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04/12/2011

Le baroque et le Met: Rodelinda

Un opéra de Haendel au Metropolitan, et pas le plus connu: Rodelinda. Je suis allée le voir (au cinéma Jonquière) surtout pour la musique, car j'aime beaucoup le baroque, et ensuite pour les deux principaux interprètes, la soprano Renée Fleming et le contre-ténor Andreas Scholl.

rodelinda,renée fleming,andreas scholl

Une expérience un peu étrange, en demi-teintes pourrais-je dire. Le style baroque et celui des opéras du Met sont antagonistes à la base. Une fois cela dit, les responsables de la production à New York ont décidé de foncer: de mettre toutes les ressources scénographiques (financières sans doute aussi), dramatiques, vocales et orchestrales, bref toute la gomme au service d'un opéra qui en principe, ne demande rien de tout ça. Ce fut fait d'abord en 2004, puis repris en 2006, et ce que l'on voit en 2011 est, dit-on, la même production, avec quelques légères modifications et des interprètes différents autour de Renée Fleming.

Pour moi, le baroque, c'est, dans une salle de quelques centaines de sièges, un petit orchestre, des instruments d'époque tels que flûte à bec, viole de gambe, clavecin et des chanteurs, quand il y en a, spécialistes du genre (souvent des contreténors), des airs qui ont la particularité de répéter le même thème (et les mêmes phrases) des dizaines de fois. C'est beau, intime, calme, égal: il n'y a pas de grands contrastes entre les temps forts et les temps faibles.

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La Rodelinda du Metropolitan Opera (cliquez sur l'image pour voir une vidéo avec interview -traduite en français- de Renée Fleming), intègre ces éléments dans une grande production, à l'américaine, tendance romantique, big pour tout dire. Les chanteurs quittent le stoïcisme du baroque pour bouger, pleurer, crier, bref, exprimer des sentiments comme dans un opéra de Verdi.

Parmi eux, deux contre-ténors. Dans ce choix de mise en scène classico-romantique, leur registre de soprano sonnait étrangement. Je suis sûre que plusieurs personnes dans la salle ont été étonnées, et peut-être dérangées, en entendant les premières mesures chantées par Andreas Scholl, l'un des plus réputés spécialistes du baroque. Technique impeccable et beau timbre, mais un volume assez faible: si nous l'entendions assez bien dans la projection vidéo, j'ai rodelinda,renée fleming,andreas scholll'impression que sa voix ne devait pas remplir l'immense vaisseau du Metropolitan Opera. L'autre contre-ténor, le britannique Iestyn Davies (photo ci-contre), a donné à mon avis une meilleure prestation.

Renée Fleming aime chanter le baroque, mais ce n'est pas sa spécialité. Elle a éprouvé des difficultés avec les aigus et avec le rythme: une prestation que je dirais inégale, par cette belle rousse séduisante. Et son duo "Io t'abbraccio",  avec Scholl, était formidable. Son fils était joué par un charmant jeune garçon, très performant dans ce rôle important bien que muet.

Stephanie Blythe  connaît très bien le genre et chante de façon superbe.

Pour Kobie van Rensburg et le baryton-basse Shenyang, c'était so-so, comme on dit à New York.

L'orchestre, imposant en nombre de musiciens, sonnait fort bien, avec une couleur baroque  perceptible grâce à l'ajout de quelques flûtes à bec, clavecins et théorbes.

Le tout joué dans de somptueux et gigantesques décors, l'une des scénographies les plus complexes et les plus lourdes utilisées au Met, comme on a pu le voir à l'entracte. Tellement big, les décors, que les changements ont nécessité deux entractes de 20 minutes chacun. Baroques, oui, mais pas musicalement baroques. Un drôle de mélange.

Autres remarques: diction italienne plutôt ordinaire en général, et une scène de combat, vers la fin, totalement ratée (j'ai l'impression qu'il y a eu un problème technique). Et il a fallu attendre le deuxième des trois actes pour que le spectacle commence à lever. Jusque-là, c'était un peu soporifique.

Ceci dit, j'ai quand même bien aimé mon après-midi de cinéma-opéra.

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Jack et moi étions pas mal d'accord, même si nous l'avons exprimé en des termes différents: lui ici.