu'en fit Pauline Julien (sur la vidéo), mais elle fut d'abord chantée par Dominique Michel et Marc Gélinas, dans la comédie (!) Tiens-toi bien après les oreilles à papa, réalisée par Jean Bissonnette en 1971. Le scénariste du film, Gilles Richer a écrit les paroles de la chanson avec Marc Gélinas, qui a composé la musique.
La chanson évoque la possible disparition de la langue française au Québec. Écoutez-là, lisez les paroles (ci-bas), c'est à brailler. On l'a fait entendre ce matin à l'émission Christiane Charrette (en passant, c'est rare qu'il y a de la musique écoutable à cette émission) avant l'interview avec le cinéaste Simon Beaulieu, qui a réalisé un documentaire sur Gérald Godin, poète, homme politique et compagnon de Pauline Julien.
Le jeune réalisateur (photo) racontait que, avant de tourner le film, il a dû consulter archives et documents pour prendre connaissance de l'histoire du Québec, des années 70 qu'il n'a pas vécues, de la Crise d'Octobre dont il n'avait jamais entendu parler au cours de ses études. "Je me demande (dit-il ici) comment j'ai passé à travers tout le système d'éducation sans véritablement connaître l'histoire de mon peuple. C'est une faillite collective".
En effet, comment peut-on prétendre conserver ce que nous avons de plus précieux, si tous les systèmes dont nous faisons partie (scolaire, politique, social, familial) sont conçus pour nous faire oublier à mesure?
Deviendrons-nous des zombies sans mémoire...
...des anglophones ?
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Mommy, Daddy (1971)
Paroles : Gilles Richer et Marc Gélinas
Mommy, daddy, I love you dearly
Please tell me how in French my friends used to call me
Paule, Lise, Pierre, Jacques ou Louise
Groulx, Papineau, Gauthier, Fortin, Robichaud, Charbonneau
Mommy, daddy, what happened to my name?
Oh mommy, daddy, how come it's not the same?
Oh mommy, tell me why it's too late, too late, much too late?
Mommy, daddy, I love you dearly
Please tell me where we used to live in this country
Trois-Rivières, Saint-Paul, Grand-Mère
Saint-Marc, Berthier, Gaspé, Dolbeau, Tadoussac, Gatineau
Mommy, daddy, how come it's not the same?
Oh mommy, daddy, there's so much in a name
Oh mommy, tell me why it's too late, too late, much too late?
Mommy, daddy, I love you dearly
Please do the song you sang when I was a baby
Fais dodo, Colas mon p'tit frère
Fais dodo, mon petit frère, tu auras du lolo
Mommy, daddy, I remember the song
Oh mommy, daddy, something seems to be wrong
Oh mommy, tell me why it's too late, too late, much too late?
Mommy, daddy, I love you dearly
Please tell me once again that beautiful story
Un jour ils partirent de France
Bâtirent ici quelques villages, une ville, un pays
Mommy, daddy, how come we lost the game?
Oh mommy, daddy, are you the ones to blame?
Oh mommy, tell me why it's too late, too late, much too late?
01/06/2009
Néant musical
Dernière semaine de Christiane Charette à la Première chaîne de Radio-Canada, du lundi au vendredi de 9h à 11h30.
J’en écoute au moins une partie presque chaque jour. Il y a du bon et du moins bon, c’est normal étant donné la fréquence et la durée de l’émission.
Quand les invités sont bons et ont envie de communiquer, quand ils ne sont pas centrés sur un seul message (religieux, environnemental, philosophique), ça va. J’aime bien le vendredi, avec Nathalie Petrowski et Josée Legault qui commentent l’actualité.
Quand on parle de maquillage, de chiffons, de mode ou de vedettes, Christiane est très allumée et s’amuse visiblement.
Quand on lui impose des sujets ou des invités qui l’ennuient, ça paraît. Parfois j’éteins la radio: gens qui n’ont rien à dire, qui défendent une cause qui ne m’intéresse pas, ou qui ont des idées indéfendables (à droite, par exemple).
En général, ça s’endure, je peux écouter en faisant autre chose, et de temps en temps un invité, un sujet m’intéresse vraiment.
Musique horrible
Mais il y a quelque chose d’insupportable dans cette émission, et ce sont les transitions musicales. Ce serait si simple de choisir une chanson ou un air en accord avec l’invité ou avec son domaine d’activité. Un peu de jazz, un air connu...
Mais non. Christiane nous annonce un invité, et nous envoie dix ou 20 secondes de “musique” pendant qu’il s’installe au micro, ou que la communication téléphonique se met en place.
Mais il ne faut pas appeler cela de la musique. Plutôt de la musik. Ces euh... ces bouts sonores sont tous plus horribles les uns que les autres. On se demande où ils vont les pêcher. Ni rock, ni world beat, ni classique, ni new age, ni commencement, ni fin: le néant musical.
Dans le meilleur des cas ça ressemble à des sons pigés au hasard sur un disque dur et passés au mélangeur, et dans le pire, aux bruits produits par une bande de singes hurlant en tapant sur des boîtes de conserves. Hystérie, frénésie, ou monotonie. Vibration et agitation sans objet, on dirait une laveuse bloquée à spin.
Parfois, incapable de supporter cela une seconde de plus, j’éteins tout simplement la radio, quitte à ne pas écouter l’interview annoncée.