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09/06/2010

L'enfant prodige: un beau film

(Je ne parle pas du vote de dimanche pour la rénovation de l'auditorium Dufour: peut-être un peu plus tard, mais pour le moment, je laisse retomber la poussière).

guillaumeActeur.jpg

J'ai été voir L'enfant prodige, film de Luc Dionne qui relate les principaux épisodes de la vie du compositeur québécois André Mathieu.
(Le lien ci-haut renvoie renvoie à la note trouvée sur l'excellent blogue sur le cinéma québécois tenu par Charles-Henri Ramond, que je viens de découvrir, et qui est vraiment formidable. La fiche est bien plus complète que ce qu'on trouve sur le site officiel. Toutes les photos de cette page viennent en revanche du site d'Alliance Vivafilm).

Ayant lu quelques critiques tièdes ou carrément assassinpatrickPiano.jpges, je ne m'attendais donc à rien. J'y allais surtout pour la musique, que j'aime beaucoup.
Et le film fait effectivement une grande place aux passages musicaux (c'est Alain Lefèvre qui les joue au piano) dont j'ai goûté chaque instant.
Et j'ai aussi beaucoup aimé le film. Contrairement à d'autres, j'ai fort bien compris, et pleinement accepté, qu'on ne me donne pas les clés pour comprendre totalement l'être humain que fut André Mathieu. Dans un film biographique, surtout quand les documents d'archives sont rares, c'est impossible.
André Mathieu garde  son mystère, comme homme et comme artiste.
Nous avons des pistes, simplement:  Mathieu se percevait comme un compositeur, et sa virtuosité était pour lui un outil qui ne devait servir qu'à transmettre ses créations. Mais son entourage (famille, professeurs, directeurs musicaux) voyait surtout en lui un virtuose du piano, et envisageait son avenir comme celui d'une vedette (sinon un singe savant) qui ferait de grandes tournées pour interpréter les pièces les plus difficiles du répertoire.

afficheProdige.jpg

Jouer les pièces des autres, cela ne l'intéressait pas: "n'importe qui peut faire ça", dit-il.
Or, le métier de compositeur, c'est très difficile, insuffisant pour gagner sa vie et celle de sa famille. C'est Sergueï Rachmaninov lui-même qui le dit au jeune André Mathieu.
Dilemme, incompréhension.
Dans sa vie personnelle: omniprésence d'une mère surprotectrice, admiration et révolte envers le père, alcoolisme.
À partir de ces avenues, il revient au spectateur de pousser la réflexion, de se faire sa propre idée, d'entamer des recherches s'il en a le goût.
J'ai éprouvé de l'empathie pour cet homme, ses difficultés, sa vie gâchée, et j'aime sa musique.
Les très nombreux comédiens sont plutôt bons. (Marc Labrèche, Macha Grenon, Lothaire Bluteau... tout le bottin de l'Union des artistes y est). Sans soute pas un grand chef-d'oeuvre du cinéma, mais c'est un film honnête et bien fait, au style assez classique, et typiquement québécois...
parentsMathieu.jpgToute la première partie, alors que le jeune André Mathieu (joué par le jeune Guillaume LeBon) commence une carrière prometteuse et soulève l'admiration,  est fascinante. Il y a quelques trouvailles, par exemple la partition qui s'imprime au fur et à mesure de la musique d'ouverture, ou le gros plan sur les "marteaux" qui s'agitent furieusement dans l'âme du piano.
Une seule chose m'a vraiment frustrée, c'est la fin: Mathieu est ivre, il s'étend sur son lit, respire fort... Fondu au noir, un texte indique  qu'il est mort le 2 juin 1968 (il avait 39 ans)... et c'est le générique. J'aurais aimé qu'on évoque un peu plus clairement les circonstances de sa mort.
Mais peu importe. C'est la musique qui prime. Pour le plus grand plaisir du spectateur, le mien en l'occurrence.